20 mars 2019
Lorient inaugure ce mercredi un nouveau lieu de concerts et de répétitions, dans l’ancienne base des sous-marins. Ambiance brute de décoffrage.
Une alvéole de l’imposant bunker K2, dans l’ancienne base des sous-marins de Lorient.
C’est la nouvelle base en béton armé de l’association MAPL (Musiques d’aujourd’hui en pays de Lorient), à qui l’on doit notamment le festival des IndisciplinéEs.
Son nom ? Hydrophone, du nom de ce micro qui transforme les ondes acoustiques en signaux électriques, sous l’eau.
Après quinze mois de travaux, le lieu est inauguré ce mercredi 20 mars 2019, avec un concert à guichets fermés de Jeanne Added.
Le bunker K2 abrite deux salles de concerts (500 et 150 places), cinq studios de répétition et d’enregistrement et des bureaux pour 14 salariés.
L’agglomération de Lorient, son propriétaire, a fait le pari de faire de l’ancien abri des U-Boots nazis un lieu de fête.
Une reconversion réussie
Des éléments rappelant l’Occupation allemande ont été conservés : une passerelle, une grande porte métallique, des murs brut en béton…
Ce nouvel équipement s’inscrit dans la reconversion de l’ancienne base de sous-marins. Lorient La Base, c’est son nom, s’est d’abord tournée vers la course au large,
puis est devenue un site de tourisme et d’événements majeurs, avec la Cité de la Voile notamment.
La reconversion du blockhaus K2 est particulièrement réussie. On y trouve aujourd’hui le port à sec, le musée du sous-marin Flore , l’entreprise Plastimo,
Hydrophone et une immense ferme solaire sur le toit.
C’est le deuxième aménagement d’une salle de concerts dans une base de sous-marins, après le VIP à Saint-Nazaire.
« Quand les artistes arrivent, le lieu leur paraît improbable et extraordinaire, confie Stéphane Heuvelin, programmateur au VIP.
Il plaît énormément, notamment pour le rapport au béton brut. » Jeanne Added confirme : « J’aime beaucoup ce genre d’espace industriel, froid ».
Cet écrin indestructible de 15 m de large, 15 m de haut, 120 m de long accueillera davantage de concerts qu’avant, consacrera les talents émergents
et accompagnera les artistes en résidence. Un recrutement est en cours pour nommer un nouveau directeur ou une nouvelle directrice, en mai 2019.
À Lorient, l’avenir bourgeonne dans le béton !
Les lieux de concert insolites se multiplient
L’hydrophone n’est pas le seul lieu de concert à s’implanter dans un lieu hors normes. Ici, c’est un bunker. À Dunkerque et Belfort, ce sont des poudrières ;
des abattoirs à Cognac, Pau et Bourgoin-Jallieu ; un ancien silo à grains à La Rochelle, et bientôt, une ancienne manufacture des tabacs à Morlaix ;
et une rotonde SNCF, à Château-Renard.
« On reste dans l’urbain, le béton, avec un passé fort, des lieux étonnants, symboliques plutôt qu’aseptisés », relève Jean-François Paux,
responsable du secteur salles de spectacles du Centre national de la chanson des variétés et du jazz, qui accompagne les projets de création de salle.
Comment l’expliquer ? « Une scène de musiques actuelles a besoin d’être insonorisée. Quand on a une épaisseur de béton existante, on est tenté de dire que c’est plus facile,
même si une réhabilitation n’est jamais simple » .
Il y a aussi un retour en centre-ville. « Dans les années 1970, du temps où le rock était diabolisé, ces lieux étaient construits à l’extérieur.
Depuis plusieurs années, avec une institutionnalisation des musiques actuelles, ces lieux de convivialité reviennent en ville. Il faut trouver des espaces délaissés. »
Jean-François Paux le constate : « il y a un mouvement de création de lieux un peu partout en France. La musique reste l’activité culturelle préférée des Français. »
source
ouest-france.fr