Le chef d’état-major de l’armée de l’air, Nathan Twining, a déclaré:
«Vous pourriez prendre toute la journée pour larguer une bombe, assurez-vous de la placer au bon endroit… et nettoyez ces …. pour que les francais puissent jouer la Marseillaise et sortir… en pleine forme.
L’amiral Felix Stump a peut-être pensé à Radford et à Twining quand il a fait remarquer, dans une histoire orale ultérieure, que «certaines personnes… estimaient qu’il serait très simple» d’avoir largué trois armes atomiques à la périphérie de Dien Bien Phu pres des sommets contrôlés par le Viet Minh. Les armes étaient en place et une attaque aurait pu être lancée quelques minutes après avoir reçu l'ordre.
Le 29 avril 1954, quelques jours à peine après la rencontre Bidault-Dulles à Paris, l'utilisation de «nouvelles armes» en Indochine fut évoquée lors d'une réunion
du conseil de planification du NSC. Certains participants ont fait valoir que l’usage de l’énergie atomique au Vietnam pourrait dissuader la Chine de réagir face à des attaques conventionnelles étendues, mais que son non-utilisation conduirait le gouvernement de Mao à conclure que les États-Unis n’avaient pas la volonté de tirer parti de sa puissance technologique. Le conseiller de la sécurité nationale, Robert Cutler, a évoqué la question avec Eisenhower et le vice-président, Richard Nixon,
le lendemain matin. Ils ont répondu que les armes atomiques ne seraient probablement pas efficaces à Dien Bien Phu.
Mais ils ont convenu, selon le notateur de la réunion, que "nous pourrions envisager de dire aux Français que nous ne leur avions encore jamais donné de" nouvelles armes "et que s'ils en voulaient maintenant pour une utilisation éventuelle, nous pourrions en leur en donner quelques-unes".
Quoi qu’il en soit, aucune bombe atomique n’a été lachée en Indochine en 1954, pas plus que les États-Unis n’intervenaient avec des armes classiques.
Eisenhower envisageait activement de faire appel à la puissance aérienne et éventuellement à des unités au sol, mais il exclut d'agir unilatéralement
(en partie à cause de l'opposition du Congrès), ce qui laissa en réalité l'affaire aux Britanniques, qui refusèrent de le faire malgré les pressions américaines.
Beaucoup à Washington ont réagi avec sérénité. Ils doutaient que les Français mettent en œuvre de toute façon les réformes politiques nécessaires en Indochine
et ils savaient que le public américain, qui venait de vivre trois années de guerre exténuante en Corée, ne souhaitait guère une autre implication majeure en Asie.
Et d'ailleurs, il n'était pas du tout clair que les nouvelles mesures militaires allaient inverser la guerre; le mieux qu'on pouvait espérer était peut-être de retarder la défaite
de la France et de donner à Paris et à ses alliés une meilleure position de négociation vis-à-vis du gouvernement de Ho Chi Minh lors des négociations sur le point de finir
a Geneve.
Les Vietminh pres de la piste de Dien Bien Phu
Le 7 mai, les Français ont capitulé à Dien Bien Phu.
Symboliquement, il a marqué la fin de la première guerre d'Indochine. Mais comme son nom l'indique, la lutte pour le Vietnam était loin d'être terminée.
Dans les mois qui ont suivi, l'administration Eisenhower, libérée du fardeau du colonialisme français, s'est chargée de «sauver» le sud du Vietnam
et d'en faire un bastion non communiste en Asie du Sud-Est.
Alors qu’une puissance occidentale se préparait à quitter l’Indochine, une autre se préparait à intervenir.
source
thebulletin.org