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 1914, saboteurs allemands en Normandie

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naga
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MessageSujet: 1914, saboteurs allemands en Normandie   1914, saboteurs allemands en Normandie Icon_minitimeMer 30 Oct - 2:09

C’est l’histoire d’un audacieux raid allemand au mois de septembre 1914.
Partis du sud-est d’Amiens, l’objectif principal des commandos allemands est de se diriger vers l’ouest, jusqu’en Normandie, pour y faire sauter des ponts ferroviaires
afin de retarder l’arrivée de renforts. Mais une femme de 56 ans va tout faire échouer…


Début septembre 1914, les troupes allemandes sont presque aux portes de Paris. Mais le 5, les Franco-Britanniques lancent une série d’offensives qui vont prendre le nom
de la première bataille de la Marne. Côté Français, l’utilisation des fameux taxis pour mobiliser les troupes est entrée dans la légende, mais les résultats sont éloquents :
après plusieurs jours de furieux combats, les Allemands sont repoussés et leur progression vers Paris est définitivement arrêtée.
Devant l’impossibilité de procéder à une percée profonde, les deux camps commencent à marquer le pas... et la course à la mer s’organise.
Chaque belligérant tente d’opérer des manoeuvres de contournement de son adversaire afin de le neutraliser, mais les échecs répétés poussent chacun vers le nord-ouest.
C’est dans cette situation que le commandement allemand décide de mener des actions de sabotage sur les arrières alliés afin d’empêcher l’arrivée de renforts…

Ces opérations de sabotage débutent le 8 septembre, où quelques Pionieren (sapeurs) parviennent à s’infiltrer entre les lignes alliées et endommagent la voie ferrée Paris-Beauvais ;
en même temps, un second groupe effectue des sabotages sur la ligne Paris-Gisors.
La particularité de ces opérations ? Elles sont effectuées grâce à des automobiles puissantes, permettant d’atteindre les lieux et de les quitter très rapidement.
Trois jours plus tard, c’est au tour d’un pont au nord d’Amiens de faire les frais des sabotages... l’équipe allemande étant même confondue avec des Britanniques par les civils !

Encouragé par les précédents succès, le commandement allemand monte, le 13 septembre 1914, un nouveau raid avec trois véhicules montés par un groupe
du Pionier-Regiment Nr. 18 Sarrois commandés par le capitaine Walther Tilling et chargé de 500 kg d'explosifs.
Partant, le 13 septembre, de Leuilly-sous-Coucy à bord de trois voitures et d'un camion, le groupe se dirige vers les lignes françaises en roulant de nuit.
La colonne essuie des coups de feu près de Mareuil-la-Motte puis près de Lassigny. Déviant sa route vers le Nord à Margny-sur-Matz, elle passe à Candor,
Avricourt, Margny-aux-Cerises où elle se trouve au milieu des troupes de cavalerie françaises.
Après avoir perdu une automobile Adler, le commando se faisant passer pour des Anglais, arrive à Montdidier où il écrase une sentinelle française qui leur avait intimé l'ordre
de s'arrêter. Après s'être caché la journée dans le bois de Mont au Sud-Ouest de Saint-Just-en-Chaussée, le commando repart en soirée du 15 septembre
et traversant Bresles, Fouquerolles, Tillé, Troissereux, Savignies.


Adler 1909

1914, saboteurs allemands en Normandie Adler_10


Un autre véhicule tombe en panne au hameau du Vivier-Danger à Ons-en-Bray. Le véhicule est abandonné sur place avec une dizaine d'hommes,
qui doivent se débrouiller pour regagner leurs lignes par leurs propres moyens, tandis que le convoi continue sa route par Saint-Germer-de-Fly et Neuf-Marché
où il est contraint de s'arrêter dans la forêt aux Flamants en raison d'une panne de l'un des deux véhicules restants.
Le véhicule abandonné était une Adler de 35 chevaux, qui fut remorquée jusqu'à Gournay-en-Bray le 16 septembre.
Les dix Allemands sont capturés au hameau du Mont-Bénard sur la commune de Savignies. Interrogés, ils se disent perdus et abandonnés par leurs chefs.

Le 16 septembre 1914, vers 8h30 du matin, Octavie Delacour, âgée de 56 ans, quitte sa demeure du hameau du Bord du Bois sur la commune de Martagny
et s'engage sur le chemin d'exploitation forestier afin de rejoindre Ferrières-en-Bray.
Après avoir parcouru environ 1 kilomètre, un soldat vêtu d'un uniforme gris cendré sort brusquement, tenant une baïonnette à la main, et lui fait signe de s'arrêter.
Après discussion entre la sentinelle et le capitaine Tilling, ce dernier permet à Octavie de repartir, mais celle-ci a reconnu les casques et la langue.
Sortant de la forêt à hauteur de la ferme de la Fieffé, elle aperçoit deux autres sentinelles cachées dans les taillis et se dirige sur Neuf-Marché.
Arrivée à Neuf-Marché, elle avertit le maire que les Prussiens sont dans le bois. Le maire envoie le garde champêtre aux renseignements. Celui-ci revint sans avoir rien vu...
il n'avait pas été au bon endroit.

Continuant son chemin, Octavie Delacour s'arrête à la 3e légion de gendarmerie de Gournay-en-Bray, à midi, où elle s'attache à démontrer que c'étaient des Prussiens,
et non des Anglais qui étaient dans la forêt et qui faisaient le guet, que c'étaient ces mêmes soldats qui avaient occupé la région durant la guerre de 1870
alors qu'elle avait une douzaine d'années. Elle ne réussit pas à convaincre totalement le commandant de la brigade, le maréchal des logis Jules Crosnier,
mais celui-ci, soucieux du devoir, décida d'aller voir sur place en donnant rendez-vous à la brigade de Mainneville, située dans le département de l'Eure,
afin de pouvoir cerner le lieu où l'on avait aperçu ces militaires.


Octavie Delacour decoree

1914, saboteurs allemands en Normandie Zzzz77


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naga
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MessageSujet: Re: 1914, saboteurs allemands en Normandie   1914, saboteurs allemands en Normandie Icon_minitimeMer 30 Oct - 2:27

Après avoir réquisitionné une automobile, le maréchal des logis Jules Crosnier (47 ans), les gendarmes Eugène Praets (61 ans) et Eugène Lebas (43 ans),
tous trois armés de revolvers et de carabines, partent accompagnés d'Edmond Noiret, instituteur-adjoint et garde-civil, Fernand Blacher, qui connaissait bien la région,
et René Allée, chauffeur du véhicule, ces 2 derniers étant sans armes, arrivent à la lisière de la forêt à 14 h 25, aperçoivent une sentinelle allemande cachée derrière un arbre
et sont accueillis quelques instants plus tard par un feu nourri de mousqueterie.
Les trois gendarmes sont tués sur le coup et Fernand Blacher est mortellement blessé. Edmond Noiret regagne précipitamment l'auto où attendait le chauffeur, René Allée,
et ils se dirigent vers Maineville où ils rencontrent, 200 mètres plus bas les gendarmes de cette commune qui avaient entendu la fusillade et arrivaient à vélo.
Le brigadier avertit les brigades des Andelys et d'Étrépagny qui arrivèrent sur place rapidement, en automobile, avec le sous-préfet des Andelys.

1914, saboteurs allemands en Normandie Thumb-10


1914, saboteurs allemands en Normandie Thumb-11


Après la fusillade, le commando allemand repart immédiatement, laissant un mort sur place, en direction d'Étrépagny en demandant leur chemin, en passant par Mainneville
et Heudicourt, et à chaque fois les Normands les prennent pour des Britanniques, malgré la marque des véhicules et les plaques minéralogiques allemandes.
Au Thil, un des véhicules tombe en panne et les paysans du coin offrent leur aide aux Anglais… qui leur répondent en anglais et en mauvais français.
La réparation terminée et après avoir serré les mains des paysans français, ils repartent par Écouis, Fleury-sur-Andelle, la vallée de l'Andelle, La Neuville-Chant-d'Oisel,
arrivent à Pîtres et vont se cacher dans la forêt de Boos.

Pendant ce temps, les autorités françaises ont réagi, lentement. En milieu de soirée, vers 20 h 30, les gendarmeries et les postes de garde-voies et communications (GVC)
de l'infanterie territoriale et la garde civile de la région sont mis en alerte. La dépêche indique que 2 automobiles, la première une forte limousine et la seconde un camion,
montés par des Allemands revêtus d'uniformes français étaient en circulation dans la région de Gournay-en-Bray, que 3 gendarmes avaient été tués
et que les véhicules devaient se diriger vers Écouis ou Étrépagny. Toutefois, les descriptions restent vagues.

Le chef de poste GVC du groupe no 5 de la gare d'Oissel, le sergent Alphonse Leroy, accompagné du caporal Morancé, se rendit au poste no 4 à Tourville-la-Rivière
et au poste no 3 à Sotteville-sous-le-Val pour avertir les chefs de poste qu'ils avaient été destinataires de la dépêche par la gendarmerie d'Oissel.
Vers 22h30, les 2 hommes revenant à leur poste par le pont d'Oissel aperçurent descendant la côte des Authieux et se dirigeant dans leur direction,
une lumière vive qui paraissait être celle d'une automobile ainsi qu'une lumière à éclipse plus faible qui suivait derrière.
Le sergent Alphonse Leroy revint sur ses pas, s'arrêta au poste des garde-voies de l'île-aux-Bœufs, prit un fusil et partit avec 3 GVC armés.
Durant ce temps, les garde-voies du poste no 4 à Tourville-la-Rivière avaient également aperçu ces lumières.
Une première auto passa devant eux pleins gaz, suivie d'une seconde moins bien éclairée. Les sentinelles de Tourville tirèrent mais les véhicules continuèrent,
tous feux éteints, en direction d'Oissel. Les véhicules changèrent alors de direction et se dirigèrent par Port d'Oissel vers Saint-Aubin-lès-Elbeuf en suivant la route
qui longe la Seine et passe à Cléon. Arrivés au lieu-dit Bédanne, les véhicules rallumèrent leurs phares et lanternes.

Pendant ce temps, le sergent Leroy, accompagné du sergent Arvieux chef du poste no 4 à Tourville-la-Rivière et de 3 hommes, décida de se porter sur l'autre route
de la boucle de la Seine, au Val-Renoux sur la commune de Sotteville-sous-le-Val, bientôt rejoint par le sergent Soulais chef du poste no 3 à Sotteville-sous-le-Val.
Les 6 hommes restèrent ainsi en embuscade et ayant aperçu des lumières dans la direction de Freneuse, 2 hommes partent en reconnaissance.
Vers 1 heure du matin, le 17 septembre, les deux lumières, une éclatante et l'autre faible se distinguent parfaitement de loin aux garde-voies.
Les autos arrivent rapidement et, malgré les sommations, elles continuent leur chemin sous les tirs des deux garde-voies.
D'autres coups de feu sont tirés par deux autres garde-voies et les véhicules passent encore une fois. Toutefois, la limousine emportée par sa vitesse, manque le virage,
quitte la route, écorne la seconde pile du pont de chemin de fer Paris-Rouen et s'enlise à une trentaine de mètres de la route.
La deuxième voiture passe sans encombre et disparaît.


L objectif des allemand,le pont ferroviere de l Oissel

1914, saboteurs allemands en Normandie Oissel10


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MessageSujet: Re: 1914, saboteurs allemands en Normandie   1914, saboteurs allemands en Normandie Icon_minitimeMer 30 Oct - 2:44

L'arrestation du commando

Les GVC progressent alors, en se cachant afin de ne pas être fusillés comme les gendarmes de Gournay, en direction de la voiture immobilisée.
Une voix crie en français Officier allemand blessé... se rend... prisonniers.... Attendant des renforts, ce sont une vingtaine de garde-voies qui s'approchent, puis foncent baïonnette
au canon à la voiture. Les 5 hommes et le capitaine Walther Tilling, blessé au bras et à la cuisse, sortent de la voiture sans résistance et sont amenés à la gare d'Oissel
avant d'être transférés à Rouen.

Pendant ce temps, le second véhicule avait stoppé un kilomètre plus loin, sur la route d'Igoville. Le camion découvert par les garde-voies contenait un blessé
et des caisses contenant plusieurs centaines de kilos d'explosifs, des piles, du cordon Bickford, des fils électriques... de quoi faire sauter plusieurs ponts.
Les Allemands valides s'étaient enfuis.
Dès le petit jour, des patrouilles de garde-voies et de gendarmes, à pied, à cheval et en voitures furent envoyés dans tout le secteur et au-delà.
Le sous-officier qui conduisait le camion fut découvert dans une propriété de Tourville-la-Rivière. Les gendarmes craignant pour leur vie, tirèrent et le blessèrent sérieusement.
Dans la nuit du 21 au 22 septembre, deux soldats allemands, mourant de faim, qui avaient abandonné le camion se rendirent au poste de la garde-civile à Saint-Aubin-lès-Elbeuf
et furent ensuite envoyés à Rouen.

Le commando fut interrogé en présence d'un interprète du 74e RI. N'ayant pas revêtu d'uniformes français, ils furent considérés, après enquête, comme prisonniers de guerre.
Ce n'est qu'à partir de 1924 que les relations entre le véhicule abandonné au hameau du Vivier-Danger à Ons-en-Bray, la capture d'Allemands au Mont-Bénard
sur la commune de Savignies et la fusillade de Martagny-Neufmarché furent faites et confirmées en septembre 1934 par le général de Cugnac.


Octavie Delacour

Euphrasie Octavie Gosse naît à Nesle-Hodeng, dans le département de Seine-Inférieure, le 28 février 1858, de Jean-Baptiste, 57 ans domestique puis charpentier,
et Marie Delavoix, 46 ans ménagère, mariés le 17 juillet 1832 à Bouelles.
Son père meurt, le 16 juillet 1874 alors qu'elle a 16 ans et sa mère le 19 novembre 1884 elle à 26 ans.
En 1914, veuve d'un bûcheron, elle est nourrice à l'Assistance Publique. Après la guerre, elle reçoit une lettre de félicitation puis on lui attribue un bureau de tabac
en remerciement des services rendus en 1914 lors des événements de la Rougemare et des Flamants.
Elle décède dans sa demeure du Bord du Bois à Martagny le 20 mars 1937 à 79 ans.


Walther Tiling

Né en 1874 à Pominwesch, canton de Kowno, Walther Tilling est sous-lieutenant en 1896 et est affecté, de 1900 à 1902, au 15e bataillon de pionniers de Strasbourg
puis de 1903 à 1905 à Cuxhaven, de 1905 à 1908 dans la concession allemande de Tsingtao en Chine.
Nommé lieutenant, il rejoint le 15e bataillon de pionniers de Strasbourg. Devenu capitaine en 1912, il intègre l'école militaire de Neiße avant d'être affecté
au 18e bataillon de pionniers en mai 1914. Blessé au bras et à la cuisse et fait prisonnier, il sera interrogé, restera interné 2 ans à Rouen puis sera libéré le 14 octobre 1916.
En 1926, il est promu commandant et émigre au Brésil où il meurt, à Pernambouc, en 1932.



source
histogames.com

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vania
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MessageSujet: Re: 1914, saboteurs allemands en Normandie   1914, saboteurs allemands en Normandie Icon_minitimeSam 2 Nov - 10:35

S.A.S. avant l'heure.
Passionnant récit.. Cool
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MessageSujet: Re: 1914, saboteurs allemands en Normandie   1914, saboteurs allemands en Normandie Icon_minitime

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