Ces "locaux" si on peut dire ont appartenus au NKVD.
Disons qu'ils ont été occupés par le NKVD, institution russe avant le KGB.
Un peu l'équivalent de la CIA.
Ici ce pratiquait le "questionnement" de tous ceux qui pouvaient être douteux ou bien dénoncés purement ou simplement.
Dites vous bien que par exemple un fermier qui produisait plus avec la même quantité de grains de blé était très suspect
celui qui en produisait moins l'était aussi. Personne ne se souciait de savoir si la terre ici ou là était meilleure ou pas.
Directement l'interrogatoire.
Les locaux du NKVD étaient dans un autre immeuble, ce que vous avez vous servait de "prison" entre autre.
Et maintenant je vais vous parler du NKVD et de notre visite dans ce fameux immeuble en ville.
D'abord on avait visité la même chose à Riga en Lettonie, j'y viendrais plus tard.
donc ici d'extérieur ça donne rien, un immeuble banal mais beau et un escalier pour y accéder, rien d'autre.
Il faut payer pour visiter, bon on paye. Mon épouse se dit qu'on peut avoir un guide en anglais exclusivement pour nous, on repaye mais bien plus.
Là surprise : je vois le guide d'environ 60 ans et le courant passe pas, mais pas du tout, je bloque et lui aussi au premier regard.
Je le soupçonne d'avoir un passé plus que douteux.
Lui le ressent et ça passe toujours pas. Je fais part de mon impression à mon épouse, qui me croit mais sait pas pourquoi je ressent ça.
On commence la visite, on est dans le hall et de pièces en pièces on regarde : des objets, des fiches écrites, des tampons etc...
On voit un bureau assez grand et derrière des casiers + une grande vitre. bon !!!
Le guide sait pas comment faire car mon regard est assez insistant (je peux pas m'en empêcher) en bref je le "déshabille" du regard.
C'est finalement lui qui prend l'initiative :
venez dehors et regardez là ou je regarde, pas ailleurs.
On s'exécute
c'est en face en hauteur sur un bâtiment, il montre du doigts mais la conversation est tout autre.
On joue le jeu.
Il nous demande si on a vu la vitre dans le bureau, forcément oui !
Il nous dit que les gens sont observés et que c'est une vitre sans teint.
Bon admettons mais ça consolide ce que je pense de lui. Il transpire il tremble un peu, bref il est de moins en moins à l'aise.
Je tente le coup et je lui demande "d'expliquer" plus.
Là sa réponse est brutale :
j'ai travaillé là.
Je m'en doutais, dans un sens je suis content de moi et il se ressaisit un peu.
L'impression reste assez horrible.
Et là il avoue être obligé de travailler encore ici car il a été "bourreau", ou plutôt celui qui a questionné.
Forcément je pâli, je sursaute et mon épouse en tant que femme devient blême.
Pour moi on touche le but !
Pourtant on en est loin.
On descend au sous-sol, il parle à voie très basse et dans une petite pièce il y a une table d'environ 70 x 70 com, peut-être moins. 2 chaises l'une en face de l'autre.
Et il explique et là c'est extrêmement dur !
Il demande à mon épouse de s'assoir en face de lui, il lui prend sa main quasiment tendrement entre ses deux mains, elle comprend pas moi non plus.
D'un seul geste très vif il lui retourne un doigt (il fait semblant) mon épouse est perdue, elle sait plus où elle est ni ce qui lui arrive, idem pur moi.
Il lui dit :
Madame "machin" il vous reste 9 doigts et je n'ai qu'une question : quelle est votre réponse ?
On panique on n'a plus nos repaires, on est vidé !
Il a dit :
souvent les femmes se vidaient rarement les hommes mais doigt après doigt on en arrivait à bout.
Quand je dis les femmes et les hommes c'est de tous âges, enfants et vieillards aussi.
Assez souvent c'était la famille.
Je fais une pause je reviens demain car le reste est encore abjecte. Les camps d'exterminations sont presque doux comparés à ça.