Remforcement blindage sur les T-34/76

La modernisation commence souvent immédiatement après qu’un char de combat a été accepté pour le service et mis en production.
Le T-34 n’a pas fait exception à cette règle. Un certain nombre de changements visant à simplifier la production et à améliorer les caractéristiques ont été apportés
au cours de la première année. Le T-34 changea encore plus radicalement en 1941.
Par exemple, le canon L-11 a été remplacé par le canon F-34 en mars 1941. Il y avait aussi des plans pour améliorer le blindage, mais ils n’ont été que partiellement réalisés.
Parlons du blindage appliqué utilisé sur les chars T-34 de 1941 à 1943.


Renforcement inévitable

Une nouvelle étape dans la conception des blindages d’applique soviétiques a commencé au printemps 1941.
En plus de travailler sur un meilleur blindage  pour les chars T-26 et T-28, les concepteurs ont reçu la tâche de développer un blindage suplementaire pour les chars KV-1 et KV-2.
Cela a été déclenché par des renseignements sur de nouveaux types de chars allemands qui ont été acquis en mars 1941.
Selon ces informations, les chars lourds allemands « Type V » et « Type VI » étaient équipés de canons de 75 mm capables de vaincre les chars lourds soviétiques.

Le décret #548-232ss a été signé par le Conseil des commissaires du peuple et le Comité central du Parti communiste le 15 mars 1941.
Il devait produire des prototypes de chars KV-1 et KV-2 avec blindage d’appoint avant le 1er mai et les mettre en production de masse avant le 1er juin.
Ce travail n’était qu’une solution temporaire.
En été, les chars KV avec un blindage principal plus épais entreraient en production. Ce plan a été mis en œuvre, mais seulement pour le KV-1,
car le KV-2 était déjà trop lourd.

KV-1 E 1940




Même si les chars lourds allemands ne sont pas sortis sur le front de l’Est en 1941, l’idée d’épaissir le blindage était correcte.

Un autre des nouveaux chars de l’Armée rouge reçut un blindage renforce, le T-34. Cela s’est produit plus tard et pour différentes raisons,
et n’était pas à cause de l’information du renseignement.

Deux chassis et deux tourelles ont été ameliores à l’usine de Marioupol entre le 1er et le 12 avril 1941.
Les canons utilisés pour les essais de tirs étaient le 37 mm polonais Armata przeciwpancerna 37 mm wz. 36 Bofors, canon antichar de 37 mm modèle 1930,
deux canons antichars de 45 mm modèle 1937 et le canon divisionnaire de 76 mm modèle 1902/30.
Il s’est avéré que certaines parties de la coque peuvent être pénétrées par des obus perforants à pointe pointue de 45 mm jusqu’à 600 mètres.
Les parties étaient les plus vulnérables. L’avant de la coque était le plus résistant et même avec des coups de 76 mm, mais même il avait des zones faibles.
Un blindage de 45 mm d’épaisseur ne semblait plus suffisant.

Ce n’était pas une bonne nouvelle pour le bureau d’études de l’usine #183 et le GABTU.
Les exigences tactiques et techniques pour un « char T-34 avec une suspension à barre de torsion T-60 » (plus tard, le T-60 a été corrigé en T-34-T) ont été approuvées
le 5 mars 1941. Le numéro 60 représentait 60 mm de blindage avant. On savait déjà que 45 mm de blindage ne donnaient pas une protection complète contre le canon de 45 mm.

L’histoire avec le renforcement du blindage du T-34 s’est poursuivie en avril 1941.
Il a été proposé d’augmenter l’épaisseur de tous les blindages avant à 60 mm. Le blindage du plancher a été épaissi de 20 à 30 mm. Ce char s’appelait A-43.
La question du renforcement du blindage sur les T-34 ordinaires a également été soulevée.
Le décret #1216-502ss du SNK et du Comité central « Sur la production de chars T-34 en 1941 » a été publié le 7 mai 1941.
Elle a soulevé la question de la production des chars A-43 et T-44 (A-44). Le 10e alinéa du décret est le plus intéressant dans ce contexte.

« Il est ordonné que:
Le commissaire du peuple à la fabrication (camarade Malyshev) et le directeur de l’usine #183 (camarade Makrarev) conjointement avec le Commissariat du peuple
à la défense (GABTU) doivent produire et tester deux prototypes de chars T-34 avec blindage supplémentaire de la tourelle et de la plaque avant, de 13 à 15 mm d’épaisseur,
en juin. Installer le blindage supplementaire sur 500 chars T-34 déjà en service en envoyant des brigades avec des outils et du matériel.

Le commissaire du peuple à la construction navale (camarade Nosenko) et directeur de l’usine De Marioupol (camarade Garmashev) doit produire une plaque de blindage
supplementaire pour deux chars T-34 dans les deux semaines suivant la réception des plans de l’usine #183.
Le Commissariat du peuple à la défense (GABTU, camarade Fedorenko) doit organiser des bases pour l’installation des plaques de blindage  sur les chars T-34,
les équiper pour le soudage et les travaux mécaniques, et fournir des travailleurs auxiliaires.
STZ et #183 d’usine doivent commencer la production de chars avec plaques de blindage à partir d’août 1941.
L’usine de Mariuopol doit commencer à fournir des pièces de blindage d'#183 en applique en juillet 1941.
L’usine #264 doit commencer à fournir à STZ des pièces de blindage en juillet 1941.


T-34 portant le numéro de série 811-28, l’un des deux chars qui ont reçu un blindage supplementaire

Cette armure n’existait même pas en tant que projet au moment de la signature de ce décret.
L ’usine # 183 n’avait pas encore pu les concevoir. Le département blindé du NII-48 a également participé aux travaux.
Certaines publications affirment que le blindage a été développé en mai 1941, mais ce n’est pas le cas.
Selon le rapport de synthèse sur les travaux expérimentaux, les plans étaient encore en cours d’élaboration en mai.
Au lieu de plaques de 15 mm d’épaisseur, l’usine a utilisé des restes de la production de BT-7, qui avaient une épaisseur de 13 mm.
Au début du mois de juin, il n’était pas encore décidé si le blindage serait fixé par soudage ou avec des boulons.
L’usine préférait les boulons avec un espace de 25 mm entre le blindage principal et les plaques de blindage supplementaires .
Les premiers essais ont été réalisés en mai. Il s’est avéré que la limite balistique (la vitesse d’impact de l’obus nécessaire pour pénétrer le blindage) augmentait de 40 à 55 m/s.

La documentation sur le blindage supplementaire était prête à la mi-juin 1941. Comme auparavant, le blindage était boulonné a des supports, qui étaient soudés
au blindage principal. L’avant de la coque était protégé par quatre plaques en haut et deux en bas.
Cette disposition était la plus simple à produire et permettait de remplacer rapidement le blindage au cas où il était endommagé.
La tourelle était protégée de manière fiable. Un blindage supplémentaire a été installé le long de son périmètre et a protégé l’anneau de la tourelle ainsi que le blindage principal.
La masse totale du blindage supplementaire était de 1050 kg selon les calculs.

Proto en juillet 1941 à l’usine #183.




Deux chars étaient équipés d’un blindage supplementaire. Il s’agissait de chars portant le numéro de série 0618-7 (production de 1940 avec canon L-11)
et le 811-28 (production de 1941 avec un canon F-34 ). Cela a été fait en juillet, pas en juin. 120 à 140 heures par mecano ont été nécessaires pour convertir un char,
ce qui était conforme à la norme pour ce type de travail.

Pour comprendre comment ce changement affectait les caractéristiques du T-34, un troisième char (#311-25-3) a été chargé jusqu’à 28,5 tonnes
et testé au printemps-été 1941. Aucun problème  n’a été découvert après une utilisation sur de 1697 km.
Cependant, l’inconvénient général des chars avec sur-blindage  s’est manifesté. L’avant du char travaillait trop sur ses suspensions lors de la conduite sur des routes cahoteuses.


Des plaques de blindage restants de 13 mm d’épaisseur provenant de chars BT-7 ont été utilisés.




L’opinion largement répandue selon laquelle le projet de blindage supplementaire a été annulé en raison du début de la guerre est erronée.
Oui, les installations de production de la coque étaient surchargées, mais il y avait aussi de nombreux problèmes avec la conception des plaques de blindage .
La fixation par des boulons n’était pas fiable, car le premier coup d’un obus les brisait. La conception avec des mudflaps ? était également compliquée.

Le sur-blindage devait être changé. Les plaques serait installé sans espacement et serait fixé par soudage.
Les côtés inclinés autour du compartiment de combat recevraient également un blindage supplémentaire. Ils ont remarqué que le blindage ne couvre pas les parties
les plus vulnérables de l’avant du char: la trappe du conducteur et la mitrailleuse de coque.
Cependant, ces composants n’ont pas non plus été couverts par une conception ultérieure du blindage .

Quoi qu’il en soit, la conception développée par l’usine #183 a été rejetée.
De toute façon, il ne serait pas entré en production. Les deux chars avec le blindage renforce ont été envoyés sur les lignes de front.





A suivre....

Le T34 était relativement peu blindé, et l'est resté pendant toute la guerre, ce pour deux raisons.
D'abord parce que son blindage initial, très incliné, et donc en augmentant de fait l'épaisseur de base est déjà excellent, et ensuite parce que l'engin est fait pour rouler, pour l'exploitation, selon le schéma de pensée (l'art opératif) des théoriciens militaires soviétiques de la fin des années 30.
La version 1943, pour le modèle 76mm, en est la plus aboutie.

Une accalmie a eu lieu après le rejet de la conception de l’usine #183 en juillet 1941.
Contrairement au KV-1, le T-34 n’a jamais reçu de blindage principal plus épais. Le char a continué à être produit avec des plaques de 45 mm d’épaisseur.
La question du blindage supplementaire  se pose à nouveau à l’automne 1941. Cela a été déclenché par l’analyse de l’utilisation du T-34 au combat et apres la
capture des mémos allemands sur le combat avec des chars soviétiques.

Cette information coïncide avec les résultats du printemps 1941. L’avant du char était la partie la plus dure, mais les côtés inférieurs pouvaient être pénétrés
par des canons antichars légers à partir de 400 mètres . La situation avec le Pak 38 de 50 mm était encore pire.
Le côté du T-34 pouvait être pénétré à partir de 700 mètres. Le canon d artillerie allemand FH 18 de 105 mm pouvait également pénétrer sur le côté à partir de cette distance.

Une proposition a été faite en octobre 1941 pour installer un blindage supplementaire le long des côtés. La partie inclinée du côté serait recouverte d’une plaque de 15 mm,
la suspension recouverte d’un blindage espacé de 25 mm d’épaisseur. L’anneau de la tourelle serait protégé par les côtés et à l’avant pour éviter le blocage.
Pour compenser l’augmentation de la masse, des roues de route plus petites avec absorption des chocs internes seraient utilisées.

Dans la pratique, les travaux sur le blindage des chars T-34 allaient dans une direction différente.
La production de l’A-43 était une chimère à l’automne 1941, de sorte qu’une décision a été prise d’améliorer la conception existante.
Même si les résultats des essais ont montré qu’il était nécessaire d’augmenter le blindage de côté de la coque, le blindage avant du char a tout de même fait l’objet
des attaques les plus fréquentes. Il a été décidé de renforcer cette partie.

Une réunion technique a eu lieu à l’usine #112 à la mi-novembre 1941 pour discuter de cette question.
Ce sujet a été mentionné plusieurs fois dans le NKTP. Le 25 décembre 1941, Staline signa le décret GKO #1062ss « Sur les chars T-34 et T-60 ».
Selon ce décret, tous les chars T-34 devaient être produits avec un blindage renforce augmentant l’épaisseur totale du blindage avant à 60 mm à partir du 15 janvier
et un blindage principal de 60 mm d’épaisseur après le 15 février.

À ce stade, trois usines produisaient le T-34:
l’usine de tracteurs stalingrad (STZ),
l’usine #112 (Gorkiy) et
l’usine #183 (Nijni Tagil).
L’usine #183 est restée l’usine principale, mais au début de 1942, les trois usines produisaient des T-34 sensiblement différents.
La #183 a commencé à produire une tourelle hexagonale avec certaines caractéristiques de la tourelle A-43 (support de canon, trappes rondes séparées, etc.)
en raison de difficultés techniques avec l’ancienne conception. Les coques avaient aussi leurs différences.
Ceux des usines Stz et #112 différaient également. Avec le temps, ces différences n’ont fait qu’augmenter.


T-34 produit par l usine #112




L usine #183 avait sa propre approche pour décréter le #1062ss. Selon une lettre envoyée le 3 janvier, seul l’avant de la coque recevrait un blindage renforce.
La protection de la tourelle a été améliorée en augmentant l’épaisseur du blindage principal à 60 mm.
Étant donné que la tourelle était coulée et que les 52 mm de blindage moulé étaient considérés comme équivalents à 45 mm de blindage laminé,
la protection n’était pas suffisante.
En pratique, les tourelles étaient encore coulées avec un blindage de 52 mm.
L usine #112 a développé un schéma où l’avant de la coque et l’avant (et partiellement les côtés) de la tourelle étaient recouverts de plaques supplémentaires
de 15 mm d’épaisseur. Comme l’usine #183, ils ont été soudés. Cette conception utilisait de petites plaques de blindage .

À Stalingrad, le développement du blindage est repris par l’approvisionnement en coques et tourelles par l usine #264.
Cette usine a également développé une disposition avec un blindage amélioré à l’avant de la coque, à l’avant et partiellement sur les côtés de la tourelle.
Rappelons que l usine #112 utilisait principalement des tourelles moulées, et que l usine #264 principalement soudées.

L usine #183 a été la premiere à commencer à produire des chars avec blindage renforce.
La production a commencé le 20 janvier 1942.
L usine #112 a commencé à produire des tourelles avec blindage supplementaire le 1er février, l’usine #264 a commencé le 2 février.
Le 17 février, l’usine #264 produisait environ 120 coques et tourelles de ce type.
Pour l’usine #112,ca ne se passait pas aussi bien: seulement 80 coques et 109 tourelles ont été fabriquées.
Quoi qu’il en soit, les chars T-34 avec blindage renforce étaient fabriqués par centaines en février 1942... mais le 23 février, Staline signe le décret GKO #1333,
annulant le blindage supplementaire. Les coques et les tourelles qui étaient déjà produites pouvaient être utilisées pour fabriquer des chars.



Un char T-34 de production STZ avec blindage renforce sur la coque uniquement. Été 1942

Pourquoi l’installation du blindage supplementaire a-t-elle été annulée?
La principale raison était que l’avantage de cette armure renforce n’était pas si important.
Les coques et les tourelles restantes ont été lentement épuisées. Par exemple, les chars STZ produits à l’été 1942 avaient encore ces coques.
L usine #112 a dû retourner à l’armure renforce. Le problème cette fois n’était pas que le blindage était trop mince, mais les plaques de blindage qui étaient fournies
étaient défectueuses. Ces défauts étaient courants en 1942, en particulier en ce qui concerne la plaque avant supérieure.
C’était une pièce compliquée avec de nombreuses découpes. Pour cette raison, un blindage supplementaire a été installé.
Il s’agissait de plaques de blindage multiples plutôt que de plaques de blindage complètes, mais elles s’étendaient sur toute la largeur de la coque.
Il avait une forme différente de celle des conceptions précédentes et était souvent fabriqué à partir d’une grande feuille d’acier.

L’installation du blindage renforce contre le blindage principal a donné de piètres résultats.




Le sujet du blindage renforce pour le T-34 revient à la fin de l’été 1942.
Les Allemands ont commencé à utiliser un nouveau type de munitions, HEAT, ou comme on les appelait parfois, des « obus thermites ».
Ils ont été utilisés pour la première fois contre des chars sovietiques à la fin de 1941, mais leur application était beaucoup plus courante à partir de 1942.
Ce type de munitions augmentait l’efficacité des canons à canon court sur le StuG et le PzIV.
Selon les données soviétiques, un obus HEAT pouvait pénétrer 45 mm de blindage à partir de 1000 mètres.
L’utilisation de munitions de sous-calibre a également été remarquée.


Coque et tourelle d’un char T-34 lors d’essais, automne 1942.




Une autre mauvaise surprise est venue du NII-48. Après avoir analysé l’utilisation du T-34 au combat pour mai-juillet 1942, ils sont arrivés à la conclusion
que 50,5% des coups viennent sur les côtés.
Le GABTU a commencé à créer un blindage espacé pour se protéger de ce type d’obus. Plus personne ne parlait de blindage renforce pour le front.
Il était clair que d’autres parties du char avaient besoin d’être protégées.

Une réunion a eu lieu à l’usine #112 ,le 12 septembre 1942, discutant de la protection contre les nouveaux types de munitions.
Des représentants du NII-48, de la direction de l’usine, et un représentant du GABTU, le lieutenant-colonel du génie M.A. Burtsev, étaient présents.
L’ingénieur A.T. Larin du NII-48 a proposé de placer le blindage renforce à une certaine distance de la plaque principale, au moins jusqu’à la longueur
d’un obus de sous-calibre. En ce qui concerne les obus HEAT, il faudrait faire des expériences.
Il a été décidé qu’il faudrait mener des expériences avec diverses façons de fixer le blindage espacé et à diverses distances du blindage principal.

Les essais ont eu lieu sur les terrains d’essai de l’ANIOP de Gorohovets du 25 septembre au 9 octobre 1942.
Diverses plaques ont été installées au-dessus du blindage principal du T-34, à la fois contre le blindage ou à une certaine distance.
Il s’est avéré que les écrans de 10 et 20 mm d’épaisseur sans espacement sont facilement pénétrés par les munitions HEAT tirées
soit par le canon régimentaire soviétique de 76 mm, soit par le KwK L/24 de 75 mm dans un PzIV Ausf.E.

Placer une plaque de blindage à une certaine distance de la plaque principale s’est avéré plus efficace.



Les meilleurs résultats ont été montrés par des plaques de 5 et 20 mm d’épaisseur installées à une distance de 425-480 mm du blindage principal.
Cette combinaison n’a pas pu être pénétrée. Il s’est également avéré que la tourelle était plus résistante aux obus HEAT que les côtés du char, même sans blindage espacé.
Une faible durée de vie des blindages espacés a également été découverte au cours des essais.
Une plaque de blindage espacée de 16 mm d’épaisseur a été détruite après deux coups d’obus de sous-calibre ou trois coups d’obus HEAT.


A suivre...

Citation :

Une faible durée de vie des blindages espacés a également été découverte au cours des essais.

Pourtant les allemands ont utilisé cette technique sur les derniers modèles de PZ III, et sur certains Stug...

Après avoir étudié les résultats des essais, le bureau d’études de l’usine #112 a développé un projet de blindage espacé pour le T-34 sous la direction de V.V. Krylov.
Comme les plaques devaient protéger le char de la chaleur et des munitions de sous-calibre, elles devaient être épaisses, et donc lourdes.
La proposition principale consistait en des plaques de 20 mm d’épaisseur, le type le plus lourd considéré.

Selon le projet, les côtés, la suspension, la coque avant, les côtés de la tourelle et partiellement l’avant de la tourelle étaient protégés.
Il y avait aussi une variante allégée sans protection de la tourelle. Cinq variantes avec différents niveaux de protection ont été proposées.
La masse de ces réservoirs variait de 31,8 tonnes à 32,19 tonnes. Un T-34 sans blindage supplémentaire pesait 28,63 tonnes.








Le blindage espacé était maintenu avec des boulons combinés à des ressorts Belleville. Pour faciliter le travail de la suspension, le blindage espacé qui la recouvrait
a été installé sur des charnières. Si nécessaire, il pourrait être facilement déconnecté et retourné.
La liste des propositions comprenait un certain nombre de modernisations, y compris la modification de la pente du blindage principal.
Cependant, ils ont été présentés comme des variantes de réserve, car personne ne changerait la coque aussi radicalement en temps de guerre.


Un compromis a été accepté par le GABTU. Les plaques de 20 mm offraient une meilleure protection, mais l’augmentation du poids était trop importante.
Des plaques de 16 mm d’épaisseur ont été utilisées. Le char serait construit en deux variantes.
Le premier a augmenté en masse de 2622 kg, mais la coque et la tourelle étaient protégées.
La seconde ne protégeait que la coque, mais était plus légère : la masse augmentait de 1833 kg.
Dans le second cas, des plaques de 10 mm d’épaisseur ont été utilisées en plus des plaques de 15 à 16 mm.

Un char avec le deuxième type de blindage espacé installé.




Un rapport sur le blindage supplementaire a été présenté à Staline le 19 novembre. Il a proposé de construire 46 T-34 avec ce blindage  :
23 du premier type et 23 du second. Cette proposition a été approuvée.
Le 7 décembre 1942, Staline signa le décret GKO #2594ss, ordonnant a l usine #112 de produire ces chars avant le 1er mars 1943.
Ils ont tous été construits au printemps 1943.


Char T-34, tourelle numéro 232, de la 41e brigade de chars.
Ce char avait le deuxième type de blindage espacé. Le char a été détruit par un obus de 75 mm touché à l’avant de la coque.




Les chars sont envoyés aux 139e et 198e régiments de chars. Le commandant des forces blindées et mécanisées de l’Armée rouge a ordonné a ces chars se rendre
sur la ligne de front soient testés dans des conditions de combat par ordre #064 donné le 9 juin 1943.
Des unités équipées des T-34 a blindage espacés ont été envoyées à la 41e brigade de chars du 5e corps de chars et à la 111e brigade de chars du 25e corps de chars.
Le 139e régiment avait 21 chars T-34 avec le premier type de blindage espacé et 11 chars T-34 avec le second type.
Le 198e régiment avait deux chars avec le premier type, 12 chars avec le second type et 18 chars T-34 de l’usine #112 sans aucun blindage espacé.


Char #100 avec le premier type de blindage espacé. Il a été détruit par un obus de 88 mm qui a touché l’avant de la coque.

Un certain nombre de défauts de suspension et de transmission ont été découverts au cours du roulage vers les positions initiales, mais ces défauts étaient également présents
sur les T-34 sans blindage espacé. L’inconvénient exclusif aux chars avec blindage espacé était une diminution des performances sur un mauvais terrain.
Cela s’est produit parce que la boue était accumulee entre le blindage principal et le blindage espacé pendant les virages.
En dehors de cela, le blindage espacé n’a eu presque aucun effet sur les performances hors route et la maniabilité.

Des brigades équipées de chars blindés espacés T-34 ont pris part aux combats du 25 juillet au 8 août 1943.
Au début de l’offensive, la 41e brigade de chars avait 89 T-34 et 10 Valentins.
Le 28 juillet, l’unité part à l’attaque pour chasser l’ennemi de Rudnevo. L’ennemi a répondu à l’attaque de chars avec des chars, des SPG et des canons antichars.
La brigade a réussi à prendre le village au coût de 7 chars. Il s’est avéré que le blindage espacé résiste bien aux obus HEAT de 75 mm, mais pas aux obus AP de 75 mm.
Pire encore, les Allemands utilisaient de nouveaux canons Pak 43/41 de 88 mm. La brigade a également subi de lourdes pertes le lendemain.


Le redoutable Pak 43/41 de 8.8cm




La 41e brigade de chars s’est frayé un chemin à travers 35 km de territoire ennemi et a atteint son objectif.
Cependant, ce sont les chars à blindage espacé qui ont subi le plus de pertes. Seuls 2 chars avec le premier type de blindage espacé et 5 avec le second sont restés fonctionnels.
14 chars ont été perdus irrémédiablement, 5 ont nécessité des réparations majeures et 6 ont nécessité des réparations moyennes.

La 111e brigade de chars avait 5 chars fonctionnels avec blindage espacé à gauche. Grâce aux combats dans des batailles de moindre intensité et au fait d’avoir moins de chars
avec blindage espacé, les pertes dans les chars blindés espacés étaient également moindres.
Deux ont été perdus irrémédiablement, deux autres nécessitaient des réparations majeures (toutes avec le deuxième type de blindage espacé).
Cinq autres chars (dont l’un avait le premier type de blindage espacé) nécessitaient des réparations moyennes.


Le blindage espacé à l’avant de la tourelle ne protégeait pas les #321 de chars d’un obus de 75 mm.




L’analyse des dégâts subis au combat est encore plus décevante pour les chars à blindage supplementaire.
Seulement deux coups de 50 mm AP et de 75 mm HEAT ont été découverts. La plupart des coups (37) provenaient de 75 mm AP, dont 16 ont touché les côtés des chars,
5 ont touché la partie supérieure, 6 l’avant de la coque et 10 ont touché la tourelle.
15 coups de canons Pak 43/41 ont été comptés, 7 sur le côté, 3 dans la partie supérieure, 2 à l’avant, 2 à l’arrière et 1 dans la tourelle.
Au total, 24 obus sur son côté et 9 ont touché le côté supérieur.
Oui, l’idée de protéger les côtés était correcte. Cependant, le blindage espacé était inefficace contre les obus AP de 75 mm et 88 mm.
Le blindage espacé n’était pas non plus suffisant pour résister au 50 mm AP.


Les résultats de l’utilisation du T-34 avec blindage espacé au combat ont été compilés dans un rapport le 25 septembre 1943.
Les auteurs ont proposé que le NKTP développe une protection plus fiable pour les côtés . Cependant, à ce stade, même les chars lourds n’étaient pas protégés de manière fiable
du Pak 43/41 de 8.8cm.
Ce lot de chars T-34 de l’usine #112 était la dernière utilisation massive de chars avec blindage espacé par l’Armée rouge.
Les travaux sur le blindage renforce se sont poursuivis, mais sont restés expérimentaux.



source
tankarchives.ca

Intéressant, rapport, on y voit que les soviets ont eu le même problème que les allemands avec les plaques rajoutées, ça bringuebale et ça finit ou pas se décrocher ou à endommager le train de roulement...