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 Pillage

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Date d'inscription : 04/03/2016

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MessageSujet: Pillage   Pillage Icon_minitimeLun 12 Juin - 11:20

Seconde Guerre mondiale : quand les nazis ont pillé les vins et vignobles français.
Article de Thomas Rabino

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Soldats allemands buvant du vin, Nord de la France, en mai-juin 1940
© Collection personnelle Christoph
drunken drunken drunken

Si le pillage des œuvres d’art par les nazis est aujourd’hui bien connu, il en va tout autrement de la razzia perpétrée par le vainqueur de 1940 sur notre production viticole, alors première mondiale. Produits français par excellence et objet de toutes les convoitises, les vins et les luxueux alcools hexagonaux ont en effet alimenté des filières d’exportation vers le Reich, qui entendait faire de son ennemi héréditaire un vassal.
« Dès les premiers jours ayant suivi l’incroyable percée allemande dans les Ardennes, en mai 1940, l’envahisseur est assoiffé, écrit l’historien Christophe Lucand, auteur de la passionnante enquête Le Vin des nazis. Comment les caves françaises ont été pillées sous l’Occupation (Grasset). Il capte tout ce qui lui est livré, s’enivrant de champagne, de cognac, d’armagnac, de grands bourgognes, de côtes-du-rhône ou de bordeaux, dans des proportions jamais vues. Cette prise d’assaut de la France se transforme alors en une ahurissante ruée sur le vin. » Surtout, ce nectar est partout : alors que l’alcool coule aussi à flots pour les soldats dans les brasseries et les cabarets, les vignobles les plus prestigieux garnissent comme autant de trophées les tables des chefs nazis jusque chez les proches de Hitler.
« Diplomatie du vin »
Les ténors de la collaboration, eux, s’en servent comme appât et monnaie d’échange, contribuant à une « diplomatie du vin », tandis que la production courante afflue vers la population allemande et les troupes. « Ce sont plus de 2 millions et demi d’hectolitres de vin – l’équivalent de 312 millions de bouteilles – qui ont été expédiés en Allemagne chaque année », précise l’historien Didier Nourrisson, auteur d'Une histoire du vin (Perrin).
En quelques semaines, officiers et troufions, grisés par leur victoire rapide et porteurs de Reichsmarks au cours de change très avantageux, font donc main basse sur une énorme quantité de bouteilles et de tonneaux dans une totale confusion : après un demi-siècle de surproduction, les caves débordent et l’occasion est trop belle pour les domaines et autres négociants pétris d’opportunisme. En quelques jours, on fait le chiffre d’une année… Mais cette inextinguible demande menace de saigner à blanc la filière, bientôt mise en coupe réglée : « Durant le premier été de l’ère allemande, un gigantesque dispositif de captation s’organise à partir d’un modèle conçu avec rationalité et méthode » constate Christophe Lucand.
Voracité décuplée
Depuis son ambassade, Otto Abetz rayonne sur le Tout-Paris, qu’il arrose de grands crus et de champagne au gré de réceptions grandioses. Dans un contexte de pénurie et de rationnement, cette abondance attire toutes sortes de profils prêts à rallier la cause de la « nouvelle Europe ». Constitués à la hâte par Abetz, des commandos spécialisés dans la recherche de vins fins et d’alcools de renom écrèment alors la zone occupée. Le Reichsmarschall Hermann Göring, deuxième personnage du régime, procède à l’identique, avec une voracité décuplée : dès juin 1940, ses hommes commencent par s’emparer des 80 000 bouteilles de la Tour d’Argent. Dans Paris, l’armée allemande et les administrations qui ont réquisitionné les palaces ne sont pas en reste. « À eux seuls, les souterrains du Lutetia rassemblent plus de 75 000 bouteilles de prestige », glisse Christophe Lucand.
À l’échelle du pays, le pillage est structuré par les « Weinführer » (« Führer du vin »), nommés entre août et septembre 1940 en Champagne, en Bourgogne ou en Gironde. Tous s’attellent, explique l’historien, au « plus grand des pillages de l’histoire depuis des siècles ; un pillage pour autant très singulier car légal et payé par les versements colossaux et infinis dus par la France à l’Allemagne ». Au titre des frais d’occupation, le régime de Vichy s’acquitte chaque jour de 300 millions de francs or, cette somme flirtant avec les 600 millions quotidiens en 1944. Résultat : « Des intermédiaires, courtiers et revendeurs improvisés, deviennent millionnaires ; des négociants, milliardaires », résume le chercheur.
Aryaniser les vignobles
C’est le cas de Roger Descas : élégant quadra, cet homme déjà fortuné est le président du Syndicat national des négociants en vins. C’est aussi un ami de 20 ans de Heinz Bömers, Weinführer de Gironde, qui étendra grâce à lui son système de prédation dans le Midi et en Algérie. Cette nébuleuse inclut en outre des personnalités plus ou moins en vue : le maire de Bordeaux Adrien Marquet, exclu de la SFIO en 1933, ami d’Otto Abetz et devenu un partisan zélé de la collaboration, hérite en juin 1940 du ministère de l’Intérieur, avec le soutien du cagoulard Pierre Taittinger, propriétaire de la maison de champagne qui porte son nom. Ardent promoteur de l’ordre nouveau, Mgr Jean de Mayol de Lupé, issu d’une famille à la tête d’un prestigieux domaine de Nuits-Saint-Georges, sera un fournisseur privilégié d’Abetz.
En contrepoint, le régime de Vichy veille à alimenter, par la production de la zone sud, une machine de guerre nazie gourmande en vin ordinaire. « C’est aussi une période très importante pour la naissance de nombreuses AOP actuelles, comme les Côtes de Provence et les Coteaux d’Aix-en-Provence » souligne Frédéric Moustier, auteur de la thèse sur le sujet « Les mutations du vignoble provençal au XXe siècle ». Et lorsqu’il s’agit d’aryaniser la maison Mumm ou les vignobles de la famille Rothschild, l’État français affirme ses prérogatives… et pille à son tour. Le Reich s’arroge aussi les sous-produits de la distillation, utiles à la fabrication d’une essence synthétique qui représentera jusqu’à 50 % de ses hydrocarbures.
« Lorsque la guerre paraît perdue, les libations s’intensifient », observe Christophe Lucand. Si la Résistance fut limitée dans le milieu du vin – signalons néanmoins l’exemple du comte Robert-Jean de Vogüé, chef de la maison Moët & Chandon, ou François Taittinger –, ceux qui se sont compromis dans la collaboration n’auront finalement rien à regretter : frappés de lourdes amendes, les richissimes complices du pillage échappèrent à la prison. Comme s’il fallait éviter de ternir l’image de l’un des emblèmes du pays ?
Penser aux crus disparus
Comme chaque décennie, la France multiplie les commémorations des événements de la Seconde Guerre mondiale : appel du 18 juin 1940, bataille de Bir-Hakeim, rafle du Vel-d’Hiv, débarquements de Normandie et de Provence, capitulation nazie… Pour les 80 ans du plus meurtrier des conflits, les cérémonies redoublent, mais des oublis perdurent.
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vania
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Date d'inscription : 30/07/2008

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MessageSujet: Re: Pillage   Pillage Icon_minitimeMar 13 Juin - 11:43

Excellent sujet.
Tout y est passé pendant les années d'occupation.
Vins et spiritueux, tout ce qui est agro-alimentaire, industriel (moteurs, véhicules, charbon, sidérurgie, textiles, cuirs...), plus le S.T.O., les prisonniers de guerre..., une vraie razzia. Shocked scratch
Certains affirment que sans l'aide anglo-saxonne, l'U.R.S.S. aurait perdu la guerre.
On peut en débattre, mais en tout cas il est certain que sans l'apport en ressources des pays occupés, France principalement, jamais le Reich n'aurait tenu ses 6 ans de conflit...
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