Epouse nazie pendant la Seconde Guerre mondiale

Derek Niemann se souvient de ce que c’était que de vivre avec un nazi dans sa famille, lorsque sa grand-mère a épousé un officier supérieur SS qui a supervisé le travail forcé pendant la Seconde Guerre mondiale.

Minna Niemann vivait à Berlin lorsque la guerre a éclaté en 1939, mais elle n’était pas convaincue par la propagande nazie et se méfiait du nouveau régime.
Quand elle a donné naissance à son quatrième enfant, elle a reçu un Mutterkreuz, qui était la façon nazie de célébrer la croissance de la race aryenne.
Minna le jeta avec dégoût.





Les prisonniers des camps de concentration se rendaient chez Minna pour s’occuper de l’entretien général, construire des meubles pour la famille
et s’assurer qu’ils avaient un abri antiaérien. Minna a fait de son mieux pour leur fournir de la nourriture et du café chaud, même si elle n’était pas censée le faire.

Vers la fin de la guerre, le régime nazi était devenu désespéré en essayant de s’accrocher aux restes de son grand projet et tous les dissidents étaient fusillés
ou pendus immédiatement. Minna est devenue encore plus franche et ses enfants craignaient qu’elle ne se fasse tuer.
Même si les nazis ont dégoûté Minna, elle est tombée amoureuse de l’un d’entre eux – Karl Niemann. Karl était un officier SS pour les nazis
et a occupé des postes de direction dans plusieurs camps de concentration, dont Auschwitz, Dachau et Buchenwald.

Aujourd’hui, Derek a du mal à accepter comment sa grand-mère a pu vivre une vie d’une telle contradiction.
Mais Minna avait rencontré Karl de nombreuses années avant même le début de la guerre et même avant la Première Guerre mondiale.
Ils se sont rencontrés en 1912 alors qu’ils vivaient tous les deux dans la ville de Hamelin, Minna était couturière et Karl travaillait à la banque locale.

Karl s’est enrôlé et a combattu pendant la Première Guerre mondiale et a été fait prisonnier de guerre par les Français et a été absent pendant six ans.
À son retour, Minna et Karl se sont mariés.

Au cours de la décennie suivante, l’Allemagne et le monde ont connu un chômage de masse et un déclin économique.
C’est dans les années 1930 que Karl a rejoint le parti nazi car ils semblaient fournir une solution.
En tant que fonctionnaire, Karl a reçu l’ordre de signaler à la Gestapo tout dissident ou ayant des opinions politiques alternatives.
Karl a perdu son emploi et s’est vu confier un rôle dans la SS de Heinrich Himmler.
Derek ne sait pas ce que sa grand-mère en pensait, mais d’après ce qu’il peut dire, elle a essayé de se distancer, elle et ses enfants,
des environnements des camps de concentration.

Alors que la guerre touchait à sa fin, Karl, Minna et leurs enfants, ainsi que de nombreux autres officiers SS, furent envoyés dans les Alpes pour échapper aux troupes alliées
et soviétiques. En chemin, ils ont dû dormir toute la nuit à Dachau et Minna a interrogé Karl sur l’odeur des corps brûlés, ce que Karl a nié.
Karl a finalement été capturé par des soldats américains et a purgé trois ans de prison.
Minna est retournée à Hamelin où elle a ramené ses enfants à une vie normale sans les nazis, rapporte The Guardian.
Les dossiers du procès de Karl montrent qu’il a essayé de sauver certains des détenus du camp de concentration, et en a même pris un pour travailler chez la famille,
ce qui semblait favorable lors de son procès. Cependant, Karl n’a montré aucun remords pour ses actions et sa préconisation de l’esclavage.

À ce jour, Derek ne sait pas si Karl a déjà ressenti des remords.
En ce qui concerne Minna, Derek croit qu’elle a fait ce que n’importe quelle mère ferait et qu’elle a fait passer sa famille en premier.


source
warhistoryonline.com

Interview de Derek Niemann:




Q:Décrivez comment vous en êtes venu à découvrir les sombres secrets du passé de votre famille?

Je n’aurais peut-être jamais rien trouvé sur l’homme que mon père croyait être « un humble pousseur de stylos » sans une découverte fortuite il y a trois ans.
Je préparais un voyage à Berlin et je suis allé en ligne pour chercher le nom de la rue dans laquelle ma famille avait vécu pendant la guerre.
C’est là que les mots sont apparus à l’écran : « SS Hauptsturmführer Karl Niemann... crimes contre l’humanité... le recours à la main-d’œuvre esclave ».
Au lieu de visiter les sites touristiques de Berlin, j’ai passé au crible les archives d’un musée sur les SS et je suis allé au camp de concentration de Sachsenhausen,
l’un des neuf camps où mon grand-père utilisait le travail forcé pour les « entreprises » SS.


Q: Était-ce une expérience difficile d’écrire Un nazi dans la famille?

Cela a provoqué tout un maelström d’émotions. Les nazis ont fait des choses terribles et je voulais vraiment comprendre comment et pourquoi quelqu’un de mon sang
avait été impliqué dans tout cela. D’une certaine manière, j’ai eu la chance que mon grand-père soit mort avant ma naissance, donc je n’avais aucun lien personnel avec lui.
J’ai peut-être pu prendre du recul et être un peu plus objectif.


Q: Qu’avez-vous ressenti en découvrant vos secrets de famille d’une manière aussi publique?

Je m’inquiétais pour mon père et mon oncle de ce que cela pourrait leur faire de voir les actes de leur père révélés dans leur intégralité pour la première fois.
Ils étaient enfants à la fin de la guerre et tout de l’époque d’Hitler a été étouffé par la suite.
Mais en fait, mon oncle en particulier a été une révélation. Il était catégorique sur le fait que je devais tout dire. Cela faisait plus de 50 ans que son père était décédé :
il est fort possible qu’il pense que le moment est venu de s’attaquer à ce qu’il a fait. Les gens de sa génération m’ont fortement senti qu’il y a un relâchement
du secret collectif – il n’y a plus de raison impérieuse de garder les choses cachées.


Q: Alors que vous découvriez lentement la vérité sur votre grand-père, avez-vous déjà eu envie de vous éloigner de l’histoire et de la laisser telle quelle?
Ou vous sentiez-vous obligé envers la vérité ?

Peut-être que l’écrivain en moi voulait simplement poursuivre l’histoire jusqu’à sa fin, mais je n’ai jamais envisagé d’abandonner la quête de la vérité.
Cela a aidé qu’il y ait des traces écrites qui continuaient d’être découvertes – les Allemands sont très bons pour tenir des registres,
donc il y avait beaucoup de matériel qui m’a permis d’avancer.


Q: Comment les révélations ont-elles changé votre perspective sur votre famille, passée et présente?

Ils m’ont aidé à mieux comprendre comment leurs expériences ont façonné mon père et ses frères et sœurs.
Ils expliquent certaines des bizarreries, des préjugés et des excentricités des personnes qui ont été déformées en vivant dans le cadre d’une famille SS.
En particulier, je regrette de ne pas savoir à quel point ma tante était une personne pitoyable : je n’ai appris son histoire désespérément triste qu’après sa mort.


Q: Pensez-vous que l’histoire incarne la banalité du mal, selon l’expression d’Hannah Arendt?

Je pense que mon grand-père appartient à une catégorie différente de criminels. Il n’était pas mauvais dans le sens de commettre des meurtres ou des atrocités.
Au contraire, il a été complice en privant des milliers d’innocents de leur liberté et en les travaillant comme travailleurs esclaves.
Il était prêt à faire preuve d’aveuglement moral en croyant que ce qu’il faisait servait un but plus élevé et ne tenait pas compte du sort de ceux qui souffraient.

Q: Vous avez déjà écrit sur les prisonniers de guerre, comment cette expérience a-t-elle informé ou complété cette histoire plus personnelle?

Il y a eu des parallèles et des coïncidences, surtout en ce qui concerne la section du livre où mon grand-père a été emprisonné.
Il a été interné dans un camp en Bavière qui avait servi de camp de prisonniers de guerre pendant la guerre.
J’ai écrit à propos de ce même camp dans mon livre sur l’observation des oiseaux de guerre appelé Birds in a Cage.
J’étais aussi très conscient que j’écrivais deux livres successifs sur des gens qui étaient gardés derrière des barbelés, bien que dans des circonstances très différentes.


Q: Croyez-vous que beaucoup partagent votre histoire et ne la connaissent pas?

Ma tante en Allemagne m’a dit que chaque famille avait quelque chose à cacher et les historiens soutiendraient ce point de vue: on a estimé qu’un demi-million d’Allemands
ont joué un rôle direct dans l’Holocauste, qu’ils aient travaillé dans les camps ou conduit les trains qui ont emmené les Juifs à Auschwitz.
Tant d’Allemands que j’ai rencontrés m’ont dit qu’ils ne savaient tout simplement pas ce que leurs ancêtres avaient fait.
Mais seule une très petite minorité cherchera à le savoir – les archivistes dans les camps m’ont dit qu’il est rare que les familles des auteurs se manifestent,
mais que d’autres le font.


Q: Selon vous, quelle est la valeur morale ou éthique de votre histoire, s’il y en a une?

Je pense que c’est un récit salutaire sur la facilité avec laquelle les échecs humains fondamentaux nous conduisent à faire des choses terribles
et sur le fait qu’il nous incombe à tous de faire preuve de courage moral.
Une combinaison de peur, d’envie, d’insécurité, d’ignorance et d’indifférence a conduit mon grand-père à agir comme il l’a fait.
Il est crucial que des organisations comme l’Holocaust Educational Trust enseignent à la prochaine génération ce qui a été fait et si je peux jouer mon petit rôle
dans le partage de cette compréhension, alors mon livre aura valu la peine.


A Nazi in the Family de Derek Niemann est publié par Short Books, 14,99 £.




Propos recueillis par Thomas Storey

source
theculturetrip.com

Je connais cette histoire et elle n'est pas seule. Il y a en d'autre.
Ca s'est fait comme ça, personne pourra changer le passé.

Non, mais on peut essayer de comprendre...

vania a écrit:

Non, mais on peut essayer de comprendre...

Oui mais c'est pas dans e sens que je le disais, je précisais simplement que ce qui s'est passé était une époque surtout un régime politique. On changera rien, comprendre le pourquoi et le comment est intéressant en effet. Faut pas oublier qu'à l'époque se marier avec un SS voire bien plus était un honneur dans la famille de l'épouse. Ca ouvrait des portes sur beaucoup de domaines, manger à sa faim déjà, pouvoir voyager où on voulait, ne jamais être inquiété. C'est déjà une explication. Si on regarde peu de choses ont changé aujourd'hui, voire aucune. Faut simplement l'adapter à l'époque.