Un peu plus complet mais tout aussi étrange pour un ecclésiastique :
Jean Mayol de Lupé naît le 21 janvier 1873, septième d’une famille de huit enfants du père, vicomte Henri de Lupé, partisan du comte de Chambord, le prétendant au trône de France et de la mère Elisabeth de Caracciolo-Girifalco, issue d’une famille de bonne noblesse napolitaine.
Jean entre à seize ans à l’abbaye bénédictine de Ligugé, en Poitou, Mayol de Lupé est ordonné prêtre le 10 juin 1900 et devient chevalier ecclésiastique d'un ordre autant militaire que religieux : l'Ordre de Saint Georges Constantinien.
Mobilisé en 1914, comme aumônier militaire au sein de la 1ère division de cavalerie. Il est fait prisonnier et, dans le train qui l’emmène, il aide les prisonniers à s’évader. Il retourne au front en 1917 après deux ans de captivité. Grièvement blessé sur la Somme, à la fin de 1918. Il finit la guerre en convalescence dans un hôpital de Rouen. Il a été six cité trois fois à l’ordre de l’armée et reçu seize décorations, pour sa famille c’est un héro.
Mayol de Lupé reste dans l’armée, il rejoint l’armée d’Orient en Liban et en Syrie où il est fait chevalier de légion d’honneur. Gravement malade, il quitte l’armée en 1927.
Au cours de plusieurs voyages en Allemagne, Mayol de Lupé découvre le national-socialisme. Il se rend même au congrès de Nuremberg, c’est le coup de foudre. Il y rencontre Abetz, futur ambassadeur d’Allemagne à Paris et Westrick, son futur conseillé politique.
En septembre 1939, Mayol a soixante-six ans et se porte volontaire pour être aumônier ce qui lui est refusé. En 1941, Abetz lui propose de revêtir l’uniforme allemand dans la LVF, il hésite et demande conseille au cardinal de Suhard qui l’encourage dans cette voie. Il intègre donc la LVF en octobre 1941.
D’abord aumônier du 3e bataillon, Mayol de Lupé devient aumônier général en 1943. Il est sur le front de 1941 à 1944, blessé en 1942, il est décoré de la croix de fer de 2e classe ainsi que la croix des services de guerre.
D’après Christian de la Mazière « il évoquait un moine combattant à la manière des évangélistes ». Sur le front Mayol se veut « témoin spirituel », il enflamme les volontaires, il bénit les soldats montant au front, célébrant la messe n’importe où. Mayol de Lupé se plaît au milieu des combattants de la légion et ils le voient comme un camarade.
Il croit en son idéal anti-bolchévique et veux le partager ardemment avec la LVF, il joue au « commissaire politique » en dénonçant aux allemands ceux qui trahissent cet idéal, il en agace jusque les officiers allemands qui savent qu’il envoie des rapports secrets à l’OKW.
Fou du Christ et de Hitler, il voit dans le combat national-socialiste et le combat chrétien un seul combat, il marie Hitler et le Christ sur un fond d’anticommunisme. Mayol de Lupé se réfère non seulement à la croix chrétienne et à la croix gammée mais aussi à la bannière de blanche de l’ancien régime. Il partage les idées monarchiques de son père, Jean n’accepte pas le drapeau tricolore et il refuse de porter l’écusson tricolore de la LVF. Pour lui « le drapeau français n’a jamais été bleu-blanc-rouge. Il n’y a qu’un seul drapeau : le blanc fleurdelisé. Etant légitimiste, je refuse de combattre derrière un emblème tricolore ».
De retour en France en 1944, il participe à une tournée de propagande dans tout le pays pour recruter des volontaires. En novembre de la même année, la LVF est dissoute, Mayol de Lupé est favorable à l’incorporation des restes de la LVF dans la Waffen SS. Le paganisme de la SS ne dérange pas le moine-soldat tant que c’est pour combattre le mal représenté par le bolchévisme. Mayol devient donc l’aumônier de la division SS Charlemagne. Il ne participe pas aux opérations en Poméranie de mars 1945 parce que malade et trop âgé. Il célèbre néanmoins la messe au camp de Wildflecken lors de la prestation de serment à Hitler. L’ecclésiastique reste en Allemagne, il est arrêté en 1945 dans la zone américaine puis transféré à Paris, à la Santé. Il a 73 ans.
Son procès se déroule en mai 1947, il est accusé de collaboration, d’apologie du national-socialisme et du port d’uniforme et décorations ennemis. Il se défend en déclarant d’avoir agi par peur du communisme. Mayol de Lupé est condamné à 15 ans de réclusion, à la confiscation de ses biens et l’indignité nationale. Il se consacre en prison à des travaux historique et célèbre son jubilé sacerdotal. Il est gracié en 1951 en raison de son âge et de son état de santé. Il s’éteint à son domicile à Paris en 1955, il est inhumé au village de Lupé.
Source : Pierre Giolitto, Volontaires français sous l’uniforme allemand,
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