Pierre Clostermann est né le 28 février 1921 à Curitiba, Brésil, où son père, Jacques, est diplomate.
Il découvre l’aviation à 4 ans en lorsque son père l’emmène voir un Latécoère de l’Aéropostale sur
la plage de Guaruja à Santos. Puis, il reste en France en pension chez son oncle Robert Aubry,
ancien pilote de la grande guerre ; c’est pendant cette période qu’il lit les récits sur Guynemer,
Navarre et Fonck. A 14 ans, en été 1935, Pierre Clostermann reçoit son baptême de l'air sur
l'hydravion Latécoère Lieutenant de Vaisseau Paris sur l'étang de Biscarosse.
A 16 ans il retourne chez ses parents et apprend à piloter sur Bücker Jungmann ; le 27 novembre
1937, il obtient son brevet de pilote à l'aéroclub du Brésil à Manguinhos. Son instructeur était un
allemand, Karl Benitz, qui fut tué sur le front de l'Est.
Ayant obtenu une bourse de la Pan American Airways, Pierre Clostermann part aux Etats-Unis en
1938 et devient élève ingénieur au Ryan College du California Technical Institute (San Diego) pour
passer le diplôme de pilote commercial et d’ingénieur aéronautique qu’il obtient en 1940.
Choqué par l’effondrement de la France en 1940, et encouragé par son père qui est parti rejoindre
de Gaulle avec le Général Valin, Pierre Clostermann rejoint l'Angleterre, via Miami en Floride (en
DC-3 d’Eastern Airlines), le Brésil (en hydravion Sikorsky de la Panam), l'Uruguay et l'Afrique du
Sud (à bord du MV Rangitata), pour s'engager dans les Forces Aériennes Françaises Libres (FAFL)
le 18 mars 1942 (matricule 30 973) où ses 315 heures de vol lui vaudront d’être promu sergent.
Les premiers tests d’aptitude s’effectuent sur Tiger Moth à Sywell et sur Miles Master à Aston
Down : il est noté "Above average" (au-dessus de la moyenne).
Il refuse ensuite un poste d’instructeur en Rhodésie et au Canada et est sélectionné pour suivre les
cours d'élève-officier au RAF College de Cranwell : il s’y perfectionne sur Miles Master et sort 1er
avec une note de 100/100.
En Novembre 1942, Pierre Clostermann est affecté à l'Operational Training Unit 61 de Rednal
(Pays de Galles). Il effectue son premier vol sur Spitfire (matricule TO-S). C’est là qu’il retrouve
celui qui deviendra son meilleur ami, Jacques Remlinger (il l’avait croisé à Sywell).
Le 21 janvier 1943, Clostermann est affecté au 341 (Free French) Squadron – allias GC III/2 «
Alsace », dirigé par René Mouchotte, composé uniquement de Français Libres et basé à Turnhouse
(Écosse) puis à partir du 20 mars 1943 à Biggin-Hill (Angleterre). Clostermann est affecté au « A »
flight de Christian Martell.
Sa première sortie a lieu le 24 mars pour un vol de reconnaissance sur le Spitfire NL-D, puis la
seconde sur alerte à bord du NL-E le 28 mars, suivie d’une patrouille sur celui qui deviendra son
avion personnel, le NL-B (serial BS538).
Le 12 mai 1943, Clostermann est abattu au-dessus de la Manche par un Messerschmitt 109. Il se
parachute sans dommage.
Le premier avion allemand qui lui est accordé est un Me 109 « endommagé » le 17 mai 1943 lors
d’un « sweep » sur Rouen dans le cadre du « Circus 299 ».
Le 15 juillet, il se pose roues rentrées sur le Spitfire LN-H au retour d’une mission d’escorte.
Le 27 juillet 1943 : deux premières victoires du sergent-chef Pierre Clostermann en combat aérien
sur des Focke-Wulf 190 du JG2 à 18h40 au dessus de Trouville en Normandie.
Le 27 août 1943, jour de la disparition du commandant du groupe Alsace, René Mouchotte, Pierre
Clostermann, alors son ailier, remporte sa 3ième victoire confirmée (Focke-Wulf 190). Suite à cette
sortie, le commandant Dupérier suspends Clostermann de vol pour « abandon de son leader ». Il est
ensuite affecté au 602 Squadron du 125 Wing. Auparavant, et à l’occasion de son dernier vol au
groupe « Alsace », il abat un Messerschmitt 109 G (finalement qualifié de « probable ») le 25
septembre 1943 (mission de calibrage de radars anglais). Il aura effectué 176 vols au sein de «
l’Alsace ».
Le 26 septembre 1943, Pierre Clostermann rejoint le « A Flight » du groupe de chasse 602 City of
Glasgow où se trouve déjà son ami Jacques Remlinger. Il pilote un Spitfire immatriculé LO-D mais
c’est sur le Spitfire LF IXF « LO-Q » qu’il revendique un FW 190 endommagé le 16 octobre 1943
lors d’une reconnaissance météo sur Blankenberge (Ostende).
Le 7 janvier 1944, lors du Ramrod 433, une mission de protection de « Forteresses Volantes », il
revendique un FW 190 endommagé à bord du Spitfire LF IXC « LO-K » (LH504) à l’est
d’Abbeville.
Puis l’escadron part au repos dans les îles Orcades. Clostermann y effectue un atterrissage train
rentré le 7 mars sur le vieux Spitfire LF VB « LO-D » (BL686). 12 mars 1944, l’unité retourne à
Detling puis effectue un stage de 3 semaines au nord du Pays de Galles pour apprendre le
bombardement en piqué en vue de l’attaque des bases de V-1.
L’unité retourne à Ford dans le Sussex en avril 1944.
11 juin 1944, pour la première fois depuis le début de la guerre, Pierre Clostermann se pose en
France sur le terrain de Bazenville (B2). Le 15 juin Clostermann et Remlinger mitraillent le terrain
de Saint-André de l’Eure et Clostermann revendique un Bf 109 en train de se poser : il volait à bord
du Spitfire LF IXC MK611.
Le 26 juin 1944, Clostermann s’octroie à bord du MK250 une victoire probable sur un Bf 109 G et
une sûre sur un FW 190 ce qui fera de lui ce jour là un "as".
Le 29 juin, il abat un FW 190 (sans doute de la 2./NAGr 13) à bord du Spitfire LF IXC serial
MJ586 « LO-D » et le lendemain un Bf 109 « probable ». Le 2 juillet, sur alerte à bord du MJ305, il
revendiquera un FW 190 « sûr », un « probable » et trois « endommagés ».
Le 6 juillet 1944, Pierre Clostermann se voit accordé la Distinguished Flying Cross (DFC) pour
avoir détruit au moins 11 avions. Le 7 juillet 1944, après l'équivalent de deux tours d'opérations, et
près de 600 jours en opération, il est envoyé au repos en Angleterre. A la demande de Charles de
Gaulle, il est inscrit sur la liste des pilote des FAFL que le Général veut empêcher de retourner au
combat. Il a obtenu 11 victoires confirmées (sur Spitfire). Après sa permission, en septembre 1944,
Pierre Clostermann part suivre les cours de la Central Gunnery School de Catfoss.
Janvier 1945 : après quelques mois passés au service de presse des Forces Aériennes Françaises
Libres à Londres (en compagnie en particulier de l'écrivain Romain Gary), Pierre Clostermann
demande sa réintégration dans une unité opérationnelle. Il est affecté tant bien que mal le 17 février
1945 comme Flight Lieutenant au 122 Wing, (basée en Hollande à Volkel). Ce même jour, il
effectuera son premier vol sur Hawker Tempest Mk V Series 2 immatriculé JJ-B (il a au préalable
effectué sa transformation à la 55 OTU d’Aston Down sur Typhoon puis Tempest).
Entretemps, le 14 janvier 1945, Bruno Klostermann, cousin allemand éloigné de Pierre
Clostermann, est abattu aux commandes de son Messerschmitt 109.
Le 2 mars, « Cloclo » est affecté au 274 Squadron. Le 5 mars, il s’envole à bord du « JJ-W
» (EJ893) pour un « essai d’armement » et revendique une victoire sur un Me 109 dans le secteur
Hengelo-Nordhorn.
Le 17 mars 1945,il est transféré au 56 Squadron. Le 28 mars, il revendique un Fieseler Storch au sol
au sud de Munster sur le NV970 « US-O ». Le 24 mars 1945, Pierre Clostermann est touché par la
flak et doit se poser sur le ventre.
Le 2 avril 1945, il effectue à bord du Tempest NV968 « US-G » sa dix-septième mission de guerre ;
il revendique une victoire sur un FW 190 D-9.
Le 5 avril, il endommage deux autres FW 190 à bord du Tempest EJ536 « US-W ».
Le 8 avril 1945, Pierre Clostermann est affecté au groupe de chasse 3. Il pilote un Tempest
immatriculé JF-E (NV994 - Le Grand Charles) et commande le « A » flight. Le 20 avril, il abat à
son bord deux FW 190. Blessé à l’atterrissage au retour de cette mission, il ne retrouve son unité le
3 mai et retrouve un « JF-E » immatriculé SN-222. Le 27 avril 1945, Pierre Clostermann est nommé
commandant de l'escadre de chasse 122.
Puis le 3 mai 1945, lors d'une attaque de la base de Großenbrode, il abat successivement cinq avions
(un Blohm & Voss 138, un Junkers 252, deux Dornier 24 et un Messerschmitt 109). Le 8 mai 1945,
Pierre Clostermann termine la guerre avec 33 victoires Mais le 12 mai 1945, lors d'un défilé aérien
au-dessus de Bremenshaven, les quatre avions de sa section se percutent et Pierre Clostermann est
le seul pilote à en réchapper.
Le 27 août 1945, il demande sa démobilisation immédiate, qui est acceptée. Clostermann termine la
guerre avec 33 victoires homologuées à son actif et 5 probables. Il fut ainsi le premier chasseur de
France. Ce score fait de lui le 3eme as allié, sans compter les as soviétiques.
En 1948, il publia un livre, Le Grand Cirque, qui connut un succès phénoménal (plus de 3 millions
d’exemplaires vendus dans le monde, dernière édition en 2000), dans lequel il raconte une partie de
sa vie dans les escadrons de la Royale air Force.
Pierre Clostermann fut ensuite élu député. Il participa sur sa demande à la guerre d’Algérie pendant
dix huit mois. Il sera réélu huit fois au parlement, qu’il quittera définitivement au départ du général
de Gaulle en 1969. Il fut le créateur de l’usine Reims-Aviation. Clostermann sera aussi viceprésident
aux Etats-Unis de Cessna, puis administrateur de Renault et de la société des Avions
Marcel Dassault. Il était colonel de réserve.
Il a consacré une partie du reste de sa vie à sa grande passion, la pêche au gros dans les eaux de
l'Atlantique. Il a réalisé pour la TV de nombreux reportage sur ce sujet.
Pierre Clostermann s’est éteint le 22 mars 2006 à Montesquiou-des-Albères, dans les Pyrénées-
Orientales. Il repose dans le cimetière du Chesnay dans les Yvelines, prés de Versailles.
Le tableau de chasse officiel de Pierre Clostermann est le suivant :
-33 victoires aériennes,
-5 victoires probables,
-4 victoires au sol,
- 72 locomotives,
- 225 camions,
- 5 tanks,
- 2 vedettes lance torpilles,
- 1 sous marin de 500 tonnes en coopération,
- Divers objectifs attaqués tels que raffinerie, pont...
- 293 missions de guerre offensives à grand rayon d'action,
- 97 missions d'assaut et de bombardement,
-40 missions de chasse défensives,
-600 heures de vol de guerre.
Pierre Clostermann était titulaire des décorations suivantes : Grand-Croix de la Légion d’Honneur,
Compagnon de la Libération, Médaille Militaire, Croix de Guerre 1939-1945 avec 19 citations,
Croix de la Valeur militaire avec deux citations, Médaille de la Résistance avec rosette,
Distinguished service order, Distinguished Flying Cross avec bar, Silver Star, Air medal, Chevalier
de l’Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, Médaille de l’Ordre du Dannebröd (par le Roi Christian
X de Danemark le 23 juin 1945).
Liens (photos, etc) :
www.cieldegloire.com/004_clostermann.php
Sources et bibliographie :
Le grand cirque, Pierre Clostermann, Flammarion,
Feux du ciel, Pierre Clostermann, Flammarion
Appui-feu sur l'oued Hallaïl, Pierre Clostermann, Flammarion,
Des poissons si grands, Pierre Clostermann, Flammarion,
Spartacus l'espadon, Pierre Clostermann, Flammarion,
Sacrée guerre, Pierre Clostermann, Flammarion,
Mémoires au bout d'un fil, Pierre Clostermann, Flammarion,
L'Histoire vécue. Un demi-siècle de secrets d'Etat, Pierre Clostermann, Flammarion,
Une vie pas comme les autres, Pierre Clostermann, Flammarion,
Les as de la guerre 1939-1945, Daniel Porret et Franck Thevenet, SHAA,
Les pilotes de chasse français 39-45, Christian-Jacques Ehrengardt et Philippe Listemann,
AéroEdition,
La grande aventure de la chasse française de 1939 à 1945, Jean Gisclon, France-empire,
Typhoon and Tempest aces of WW2, Chris Thomas, Osprey,
Aces High, Christopher Shores et Clive Williams, GrubStreet.
greg