Hans Joachim Marseille est le fils d'un officier héros de la Grande Guerre, né le 13 décembre 1919
à Berlin-Charlottenbourg. Peu après sa naissance, ses parents divorcent et on peut penser que son
caractère rebelle trouve son origine dans le manque d'ancrage familiale. Après avoir terminé sa
scolarité à l'âge de 17 ans au lycée "Prinz-Heinrich-Gymnasium" à Berlin, il s'engage en 1938 dans
la Luftwaffe.
Après la fin de sa formation, il est versé à la I./LG 2 basée à Calais-Marck le 10 août 1940. Il
obtient sa première victoire dès le 14 août.
Le 24 décembre 1940, il est muté à la 4./JG 52. En 8 semaines de combat il a remporté 7 victoires
mais il a été abattu 3 fois et pendant son séjour au bord de la Manche, il a été puni 2 fois (une fois à
cinq jours d'arrêt) pour indiscipline.
Et avec son nouveau commandant d'escadrille, l'oblt Johannes Steinhoff, les rapports ne sont pas
bon non plus. Hans a les cheveux trop longs, a l'habitude de faire la fête et surtout il n'a aucune
discipline militaire.
Le 21 février 1941, Marseille est affecté à la 3./JG27 commandée par l'Oberleutnant Gerhard
Homuth, officier de grande tradition qui apprécie peu la désinvolture de son subordonné
L'escadrille arrive en Libye sur le terrain de Gazala le 22 avril. Hans casse son appareil en cours de
route! Sur ce théâtre d’opérations où tout est nouveau, tout est à apprendre, à créer, les mentalités
vont évoluer vers une plus grande tolérance. Les pilotes se retrouvent à des centaines de kilomètres
de toute civilisation, livrés à eux-mêmes dans une région inhospitalière où les conditions de vie
restent précaires. Les combats aériens ne ressemblent en rien à ceux qui se déroulent au-dessus de la
Manche. Tout est différent : le nombre d’avions, l’altitude très basse des combats et les tactiques.
C'est ce qui manque à Marseille, la liberté d'action, ici pas de problème, Marseille est un pilote
aventureux et individualiste en combat aérien qui se préoccupe peu des tactiques de combat de la
Luftwaffe. Et de plus son Kommandeur, le Hptm Eduard Neumann est tous le contraire de
Steinhoff. C'est un homme calme et surtout un meneur d'hommes. Un amitié va naître entre les 2
hommes.
Le 23 avril 1941, Hans remporte sa première victoire africaine mais il est de nouveau abattu par le
sous-lieutenant James Denis un français libre. Marseille sort indemne de son Bf 109 E écrasé dans
les lignes allemandes.
Le 1er juin 1941, il est promu Leutnant (sous-lieutenant) après sa 13ème victoire. Peu de temps
après, alors que son avion avait été sévèrement atteint par des projectiles ennemis, il doit atterrir
dans le « no man's land » et ne parvient à rejoindre indemne les lignes allemandes qu'après une
longue marche dans le désert. Dans les mois qui suivirent, Marseille prit de plus en plus conscience
de ses devoirs de soldat et d'aviateur. Durant les combats aériens il restait plus proche de ses
camarades et acceptait les règles militaires élémentaires.
Son score augmente lentement.
Le 24 septembre 1941, c'est le déclic, il abat un Maryland du Squadron sud-africains 24 et dans
l'après-midi en chasse libre au-dessus du col d'Halfaya, il abat 4 Hurricane bien qu'ils eurent formé
un cercle défensif.
Le 12 octobre 1941, avec 2 curtiss Tomahawk abattus, il porte son tableau de chasse à 25 victoires.
Quelques jour plus tard, le I./JG27 regagne l'Allemagne pour être équipé du nouveau Bf 109F-
4/Trop. Qui donnera pour un long moment la supériorité à la JG 27 sur la RAF en Afrique.
Alors, Hans Joachim va accumuler les victoires.
Le 13 novembre 1941, il obtient l'Ehrenpokal(coupe d'honneur pour exploits exceptionnels dans la
guerre aérienne).
Le 24 novembre 1941, on lui décerne la Croix allemande en or.
Le 17 décembre 1941, il obtient ses 34e et 35e victoires (2 Hurricane).
Fin décembre 1941, souffrant, il est dirigé sur l'hôpital d'Athènes. Il va être profondément marqué
par la mort de sa soeur (assassinée par un amant jaloux). Il est de retour en Afrique fin janvier 1942.
Le 21 février 1942, il abat sa 50ème victimes.
Le 27 février il abat 2 nouveaux Curtiss avant de partir pour l'Allemagne pour une permission et
recevoir la Croix de chevalier.
Le 25 avril 1942, il est de retour en pleine forme.
En mai 1942, c'est 14 avions ennemis qui sont abattus.
En juin 1942, 33 victoires pour les 17 premiers jours.
Le 6 juin 1942, il est décoré des feuilles de chêne à sa croix de chevalier pour sa 75ème victoire.
Le 18 juin 1942, il est décoré des glaives pour sa 101ème victoires.
Le lendemain, il part au Führerhauptquartier pour recevoir ses décorations (et profiter de 6 semaines
de perm).
Le 6 août 1942, le Duce lui décerne la Medaglia d'oro al Valor Militare. Il se rend à Rome avec sa
fiancée (Hanneliese Küppers, institutrice) où Benito Mussolini lui remet en personne sa décoration
le 13 août.
Le 23 août 1942, il retrouve son unité sur le terrain de Turbiya en Egypte.
La première semaine est calme et les opérations reprennent le 31 août. Ce jour là, il abat 2 hurricane
pendant une escorte de Stuka le matin et en fin de journée c'est un Spit qui tombe sous ses coups.
Le 1er septembre 1942, c'est un jour historique. Vers 8h25, il abat 3 P-40 toujours pendant une
escorte de Stuka. A 8h39, un Spit est abattu. Au retour, son mecano remarque que Hans Joachim a
utilisé 80 obus de 20mm et 240 cartouche de 7,92! Une nouvelle mission de protection, et à 10h54
et 10h55, 2 nouveaux chasseurs abattus puis 4 nouvelles victoires et encore 2! En l'espace de 10
minutes, il a abattu 8 chasseurs. Vers 17h, il décolle pour une dernière mission. Et entre 17h47 et
17h53, il abat 5 Hurricanes du Squadron 213.
Le N° 213 Squadron admet la perte de cinq Hurricane.
Même si l’on table sur une certaine surestimation (ou overclaims) de ses succès, l’exploit de
Marseille n’en est pas moins retentissant.
Le 2 septembre, il abat encore 5 Curtiss (total 126 victoires).
Le 3 septembre, il rajoute les Brillants à sa Croix de chevalier.
Le 16 septembre, il est devient le plus jeune capitaine de la Luftwaffe.
Le 26 septembre, il obtient encore 4 victoires et sa dernière victime est un Spitfire Mk V.
Le 30 septembre 1942, il rentre de mission à bord d’un Bf 109G-2 (Wk.Nr. 14256) flambant neuf.
Soudain une épaisse fumée blanche envahit son habitacle, l’empêchant de garder sa ligne de vol. Il
se décide à sauter, mais il ne se rend pas compte, en passant sur le dos pour évacuer l’avion, que
celui-ci s’est mis en léger piqué. Sa poitrine heurte la dérive et, assommé par le choc, il ne peut
ouvrir son parachute. Vers 11h40, son corps inanimé percute le sol à 7 km au sud de la mosquée de
Sidi Abd el-Rahman. L'étoile d'Afrique vient de s'éteindre.
Le corps de Marseille est transporté en Ju 52 au cimetière de la Pz Armee Afrika.
Une petite pyramide fut érigée sur les lieux de l'accident par la 3./JG 27 et des camarades italiens.
Sur la plaque en bronze qui ornait la pyramide était inscrit : « Ici mourut invaincu le capitaine H.J.
Marseille ». Après la guerre sa dépouille fut transférée dans le mémorial de l'Afrikakorps à
Tobrouk.
En 1989 une nouvelle pyramide fut érigée à la même place par ses anciens camarades avec la même
inscription en arabe, en allemand et en italien.
Le palmarès de Hans Joachim Marseille est de 158 victoires (65 P-40 Kittyhawk, 54 Hurricane, 20
Spitfire, 14 P-40 Tomahawk, 2 Baltimore, 1 P-40 F, 1 Maryland et 1 Blenheim) en 388 missions.
Sources :
German fighter ace Hans Joachim Marseille de Franz Kuroski chez Schiffer,
Bf 109 aces of North Africa and the Mediterranean de Jery Scutts chez Osprey,
Fighter aces of the Luftwaffe de Toliver & Constable chez Schiffer Military History
Book.Jagdgeschwader 27 de Hans Ring et Werner Girbig chez Motor buch Verlag,
Luftwaffe fighter aces de mike Spick chez Greenhill Books,
Aérojournal N°21 octobre-novembre 2001,
Aérojournal N°7 décembre 2008-janvier 2009,
Avions N°61 avril 1998.
greg