LE CANON GUSTAV
Ce fût le plus grand canon jamais construit, mais sa carrière fût très courte, elle dura à peine 2 semaines, pendant lesquels il tira moins de 50 obus. Malgré sa puissance, le Gustav, engagé qu'une seule et unique fois pendant toute la guerre. Ce canon avait été fabriqué pour détruire les fortifications de la ligne Maginot. Mais lorsque débuta l'offensive 1940 contre l'armée française, le Gustav se trouvait encore dans les usines de son fabricant, Krupp. Lorsque le canon eut finit ses essais de tirs et qu'il fût officiellement intégré dans l'armée allemande, il ne restait plus aucun objectif valable à lui assigner.
L'idée de sortir ce formidable engin de puissance du placard rejaillit lors du siège de Sébastopol, en effet, les généraux décidèrent de revenir aux techniques du siège. Les Allemands entreprirent de remettre au goût du jour l'artillerie de siège. Ils firent venir des canons de campagne, des obusiers de gros calibre de la première guerre mondiale, des lances roquettes... Que faire contre ce déluge de feu et de fer qui s'abattait contre les hommes de Petrov qui défendait Sébastopol. Le Gustav prit donc les rails vers la Crimée en suivant une voie renforcée pour supporter son poids. Dans le même temps, des troupes de protection étaient disposées sur les points d'attaques possibles. Quand le site de mise en batterie fût choisit, 1500 personnes ont travaillé à sa préparation et à l'installation du canon. Le détachement de 1400 hommes chargé du montage et démontage du Gustav était sous les ordres d'un colonel qui avait son propre QG, ses propres techniciens, il commandait une pièce le Gustav mais avec 500 artilleurs pour cette pièce, car le chargement d'une telle pièce était très complexe. Il fallut plusieurs semaines pour installer véritablement la batterie, mais au mois de juin 1942, le Gustav était prêt. Le 5 juin 1942 le premier obus était enclenché.
Le Gustav n'était qu'une pièce parmi des milliers d'autres qui bombardaient Sébastopol, environ 562 000 obus sont tombés en moins d'un mois sur cette ville. Le Gustav ne visait que les batteries côtières, il tirait d'une distance de 25 kilomètres, en seulement 8 coups, ses cibles étaient pulvérisées. Les six autres coups tiraient par le Gustav dans la même journée furent dirigés vers le fort Staline, à la fin de la journée, il était en ruine. 14 coups par jours mais des coups au but et avec un effet destructeur sans précédent. 14 coups c'est long, mais pensez au calibre des obus, au temps de chargement, dans le meilleur des cas il pouvait tirer un obus tout les quarts d'heure mais ce fût très rarement le cas. L'obus devait être introduit dans une position très précise, il fallait calculer sa trajectoire précisément... Avant de faire feu, les servants assuraient leurs couvre-oreilles sans quoi leurs tympans auraient éclaté.
Le Gustav refit feu le 6 juin contre le fort Molotov, 7 obus suffisent à le rendre à l'état d'amas de pierre, puis vient le tour de la "falaise blanche", point stratégique, car il sert de dépôt de munitions souterrain et sous-marin. Là-aussi 7 coups emportent les mètres d'eau et 30 mètres de craie qui protégeaient l'édifice, au neuvième coup tout est emporté par les eaux. Le 7 juin, l'objectif est une fortification qui aurait dû être prise par un assaut d'infanterie, avec 7 obus plus besoin d'assaut, la fortification est détruite. Après 4 jours de nettoyage et de remise en état, le Gustav reprend son oeuvre de destruction en rayant de la carte le fort Sibérie en seulement 5 obus. Puis le Gustav tira ses 5 derniers obus contre le fort Maxime-Gorki le 17 juin 1942. Sébastopol tombe le 1er juillet, l'artillerie est dispersée à travers l'Europe, le Gustav est démonté et ramené en pièce détachées. Au cours de sa très courte carrière il a tiré 48 obus en temps de guerre et environ 250 coups pour les essais. Le tube du canon prends la route des ateliers pour y subir des rectifications.
Le plus grand canon du monde n'a plus rien à faire, on s'en sert pour quelques expériences, puis on hésite à le transformer en 520 mm, on rejette l'idée, une autre est de le doter d'un châssis autonome afin qu'il puisse servir dans les combats de rue.
A la fin de la guerre on retrouve ses pièces un peu partout en Europe, il fût en effet démonté par ses servants. Cependant, on peut tirer quelques leçons de sa courte vie. Il permit aux allemands de prendre Sébastopol en limitant les assauts donc les pertes humaines. Mais d'un autre côté les dépenses consacrées pour construire ce monstre étaient-elles justifiées ? Il n'en reste que le Gustav a été le plus grand canon opérationnel de tous les temps !!!