Antony Beevor "La Seconde Guerre Mondiale"

Pour Noël, je me suis fait offert un ouvrage intitulé "La Seconde Guerre Mondiale", écrit par l'historien britannique Antony Beevor dont je ne présente pas les ouvrages précédents. Je pense qu'il est suffisamment connu.
Voici la note de l'éditeur : "De par sa dimension véritablement planétaire, la Seconde Guerre mondiale, le plus grand conflit de l'histoire par ses destructions, le nombre de ses victimes et les bouleversements provoqués dans l’ordonnancement du monde, a dominé le paysage mental de plusieurs générations d'êtres humains. Malgré l'extraordinaire profusion de livres, de films et de documentaires sur le sujet depuis presque soixante-dix ans, notre connaissance du conflit reste fragmentaire et souvent déformée par le prisme de l'"histoire officielle" propre à chaque nation.
Antony Beevor, en déployant l'exceptionnel talent de conteur qui a fait de Stalingrad, de La Chute de Berlin et de D-Day et la Bataille de Normandie des best-sellers internationaux, réunit ici les éléments disparates de la petite histoire pour composer la mosaïque de la Grande Histoire telle qu'elle ne nous est jamais apparue, chaque élément prenant la place qui lui revient réellement. Sur la base de documents anciens comme d'archives inédites, avec le style limpide et la compassion qui le caractérisent, Antony Beevor nous emmène de l'Atlantique Nord au Pacifique Sud, de la steppe sibérienne au désert de Lybie, de la jungle birmane à Berlin sous les bombes, des lambris dorés des chancelleries à Leningrad assiégé, sans rien nous épargner des horreurs de la guerre, qu'il s'agisse des Einsatzgruppen à l'arrière du front de l'Est, des prisonniers du goulag enrôlés de force dans des bataillons-suicides, ou des exactions sadiques perpétrées par l'armée impériale japonaise en Chine.
En peignant cette fresque aux proportions proprement héroïques, Antony Beevor ne perd jamais de vue le destin individuel des militaires et des civils dont les vies furent broyées par les forces titanesques déchaînées par ce conflit, le plus meurtrier de l'histoire de l'humanité."

Avis Personnel : Je dois reconnaître, avant tout, que Antony Beevor a un indéniable talent de conteur dans la mesure où j'ai eu le sentiment de lire ce livre comme un roman, une histoire. C'est peut-être le fait qu'il mélange la petite et la grande histoire et qu'il, parfois, essaye d'instiller dans son discours des éléments visant à faire ressentir chez le lecteur des sentiments, des émotions. Il ne tient pas un propos complètement froid que certains historiens ont tendance à tenir. En tous cas, c'est mon avis là-dessus. Ensuite, ce que j'ai trouvé d'intérressant à propos de ce livre, c'est que son auteur replace le conflit dans son cadre planétaire, il ne place pas son discours dans une perspective européo-centrée. Ainsi, pour illustrer ce que je veux dire, le premier chapitre, intitulé "La guerre éclate, Juin-août 1939" parle par exemple, du pacte germano-soviétique mais aussi de la bataille de Khalkhin Gol entre l'Armée Rouge soviétique et l'Armée Impériale japonaise, le 1er affrontement de la guerre dont les conséquences et les répercussions sur le cours de la guerre, à la fois en Asie et en Europe, seront très importantes. Sinon, il est bon lorsqu'un nouveau livre sur la Seconde Guerre Mondiale (par exemple) sort, d'apprendre de nouvelles choses. Ainsi, par exemple, nous en apprenons beaucoup plus sur le cours de la guerre en Chine, un front dans lequel les Japonais se sont en réalité embourbés comme les Allemands en Union Soviétique. En parlant du Front de l'Est, bien que cet épisode soit tout de même plus ou moins connu, Antony Beevor consacre quelques pages à l'Opération Mars, qui se déroule sur les mois de Novembre et de Décembre 1942, sur le saillant de Rjev, qui constitue une offesive de diversion menée par l'Armée Rouge en vue d'occuper le groupe d'armée Centre pendant que se déroule plus au sud l'offensive soviétique visant à détruire la 6ème armée allemande occupée à Stalingrad. L'Opération Mars constitue un horrible carnage pour l'Armée Rouge, celle-ci perd 70374 soldats tués et 145300 blessés, "une immense tragédie sacrificielle qui resta secrète pendant près de soixante ans". En ce qui concerne les atrocités, je pensais tout savoir. Rien n'était plus faux. Quand vous lisez que les soldats japonais se sont livrés de manière "systématique et organisée" à des actes de cannibalisme sur les populations civiles occupées et sur les prisonniers de guerre, ça fait froid dans le dos. C'était tellement choquant que toutes les informations relatives à ce sujet ont été classées secrètes, et que le cannibalisme ne fut jamais cité devant le Tribunal des crimes de guerre de Tokyo en 1946. Bref, je pense que cet ouvrage vaut largement le détour et constitue une nouvelle performance de la part d'Antony Beevor. Le seul point négatif que j'ai trouvé, c'est que le livre se concentre surtout sur les opérations militaires et les maneuvres diplomatiques, mais bon, pour parler et englober tous les aspects de la Seconde Guerre mondiale, un bouquin de 950 pages serait bien sur insuffisant, je suppose.

P.S: J'ai lu cet ouvrage en même pas une semaine, c'est dire que quand un livre me plait, j'avance à la vitesse de la Blitzkrieg.