Renault D2 (tourelle APX 1) (Fr) - 4/2013

Renault D2 (Tourelle APX1)

Afin d'économiser du temps et de l'argent, le D2 reprend la conception du D1. Toutefois, le retour sur expérience de ce dernier lui permet de corriger nombre des défauts de son prédécesseur : le train de roulement du D2 à 15 roues par côté adopte des ressorts verticaux toujours protégés par une grande plaque d'acier. Il existe malgré tout une différence avec la présence, sur ce coffrage, des trois égouts de galets support du brin de retour. De manière classique, le barbotin est à l'arrière, tandis que la roue tendeuse est placée à l'avant. Contrairement au D1, l'engin affiche des performances « correctes », pour un char d'infanterie s'entend, grâce à son moteur V6 de 9,5 litres développant 150 chevaux. La machine emporte une tourelle moulée APX 1 équipée d'un canon de 47mm SA 34. D'origine, l'APX 1 est prévue pour également accueillir le 47mm SA 35 plus puissant. Une partie (une vingtaine??) est ainsi réarmée, ce qui entraîne une surcharge de 150 kg, juste avant le déclenchement de l'offensive allemande. L'équipage se compose d'un chef de char, d'un conducteur et d'un radiotélégraphiste qui peut aussi endosser le rôle d'aide-chargeur.

Caractéristiques générales

Équipage 3
Longueur 5,46 m Largeur 2,22 m Hauteur 2,66 m
Masse au combat 19,75 tonnes
Blindage 40 mm / ?? mm
Armement : 1 canon de 47mm SA 34 ou SA 35+ 2 mitrailleuses de 7,5mm Châtellerault Mod 31

Mobilité
Moteur Renault 6 cylindres
Vitesse sur route 23 km/h ( 10 km/h en tout terrain)
Puissance 150 chevaux
Autonomie  100 km/route – ? km/tout terrain
Exemplaires produits: 50

Si l'on excepte sa vitesse insuffisante et sa courte autonomie, curieusement, ce char somme toute assez correct et facile à fabriquer n'a pas emporté l'adhésion.
La dernière série fut livrée trop tard et n'eut pas d'incidence sur la bataille.
La première n'était ni assez performante, ni assez nombreuse pour marquer.

Une première tranche de 50 Chars D2 fabriquée est livrée au 1er bataillon du 507e RCC (quartier LIZE à METZ) en remplacement des chars D1 envoyés en TUNISIE.
Le 1er bataillon commence à recevoir ses D2 au début de 1937.
Les 50 Chars sont baptisés au quartier LIZE au cours de deux cérémonies : le 26 juin 1938 et le 2 juillet 1939.
Ils portent le nom d’une victoire française dont la liste a été dressée par le colonel Charles DE GAULLE commandant le 507e R.C.C.

Sur les 50 premiers D2 fabriqués, 45 sont affectés au 1er bataillon (19e BCC à la mobilisation) 5 servent à l'instruction.
En avril 1938 est passé un marché pour la fabrication d'une deuxième tranche de chars D2 qui ne commence à sortir que fin avril 1940 (345e Compagnie Autonome de Chars)
A la mobilisation en 1939 3 chars D2 restent au dépôt pour l'instruction.


D2 de la premiere fabrication




En décembre 1939, un prototype de char lance-flammes est présenté. Cet exemplaire d'étude est vraisemblablement basé sur le châssis 2002.
La tourelle est remplacée par une superstructure carrée. Un second prototype est réalisé sur la base du 2003.
Tout le système lance-flammes est intégré dans la caisse et le char aurait du recevoir une tourelle standard.

Les 45 chars au 19e B.C.C.
A partir de mars 1940, les chars de la première tranche sont progressivement réarmés du canon de 47mm SA 35.

HISTORIQUE DU 19e B.C.C.

345e CACC
Le 26 avril 1940, la 1ère compagnie du 19e BCC part pour Versailles pour percevoir 15 chars neufs (14 seront effectivement perçus).
Elles devient la 345e Compagnie Autonome de Chars de Combat.

15 mai : Elle embarque à la gare des matelots de Versailles.
16 mai : Elle débarque à Soissons à 8 heures et à Crouy, 4 km Nord-Est de Soissons à 16 heures.
17 mai : La 345e CACC est au combat sur Montcornet (à Chivres et à Bucy).
18 mai : La 345e CACC réintègre le 19e BCC et remplace la 1ère compagnie provisoirement dissoute.
19 mai : La 345e CACC, seule du 19e BCC, attaque en direction de Crécy sur Serre.
20 mai : La 345e CACC est au combat sur la route d'Eppe à Laon.

En trois jours l'unité a perdu dix chars.


346e CACC 10 chars D2
Formée à l'Etablissement  de Réserve Générale Mécanique de Gien le 20 mai 1940 avec de nouveaux chars.
   

350e CACC 12 chars D2
Formée le 8 juin 1940. Devient la 2/19e BCC le 16 juin.
La compagnie reçoit les 3 chars D2 de l'E.C.C.


source
charfrancais.net

Le commandement français a commis une terrible erreur en donnant la priorité aux chars lourds B1.
Même avec une série d'inconvénients (faible vitesse, suspension gênante), la Renault D2 était la mieux équilibrée parmi tous les chars d'infanterie français.
La Renault R 35 était trop mal armée et son blindage était insuffisant pour résister aux canons antichars à moins de 300 mètres.
Le Char B1 avait encore de la place pour la modernisation, mais la production allait trop lentement.
Seuls 32 chars ont été construits de décembre 1935 à juillet 1937, et 130 autres ont été construits grâce aux efforts de 4 compagnies en septembre 1939.
En ce qui concerne les chars moyens, le commandement de l'infanterie a lancé le programme Char G pour construire un char de 20 tonnes.
L'idée d'un "char miniature B1" a échoué de façon spectaculaire.


Un contrat pour un deuxième lot de chars D2 fut finalement signé au printemps 1938.
À cette époque, l'usine d'assemblage de chars de Renault était nationalisée et l'usine fut renommée AMX.

Extérieurement, les chars de ce lot étaient différents de leurs prédécesseurs.
Le plus gros changement a été l'armement.
Au lieu du SA 34 de 47 mm, on utilisait le SA 35 plus puissant, le même canon des Char B1 bis et Somua S 35.
Le char utilisait la même tourelle APX 1, mais avec de nouveaux dispositifs d'observation.
Parallèlement aux nouveaux chars armés de canons SA 35, les vieux chars seraient également réarmés.
Bien que les deux premiers chars aient été réarmés en septembre 1939, certains D2 du premier groupe conservèrent leurs vieux canons.




En ce qui concerne le second contrat, le commandement d'infanterie a traîné ses pieds jusqu'au printemps 1940 dans l'espoir que quelque chose sorte du Char G.
Le résultat était prévisible: les cinq premiers chars portant les numéros de série 2054-2058 n'ont été acceptés que le 27 mars. , 1940.
Dix chars furent acceptés le 12 avril, 10 le 6 mai et 12 autres le 25 mai.
Le 6 juin, 37 chars sur 50 étaient acceptés et le 12 juin, l'évacuation des usines Renault du nord de Paris commençait.
Enfin, il convient de mentionner que les Français avaient des idées très étranges sur l’avenir du premier lot de D2.
Il a été proposé que les chars soient convertis en chars à lance-flammes. Un seul char a été converti pour porter un lance-flammes.


Au milieu du chaos

Habituellement, la description de la carrière au combat de la Renault D2 se limite aux mots "utilisation limitée".
La durée de vie du D2 n'est pas moins complexe que l'histoire de sa création ou de sa production.
Les chars du premier lot ont été envoyés en 1937 au 507e régiment de chars.
Ils ont remplacé les Renault D1, ce qui a laissé une très mauvaise impression. Les nouveaux chars ont été reçus avec beaucoup plus d'enthousiasme.
Outre les chars, mentionnons un lieutenant-colonel entré dans le régiment à l'été 1936. Il s'appelait Charles de Gaulle.

Le 7 juin 1936, il fut nommé commandant par intérim du régiment. Le 5 septembre 1937, de Gaulle devient officiellement commandant du 507ème régiment.
Le 25 décembre, il a été promu colonel. Avant cela, le 14 juillet 1937, les nouveaux chars défilaient à travers Paris.




En tant que commandant du 507ème régiment de chars, de Gaulle appliqua ses théories sur l'utilisation des chars dans les guerres à venir.
Les tankistes avaient une bonne opinion de lui: le théoricien s’est avéré être un commandant capable.

De Gaulle a également réfuté la thèse selon laquelle seules les personnes de petite taille pouvaient être des tankistes.
Debout à une hauteur de 196 cm, le colonel pouvait s’intégrer dans la D2 peu spacieux.
De Gaulle a utilisé trois chars tout au long de sa carrière, le plus célèbre etant le "Yorktown" # 2025.
Tous les chars du 507ème régiment avaient des noms.

Le Yorktown No 2025




Une formation intensive sous un commandant talentueux a fait son travail.
Au début de la guerre, une partie importante du 507ème régiment avait besoin de réparations.
Le réarmement des chars d'assaut pour des canons SA 35 plus puissants a commencé sous l'insistance de De Gaulle.
Le 27 août 1939, le 507ème régiment de chars est réformé. Ses D2 ont été inclus dans le 19ème bataillon de chars et les chars Renault R 35 du régiment se sont retrouvés
dans le 20e régiment de chars.

Le 2 septembre, de Gaulle est nommé commandant des unités de chars de la 5e armée, après quoi il quitte le 19e bataillon de chars.
Ce fut le début d'une série de malheurs. Le 13 septembre, les chars ont été envoyés pour une marche de 120 km. 16 chars sont tombés en panne au cours de la marche
et il ne reste que 10 chars en état de fonctionnement.

Les vrais problèmes ont commencé au printemps 1940.
Le 11 mars, le commandant du 19e bataillon de chars donna l'ordre de réarmer les chars à 35 canons SA. Le premier char fut réarmé le 8 avril, mais sur 15 chars, huit étaient déjà
en mauvais état technique.

Le 26 avril, une partie du personnel du bataillon est arrivée à Versailles pour équiper de nouveaux chars D2, qui devaient être envoyés en Norvège.
En conséquence, il restait 30 équipages à équiper pour 44 chars! Les chars de la première compagnie du bataillon étaient livrés avec de vieux canons,
aucun viseur et aucun équipage. La deuxième compagnie a réarmé ses 15 chars, mais seulement 5 ont subi des réparations majeures.
La troisième compagnie était encore en train d'être réarmée.
En conséquence, le 19e bataillon de chars n'était pas apte au combat même avant le début des combats.

Les chars du deuxième lot ne se sont pas beaucoup améliorés.
L'acceptation rapide (par les mesures françaises) des nouveaux chars les a amenés à tomber en panne constamment.
Par exemple, la 345e compagnie de blindés indépendante, où les tankistes de la 1re compagnie du 19e bataillon de chars ont été envoyés, a perdu la moitié de ses chars d'assaut
en raison de pannes techniques au 29 mai.
Cela s'appelait sabotage, mais en réalité, il était impossible d'accélérer le processus d'assurance qualité et de maintenir la qualité au même niveau.

Le 346ème régiment de chars indépendant avait des problèmes différents. Selon le rapport de Gaulle, les équipages ne connaissaient pas leurs chars.
Cela n’était pas surprenant compte tenu du fait qu’ils avaient été formés sur chars B1.

Toutes ces questions réunies étaient présentes dans la 350ème compagnie de blindés indépendante, la dernière unité à recevoir des D2.
Sur 15 chars, 2 se sont cassés presque instantanément et 3 autres ont pris du retard en raison de problèmes techniques.

Le char cassé # 2066 "Denain" de la 345ème CACC, abandonné par les Français et réparé par les Allemands.

Sur les 84 chars Renault D2 reçus par l'armée française, 21 ont été perdus au combat, 26 sont tombés en panne et ont été abandonnés, 12 sont tombés en panne
et ont été récupérés, et 12 chars ont été abandonnés lors de l'évacuation.
Les Allemands ont évacué 12 chars et en ont pris 9 de plus dans le cadre de l'accord de paix.
Les chars étaient indexés Panzerkampfwagen D-2 733 (f), mais n’étaient même pas utilisés comme chars d’entraînement.
Un char fut envoyé à une exposition de trophées, un autre au terrain d’essai de Kummersdorf.

Dans l’album de photos du commandant du 1059e Régiment d’infanterie, 297e Division d’infanterie, le lieutenant-colonel Michael Alexandrovich Tolkachev ,il y a une photo
d un char abandonné Renault D2, réalisée le 22 avril 1945, la légende de cette photo indique qu elle a été prise dans la zone de Zossen
( signature transcription incorrecte comme Sosin).
Le char n avait semble t il pas combattu mais etait tombe en panne!






sources
tankarchives.blogspot.com
beutepanzer.ru

Des pannes, encore des pannes, toujours des pannes...
On comprend mieux pourquoi les alliés et soviets ont produit en grandes quantités, conservé et amélioré Sherman et T34...
Un atout majeur en mode offensif: la fiabilité mécanique...

Photo rare d un D2 beute

On y notera quelques faiblesses niveau train de roulement ...

Char D2 No 2074 en expo trophe à Munich-1940

Plus d infos sur le char D2 de Munich...


Les mythes sont très tenaces.
Une fake trainait sur les forums WWII.
Et il semble que ce ne soit pas les années 90 du siècle dernier, mais sur Internet, vous pouvez encore voir un char français minable « défendant le Reichstag »,
puis il y a des chansons sur « Charlemagne » et les braves galles.
Mais ce n’est pas vrai.
Il faut dire que les photos etaient tres rapproches ou l on ne voyait tres peu le batiment...





Sur la photo, le char moyen français D2, apparu en 1934.
En 1936, Renault a produit le premier lot de 50 unités, en 1938 le deuxième lot a été commandé dans la même quantité.

Les passionnés d’histoire de France ont depuis longtemps pris en compte et réécrit l histoire de tous leurs chars.
Selon eux, ce D2 pour le n° 2074 du 346e bataillon de chars indépendants. Contrairement à d’autres chars, il est sans nom.
Il a été abandonné près de la ville de Chatney, dans l’Oise, le 20 juin 1940 en raison d’une panne moteur.

Il est allé aux Allemands en tant que trophée et a été exposé au public.
Et où exposent-ils les trophées ?!
Dans les musées, bien sûr, et de préférence - militaires. Et s’il n’y en a pas, alors dans les musées historiques.
En conséquence, notre char a été placé au Musée de l’Armée (un autre nom est le Musée bavarois) à Munich.

Dans les annees 30




Dans celui-ci et dans son entrée principale, il y a aussi des colonnes et des marches, mais cela n’a rien à voir avec le Reichstag.
Même les architectes sont différents, mais le style est le même – « grec ».



À en juger par les photos, le char était apprécié par les habitants de la ville.







Voici, soit dit en passant, une photo moderne de l’endroit où se trouvait le trophée.

Sur cette image hivernale, vous pouvez voir un autre trophée sur la droite - le prédécesseur du char D 2 - le char moyen D1.




En 1945, le musée était un triste spectacle, mais le char était toujours là.







Puis le char français a été mis au rebut, et l’ancien bâtiment du musée bavarois attendait toujours son sort.


Année 1970.




Depuis 1993, le bâtiment rénové abrite la chancellerie d’État de Bavière, la plus haute instance de l’État, la résidence du Premier ministre
et du gouvernement de Bavière.




source
foto-history.livejournal.com

Encore un monument qui a pris bien cher, et qui ressemble en effet au Reichtag, tant par le style que par les destructions subies...