La Mort d'
Himmler. Suicide ou assassinat ?
Joseph Bellinger est né en 1949 à Syracuse dans l’Etat de New York.
Il était encore lycéen qu’il rédigeait déjà des articles historiques si bien ficelés qu’il obtint, très jeune,
le Prix de l’ « American Legion », dit « The Voice of Democracy ». De 1968 à 1971, il a étudié l’histoire
et, plus particulièrement, trois périodes : l’antiquité, l’histoire de l’Eglise et l’histoire contemporaine récente.
En 1977, il publie une étude critique sur les procès de Nuremberg. En 1982 et en 1989, il étudie la langue allemande pour pouvoir parfaire ses connaissances et mieux étayer son argumentation.
En 1987-88, il est directeur de l’ « International German Bookstore » de Los Angeles. Il travaille ensuite
comme libraire indépendant. De 1988 à 1999, Joseph Bellinger est écrivain et journaliste indépendant.
Depuis 1999, il se penche quasiment exclusivement sur les circonstances qui ont entouré la mort de Heinrich
Himmler.
D’où la question : la mort de
Himmler a-t-elle été un suicide ou un assassinat ?
Dans le livre que Joseph Bellinger vient de consacrer à ce succès brûlant, que sont les derniers jours de la vie du Reichsführer-SS, il présente ses conclusions au public.
Pour lui, aucun doute :
Himmler a été assassiné. Nous lui avons demandé de nous expliciter sa thèse.
Q. : Monsieur Bellinger, dans votre livre intitulé « La mort de
Himmler », vous voulez nous apporter la preuve que
Himmler ne s’est pas suicidé en 1945, mais a été assassiné. On dit la même chose de la mort de Rudolf Hess…
JB : A première vue, beaucoup vont considéré qu’interpréter ce dossier de telle façon équivaut à se complaire dans le « conspirationnisme ». Mais, à y regarder de plus près, on peut tout de même considérer qu’il y a un indice, dans le fait que, dans les deux cas, les coupables présumés de l’assassinat sont britanniques. Il faut dire toutefois que l’assassinat de
Himmler a eu lieu plus de quarante ans avant celui de Hess. On a toujours douter de la version officielle qui expliquait les circonstances de la mort de
Himmler, mais aucun chercheur, avant moi, n’avait étudié ces circonstances des manière systématique. Ensuite, il convient tout de même de rappeler que ni
Himmler ni Hess ne furent les seules victimes des Britanniques.
Q . : Que voulez-vous ajouter en disant cela ?
JB : On ne connaîtra jamais l’ampleur de » ces assassinats. Un fait est pourtant attesté : parmi les alliés, pendant la guerre, plusieurs approches existaient quant à la façon de traiter l’ennemi vaincu. Staline voulait liquider rapidement 50.000 officiers, fonctionnaires d’Etat ou cadres du parti, et ne souhaitait faire un procès bref et spectaculaire qu’à un groupe plus ou moins étendu de fonctionnaires ou de cadres. Ces procès devaient se terminer par la peine de mort. Les Américains envisageaient un procès plus ou moins légal contre ceux qu’ils appelaient les « principaux criminels de guerre ». Les Britanniques, en revanche, avaient l’intention de liquider un grand nombre d’hommes politiques nationaux socialistes en vue, dès le jour de leur capture ; seuls quelques-uns d’entre eux devaient subir un procès public. L’histoire nous a prouvé, par exemple, que Göring, tombé entre les mains des Américains, s’est retrouvé vivant devant un tribunal, tandis que
Himmler, tombé entre les mains des Britanniques, est mort. Tout cela s’avère tout de même fort problématique pour des puissances qui prétendaient, par leurs efforts, par le sublime de leurs idéaux, mettre un terme au régime national-socialiste qu’elles accusaient d’enfreindre toutes les règles du droit.
Q. : Quels autres exemples ou faits historiques existent-ils ?
JB :
Himmler a été tué le 23 mai 1945 au centre des interrogatoires du quartier général de la 2ième Armée Britannique, dans la Uelzener Strasse, n°31a, à Lüneburg. A peine 48 heures auparavant, l’un des principaux collaborateurs de
Himmler, le chef de l’Organisation « Werwolf », le SS-Obergruppenführer Hans-Adolf Prützmann, avait été expédié de vie à trépas, exactement dans la même local de l’Uelzener Strasse 31a, par des agents britanniques. On fit disparaître son cadavre. La version officielle de sa mort : suicide au cyanure. Le 23 mai, c’était au tour de
Himmler de disparaître dans les mêmes circonstances.
Q. : Pourquoi êtes-vous si certain que
Himmler n’a pas mordu dans une capsule de cyanure ?
JB : Les photos, qui prirent très officiellement les Britanniques, après la mort de
Himmler, montrent des traces, jamais remarquées jusqu’ici, d’une lutte et de sang, ce qui ne devrait évidemment pas apparaître en cas de suicide au cyanure. Il y a aussi les lunettes que porte le cadavre de
Himmler. Ce ne sont pas les siennes, on les a donc placées sur son visage, ce qui tend à prouver que les siennes ont été cassées. Mais les photos non officielles, prises par un journaliste, sont encore plus révélatrices. Elles nous révèlent clairement que le nez de
Himmler a été brisé et qu’il y a des hématomes à la tête et au cou. Le cadavre ne présente toutefois aucun indice d’une mort par suicide au cyanure. Quant au rapport d’autopsie, il confirme ces lésions. Le cadavre a ensuite été inhumé en un endroit demeuré inconnu dans la Lande de Lüneburg.
Les traces de lutte sont visibles sur cette photo
Q. : Il n’est donc pas exact d’affirmer, comme on l’a toujours affirmé, que
Himmler avait dissimulé une capsule de cyanure dans l’une de ses molaires ?
JB : J’ai retrouvé le schéma de la dentition de
Himmler au « Royal Dental Museum » d’Aldershot en Grande-Bretagne, lieu où l’on conserve également son masque mortuaire. Il n’y a aucun indice prouvant une cavité de cette nature dans la dentition du chef SS. Cette histoire de la dent creuse abritant une capsule de cyanure relève donc de la pure propagande !
Q. : Pourquoi les dirigeants britanniques ne voulaient-ils pas que l’on fasse un procès public à
Himmler ?
JB : En 1945, les Britanniques ont tenté de mener une guerre psychologique, dont la stratégie visait à séparer mentalement et totalement les Allemands de leurs chefs politiques. La thèse du suicide de
Himmler laissait accroire qu’il s’était soustrait à ses responsabilités en se tuant lâchement, tandis que les membres de la SS et de la Waffen-SS subissaient la rudesse des camps d’internement, les procès et les sanctions.
Q. : Au cours de ces dernières semaines, les documents émanant des archives nationales britanniques, qui devraient prouver la thèse de l’assassinat, ont été décriées comme des falsifications…
JB : Je n’ai pas utilisé ces documents, que Martin Allen a trouvé, dans les argumentaires de mon ouvrage, tout simplement parce qu’il existe d’innombrables autres indices qui prouvent clairement qu’il s’agit d’un assassinat. Mais je ne considère pas comme prouvé que ces documents sont des falsifications. Selon toute vraisemblance, Londres tente de se cramponner à la vieille version officielle des événements.
Q. : Dans l’un de ces documents controversés, l’ordre de commettre l’assassinat est prouvé.
Himmler, par exemple, ne devait en aucun cas, être auditionné par les Américains…
JB : La raison justifiant l’assassinat de
Himmler, pour moi, est tout simplement la volonté de cacher les négociations secrètes qui avaient eu lieu entre le chef suprême des SS allemands et les Britanniques. Mort,
Himmler ne pouvait plus rien déclarer en public, notamment le fait que, malgré les crimes de grande ampleur commis contre les Juifs dans les camps d’internement d’Europe orientale,
Himmler était resté convaincu, jusqu’au bout, qu’il serait un interlocuteur potentiel des puissances occidentales, dès la mort de Hitler. D’autres faits ne pouvaient, en aucun cas, être commentés par
Himmler en public, notamment ses pourparlers secrets dans le but de signer une paix séparée avec les Occidentaux et ses rencontres étonnantes avec des hauts représentants du Congrès Juif Mondial, jusqu’au 19 avril 1945.
Q. : Avez-vous des explications pour toutes ces contradictions ?
JB : Je ne sais qu’une chose : la mort de
Himmler ne nous permet pas de répondre à des questions historiques importantes.
source
Entretien paru dans DNZ, n°36, sept. 2005
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