Naissance et composition des PanzergruppenPendant l'entre-deux-guerres, les théoriciens allemands, ayant analysé les causes de la défaite de 1918, en arrivent à l'idée que la prochaine guerre devra être une guerre de mouvement et non une guerre de position, coûteuse en vies humaines et en matériels. Pour pouvoir mener à bien cette guerre de mouvement, les théoriciens (parmi eux figure en première place le Generaloberst Guderian) révolutionnent l'utilisation des chars. Ces derniers, au lieu d'être dispersés en accompagnement de l'infanterie, seront désormais rassemblés dans de grandes unités indépendantes, escortées par une infanterie transportée dans des véhicules motorisés.
C'est sur ce principe de base (chars accompagnés d'infanterie et non le contraire) et sur l'étroite collaboration entre les forces terrestres et aériennes qu'est fondée la technique dite de la « guerre éclair » (Blitzkrieg).
von KleistComme son nom l'indique, la guerre éclair se caractérise par des opérations rapides obtenues à l'aide de fortes concentrations d'éléments motorisés. Ces opérations se décomposent en deux grandes phases : la rupture et l'exploitation. Pour rompre le front adverse sur le point décisif (Schwerpunkt), on concentre rapidement des éléments dispersés de manière à obtenir une supériorité écrasante et une grande puissance de feu. La puissance de feu est à la mise en oeuvre combinée d'avions, de pièces d'artillerie de gros calibre, de chars lourds et de canons d'assaut automoteurs tirant à vue directe (Sturmgeschütz) accompagnée d'une infanterie richement dotée en armes lourdes. Une fois la rupture obtenue, et la brèche élargie, les colonnes blindées et motorisées passent à l'exploitation. Le but recherché est l'anéantissement de l'adversaire. Cet anéantissement est obtenu au moyen de l'encerclement. Lancées à travers des brèches parfois distantes de plusieurs centaines de kilomètres comme ce sera le cas en Russie, les colonnes blindées effectuent un double mouvement tournant puis se rabattent sur les arrières de l'ennemi.
GuderianLa jonction des deux colonnes, marque le début de ce que les Allemands appellent la bataille en chaudière (Kessel-schlacht). Les divisions d'infanterie motorisées puis les divisions d'infanterie coupent la retraite à l'adversaire en traçant autour de lui une barrière de feu hermétique. Puis, l'ennemi enfermé dans la chaudière, est soumis jour et nuit aux concentrations de feux de l'artillerie et de l'aviation. Privé de contacts avec ses arrières, de vivre et de munitions, il est obligé de se rendre.
HothLes deux principaux instruments de la guerre éclair sont les blindés (regroupés en divisions, les Panzer Divisionen) et l'aviation. Pendant les campagnes de Pologne et de France, les division blindées sont regroupées dans des entités plus importantes, les corps d'armées motorisés (Armee Korps (mot)). Généralement rattachés à des armées mais agissant souvent de manière relativement indépendante, ces corps d'armées motorisés regroupent un nombre variable de divisions blindées accompagnées de divisions légère (Leichte Divisionen), de division d'infanterie motorisées (Infanterie-Divisionen (mot)) et de division d'infanterie. En septembre 1939, cinq corps d'armée motorisés sont ainsi engagés en Pologne. Les XIV., XV., XVI., XIX., et XXII.AK(mot). Cependant, dès le début de la campagne, certains de ces corps d'armée sont regroupés en Gruppen. Le 8 juin 1940, la Gruppe Kleist, du nom de son chef regroupe ainsi les XIV., XVI.A.K.(mot), la Gruppe Guderian les XXXIX., et XXXXI.A.K.(mot).
HoepnerAprès la campagne de France au cours de laquelle elles remportent de brillants succès, ces deux Gruppen prennent l'appellation de Panzergruppenkommandos ou Panzergruppe 1 von Kleist et panzergruppe 2 Guderian. A la même époque, deux autres corps d'armée motorisés, les XV. et XVI.A.K.(mot) sont transformés en Panzergruppen, ce sont les Panzergruppe 3 et 4 confiés aux génraux Hoth et Hoepner. Au début du mois d'octobre 1941, l'appellation Panzergruppe est remplacée par Panzer-Armee. Un peu plus tard, celle d'Armee-Korps(mot) laissera la place à celle de Panzer-Korps.
A la veille de « Barbarossa », les 4 Panzergruppen regroupent chacune outre des corps d'armée d'infanterie (A.K.), deux à trois corps d'armée motorisés (A.K.(mot) soit environ jusqu'à un millier de chars. A cette époque, les A.K.(mot) se compose d'un nombre variable de divisions blindées et de divisions d'infanterie motorisées ou classique. Le 21 juin 1941, au sein de la Panzzrgruppe 1 Kleist, le III., et XXXXVIII.A.K.(mot) comprennent par exemple une Panzer-Division et deux Infanterie-Divisionen, le XIV.A.K.(mot), une seule Panzer Division seulement. Mais ces corps d'armée sont modulables selon les circonstances grâce à un certain nombre de divisions (blindées ou non) gardées en réserve. Des division peuvent aussi passer d'un corps à l'autre.
En 1941, le Panzer-Divisionen qui composent les Panzer-Gruppen ont subi de nombreux remaniements depuis le début de la guerre. Elles sont composées en théorie (car des variantes existent) des éléments suivants :
Un groupe de reconnaissance (Aufklärungs-Abteilung), chargé de prendre et de garder le contact avec l'ennemi, il comprend 4 compagnies (deux portées, une moto et une mixte) et un peloton du génie. Il est équipé de 48 véhicules blindés (dont 12 lourds) à roues armés de mitrailleuses et de canons de 20 mm et peut évoluer rapidement sur route.
Un régiment blindé (Panzer-Regiment) fort de 148 chars de combat, soit en théorie : 7 Pz.III chars de commandement (Befehlswagen), 45 Pz.II, 68 Pz.III et 28 Pz.IV ces chars sont répartis en 2 Abteilungen (ou bataillons) eux mêmes divisés en deux compagnies. Ils sont engagés normalement sur un front large de 2,5 km et profond de 3 à 5 km. Au moment de l'opération « Barbarossa », certaines Pz.Div., sont dotées du Pz.Rgt. à trois Abteilungen, ce qui porte le nombre total de chars de la division à 218.
Une brigade d'infanterie motorisée (Schützen-Brigade) composée de deux régiments (Schützen-Regiment) divisés en trois bataillons d'infanterie transportés par des véhicules blindés (pouvant servir aussi au ravitaillement, à l'évacuation des blessés, à l'acheminement des renforts), un bataillon de motocyclistes (Kraftrad-Schützen-Btl) et d'une compagnie de pièces d'infanterie lourdes (sIG.Kp). Équipé entre autre de 300 mitrailleuses, 24 canons antichars de 75 mm et 36 canons de DCA de 20 et 37mm, la brigade d'infanterie est chargée, selon les circonstances d'ouvrir le chemin aux chars ou d'achever l'occupation du terrain conquis par eux.
Un régiment d'artillerie motorisée divisé en trois Abteilungen comprenant chacune trois batteries de quatre obusiers de 105 mm.
Un groupe de chasseurs de chars (Panzer-J-Abteilung) à quatre compagnies, trois légères et une lourde, équipée entre autre de 36 pièces de Pak de 47mm et un groupe Flak/Pak (12 canons de 20 ou de 37mm) pouvant agir contre les avions ou les chars.
A cet ensemble, s'ajoutent un groupe anti-aérien (Flak-Abteilung), un groupe de transmission (Nachrichten-Abteilung), un bataillon du génie (Pionier-Bataillon), un train divisionnaire (Nachschusstruppen), des services de santé et d'intendance, etc...
La division d'infanterie motorisée comprend les mêmes éléments à l'exception du régiment de chars. Son infanterie compte trois bataillons de plus et, dans le régiment d'artillerie, les obusiers de 105mm font placent à des obusiers de 150mm.
L'emploi de tous ces éléments est conditionné par la radio qui permet d'assurer les communications chars-avions et d'utiliser avec souplesse la masse de chars. La radio à révolutionné l'exercice du commandement des unités de blindés. Grâce à elle, le chef, accessible partout et n'importe quand, peut prendre à tout moment les décisions rapides qu'exige la « guerre éclair ».
La Panzergruppe, ainsi organisée, devient alors un formidable instrument de guerre.
La Panzergruppe 1 Kleist dans les campagnes de France et de PologneComme cela a été vu dans l'article précédent, la Pnazergruppe 1 Kleist est issue du XXII.A.K.(mot). Ce dernier a été créé le 26 août 1939 et confié au commandement du General der Kavallerie Ewald von Kleist. En septembre 1939, il combat en Pologne au sein de la 14.Armee du GA »Sud ». Composé au début de la campagne des 2., et 5.Panzer-Divisionen et de la 4.Leichte-Division, il s'oppose à la 10e brigade mécanisée polonaise dans les secteurs de Jablonka et Wysoka (2-5 septembre). Le 7 septembre, il perce les lignes polonaises, empêchant le repli de l'armée « Krakow ». Au cours de la seconde phase de la campagne, il fonce vers le Bug qu'il atteint le 14 septembre avant de participer à l'anéantissement des forces polonaises cherchant à se replier sur Lviv. Du 18-20 septembre, le corps d'armée s'oppose à la brigade mécanisée « Warsawa » dans un combat d'une grande violence.
Au début de la campagne de France, le XXII.A.K.(mot) devient Gruppe Kleist. Rattaché à la 12.Armee. Il est composé des XXXXI.,XIX., et XIV.A.K.(mot) regroupant cinq divisions blindées, trois divisions et un régiment d'infanterie motorisée. Sa mission est de franchir la Meuse et de percer les positions françaises à Sedan. La Meuse est franchie le 13 mai, puis, à partir du 15 mai, les blindés du général von Kleist commencent leur exploitation vers la mer. La Somme est atteinte le 20 mai ce qui achève l'encerclement des forces franco-belges. Au cours de la seconde partie de la campagne, le Gruppe Kleist, désormais composé des XIV., et XVI.A.K.(mot), attaque la Somme à partir d'Amiens. Après avoir établi une tête de pont sur l'Oise, elle fonce vers le sud-ouest. Après que l'armistice soit entré en vigueur, elle atteint Bordeaux et la frontière espagnole.