La "sortie de grange" est le rêve du collectionneur de motos dans tous les pays, depuis la "barn find" des anglos-saxons jusqu'à la "salida de granero" (?) espagnole, les méthodes de recherches sont identiques : bouche à oreille, indiscrétions d'un voisin, discussions d'après boire, "bruit qui court" à vérifier.
Le Russe seul se distingue car s'il poursuit le même but, il fait appel à un matériel très sophistiqué : une pelle, une pioche et un détecteur de métaux, le grand modèle dit "poêle à frire". Ainsi équipé, il s'en va arpenter les plaines et forêts où se livrèrent les plus sanglants combats terrestres de la 2ème Guerre, autour de Leningrad, Stalingrad et autres lieux historiques. Le siège de cette dernière ville coûta 380 000 tués, blessés et prisonniers à la Wehrmacht. Un bilan encore plus énorme côté Soviétique : 487 000 tués et 629 000 blessés durant les 6 mois qu'a duré la bataille.
Les pertes matérielles n'étaient pas moindres car chars, canons, véhicules divers se comptent par milliers, abandonnés sur le territoire et dont beaucoup ont été engloutis par un sol meuble ou marécageux. Les rivières et fleuves aussi recèlent des vestiges guerriers, parfois des plus surprenants. Ainsi de ce char T34, orgueil des Soviets en guerre (on le disait supérieur au Tigre nazi) qui va entrer au musée de la Bataille de Stalingrad. Depuis 68 ans il gisait au fond de la Dobraïa après avoir été mis hors de combat en 1942.
A priori, ce n'est pas ce genre de trophées que recherche l'homme russe à la "poêle à frire", mais plutôt les objets du "militaria" tels que les insignes, casques, décorations, armes de poing ou non de tout provenance, allemande ou russe. La trouvaille est parfois de taille comme celle des restes d'un char Tigre portant le numéro de série "001" qui en ferait le premier d'une série de quatre envoyés au front en août 1942 à Leningrad.

Draguer une rivière, un étang, un lac apporte aussi son lot de "trésors" peut-être plus intéressants. Quoique faisant abandonner tout espoir de restauration, sauf à engager de gros frais... Même si ceux comprenant peinture et chromes sont presque négligeables dans le cas de cette R75 germanique.

Le "trou d'homme" est l'ABC de la protection du militaire au combat mais le "trou de moto" est une variante peu courante. Il semblerait plutôt que la machine était couchée sur le flanc si l'on en juge par la "découpe" de la fosse autour d'elle. Non identifiable, cette moto a une fourche télescopique comme celle des 250 BMW, (R20 ou R23) seule marque allemande à présenter alors cette singularité.

Dans la pratique russe, collectionneur est un métier physique ! Il peut demander l'ouverture d'un véritable chantier dans lequel la pelle et la pioche remplacent les engins mécaniques. Ceux-ci seraient bien trop grossiers pour exhumer de petites pièces qui se trouvent souvent mêlées aux restes de leurs défunts propriétaires !
Cet article doit énormément à "The Ghosts of the Eastern Front ", un "site internet éducatif" aux nombreuses contributions. Au vu de l'origine, ça aurait pu être en russe, mais heureusement c'est en anglais, ce qui permet de s'y retrouver plus ou moins. Néanmoins, "âmes sensibles s'abstenir"... comme on dit dans le poste.
source
zhumoristenouveau.eklablog.com