Donald Trump était improbable. La classe politique, élus de père en fils, ou professionnels patentés, avaient la garantie de l’emploi et ne voyaient guère un olibrius venu des horizons du labeur (Le vrai) se mêler à leurs vies.
Tout était bien dans le meilleur des mondes. Les élus avaient leurs rentrées solennelles, leur « message sur l’état de l’Union », leurs vacances parlementaires et leurs prébendes. Ils formaient, de temps à autres, des commissions parlementaires d’enquête pour entendre ceux qui comptaient vraiment : fonctionnaires de l’IRS quand ils persécutaient les citoyens pour leurs opinions, présidents de la FED ou, dans les cas exceptionnels, comme à l’automne 2008 et au premier semestre 2009, des banquiers que l’on décrétait, juste avant de les interroger, « Too Big To Fail », et que l’on asticotait comme si on avait un quelconque pouvoir sur eux.
Puis, on autorisait tous les renflouements (Bail out) ou les QE (Quantitative easing) que les décideurs voudraient pourvu qu’on eût toujours les budgets pour jouer à la guerre ou maintenir son train de vie.
Et voilà qu’un ostrogoth, sorti de son BTP américain, bâtisseur de tours et de casinos, d’hôtels et de parcours de golf, vient dire qu’il va revendiquer le droit de prétendre à la présidence des Etats-Unis et ose, en plus, s’inscrire dans les éliminatoires du parti républicain sans même avoir l’aval de ses grands pontes !
Or le peuple américain lutte contre l’establishment depuis 2008, et la première élection d’Obama. Le constat de l’incompétence des « élites » et de leur corruption, la poursuite de la crise financière, la décrue de l’activité économique, l’arrogance des agences fédérales qui empiètent, avec des milices armées, sur le droit des états, sur celui des citoyens en général et des ranchers en particulier, l’autoritarisme du gouvernement fédéral au mépris de la constitution, la politique de tension avec la Russie et l’imbroglio syrien menant au bord d’une guerre mondiale, sont autant d’évidences (au sens français et américain du terme) pour l’Américain moyen qu’une seule conduite de survie reste possible : mettre au chômage et peut-être en accusation, le personnel politique des deux bords.
Et voilà que Trump apparaît. Pas vraiment du reste puisqu’on le vit tenté par l’aventure présidentielle en 2012. Donald Trump n’a jamais brigué un mandat électif, s’étant adonné à son métier depuis que son père lui prêta 1 millions de dollars pour se lancer dans l’immobilier newyorquais. Quand on connaît le coût du mètre carré à Manhattan et les difficultés pour y emporter des marchés, cette somme – l’équivalent de la valeur d’un 150 mètres carrés à Neuilly sur Seine – était dérisoire par rapport au projet, sauf à être bien utilisée. Elle le fut et malgré les hauts et les bas que toute entreprise connaît, et Trump n’en manquât point, celui-ci la mena jusqu’à nos jours, mettant même aux commandes ses enfants, dont sa fille Ivanka. La capacité d’analyse pour parler de l’économie de cette jolie femme, m’avait épaté lorsqu’en 2009 je l’entendis débattre de la crise financière sur CNBC. Elle était toute jeune et son assertivité comme son élocution parfaite étaient surprenantes.
Cet homme ne doit rien à l’aristocratie arrogante qui domine le cirque politique américain. Il appelle « un chat un chat » et cela effraie les chouettes du pouvoir. Il se défend, et le fait ainsi pour ses entreprises, dans ce combat contre les « propriétaires » de la république américaine, d’où l’on peut déduire qu’il défendra le peuple américain qui l’aura élu contre les stipendiés qui lui contestent ses droits et le mettent en esclavage, aux ordres qu’ils sont de leurs donateurs, nationaux ou étrangers.
S’il n’y avait qu’une seule raison pour voter pour lui, celle qui consiste à nettoyer les écuries d’Augias de Washington, serait suffisante. Les électeurs de Donald Trump veulent voir ces parasites balayer, qui ont fait de leurs mandats des fiefs mafieux au lieu de sacerdoces patriotiques.
L’avenir dira jusqu’où la vilénie des manieurs du concept de « démocratie » peut aller. Et elle peut être extrême si on en juge par l’agressivité ad hominem que montre les débats auxquels il se plie, ou la prétention exprimée par le perdant de 2012, Mitt Romney, qui promet, au milieu d’insultes sans noms, de changer les règles du RNC pour empêcher la nomination de Donald Trump quelque soit les résultats des primaires.
Mais en attendant leurs attentats, les Américains renouent avec l’espoir. A tel point que le Massachussetts a voté à 50% pour lui alors qu’il était le fief de Mitt Romney et des Kennedy.
Que Donald Trump parvienne à la présidence des Etats-Unis, c’est tout le mal qu’on souhaite aux citoyens américains, sachant que nous aimerions bien aussi caresser la toison d’un tel espoir en France bientôt.
Georges Clément est un membre actif du comité de soutien français à Donald Trump (Facebook / Twitter).