Les autodafés et »l’ Art dégénéré » :
C’est Goebbels qui est chargé dès 1933 d’organiser la propagande en Allemagne. Il se donne pour mission de contrôler toute activité artistique à travers la musique, la littérature, le théâtre, la radio, les beaux arts, la presse.
De ce fait, toutes les œuvres qui ne correspondent pas à cette conception de l’art (donc les œuvres modernes et expressionnistes) doivent disparaître car elles dérangent le régime nazi.
L’art moderne dérange les nazis car :
· il critique parfois le régime,
· il est pratiqué par une majorité de juifs et de communistes (donc par les ennemis du régime),
· il ne respecte pas les codes et les thèmes traditionnels utilisés et représentés par l’Art Héroïque : style classique, réalisme, représentation du corps idéal de la race aryenne, thématiques populaires (la famille, le travail de la terre) ou classiques (allégories héritées de l’art grec antique)
· il est novateur, d’avant-garde, révolutionnaire et donc il porte la notion de LIBERTE car il refuse la norme et l’héritage du passé,
· il invente de nouveaux moyens de représentation, de nouvelles formes totalement révolutionnaires et propose une nouvelle vision du monde dans lesquels Hitler voit le signe de la dégénérescence (= du déclin) de la nation allemande.
Hitler qualifie l’Art Moderne d’Art Dégénéré et les artistes qui le pratiquent d’artistes dégénérés (= fous), ces artistes menacent le régime et son équilibre et par conséquent Hitler souhaite les faire disparaître.
Pour cela, plusieurs événements sont organisés dans les années 30 dont l’objectif est de « purifier l’art allemand » en dénonçant ou détruisant les œuvres qui ne correspondent pas à l’idéal du régime et en empêchant les artistes de créer.
Des évènements qui marquent ce projet de « purification » des arts :
10 mai 1933 : Autodafé à Berlin puis dans les grandes villes de l’Allemagne
Peu de temps après l’arrivée au pouvoir du NSDAP en 1933, le chancelier Adolph Hitler lance une « action contre l’esprit non allemand », dans le cadre de laquelle se développent des persécutions organisées et systématiques visant les écrivains juifs, marxistes ou pacifistes.
Le 10 mai 1933, le mouvement atteint son point culminant, au cours d’une cérémonie savamment mise en scène devant l’Opéra de Berlin et dans 21 autres villes allemandes : des dizaines de milliers de livres sont publiquement jetés au bûcher par des étudiants, des enseignants et des membres des instances du parti-national socialiste. Ils constituent
les autodafés allemands de 1933.
Exposition Art dégénéré à Munich en 1937
Adolf Ziegler et Joseph Goebbels organisent en 1937 à Munich l’exposition « Art dégénéré ». Elle attire 2 millions de visiteurs. Cette exposition présente 650 œuvres d’art de l’avant garde. Ces tableaux ou sculptures sont souvent associés à des photos de malades pour les dénigrer, à des commentaires insultants et antisémites et exposés de telles manière qu’ils ne peuvent pas être mis en valeur : ils sont entassés sans aucune organisation sur des murs chargés d’images et de textes et le spectateur ne peut pas en avoir une vision objective.
Les œuvres de Kirchner sont exposées à Munich parmi de nombreuses œuvres d’artistes modernes…Celles-ci seront par la suite vendues aux enchères à des collectionneurs suisses et américains ou brûlées.
Cette manifestation se développe dans deux espaces, dans un deuxième pavillon se tient une autre exposition qui présente « l’Art Allemand », art académique qui vante la famille allemande et le corps athlétique, sain et bien portant des hommes et femmes de la race aryenne. Dans ce pavillon les œuvres sont mises en valeur grâce à une mise en scène muséale (= que l’on trouve dans les musées) : œuvres espacées, présentées au public dans un espace vaste et dégagé, murs vierges et non saturés de texte.
Les spectateurs de cette double exposition sont donc guidés voire manipulés dans leur perception des œuvres, c’est une exposition de propagande qui vise à ridiculiser l’Art Moderne et à rendre hommage à « l’Art Allemand ».
Après cette exposition les artistes modernes sont désignés comme ennemis du régime, ils perdent leur emploi dans les grandes école d’Art Allemandes, doivent cesser de produire des œuvres ; beaucoup d’entre eux s’exilent aux Etats-Unis ; mais Kirchner par exemple ne supportera pas d’être ainsi décrié, d’être assimilé à un dégénéré et se donne la mort en 1938.
Hitler résume ainsi sa position en matière d’art : « Le cubisme, le dadaïsme, le futurisme, l’impressionnisme… n’ont rien à voir avec notre peuple allemand »
source
col-gerstheim.ac-strasbourg.fr