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 Gerald Bull et les canons de Saddam

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naga
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MessageSujet: Gerald Bull et les canons de Saddam   Gerald Bull et les canons de Saddam Icon_minitimeVen 16 Juin - 11:27

Gerald Bull, né le 9 mars 1928 à North Bay en Ontario, mort assassiné le 22 mars 1990 à Bruxelles en Belgique, était un ingénieur canadien, spécialiste en balistique qui a opéré pour différents gouvernements : Canada, États-Unis, Afrique du Sud et Irak. Il a mené d'importantes recherches sur les super-canons capables de tirer sur de très longues distances ou de hautes altitudes.

Gerald Bull et les canons de Saddam Zz18


Son père George Bull a déménagé à North Bay pour ouvrir un cabinet d'avocats. Il se convertit au catholicisme pour épouser Gertrude Isabelle LaBrosse. Ils auront neuf enfants, Gerald étant le neuvième. La famille est relativement aisée jusqu'au krach de 1929 qui la ruine. Sa mère meurt en 1930 des complications de l'accouchement de son dernier enfant. Son père fait une dépression nerveuse et commence à boire. Les enfants sont alors envoyés chez une de leurs tantes1. Cette dernière meurt d'un cancer en 1934 et Gerald se trouve confié au soin de sa sœur aînée, Bernice. Lors de vacances chez un oncle, celui-ci le fait entrer au lycée jésuite Notre-Dame de Regiopolis où il est accepté malgré son jeune âge. Il s'intéresse alors déjà à l'aéronautique. Il va ensuite entrer à l'université Queen's alors qu'il n'a que seize ans. L'année suivante, l'université ouvre un Institut d'aérodynamique (l'actuel Institut de recherches spatiales) financé par le Bureau de recherche en défense du Canada (DRB) et il réussit à s'y faire accepter. Il va y concevoir un tunnel de test aérodynamique qui sera l'objet de sa thèse de doctorat qu'il soutient en 1951.

Le Canada a alors développé avec les Britanniques le programme CARDE (en), le Canadian Armament and Research Development Establishment, créé initialement pendant la Seconde Guerre mondiale comme une opération conjointe avec les Britanniques pour étudier l'artillerie et la balistique, dans le but de renforcer les capacités de recherche canadiennes et de placer la technologie britannique à l'abri des Allemands. Créé sur des terrains militaires d'entraînement et de champs de tir en dehors de Valcartier, au nord-ouest de la ville de Québec, CARDE devient ensuite l'une des divisions de recherche de la DRB disposant de fonds importants juste après la guerre. CARDE mène des recherches sur les vols supersoniques et sur une variété de projets de missiles et roquettes quand on propose à Bull de les rejoindre. Cela allait être l'introduction de Bull dans le domaine de la balistique. Il va alors s'intéresser aux super-canons capables d'envoyer de petits objets à de très grandes distances. Bull s'intéresse également à la mise en orbite de satellite par ce moyen1. Le programme est arrêté quelques années plus tard à la suite d'un arrêt de financement du Canada.

Bull va alors devenir professeur à l'Université McGill tout en créant sa propre société de recherche, Space Research Corporation (en), spécialisé en balistique dont il installe les laboratoires à Highwater au Québec à la limite avec l'État américain du Vermont. Il va alors travailler avec les Américains qui s'intéressaient déjà à ses recherches. Grâce à une décision exceptionnelle du Congrès (la troisième de l'histoire après Lafayette et Churchill), il acquiert la double nationalité américaine et canadienne, ce qui lui permet de travailler plus facilement pour le département de la Défense1. Il va alors travailler sur le projet HARP, le High Altitude Research Program. Mais cette double-nationalité lui interdit désormais d'user de la protection juridique canadienne sur le sol des États-Unis d'Amérique.

Alors que les États-Unis ont officiellement décrété un embargo sur les armes en direction de l'Afrique du Sud pour cause d'apartheid, il va, avec l'appui de la CIA, travailler à l'amélioration de la portée des canons sud-africains, l'Afrique du Sud étant alors engagée dans un conflit contre l'Angola communiste, soutenu par l'URSS. Les Sud-Africains sont alors confrontés aux lance-roquettes soviétiques d'une plus grande portée que leurs canons. Bull va ainsi doubler la portée des canons automobiles de l'armée sud-africaine et permettre un retournement de situation1.
Mais en 1978 le soutien américain au régime de l'apartheid éclate au grand jour provoquant un scandale. La société de Bull est poursuivie pour violation de l'embargo. Ironie de l'histoire : Bull n'aurait pas pu être poursuivi s'il avait gardé son unique nationalité canadienne. La CIA lui conseille alors de plaider coupable évitant ainsi une enquête approfondie de la Justice américaine1. Mais en plus d'une forte amende, Bull est condamné à une peine de six mois de prison ferme, ce qu'il n'avait pas prévu. Bull est très contrarié par le verdict, il est traité comme un délinquant par le pays qu'il pensait servir. Il effectue sa peine dans un pénitencier fédéral de Pennsylvanie. À sa sortie, il quitte les États-Unis pour s'installer en Belgique, mais rien ne dit qu'il coupe les ponts avec la CIA pour autant.

Travail pour l'Irak

Toujours dans le cadre de la CIA il est engagé au service du régime irakien de Saddam Hussein poussé par les USA à la guerre contre l'Iran de Khomeini. Ironie de l'histoire, les canons que Bull a aidé à améliorer en Afrique du Sud sont livrés par ces derniers aux Iraniens1... En réponse, il conçoit alors pour les Irakiens le système d'artillerie autopropulsé Al Faw d'un calibre de 210 mm surnommé Super-canon. Après la fin du conflit irano-irakien, Bull leur parle de ses projets d'un Super-canon à charge conventionnelle mais aussi atomique1. Cela devient le projet Babylone d'un super-canon fixe avec un tube long de plus de 150 mètres.



Informations Techniques
Nom officiel:Projet Babylon
Surnom:Canon de Saddam par la presse britanique
Calibre:1000 mm (39,4 in).
longeur:175 m (574ft).
Portée estimé:Illimit้ par satellisation de l'obus
Poids:2100 Tm.


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naga
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MessageSujet: Re: Gerald Bull et les canons de Saddam   Gerald Bull et les canons de Saddam Icon_minitimeVen 16 Juin - 11:29

Le projet Babylone ne portait pas exclusivement sur un canon lanceur d'engins orbitaux mais devait servir également au développement de plusieurs types de canons géants de portées et de calibres différents.

L'échéancier irakien prévoyait l'aboutissement des travaux par les tests de canons (1 000 mm) durant la période 1992-1993.
Un prototype de 350 mm a d'abord servi de banc d'essai. Ce canon surnommé Bébé Babylone avait une longueur de plus de 53 mètres en cinq sections montées horizontalement sur des plates-formes de chemin de fer de manière à absorber le recul de l'arme. Ce supercanon se trouvait dans un centre d'essai militaire dans les monts Sindjar, sur la route entre Mossul et la frontière syrienne.

En mars 1989, on procéda au premier tir du prototype de 350 mm. Ce fût un succès.

Fin février 1990, dans un rapport d'étape, Bull écrit: "Les tests horizontaux (du canon de 350 mm) peuvent être considérés comme étant terminés. Les tubes seront donc expédiés à l'emplacement incliné. Les tirs commenceront en mars." Il s'agit de l'emplacement situé dans les monts Jabal-Makhal (à Jabal Hamrayn Jabal Hamrin) près de Baiji, dans le centre de l'Irak. Un prototype de 350 mm dénommée Baby-Babylon y fut effectivement assemblé en vitesse au début du mois de janvier 1990 dans une tranchée excavée sur le flanc d'une montagne.

Prototype de 350mm Baby-Babylon en cour d'inspection par une commission de l'ONU

Gerald Bull et les canons de Saddam Zzz12

Début de mars 1990, le projet Babylone fonctionne à fond, le projet avance à grande vitesse. Bull affirme dans l'un de ses derniers rapports d'étapes: "Un dessin de projectile doit être préparé pour utilisation dans le lanceur de 1 000 mm. Ce projectile va transporter 500 kg d'explosifs de haute intensité à une distance de 700 km".
Ce canon de 350 mm était en fait le prototype de ce qui devait être le vrai supercanon qui aurait été trois fois plus gros. Il s'agissait d'un canon gigantesque de 1 000 mm de calibre et d'une longueur de 175 mètres. On prévoyait de le construire en deux exemplaires. Un banc d'essai horizontal était prévu pour faire des études de balistique interne, afin de déterminer le comportement du projectile dans le tube après la mise à feu. Le canon opérationnel aurait été placé à 45 degrés à flanc de montagne. Dans sa culasse, il était prévu qu'on utilise une charge propulsive de 10 tonnes.

Ce canon, construit dans une tranchée à flanc de montagne, ne pouvait changer son angle de tir, de plus impossible à déplacer il aurait été extrêmement vulnérable aux attaques aériennes. Pour ces raisons, plusieurs spécialistes ont dit qu'il serait sans doute difficile de l'utiliser à des fins militaires. Par contre, enfoui à flanc de montagne dans un type d'abri qui s'inspire des silos qui abritent les missiles balistiques intercontinentaux, il aurait été protégé.
Ce lanceur spatial n'avait aucune des caractéristiques d'une arme selon le docteur Cowley. l'ancien collaborateur et ami de toujours de Gérald Bull. Charles Murphy croit pour sa part que ce supercanon avait quand même une application militaire: Si un canon peut mettre un satellite sur orbite, il est évident qu'il peut lancer des projectiles à une très grande distance.

À plusieurs reprises depuis 30 ans, Bull a préparé des études pour le Pentagone sur une bombe orbitale. C'est donc dire qu'il aurait été possible de placer une bombe sur orbite avec le canon. Tout en étant fixe cet engin aurait pu frapper n'importe quel objectif terrestre, à condition bien sur d'avoir les ordinateurs et les connaissances techniques pour pouvoir opérer avec précision la délicate opération du retour à la Terre. Il semble que Bull et les Irakiens travaillaient sur cette question peu avant l'arrêt du projet.
Le général Hussein Kamel transfuge irakien de haut rang rapporta plus tard qu'il travaillait sur une arme spatiale lancée "d'un supercanon" construit en Irak du nord
Il déclara: ".l'arme a été pensée pour l'attaque à longue portée et aussi pour aveugler des satellites d'espions. Nos scientifiques y travaillaient sérieusement. l'arme devait faire éclater un obus dans l'espace qui aurait pulvérisé un produit gluant sur le satellite et l'aveugler."
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MessageSujet: Re: Gerald Bull et les canons de Saddam   Gerald Bull et les canons de Saddam Icon_minitimeVen 16 Juin - 11:35

Parallèlement au développement du canon spatial, à partir de l'automne 1989 Gérald Bull et son équipe d'ingénieurs ont dessiné deux autres canons géants.
Cette fois, aucun doute n'est possible: ces canons sont conçus pour projeter la mort à de très grandes distances. Mobiles, ils sont placés sur d'immenses véhicules chenillés ou sur des plates-formes de chemin de fer.
Le plus petit de ces modèles, de 350 mm de calibre et d'une longueur de 30 mètres, aurait ressemblé à un canon automoteur chenillé conventionnel.
Bull pensait qu'il aurait une portée de 900 km.

Comme toujours, Gérald Bull pensait plus gros et plus loin; il planchait déjà sur une version mobile de 600 mm d'une envergure de 60 mètres et d'une portée de 1 500 km! Les études d'ingénierie, en possession des Britanniques, démontrent que l'équipe de Bull envisageait d'utiliser un réseau de chemin de fer militaire spécialement aménagé pour déplacer la pièce, protégée des attaques aériennes par des remblais. Comme le firent avec succès les Français, au cours de la Première Guerre mondiale par l'utilisation de l'Artillerie Lourde sur Voie Ferrée (A.L.V.F.)objet d'une importante étude de G BULL. La guerre Irak-Iran présentait beaucoup de ressemblance avec la Première Guerre mondiale: un front statique et la faiblesse de l'aviation iranienne. Des conditions propices à l'emploi de canons sur voie ferrée.
Cependant les tentatives de l'Irak pour accroître la portée de ses armes inquiètes les services secrets occidentaux et plus particulièrement le Mossad israélien dont l'Irak est l'ennemi juré.

De surcroît, parallèlement au développement des supercanons, l'Irak allait de l'avant avec la mise au point de missiles balistiques. Selon les services de renseignements occidentaux, les Irakiens consultaient le docteur Bull pour leur programme de missiles et plus particulièrement sur le système de guidage par inertie, l'un des aspects les plus complexes de la technologie des missiles. En décembre 1989, Bagdad annonce d'ailleurs que l'Irak a lancé une fusée de trois étages de 48 tonnes, l'Al-Abed (l'Adorateur) de la base d'Al-Anbar, au lancement de laquelle Bull assiste.

La situation devient critique pour Israël qui rappelons-le n'avait pas hésité à bombarder le réacteur Ausirak afin de stopper le développement d'armes nucléaires par l'Irak . Le 22 mars 1990 le projet Babylone est décapité à la tête par l'assassinat à Bruxelles du docteur Gérald Bull dans des circonstances mystérieuses laissant supposer l'intervention de barbouzes.

le projet s'effondre complètement le 11 avril 1990. Alerté par le Secret Intelligence Service (MI6) depuis le 4 avril les douanes britanniques, dans le cadre de l'Opération Bertha, saisissent sur les docks de Middlesbrough, à 350 kilomètres au nord-est de Londres, huit tubes métalliques géants de 140 tonnes qu'on s'affairait à charger à bord d'un cargo battant pavillon bahaméen, le Gur Mariner en partance pour l'Irak.
Les douaniers sont formels: ces tubes, mis bout à bout, constituent un supercanon, le plus grand canon de l'Histoire. Impossible répondent les experts. L'affaire s'étale dans la presse britannique.
Pourtant une maquette imposante qui faisait plus d'un mètre de hauteur figurant le supercanon était déjà présentée lors de l'exposition Internationale pour la Production Militaire en Mai 1989 à Bagdad. Des centaines d'attachés militaires, de spécialistes et de délégations qui visitaient cette foire à l'armement étaient donc en mesure de vérifier et de confirmer quelles étaient exactement les caractéristiques du supercanon de 1 000 mm que voulaient construire les Irakiens.

Section de 6m de long et de 1 m de diamètre du tube destiné au canon Babylon a coté d'une section de 10m de long et 350 mm de diamètre pour 30 T destiné au canon Baby-Babylon, tous deux saisis par la douane anglaise et exposé au fort Nelson de Portsmouth en Angleterre.

Gerald Bull et les canons de Saddam Zz210


Un spécialiste, en tout cas, n'a pas hésité quand on lui a demandé qui pouvait être à l'origine d'un tel projet, le lendemain de la saisie des tubes par les douanes britanniques.
L'éditeur de l'annuaire Janes Armour and Artillery, Christopher Foss, a répondu: Si c'est un canon, il n'y a qu'une personne qui a pu le concevoir, c'est Gérald Bull.
Le lien entre le Supercanon et le maître de la science balistique au XXe siècle est vite établi. L'affaire devient politique et embarrasse le gouvernement britannique.

Tout s'emballe. En Italie, des pièces d'acier totalisant quelque 90 tonnes furent saisies avant leur expédition vers l'Irak: il s'agissait vraisemblablement de culasses de canon.
En Suisse, les douaniers confisquent des cylindres hydrauliques commandés par l'Irak.
Le 19 avril, dans le port de Patras, 29,5 tonnes de matériel militaire destiné à l'Irak était saisi. Cet envoi comprenait un tube d'acier de 5,52 mètres de long.

Le projet est stoppé.
L'Irak envahit le Koweït et le 17 janvier 1991 le projet est enterré sous les premières bombes de la guerre du golfe.


Gerald Bull et les canons de Saddam Zzzz10


Après la guerre du golfe les commissions d'inspection de l'ONU contrôlent les sites militaires irakiens .Dans des documents établit le 18 juillet 1991 par la Commission Spéciale de l'ONU, l'Irak a admis posséder une arme à feu d'un calibre égal à 350 millimètre, 45 mètres de long et qu'ils construisaient une deuxième arme. La commission a noté que l'arme à feu aurait été imprécise pour des armements conventionnels et que les experts essayaient de déterminer si l'arme était destinée pour une utilisation chimique, biologique, ou nucléaire.

Aujourd'hui, il semble que le DARPA soit intéressé par ces canons, car ils permettent de mettre en orbite de petits satellites. Ils ont cependant un inconvénient majeur[: ils impriment une accélération de 20 000 fois l'accélération terrestre aux objets lancés. Un obus de canon peut supporter une telle accélération, mais pas les équipements d'un satellite de communications, par exemple. Ce concept rappelle curieusement celui proposé par Jules Verne, tel qu'illustré dans son roman De la Terre à la Lune (1865).


source
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MessageSujet: Re: Gerald Bull et les canons de Saddam   Gerald Bull et les canons de Saddam Icon_minitimeDim 18 Juin - 2:07

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https://www.youtube.com/watch?v=cSxzNv6hxVY
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