Parallèlement au développement du canon spatial, à partir de l'automne 1989 Gérald Bull et son équipe d'ingénieurs ont dessiné deux autres canons géants.
Cette fois, aucun doute n'est possible: ces canons sont conçus pour projeter la mort à de très grandes distances. Mobiles, ils sont placés sur d'immenses véhicules chenillés ou sur des plates-formes de chemin de fer.
Le plus petit de ces modèles, de 350 mm de calibre et d'une longueur de 30 mètres, aurait ressemblé à un canon automoteur chenillé conventionnel.
Bull pensait qu'il aurait une portée de 900 km.
Comme toujours, Gérald Bull pensait plus gros et plus loin; il planchait déjà sur une version mobile de 600 mm d'une envergure de 60 mètres et d'une portée de 1 500 km! Les études d'ingénierie, en possession des Britanniques, démontrent que l'équipe de Bull envisageait d'utiliser un réseau de chemin de fer militaire spécialement aménagé pour déplacer la pièce, protégée des attaques aériennes par des remblais. Comme le firent avec succès les Français, au cours de la Première Guerre mondiale par l'utilisation de l'Artillerie Lourde sur Voie Ferrée (A.L.V.F.)objet d'une importante étude de G BULL. La guerre Irak-Iran présentait beaucoup de ressemblance avec la Première Guerre mondiale: un front statique et la faiblesse de l'aviation iranienne. Des conditions propices à l'emploi de canons sur voie ferrée.
Cependant les tentatives de l'Irak pour accroître la portée de ses armes inquiètes les services secrets occidentaux et plus particulièrement le Mossad israélien dont l'Irak est l'ennemi juré.
De surcroît, parallèlement au développement des supercanons, l'Irak allait de l'avant avec la mise au point de missiles balistiques. Selon les services de renseignements occidentaux, les Irakiens consultaient le docteur Bull pour leur programme de missiles et plus particulièrement sur le système de guidage par inertie, l'un des aspects les plus complexes de la technologie des missiles. En décembre 1989, Bagdad annonce d'ailleurs que l'Irak a lancé une fusée de trois étages de 48 tonnes, l'Al-Abed (l'Adorateur) de la base d'Al-Anbar, au lancement de laquelle Bull assiste.
La situation devient critique pour Israël qui rappelons-le n'avait pas hésité à bombarder le réacteur Ausirak afin de stopper le développement d'armes nucléaires par l'Irak . Le 22 mars 1990 le projet Babylone est décapité à la tête par l'assassinat à Bruxelles du docteur Gérald Bull dans des circonstances mystérieuses laissant supposer l'intervention de barbouzes.
le projet s'effondre complètement le 11 avril 1990. Alerté par le Secret Intelligence Service (MI6) depuis le 4 avril les douanes britanniques, dans le cadre de l'Opération Bertha, saisissent sur les docks de Middlesbrough, à 350 kilomètres au nord-est de Londres, huit tubes métalliques géants de 140 tonnes qu'on s'affairait à charger à bord d'un cargo battant pavillon bahaméen, le Gur Mariner en partance pour l'Irak.
Les douaniers sont formels: ces tubes, mis bout à bout, constituent un supercanon, le plus grand canon de l'Histoire. Impossible répondent les experts. L'affaire s'étale dans la presse britannique.
Pourtant une maquette imposante qui faisait plus d'un mètre de hauteur figurant le supercanon était déjà présentée lors de l'exposition Internationale pour la Production Militaire en Mai 1989 à Bagdad. Des centaines d'attachés militaires, de spécialistes et de délégations qui visitaient cette foire à l'armement étaient donc en mesure de vérifier et de confirmer quelles étaient exactement les caractéristiques du supercanon de 1 000 mm que voulaient construire les Irakiens.
Section de 6m de long et de 1 m de diamètre du tube destiné au canon Babylon a coté d'une section de 10m de long et 350 mm de diamètre pour 30 T destiné au canon Baby-Babylon, tous deux saisis par la douane anglaise et exposé au fort Nelson de Portsmouth en Angleterre.
Un spécialiste, en tout cas, n'a pas hésité quand on lui a demandé qui pouvait être à l'origine d'un tel projet, le lendemain de la saisie des tubes par les douanes britanniques.
L'éditeur de l'annuaire Janes Armour and Artillery, Christopher Foss, a répondu: Si c'est un canon, il n'y a qu'une personne qui a pu le concevoir, c'est Gérald Bull.
Le lien entre le Supercanon et le maître de la science balistique au XXe siècle est vite établi. L'affaire devient politique et embarrasse le gouvernement britannique.
Tout s'emballe. En Italie, des pièces d'acier totalisant quelque 90 tonnes furent saisies avant leur expédition vers l'Irak: il s'agissait vraisemblablement de culasses de canon.
En Suisse, les douaniers confisquent des cylindres hydrauliques commandés par l'Irak.
Le 19 avril, dans le port de Patras, 29,5 tonnes de matériel militaire destiné à l'Irak était saisi. Cet envoi comprenait un tube d'acier de 5,52 mètres de long.
Le projet est stoppé.
L'Irak envahit le Koweït et le 17 janvier 1991 le projet est enterré sous les premières bombes de la guerre du golfe.
Après la guerre du golfe les commissions d'inspection de l'ONU contrôlent les sites militaires irakiens .Dans des documents établit le 18 juillet 1991 par la Commission Spéciale de l'ONU, l'Irak a admis posséder une arme à feu d'un calibre égal à 350 millimètre, 45 mètres de long et qu'ils construisaient une deuxième arme. La commission a noté que l'arme à feu aurait été imprécise pour des armements conventionnels et que les experts essayaient de déterminer si l'arme était destinée pour une utilisation chimique, biologique, ou nucléaire.
Aujourd'hui, il semble que le DARPA soit intéressé par ces canons, car ils permettent de mettre en orbite de petits satellites. Ils ont cependant un inconvénient majeur[: ils impriment une accélération de 20 000 fois l'accélération terrestre aux objets lancés. Un obus de canon peut supporter une telle accélération, mais pas les équipements d'un satellite de communications, par exemple. Ce concept rappelle curieusement celui proposé par Jules Verne, tel qu'illustré dans son roman De la Terre à la Lune (1865).
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