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 Maurice Chevalier pendant les 2 guerres mondiales

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naga
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MessageSujet: Maurice Chevalier pendant les 2 guerres mondiales   Maurice Chevalier pendant les 2 guerres mondiales Icon_minitimeMar 2 Jan - 9:29

Souvent designe comme collabo quand est il vraiment:

1914,Maurice Chevalier est stationné à Belfort. Pendant cette période, il rencontre le compositeur et pianiste Maurice Yvain qui effectue lui aussi son service militaire120. Tous deux décident de louer une chambre dans laquelle ils pourront jouer de la musique chaque soir. Très vite le duo est amené à se produire pour des concerts de bienfaisance, pour des mécènes ou encore à Nancy pour les employés des chaussures André.
À nouveau, il tente de se départir peu à peu de son image de simple chanteur comique en tentant lors d'une représentation de chanter en habit, ce qui plaît au public. Dans le même temps, il profite de ses permissions pour revoir Mistinguett et finit par être muté au 31e régiment d'infanterie stationné à Melun. Il est ainsi rapproché de Paris et y arrive en avril 1914.


Maurice Chevalier en compagnie de quelques camarades de régiment à Belfort, avril 1914.

Maurice Chevalier pendant les 2 guerres mondiales Mauric10

Alors qu'il est en permission à Paris la mobilisation générale est décrétée le 1er août 1914.
Il rejoint son régiment qui quitte Melun en train pour l'Est de la France quelques jours plus tard.
Le 22 août, son régiment est attaqué sur la place du village de Cutry, commune de Meurthe-et-Moselle. À couverts derrière un muret près de l'église, lui et plusieurs soldats tentent de repousser les troupes ennemies. L'ordre de se replier est donné. Alors qu'il s'apprête à fuir, il s'effondre, blessé par un éclat d'obus au poumon droit. Il doit sa survie à son paquetage, qui lui sauve la vie en amortissant l'impact. Il est pris en charge par deux infirmiers qui l'emmènent au château du village voisin de Cons-la-Grandville, qui fait office de Croix-Rouge.
À son réveil, les troupes ennemies investissent les lieux. Lui et tous les autres blessés alités sont faits prisonniers de guerre.

En attendant la guérison des prisonniers, le château reste occupé par les Allemands. Après quelques jours, les blessés convalescents sont rassemblés puis conduits jusqu'à une gare. Des wagons à bestiaux les emmènent en captivité en Allemagne. Après deux jours de trajet, les prisonniers arrivent à Altengrabow, un des plus importants camps de prisonniers allemands, près de Berlin.
Très vite, les artistes prisonniers du camp improvisent une scène sur une petite estrade. Joë Bridge, dessinateur de théâtre en lequel il trouve un ami, est le principal auteur des revues montées au camp, au cours desquelles il chante et danse. À Paris circulent des rumeurs sur son décès à Cutry, ce qu'il dément en faisant parvenir des cartes postales à sa mère ainsi qu'à Mistinguett. Plusieurs docteurs français qui l'ont vu sur scène en France décident de le former comme infirmier. Il devient ainsi pharmacien du camp, ce qui lui octroie une petite pièce près des malades avec lit, draps, chauffage et nourriture facile d'accès.
Ce travail d'infirmier l'occupe toutes les matinées. Pour occuper ses après-midis, il décide d'apprendre l'anglais auprès d'un sergent britannique, Ronald Kennedy. Sans la prétention d'imaginer pouvoir se lancer dans une carrière internationale grâce à la maîtrise de cette langue, il suit avant tout ces cours pour tromper l'ennui inhérent au camp et pour, selon ses dires durant une interview à Radio-Nice bien des années plus tard, « épater les copains du boulevard de Strasbourg », bavarder avec les artistes anglais venant se produire à Paris et « flirter avec les petites girls anglaises ».

Durant l'été 1915, une épidémie de fièvre typhoïde ébranle le camp et l'infirmerie est débordée. Durant cette période, Chevalier est au chevet de nombreux malades et en accompagne beaucoup lors de leurs derniers instants.

« Mon principal effort était de tout faire pour qu'ils ne se voient pas partir. Je faisais un peu le confesseur. Je parlais avec eux, assis sur leur lit, de leur mère, de leur femme ! « Ça ne va plus durer longtemps, tu sais maintenant. Quand tu seras guéri, je pense que tu rentreras au pays. Elle va être heureuse ta petite femme de te revoir, hein ? Et toi, crois-tu que tu ne la serreras pas fort dans tes bras ? Et ta vieille ? Et ceci, et cela… » […] J'en ai vu plusieurs, grâce à cette tromperie dramatique de dernière heure, s'en aller en pleine vision d'espoir et ce sera le plus beau rôle que j'aurai joué de ma carrière. »

À l'été 1916 apparaît un espoir de quitter le camp. Les pays belligérants, par l'intermédiaire de la Croix-Rouge de Genève, font à échéance fixe des échanges de docteurs et d'infirmiers, et les prisonniers du camp pouvant prouver leur titre d'infirmier aux autorités allemandes pourraient ainsi se trouver sur la liste de départ. Lui et Joë Bridge s'inscrivent, et, en octobre 1916, doivent passer un interrogatoire par le médecin général allemand. Quand vient son tour, le médecin ne pose aucune question et l'inscrit d'office sur la liste des admis.
Cela s'expliquera par l'intervention de Mistinguett, qui a usé de ses relations diplomatiques avec le roi d'Espagne d'alors, Alphonse XIII, pour le faire libérer.

Le lendemain matin, il quitte le camp d'Altengrabow en train avec Joë Bridge pour Paris. Là-bas il retrouve Mistinguett et sa mère après vingt-six mois de captivité.
Bien qu'affaibli, il fait le choix de remonter sur scène directement en commençant par chanter au Casino Montparnasse rue de la Gaîté. Trop habitué à chanter pour des soldats et saisi de vertiges sur scène, sa prestation et celles qui suivent en province sont de relatifs échecs. Néanmoins, Léon Volterra, nouveau directeur de l'Olympia, l'engage pour deux semaines sur les conseils de Mistinguett. Sa santé finit par s'améliorer, et il se sent capable de continuer à chanter.

Désormais réformé définitivement pour blessure. Il reprend véritablement le travail en avril 1917,en se faisant embaucher avec Mistinguett le temps d'une revue nommée La Grande revue aux Folies Bergère, très bien accueillie par la critique.

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naga
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MessageSujet: Re: Maurice Chevalier pendant les 2 guerres mondiales   Maurice Chevalier pendant les 2 guerres mondiales Icon_minitimeMar 2 Jan - 9:41

La Drole de Guerre

C'est une période de félicité professionnelle et personnelle pour le couple, mais l'Allemagne ne laisse personne indifférent, pas même Chevalier qui ne se soucie pourtant habituellement jamais de la politique.
L'été 1939 arrive et, malgré l'angoisse ambiante, Chevalier est persuadé qu'Hitler ne fera rien. Le 1er septembre, alors qu'il dîne chez le duc et la duchesse de Windsor à Cagnes-sur-Mer, la tablée apprend l'invasion de la Pologne par l'Allemagne, ce qui implicitement scelle l'implication de l'Angleterre et de la France dans le conflit. Le dîner est abrégé et Maurice et Nita prennent la décision de rentrer à Paris, croisant en chemin des troupes se dirigeant vers la frontière italienne.

Avec le concours d'Henri Varna, Chevalier décide de faire monter rapidement un spectacle de music-hall avec Joséphine Baker pour partager la vedette. Avant que le spectacle ne soit au point, Maurice Chevalier et Joséphine Baker partent en représentation au front. Ils chantent à Metz, à Thionville et pour quelques unités des environs. Chevalier a un nouveau succès à son répertoire, représentatif de la situation cocasse que constitue la drôle de guerre : Ça fait d'excellents Français.
Ils rentrent ensuite à Paris et font rouvrir le Casino de Paris pour y lancer le spectacle. Les représentations suivent leur cours durant l'hiver, et sans les journées ponctuées de fausses alertes aux bombardements et les nuits sans lumières, rien ne laisse transparaître que le pays est en guerre. Toutefois, tout change lorsque l'offensive allemande commence, le 10 mai 1940 et Chevalier peut mesurer l'avancée de l'armée allemande en se basant sur la disparition graduelle du public du Casino, soir après soir.
Maurice Chevalier et Nita Raya font partir les parents de cette dernière, juifs, pour Arcachon. Le 20 mai, il ne reste plus qu'une poignée de personnes dans l'assistance. La salle finit par fermer à la fin du mois de mai de par le manque d'artistes et de public. Le couple décide de prendre la route pour rejoindre un couple d'amis danseurs, Jean Myrio et Desha Delteil, en Dordogne, près de Mauzac, faute de pouvoir rejoindre leur propriété de La Bocca qui a été réquisitionnée par l'aviation française. La maison héberge le couple, Joë Bridge, Maryse Marly, Félix Paquet et sa femme (secrétaires de Chevalier), les parents de Nita, Desha, une servante et la mère de Jean Myrio, ce dernier est absent car mobilisé. La maison n'a pas l'électricité ni l'eau courante, et on se tient au courant des actualités à l'aide d'une vieille radio à piles, par laquelle on apprend l'avancée inexorable des forces allemandes et italiennes, puis la prise de Paris par l'Allemagne228. Le 17 juin, le maréchal Pétain annonce la capitulation de la France. Ayant appris que la maison de Maurice est libre, tous partent pour Cannes le 14 juillet et se réinstallent à La Bocca. Des hommes de théâtres importants, mandatés pour chercher à ramener les vedettes françaises à Paris tentent de convaincre Chevalier de remonter sur scène. Celui-ci refuse, voulant rester en zone libre et protéger son groupe, dont certains membres, tels Nita Raya et sa famille, sont en danger.
En outre, de très nombreuses propositions pour du travail en Amérique lui sont envoyées. Charles Boyer tente de le convaincre de quitter la France mais Chevalier reste catégorique, arguant que « quand la mère est malade, ses fils ne doivent pas partir. ».

Visite camp de prisonnier 1940

Maurice Chevalier pendant les 2 guerres mondiales Mauric11


Souhaitant néanmoins reprendre les tours de chant, il commence à répéter avec un jeune pianiste niçois, Henri Betti, qui restera son accompagnateur jusqu'en 1945, afin de chanter dans plusieurs villes et villages de province, ainsi que lors de galas de bienfaisance au profit des prisonniers et du Secours national. Pour la première fois de sa carrière, parce qu'il manque de nouvelles chansons et parce qu'il n'a pas d'auteurs sous la main, Chevalier décide de commencer à écrire ses propres chansons en 1941, dont Henri Betti signe la musique. Une partie du texte de l'une d'elles, intitulée Notre espoir, laisse penser à une critique de l'Occupation :

« Il arrivera que notre beau Paname
Retrouvera son éclat, sa beauté
C'est pour cet idéal, cette oriflamme
Que tous les Parisiens se joignent pour penser
Pour toi, Paris !
Pour la route qu'avec toi on a suivie !
Pour toi, Paris !
Pour la peine que pour toi on a subie !
Pour toi, Paris !
Pour attendre le soleil après la pluie ! »

Cette chanson donne son nom à la revue du Casino de Paris durant laquelle Chevalier chante jusqu'au début du mois de décembre. En sus de Pour toi, Paris, et pour doter la revue de quelques chansons, il en écrit deux : Loulou, La Polka des barbus et en co-écrit deux autres : C'est une petite môme (qu'elle est trop belle) et la célèbre Marche de Ménilmontant.
Après son engagement, Chevalier prend la décision de ne plus chanter sur une scène parisienne avant la libération de la France et après une courte tournée en zone sud, décide de cesser toute activité musicale au début de l'année 19438. Néanmoins, les autorités le sollicitent sans cesse afin qu'il chante lors de nombreuses occasions. Il refuse tout systématiquement et prétexte être très malade.
De peur que la Gestapo vienne le chercher de force, Maurice Chevalier et Nita Raya font cacher dans un quartier retiré de Nice les parents de cette dernière, auxquels Maurice obtient des faux papiers.
Une enquête concernant Nita Raya est ordonnée en rapport avec ses origines juives, et des rumeurs annonçant un possible examen de Chevalier par des médecins allemands courent.
Malgré tout, il ne cède pas aux pressions. Ne voulant pas rester inactif pour autant, il se lance dans la rédaction du premier tome de ses mémoires intitulées Ma route et mes chansons. Au total, il en publiera dix volumes. Vers la fin de l'année 1943, Maurice fait la connaissance de son voisin et nouvel ami René Laporte, écrivain et journaliste résistant, qui lui signifie que ses passages sur Radio-Paris pourraient lui valoir d'être enlevé par l'Armée secrète.
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naga
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MessageSujet: Re: Maurice Chevalier pendant les 2 guerres mondiales   Maurice Chevalier pendant les 2 guerres mondiales Icon_minitimeMar 2 Jan - 9:51

1944

Maurice Chevalier pendant les 2 guerres mondiales Z28


Le 12 février 1944, il écoute Radio Londres, et plus particulièrement Pierre Dac, qui jusqu'à maintenant l'amuse toujours en fustigeant les collaborateurs notoires et le régime nazi. Ce soir-là, alors que le chansonnier énonce une liste de « mauvais Français », il cite le nom de Chevalier. Pierre Dac qualifie les susnommés de collaborateurs, et les menace à l'antenne :

« Vous êtes repérés, catalogués, étiquetés. Quoi que vous fassiez, on finira par vous retrouver. Vous serez verdâtres, la sueur coulera sur votre front et dans votre dos; on vous emmènera et, quelques jours plus tard, vous ne serez plus qu'un tout petit tas d'immondices. »

René Laporte entend cette accusation et s'empresse d'avertir Pierre Dac que Maurice Chevalier n'est en rien un collaborateur. Francis Leenhardt, nom important de la Résistance, appuie la déclaration du poète, et l'acteur René Lefèvre achève d'innocenter Chevalier aux yeux de Dac en lui apportant également son soutien.
Ce dernier cesse alors toute accusation mais ne diffuse pas d'erratum concernant ces allégations pour autant. Bouleversé et pour plus de sécurité, Maurice Chevalier décide de quitter La Bocca avec son entourage et retourne à Mauzac chez Jean Myrio et Desha Delteil. Les parents de Nita sont envoyés chez des parents de Jean Myrio.
Chevalier craint que la Résistance ne s'en prenne à lui, mais décide de se rendre seul à Paris début avril afin de se fournir en faux certificats médicaux, malgré les contre-indications de ses amis qui craignent que la Résistance ou l'Allemagne ne décide de le chercher.

Au passage, il enregistre deux chansons : La fête à Neuneu et La leçon de piano. Les documents en poche, il quitte Paris et rejoint les siens.
Le 27 mai 1944, un tribunal spécial se réunit à Alger et le condamne à mort par contumace.

Le 6 juin 1944, le débarquement est annoncé à la radio et un vent de révolte soulève la Dordogne. Maurice Chevalier et son secrétaire, Félix Paquet, descendent en ville afin de se rendre à la poste et y écouter la radio. Ils sont vite rattrapés par un homme et une femme qui leur font savoir que des maquisards sont à leur recherche afin de les fusiller. Chevalier décide de se réfugier chez les Delemarre, des amis artistes habitant Cadouin et demande aux deux préveneurs de faire savoir à Nita Raya qu'ils ne rentreront pas2. Nita et la femme de Félix Paquet finissent par les rejoindre. Ensemble, ils passent plusieurs semaines cloîtrés dans la maison, avec la peur que les Allemands ou que la Résistance ne les retrouvent.

En août, des journaux nationaux et mondiaux annoncent sa mort, pris à partie par des maquisards.
Le 14 septembre, trois hommes armés pénètrent en voiture dans la propriété et exigent, mitraillettes à la main, que Chevalier leur soit remis. Ne voulant pas que ses hôtes soient blessés, il se montre et est emmené pour être interrogé à Périgueux.
Arrivés à Périgueux, il est mené au troisième étage d'une maison où l'attend un commandant de la Résistance, lui aussi originaire de Ménilmontant. Devant les explications de Chevalier, son attitude se détend et il lui fait signer une déposition. Il croit en avoir terminé, mais son interrogatoire ne fait que commencer.
Un homme de très grande taille, surnommé « Doublemètre » entre dans la pièce afin de procéder à l'interrogatoire de l'artiste. Ce dernier a à subir la haine que l'officier ressent pour lui, qui déplore le fait qu'il soit trop tard pour fusiller Chevalier et qui tente de tourner sa déposition en sa défaveur. Chevalier étant une célébrité, l'interrogatoire doit cependant se faire de façon réglementaire malgré l'attitude de Doublemètre et, au terme de l'entrevue, il est raccompagné à Cadouin.
Le lendemain, Nita Raya revient de Toulouse avec ordre de René Laporte de le ramener urgemment à Toulouse en compagnie de deux résistants. Là-bas, il est logé chez une parente de René Laporte, par mesure de sécurité, jusqu'à ce qu'il soit totalement innocenté. Cloîtré dans l'appartement, il contacte son manager, Max Ruppa, afin de lui décrire sa situation. Ce dernier décide de contacter le correspondant de guerre britannique du Daily Express, Basil Cardew, afin qu'il récolte la version des fait de Chevalier. Celui-ci accepte et se rend à Toulouse, accompagné de quelques aviateurs anglais, auxquels Chevalier se confie pendant quatre heures quant à ses agissements sous l'Occupation.
L'article de presse découlant de cette entrevue fait beaucoup pour le réhabiliter aux yeux de l'opinion publique.

Un matin, René Laporte mène Pierre Dac à la cachette de Chevalier, désireux d'innocenter ce dernier. À sa vue, le chanteur éclate en sanglots et les deux hommes finissent par s'expliquer. Au terme de la rencontre, Chevalier rédige une déclaration que le résistant ira lui-même porter devant le Comité d'épuration national dans le but d'y plaider en sa faveur.
Trois jours après son échange avec Dac, Max Ruppa retourne voir Chevalier avec des aviateurs anglais et un officier opérateur des Paramount News dans le but de le ramener chez lui à Paris, pour l'y filmer en train de s'expliquer concernant les rumeurs qui ont circulé à son sujet, afin de diffuser son témoignage direct dans des cinémas. Ayant appris son arrivée à Paris, le poète Louis Aragon publie le 9 octobre un article dans le quotidien communiste Ce soir dans lequel il prend sa défense, clamant qu'il était une cible facile pour la propagande pour ainsi instiguer le doute dans l'esprit des Français.
Le poète appelle le chanteur à participer à un rassemblement de cent cinquante mille personnes au cimetière du Père-Lachaise, devant le Mur des Fédérés, ce qu'il accepte. La foule lui fait un triomphe sans précédent. Convoqué par la police judiciaire du 36, quai des Orfèvres, il s'explique devant un comité amical et quitte les lieux blanchi à leurs yeux. Des journalistes l'accablent de critiques, auxquelles il préfère ne pas prêter attention :

« Certains journalistes redoublent leurs attaques. […] De quoi m'accuse-t-on, en résumé ? De choses que les vrais Français ne retiennent pas. Que je croyais à Pétain au début de son règne. Qui n'y croyait pas ? Je vous le demande, chez nous, et même ailleurs, puisque des ambassadeurs d'Amérique, de Russie, et de partout, le voyaient intimement, chaque jour, à Vichy. Que j'ai chanté onze fois à Radio-Paris, en quatre ans. Alors qu'on insistait pour que je chante hebdomadairement. Que serait-il arrivé si j'avais refusé catégoriquement ? Vous le savez aussi bien que moi : une visite un matin, de très bonne heure. Moi et ma petite famille envoyés Dieu sait où !
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MessageSujet: Re: Maurice Chevalier pendant les 2 guerres mondiales   Maurice Chevalier pendant les 2 guerres mondiales Icon_minitimeMar 2 Jan - 9:57


Après cela, Henri Betti le rejoint à Paris où tous deux recommencent à répéter.
Chevalier remonte sur scène pour la première fois en presque deux ans devant son ancien régiment : le 31e d'infanterie de Melun, composé de maquisards engagés.
Il est acclamé. Puis, il chante devant les troupes américaines à Paris, où il est convoqué par le comité d'épuration le premier décembre.
Dac se présente également devant le comité quelque temps plus tard et Maurice Chevalier se voit complètement innocenté.
Il reprend alors pleinement sa carrière scénique et chante pour la fête des midinettes au palais de Chaillot, puis, le même soir, au Luna Park de Paris, devant quinze mille personnes qui le plébiscitent extraordinairement. Après cela, lui comme bien d'autres artistes commence à chanter à de nombreuses soirées de bienfaisance au bénéfice d’œuvres variées, dans lesquelles il préfère chanter gratuitement.
Il finit par remonter sur la scène du Casino de Paris et triomphe. Très demandé, il se produit à Nice, Cannes, Marseille, où les partis socialiste et communiste, et même la marine américaine le font demander. Jack Hylton lui propose un contrat de huit semaines de représentations à Londres, mais l'Angleterre lui refuse un visa car ce dernier est refusé à tout étranger ne venant pour l'effort de guerre, celle-ci n'étant pas encore terminée. Chevalier, déçu, part ensuite pour Lyon et y teste, pour quatorze récitals, sa nouvelle formule : seul en scène avec un pianiste pour tout accompagnement. La critique et le public sont conquis. Ayant été désireux depuis longtemps de dépouiller au maximum ses prestations scéniques, l'accueil critique et populaire réservé à ce qui ne s'appelle pas encore un one-man-show conforte le chanteur dans son rêve de continuer sur cette voie. Le reste de sa tournée se poursuivra en suivant cette formule et, sa carrière allant, la grande majorité du reste de ses concerts seront des one-man-shows.

Fin mars 1945, il enregistre la chanson Fleur de Paris, véritable hymne au rassemblement des Français, ce qui achève de redorer complètement son blason après les polémiques qui l'ont affecté durant l'Occupation. Maurice Chevalier amorce ainsi un nouveau départ dans sa carrière.
Poursuivant celle-ci, il est engagé pour chanter deux soirs à l'Opéra-comique, puis débute sur la scène de l'ABC le 4 mai 1945. Son tour de chant reçoit un accueil phénoménal dans les salles où il se produit et les places pour ses représentations s'arrachent.
Sa vie personnelle est toutefois moins couronnée de succès, car sa relation avec Nita Raya s'étiole et prend fin après dix années de vie commune.
Il chante ensuite à une soirée de bienfaisance en Dordogne, et commence à écrire son journal intime le 28 août 1945. Ainsi, à compter de la moitié du troisième tome, le reste de ses mémoires n'est plus un récit de sa vie mais le contenu de son journal intime publié livre par livre.

Maurice Chevalier et Marcelle Derrien en 1946

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MessageSujet: Re: Maurice Chevalier pendant les 2 guerres mondiales   Maurice Chevalier pendant les 2 guerres mondiales Icon_minitimeMar 2 Jan - 11:34

Comme quoi l'"épuration", à la Libération, a du faire pas mal de victimes innocentes...
Bel article. Cool
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MessageSujet: Re: Maurice Chevalier pendant les 2 guerres mondiales   Maurice Chevalier pendant les 2 guerres mondiales Icon_minitime

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