naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38942 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: “Kamp” ou la grande leçon d’histoire d’Hotel Moderne Sam 4 Aoû - 2:30 | |
| Difficile a classer Ayant achevé mon billet d'hier par une mention à la toute dernière leçon de philosophie de Jean-Pierre Vernant (1914-2007), héros entre autres choses de la Résistance armée, du coup, la suite de mon propos va presque de soi. Elle m'est inspirée par la très grande leçon d'histoire contemporaine (ou d'histoire tout court) – et d'humanité et de politique – que donne actuellement, avec le spectacle Kamp, la compagnie hollandaise Hotel Moderne au Théâtre 71 de Malakoff. C'est du théâtre d'objet. Soit le plateau de ce théâtre sur trois de ses côtés tendu de blanc. Le public est assis dans la salle. La relation au plateau est donc strictement frontale. Au sol, des baraquements, des personnages, des véhicules, des miradors, tout un monde en réduction que vont animer une heure durant trois manipulateurs. Nous sommes à la fois dans le camp d'extermination d'Auschwitz et dans celui de Birkenau ; tous deux identifiables à de nombreux détails par ceux qui y sont allés. Face à nous, une heure durant, la machine de mort nazie, impassible, intraitable, industrielle. Devant nous, une gigantesque, une inimaginable usine – réelle et mentale – reconstituée, dont les corps – vivants ou morts – nourrissent, par centaines de milliers, jour et nuit, le projet d'anéantissement global. Face à nous, des silhouettes minuscules de papier mâché ou de carton, devenant peu à peu des humains, accédant au souffle de la vie – par la grâce infiniment légère, pour un peu invisible, des manipulateurs – précisément au moment où ils entrent, matière première, dans la machine à tuer. Les coups ordinaires, les pendaisons, le gaz, la crémation des corps, des masses infinies d'individus qui sont poussés par paquets – comme des séries de statistiques – dans la machine pour y être consciencieusement détruits, avec méthode, rigueur, efficacité, organisation – on dirait, aujourd'hui, avec une logique parfaitement managériale. Il neige, il pleut, il fait froid, il glace, la soupe n'est pas de la soupe. On tombe, on meurt. On crie, on est tué. Quelqu'un cherche à fuir. Il est électrocuté. Les trains qui transportent, charrient, déversent. Des valises éventrées jetées au sol. Une tirelire. Et puis, dans la nuit, des officiers nazis dans leurs cantonnements qui boivent, chantent, gueulent. Et puis, ailleurs, beaucoup plus loin, des ronflements dans les baraquements de déportés. Ceux qui demain iront, à leur tour, à la douche. Un vent glacial cisaille l'horizon. Il n'y a rien qui viendra. Ni de Dieu ni des hommes. Rien qui délivrera. Ni rendra compte. Sauf quand arriveront les forces alliées. Mais alors combien auront disparu ? Qu'est-ce que réussit ici Hotel Moderne ? Avec un jeu d'enfants (qui ne s'est pas inventé, enfant, un univers miniature pour reconstruire le monde à sa fantaisie), il invente, pour aujourd'hui, un récit de l'holocauste, avec une nouvelle dramaturgie, de nouvelles images, un nouveau regard. Imaginons qu'un jour prochain, qui n'est pas loin, nous n'aurons plus de témoins en chair et en os pour raconter. Dire. Nous fabriquerons notre mémoire avec des supports tels que Kamp. Ils seront nos récits de l'holocauste. Nos imagiers. Comme La Vie est belle de Roberto Benigni (1997) ou Maus de l'illustrateur Art Spielgelman (deux volumes, 1987 et 2001). | |
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naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38942 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: “Kamp” ou la grande leçon d’histoire d’Hotel Moderne Sam 4 Aoû - 2:32 | |
| Dans la salle, beaucoup d'adolescents, de scolaires, distraits, ici/ailleurs. La lumière des portables sans cesse interrogés. Une attention inégale. Des rires. Des soupirs. Peut-être quelque chose quand même qui filtre, rejoint les cœurs, les intelligences. A la fin, longtemps, devant le plateau, tout proches des silhouettes et des baraquements, ils sont quelques-uns, avec leur portable, qui photographient. Ce qu'ils en font ? Où est-ce que cela va se placer dans leur tête ? Je l'ignore. On a peu l'occasion de voir en France le travail de Hotel Moderne, qui tourne énormément en Europe du Nord. De cette même compagnie, il faut également voir un autre chef-d'œuvre, La Grande Guerre. source telerama.fr | |
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vania Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 28661 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: “Kamp” ou la grande leçon d’histoire d’Hotel Moderne Sam 4 Aoû - 10:18 | |
| !! ... | |
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| Sujet: Re: “Kamp” ou la grande leçon d’histoire d’Hotel Moderne | |
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