En réalité, le capitaine Ōba a survécu à la bataille et pris de le commandement d'un groupe de 46 autres soldats.
Il commande plus de 200 civils japonais à travers la jungle pour éviter la capture. Lui et ses hommes organisent les civils et les placent dans des grottes de montagnes
et dans des villages cachés dans la jungle.
Au lieu d'assister les civils dans les tâches de survie, le capitaine Ōba et ses hommes continuent leur bataille contre la garnison de soldats américaines.
Ōba utilise le mont Tapochau comme base principale.
Mont Tapochau
Vue impregnable sur l ile de Saipan
Culminant à 473 m, le sommet offre une vue totale à 360° sur l'île.
Depuis leur camp de base sur le versant occidental de la montagne, Ōba et ses hommes conduisent plusieurs raids de guérilla sur les positions américaines.
En raison de la vitesse et de la discrétion de ces opérations, et des tentatives infructueuses de trouver les Japonais, les Américains finissent par affubler Ōba du surnom de « Renard ».
En septembre 1944, les Américains commencent à effectuer des patrouilles dans l'intérieur de l'île, à la recherche des survivants faisant des raids dans leur camp
pour s'approvisionner. Ces patrouilles rencontrent parfois des soldats ou des civils japonais qui sont capturés et interrogés puis envoyés dans un camp de prisonniers adapté.
C'est lors de ces interrogatoires que les Américains apprennent le nom d'Ōba.
Au sommet de la traque d'Ōba, le commandant américain élabore un plan durant lequel ses hommes s'alignent sur toute la largeur de l'île, laissant deux mètres entre chaque soldat,
et marchent à partir de l'extrémité sud de l'île jusqu'au nord.
Il estime qu'Ōba et ses hommes devront alors soit se battre, soit se rendre, ou être repoussés vers le nord pour être finalement capturés.
Suite à cette opération de ratissage, les civils âgés et blessés se rendent volontairement. Bien que quelques soldats japonais désirent se battre,
le capitaine Ōba affirme que leurs principales préoccupations sont de protéger les civils et de rester en vie pour continuer la guerre.
À l'approche de la ligne d'Américains, la plupart des soldats et des civils restants montent jusqu'à une clairière dissimulée, tandis que d'autres se tiennent sur des corniches étroites
et s'accrochent au flanc de la montagne.
Ils conservent leurs positions précaires pendant la majeure partie de la journée, pendant que les Américains traversent la zone, détruisant les huttes et les champs qu'ils découvrent.
À certains endroits, les Japonais placés sur les corniches se trouvent à moins de 10 m des Américains.
L'opération de ratissage s'avère globalement infructueuse et provoque la réaffectation du commandant des forces de l'île.
Le capitaine Ōba et ses hommes résistent sur l'île pendant 512 jours, soit environ 16 mois.
Le 27 novembre 1945, l'ancien major-général Umahachi Amō, commandant de la 9e brigade mixte indépendante durant la bataille de Saipan,
réussit à rencontrer certains des soldats japonais cachés en chantant l'hymne de leur unité.
Amō remet des documents du défunt quartier-général impérial au capitaine Ōba lui ordonnant à lui et à ses hommes de se rendre aux Américains.
Le Capitaine Oba
Le 1er décembre 1945, trois mois après l'annonce officielle de la reddition du Japon, les soldats japonais se rassemblent une dernière fois sur le mont Tapochau
et chantent une chanson d'hommage aux esprits des soldats morts.
Ōba mène ensuite ses hommes en dehors de la jungle et se présente aux Américains de la 18e compagnie d'artillerie anti-aérienne.
Avec une grande formalité et beaucoup de dignité, le capitaine Ōba remet son épée au lieutenant-colonel Howard G. Kirgis, et ses hommes rendent leurs armes et leurs couleurs.
Ils représentaient la dernière résistance des forces japonaises à Saipan.