Cyrille Corlays alias näutil

Il est des hommes et des destinées qui se forgent peu à peu, et näutil est de ceux là.

Né en 1976 d’une famille de la mer, c’est en habitué des carrés de bateau qu’il apprivoisera au fil de ses dessins, ce que la nature peut offrir.
Reflets du ciel dans la mer, mouvements insoumis des oyats, jeux de lumière portés par l’orage .. ce créatif en a développé une imagination libre qui ne le quittera plus,
et qu’il n’a cessé d’explorer.

A la fin des année 80, il partage l’essor du skate en plein âge d’or, avec ses codes, sa culture musicale et graphique. Passionné de glisse et cotoyant les vagues,
le surf fut pour lui une seconde révélation. La glisse, no matter what.
Après le temps des premiers graffs à flanc de blockhaus ou posés sur les murs, näutil, couleurs de bombes et nuances maritimes au fond des yeux, arrive à Paris fin 90.
Technique, travail, éveils artistiques seront au rendez-vous, et näutil intègrera quelque temps l’école d’architecture, guidé par les conseils de son professeur Xavier Julliot.
Sillonnant la ville et ses possibles, il étoffera son imaginaire, s’exerçant au djing, au dessin, toujours au plus près d’une liberté créative via la pratique de graffs urbains
(sans jamais lâcher l’amour de la glisse !).

Fils du vent, solitaire à ses moments, libéré au maximum des contraintes sociétales par un style de vie très sommaire, ce saltimbanque a besoin de peu de choses,
et donc très peu de choses le gouvernent. Par goût et par nature, son existence mouvante et peu matérialiste laisse la place, au milieu de ses rudesses,
à de purs moments de poésie et de liberté.
Artisan, artiste et graffeur selon les moments, näutil s’attache à mêler l’art du graff avec les nombreux supports que villes ou natures offrent au regard,
et regroupe ce volet de sa pratique sous les initiales LSD (LandScapeDiversion) travail qui a déjà donné lieu à quelques expositions, mêlant travaux et photos.

On peut repérer une ligne de fond dans son approche : que ce soit pour le versant artisanal ou le côté plus artistique, qu’il s’agisse de projets élaborés
ou de totales improvisations, cet enfant des littoraux reste animé d’une certitude, c’est que l’art est une alchimie indomptable, complexe,
mais dont il sortira toujours quelque chose .. l’âme tôt ou tard, se mettra au travail.

« Ne demande jamais ton chemin à quelqu’un qui le connaît, tu risquerais de ne plus pouvoir t’égarer«
N. De Bratslav

Une rencontre, entre les éléments et la création, la nature et l’homme.
Alors un matin, la course fut lancée.
Avant la fin du jour, peindre le blockhaus. Donner existence à l’oeil qui regarde la mer, interaction, va-et-vient éternel comme le font les vagues, entre elles et la terre.
Le blockhaus reprend vie et l’oeil maintenant regarde la mer .. et l’immensité lui répond.
L’homme et la nature convergent et se tutoient, le rendez vous à bien eu lieu, ici où se respecte cette nature intacte, et qui le restera.
Aussi longtemps que possible. »

Par ce geste, en refermant l’œil, l’artiste manchois a voulu aussi faire un pied de nez au « temps ».
En effaçant ce graff je voulais un peu interroger le rapport au temps, le « j’irai voir, j’irai faire demain », poser la question de l’immédiateté d’un désir, que ce soit de nature
ou autre chose qui étofferait l’âme, et qu’on remet à plus tard. Repenser le temps et ce qu’on en fait, c’est essayer de remettre en route des mouvements grippés par l’habitude,
et qui nous empêchent de voir la poésie, de faire des choses qui la nourrisse.

Gorille dans la brume

De nuit

Modo-Felfgendarme Nombre de messages : 25096 Date d'inscription : 30/07/2008

Un gars inspiré... Cool

Chat

Le fou de bassan, fascination de l’enfance.
L’envergure, ces ailes immenses et me prenais l’idée de voyager dessus, au chaud, loin et avec le sourire.
Et puis l’envergure aussi d’un messager, alors vite une petite branche de laurier dans ce bec blanc au tracé noir.

Modo-Felfgendarme Nombre de messages : 25096 Date d'inscription : 30/07/2008

Sûr que les bords de mer se prêtent bien à ce genre de dessin.
Toujours mieux en tout cas que les tags ou autres graffitis... Cool

Baleine des prés, quand les abysses tutoient le ciel

Le crabe

Modo-Felfgendarme Nombre de messages : 25096 Date d'inscription : 30/07/2008

Bien fait.
Les blockhaus aussi, tous ces modèles ayant chacun une fonction bien particulière, avec un rationalisme tout germanique...

Diego le robot

Modo-Felfgendarme Nombre de messages : 25096 Date d'inscription : 30/07/2008

Pas mal l'idée ! ... Cool

C’est l’histoire d’un blockhaus. Un blockhaus sans défense.

Ce blockhaus bien patiné, énorme, vacillant, immobile et comme en attente, ça m’a tout de suite évoqué un éléphant passif, révolté, mutilé et souffrant.
J’ai essayé de mettre dans le seul œil qu’il possède, quelque chose d’une révolte et d’une interrogation. Pourquoi ?
Pour un humain, il y a d’autres moyens pour chercher l’attention, l’amour, le pognon ou l’adrénaline que de faire des choses pareilles.
J’ai jamais voulu que ces gens se sentent à l’aise de faire ça, je veux aujourd’hui et à traver ma pratique, à la fois rendre hommage à la pierre de béton
qui a su m’inspirer, mais aussi faire en sorte que les gens qui pratiquent ce type de barbarie ne soient jamais à l’aise.
On ne peut pas faire comme si tout ça c’était juste normal.

Ce graffe, c‘est une goutte d’eau, une goutte de spray dans l’océan de ce qu’il reste à faire mais ça m’est égal, on sait comment se forme les ruisseaux,
par l’empilement de tout ça, de toutes ces petites volontés de ci de là. La loi du plus fort, c’est les cavernes. Il serait temps que l’homme ait un rapport sain et juste avec l’animal.
Une paix. Leur laisser la paix.
Ce blockhaus fait pour apporter la mort, a été détourné comme porteur d’un petit message de vie. Ca m’importe, et ça me suffit.’’

näutil