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 Cluny, 14-17 février 1944

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naga
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MessageSujet: Cluny, 14-17 février 1944   Cluny, 14-17 février 1944 Icon_minitimeJeu 20 Juin - 2:29

Cluny (Saone et Loire)

Depuis la fusion des mouvements de résistance (M.U.R- Mouvements unis de la Résistance) et l’arrivée à Cluny du capitaine Browne-Bartroli
(« Toto » pour les Clunisois, Tiburce étant son indicatif d’agent de réseau), la résistance clunisoise monte en puissance.
Mais, après l’assassinat du milicien clunisois Giraud à Genouilly le 12 octobre 1943,une garnison s’installe le mois suivant dans les locaux de l’école de garçons et au Prado.

D’après Raymonde Fouillit, les Clunisois cohabitent avec des Allemands « pas désagréables » car « c’était l’armée, ce n’était pas comme la Gestapo. »
L’adjudant allemand, ex-instituteur, beaucoup de Clunisois le connaissaient ; grâce à lui, Émile Magnien -instituteur également- ne sera pas inquiété le 14 février.
Gérard Beaufort témoignera aussi de la présence d’un officier allemand qui avait été « client de l’hôtel restaurant. »
C’est sur son intervention que la grand-mère Beaufort et ses petits-enfants ne sont emmenés avec le reste de la famille.
Cet officier est-il « l’instituteur », bien connu de certains témoins ?

Alfred Lang, juif allemand réfugié à Cluny avec sa famille, décrira ainsi les relations entre Clunisois et Allemands en 1948 :
« Les soldats avaient les poches pleines de billets. Ils étaient en France depuis longtemps et avaient pris l’habitude du vin.
Tant qu’ils pouvaient se saouler le nez, trouver des filles compatissantes et faire du marché noir, ils étaient tranquilles et aimables.
Ils connaissaient des trucs pour acheter des cigarettes et obtenir des vivres rationnés. Ils chuchotaient aux boutiquières :
« Moi pas boche, moi Autrichien ! »

Tondue par René Cotte en novembre 1943, une jeune Clunisoise sera punie pour avoir pratiqué cette « collaboration horizontale. »

Après l’assassinat du milicien Giraud, la situation se corse avec l’occupant : Fermeture des cafés à 17 heures, couvre-feu à 20 heures, patrouilles de nuit doublées
avec ordre de tirer sans sommation, interdiction pour les soldats d’aller au café, rassemblements supérieurs à quatre personnes interdits.
La garnison (soldats des Sicherungs-Bataillon 194 et 200) cantonnée à Cluny part début février 1944 pour participer à l’opération « Korporal » contre les maquis de l’Ain
jusqu’au 13 février.
Personne ne se méfie donc de la troupe (composée de trente à cinquante soldats, comme dans tout village de mille habitants et plus) qui reprend ensuite ses quartiers à Cluny.
Son état-major est installé à l’hôtel Chanuet, près de la gare.

Cluny, 14-17 février 1944 Z189

Les 17 et 18 janvier 1944, les Allemands sont à Mont-Cortevaix. Ils appréhendent T. Chevillon, F. Dargaud et brûlent deux maisons.
Les arrestations se poursuivent le 23 janvier 1944 à Blanot, Cormatin et Cruzille, à la suite des dénonciations de l’espion Fernand Garcia qui a infiltré le maquis de Beaubery
le 12 novembre 1943 ; côtoyant les résistants, celui-ci participe rapidement à certaines opérations, dont celle du café Cimatti à Prayes le 29 novembre.
Par conséquent, il connaît les noms des Clunisois qui étaient présents, Jean Renaud et une équipe, chargée de transporter et d’enterrer les corps des soldats allemands abattus
par le groupe de Jean Ballet.
Après l’assassinat du milicien Giraud et l’affaire de Prayes, les miliciens et les Allemands sont sur les dents, d’autant que les « attentats terroristes » ne s’arrêtent pas :
le 5 février, la résistance fait exploser un transformateur à l’usine Pardon (Cluny) et le 10, elle tente d’y mettre le feu.
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MessageSujet: Re: Cluny, 14-17 février 1944   Cluny, 14-17 février 1944 Icon_minitimeJeu 20 Juin - 2:43

À Cluny, il semble que des résistants aient été prévenus de l’imminence d’une opération.
Selon le docteur Pleindoux : « On savait depuis longtemps qu’une rafle devait avoir lieu ; des listes de noms de patriotes établies par la Gestapo circulaient à Cluny
sous le manteau, mais on espérait toujours qu’elle n’aurait pas lieu.
Ce jour-là, tous les espoirs s’évanouirent ; la rafle avait eu lieu. » Pourtant, le 14 février au matin, aucun résistant n’a quitté la ville.

Deux témoignages publiés dans « Le Pire c’est que c’était vrai », révèlent que Jean Renaud serait entré en clandestinité depuis plusieurs mois.
L’information est erronée : J. Renaud travaille bel et bien jusqu’au 14 février dans son entreprise de pompes funèbres et signe régulièrement les registres de décès de la mairie.
De même, Tiburce est présent à Cluny et se réfugie ensuite chez Fléchard à Saint-Bonnet-de-Joux après « ce mois de février agité. »
Seuls G. Malère et le préfet Golliard ont peut-être été un peu plus méfiants : la veille de la « rafle », le directeur de l’usine à gaz déménage
des armes dans les souterrains de l’abbaye car, selon Colette Fèvre, il a « été informé de la probable perquisition. »
Quant à l’ex-préfet Golliard, il brûle beaucoup de papiers dans les jours qui précèdent le 14 février.

Pour beaucoup, la vie continue donc son cours, comme si de rien n’était.
Le 13 février au soir, l’hôtel Beaufort a servi le banquet des élèves des Arts-et-Métiers. De même, c’est la fête des conscrits de la classe en 4 qui organisent dans les Cras
un bal clandestin. Le temps est à la neige et une bise glaciale souffle sur la cité abbatiale lorsque les derniers fêtards s’éclipsent vers les cinq heures du matin.
Ils découvrent que les troupes allemandes ont investi la ville : personne n’a le droit de circuler, chacun doit rester chez soi, la Poste est occupée,
la gendarmerie réquisitionnée et les carrefours surveillés…


L abbaye

Cluny, 14-17 février 1944 Zzzzz40


Il règne sur Cluny un silence total, lourd, oppressant» et les opérations de la SIPO-SD de Lyon commencent.
Liste en main, l’équipe est guidée -entre autres- par le Feldwebel qui avait occupé précédemment l’école du Parc Abbatial et qui connaît donc bien la ville.
Comme le souligne Jean Martinerie, « Il faut cependant s’interroger -et tout particulièrement pour Cluny- sur le rôle qu’ont pu jouer ces garnisons immergées dans la population » puisque « Force est de constater que c’est la même troupe, renforcée, qui investit la ville lors de la rafle des 14 et 15 février 1944[. »

En effet, la troupe sillonne la ville et se rend à toutes les adresses des résistants locaux travaillant pour le réseau de Tiburce.
Si l’on se réfère aux témoignages livrés dans l’ouvrage « Le pire c’est que c’était vrai », peu de maisons sont perquisitionnées, hormis l’hôtel Beaufort où sont trouvés
dans le grenier deux uniformes d’aviateurs anglais, l’usine à gaz et plus modérément les maisons Cugnet, Lardy et Burdin.
Fort heureusement, la villa de la Zim -par exemple- où est entreposé notamment l’argent qu’elle envoie à sa sœur pour le réseau Franc-Tireur
ou pour garder chemin de Lopi à Avignon des enfants juifs, n’est pas visitée le 15 février et il en est de même pour l’appartement -par exemple- de Jean Renaud le 14.
Les Allemands déplacent donc 300 soldats pour une vaste opération de représailles et de dissuasion.

Lorsque les hommes ne sont pas là parce qu’ils ont réussi à s’enfuir, les soldats intiment l’ordre aux épouses de les suivre.
À la va-vite, elles attrapent un manteau et laissent derrière elles leurs enfants. C’est le cas par exemple d’Henriette Renaud qui part en laissant Jean, Suzanne
et Marthe, âgés de vingt-deux mois, huit et douze ans. Direction la « Kommandantur », à l’hôtel Chanuet.
Dans d’autres familles, les Allemands opèrent d’une toute autre manière.
En intimidant avec force les femmes, ils leur proposent un marché : si leurs maris se rendent, elles ne partiront pas.
Alertés par leurs enfants ou des voisins, certains résistants reviennent pour se livrer ; c’est le cas de Claudius Moreau et d’Antoine Martin.
Notons cependant que, dans cette opération, les résistants du groupe FTP (groupe Doridon)[ne semblent pas être particulièrement visés,
contrairement aux membres du réseau Tiburce.

Sur les 200 personnes arrêtées entre les 14 et 17 février 1944, 125 vont être relâchées mais nous possédons peu de témoignages à ce sujet.
Fallait-il, pour être libéré, ne pas être inscrit sur la fameuse liste, comme semble l’affirmer René Bourgeois au sujet de Duthy?  
Pas forcément puisque la SIPO-SD embarque également des personnes qui ne sont que de passage à Cluny :
le couple Col, Clarisse Morlevat, Georges Poivey, Giovanni Lepri, Georges Favre, René Cotte et l’abbé Deswartes.
Le même sort est réservé aux personnes qui se trouvaient par hasard chez Beaufort, comme Robert Chanut, venu se réchauffer un moment à l’hôtel,
ou encore Louis Gambut, arrêté sans motif particulier à la gare.

Seule certitude (l’information est donnée par les renseignements généraux) concernant cette liste qui a fait couler beaucoup d’encre
et dont nous reparlerons dans un prochain article, elle comportait quatre noms de personnes qui échappent à l’arrestation :
Delouche (professeur à La Prat’s), Leiwands et Rotbart (tailleurs juifs) et Giroux (employé aux Arts-et-Métiers).

En fin d’après-midi, cinquante-huit personnes partent pour Lyon.
Que se passe-t-il ensuite à l’École de la Santé à Lyon ? Les femmes y restent deux jours, avant d’être transférées à Montluc pour une huitaine.
Elles ne sont pas interrogées. Quant aux hommes arrêtés le 14, « nous n’avons eu que des contrôles d’identité sans brutalités », se souvient Louis Gambut.
La Gestapo sait-elle donc déjà tout de la résistance clunisoise ?
Seul le fils Angebaud , présent lors de l’arrestation chez Sallet de René Cotte et de Georges Favre est libéré une semaine après.

À Cluny, une affiche est apposée dans la ville par les troupes du SIPO-SD. Le message est clair :
« La police allemande sait qu’un certain nombre d’habitants comprenant quelques personnalités de Cluny ont travaillé pour les terroristes
et aidé l’organisation de la résistance. Quelques habitants viennent d’être emprisonnés et seront passibles d’une punition.
La population de Cluny est avertie que pour la moindre chose tentée contre les troupes d’occupation, des mesures sévères seront prises.
Toutes les personnes convaincues de travailler ou d’aider la résistance (sic) seront mises à mort et leurs biens détruits. »


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MessageSujet: Re: Cluny, 14-17 février 1944   Cluny, 14-17 février 1944 Icon_minitimeVen 21 Juin - 0:20

Une deuxième vague d’arrestations se produit les 15 et 17 février, preuve que certaines langues se sont déliées depuis la veille.
Le 15 février en fin d’après-midi, l’opération de la SIPO-SD vise surtout l’École des Arts-et-Métiers où quarante Allemands recherchent un certain Albert Giroux
qui vient parfois effectuer des travaux dans l’établissement. Tandis que tous les élèves et le personnel sont rassemblés dans la cour avec la menace d’être fusillés
si Giroux reste introuvable, les Allemands perquisitionnent jusqu’à 20H30.
N’ayant aucun lien affirmé avec la résistance, Jean-Pierre Mussetta et P. Morlevat (professeurs), Antoine Guillotin (agent technique) et le directeur Gabriel Lagardelle sont emmenés
en représailles. Cherchant également Marie-Louise Zimberlin qui travaille ce jour-là à la Prat’s, ils partent l’arrêter en plein cours, en cette fin d’après-midi.
Dénoncée à la dernière minute, la résistante membre du mouvement Franc-Tireur, revêt son manteau, prend ses papiers et se tourne vers ses élèves :
« Au revoir mes petits enfants, je vous aime bien. »  

Seul Gabriel Lagardelle -parti à Lyon- sera libéré le 16 février au soir. Les autorités allemandes (le capitaine et le commandant) placardent une affiche dans toute la ville :
celui-ci a été innocenté et ses dénonciateurs ont été arrêtés. Il est clair qu’aucune représailles ne doit viser le directeur des Arts.
Le 17 février, huit soldats reviennent pour chercher treize officiers mécaniciens qui suivent à l’École des cours depuis avril 1943.
L’intendant et Antoine Michel (sous-directeur) les accompagnent jusqu’à l’hôtel Chanuet. On recherche plus spécialement ce jour-là, Francis Gelin « Cassis »,
aide-cuisinier aux Arts. Arrêté, il part en déportation avec A. Michel tandis que l’intendant et les élèves ne sont pas inquiétés.
L’arrestation du sous-directeur pose question : membre de la Légion, que peut-on en effet lui reprocher ?
A-t-il été victime, comme la Zim, d’une dénonciation de dernière minute ?
En fin d’après-midi, les Allemands en ont fini : l’opération s’est terminée par l’incendie des meubles des cafés Lardy, Nigay, Fouillit et Moreau.
Des brasiers brûlent place de l’hôpital, au champ de foire, place des Fossés, au pont de l’étang, se souvient Pierre Griot.
Et ce sont encore quinze personnes qui partent pour Lyon -puis pour certains Compiègne ou Romainville- avant la déportation.

Au total, sur les soixante-treize personnes déportées entre les 14 et 17 février 1944, trente-six trouveront la mort dans les camps ou à leur retour en France,
comme M-L. Zimberlin. Sans que l’on sache pourquoi, le docteur Élysée Noir, arrêté le 14 février, restera interné à Compiègne avant d’être libéré.
Comment peut se réveiller une ville après une telle tragédie ?
Alfred Lang, témoin, écrit :
« Les gens étaient atterrés et n’osaient pas ouvrir la bouche. Les cafés restaient fermés. Il y avait des sentinelles à chaque coin de rue. (..)
Beaucoup de boutiques étaient fermées, leurs propriétaires ayant été arrêtés. Un tiers du personnel manquait à la poste, la moitié à la gare, presque la totalité à la mairie.
Un silence de cimetière régnait partout. »


Les comptes se régleront à la fin de la guerre.



source
cluny-histoiresdhistoire.com



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MessageSujet: Re: Cluny, 14-17 février 1944   Cluny, 14-17 février 1944 Icon_minitimeVen 21 Juin - 2:21

Monument des deportes a Cluny

Cluny, 14-17 février 1944 Zzzzz480


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vania
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MessageSujet: Re: Cluny, 14-17 février 1944   Cluny, 14-17 février 1944 Icon_minitimeVen 21 Juin - 9:36

Ambiance sous l'occupation ... Shocked scratch
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MessageSujet: Re: Cluny, 14-17 février 1944   Cluny, 14-17 février 1944 Icon_minitimeVen 21 Juin - 11:43

"Les comptes se régleront à la fin de la guerre." disaient ils.........pas tout a fait...

Le 14 février, lorsque la SIPO-SD arrive à Cluny, elle a bien entre les mains une liste mais peut-être n’a-t-elle pas eu besoin de recourir forcément à un délateur pour l’établir.
Et si délateur il y a eu, il n’était pas tout seul à oeuvrer.
En ville, selon Marius Roux (professeur à La Prat’s), trois personnes ainsi arrêtées le 14 février n’avaient rien à voir avec la résistance et étaient plutôt connus comme
des collaborateurs…
Règlements de compte entre voisins ? Dénonciations pour gagner quelque argent ?
Quant à certaines arrestations, celles opérées chez Sallet ou à l’hôtel Beaufort, elles posent aussi question : pourquoi le couple Sallet n’a t-il pas été inquiété
alors qu’il abritait deux résistants ? Pourquoi certains déportés pointeront-ils du doigt le fils Angebaud ? Pourquoi les arrestations se sont-elles poursuivies les 15 et 17 février ?
Qui a dénoncé ses concitoyens après le 14 ?
En bref, si Mattéo a fourni une liste, force est de constater qu’il n’était pas le seul à qui il fallait demander des comptes…

Les vrais dénonciateurs, ceux pour lesquels des Comités de Libération demanderont des explications à l’automne 1944, ne seront pas inquiétés.
En 1945, Zac Hirsbein sera reconduit -manu militari- à la gare par les gendarmes de Cluny. Il vient, à son retour d’Auschwitz, parler de son arrestation à Cluny
et de celle de Jacques Oferman. Me X, leur dénonciatrice, ne sera même pas interrogée.

Quant au Comité de libération d’Issy-les-Moulineaux, sa demande concernant la dénonciation du résistant Georges Schibler le 28 juillet 1943 par M. P et Mme X,
le comité de Cluny n’en fait pas cas. Schibler décédera dans un Kommando du KL-Buchenwald le 22 mars 1945 et Jacques Oferman à Bergen-Belsen le 21 avril 1945.

Trois Juifs déportés, aucune poursuite contre leurs dénonciateurs qui sont pourtant connus. La question n’intéresse pas le Comité de libération de la ville. scratch scratch
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MessageSujet: Re: Cluny, 14-17 février 1944   Cluny, 14-17 février 1944 Icon_minitimeDim 23 Juin - 11:39

L’espion Fernand Garcia dit « Canton ».

Né le 13 juin 1918 à Levallois-Perret, il entre au service du S.R.A (service de renseignements allemand) de Dijon au début de juillet 1943.
Son rôle ? Dépister les groupes de résistance. Il prend contact avec les maquis de Bussières et de Clermain, se faisant passer pour un soldat de la Légion espagnole.
En octobre 1943, il fournit ses premiers rapports et entre en relation un mois plus tard avec Greyffié de Bellecombe (« Beaurivage »), chef de l’Armée Secrète départementale.
Qui a pu recommander Garcia à Bellecombe restera toujours une énigme. Grâce à une lettre d’introduction à remettre à l’adjudant-chef Meyer (« Robin »),
Garcia, alias « Canton » réussit ainsi à s’infiltrer dans le maquis le plus important alors de Saône-et-Loire, celui de Beaubery.

Le 20 novembre il transmet au S.R.A : « Notre chef s’appelle Donglard(capitaine) qui habite Cormatin (…) Mais le grand chef est le Commandant De Bellecombe
que je vous ai signalé dans mon dernier rapport. [Ils] circulent dans une auto immatriculée 5113-QD5. C’est une Renault « Vivaquatre noire. »
Suit la description physique très précise de chaque résistant. Donglard a « peu de cheveux- peignés plat- teint rosé- après chaque phrase ajoute « quoi » ? »

Le 14, à la suite de l’attaque du maquis par la Wehrmacht, Danglard déplace ses hommes sur la commune de Blanot, avec le concours de Jean Jusseau.
« Canton » s’empresse, l’installation du maquis terminée, de fournir tous les renseignements utiles en vue d’une opération :
armement du groupe, postes de garde, nombre de maquisards à Fougnières, Nouville et Blanot.

Le 29 novembre 1943, les Allemands se rendent à Prayes pour arrêter M. Cimatti, le propriétaire du café qui héberge deux italiens évadés lors d’un déraillement de train.
Une équipe de cinq hommes auxquels se joignent « Canton », Jean Ballet, Pierre Pernot, Eusebio Blasco et Roland Picq sont désignés pour l’intervention.
Jean Jusseau de Blanot conduit la camionnette et Joseph Commerçon fournit trois mitraillettes.
Au final, note « Canton », trois soldats allemands ont été tués, le quatrième ayant réussi à s’enfuir.

Dans son compte-rendu du 3 janvier 1944 au S.R.A, « Canton » donne les noms des résistants -entre autres– de Blanot, et de Cormatin avec le rôle tenu par chacun :

Le cafetier Jean Jusseau : dépôt d’armes dans son garage- a participé à l’attentat de Prayes- Place des terroristes dans la commune.
Les trois frères Commerçon, Joanny, Joseph et Pierre : dépôt d’armes, participation à l’attentat de Prayes.
Le maire Jean Sangoy : dépôt d’armes dans son cellier et bâtisse attenante. Fournit des armes pour l’attentat de Prayes.
Pagenel Alias Capitaine Donglard : chef départemental des « Forces françaises combattantes. » Ordonne les différentes opérations à effectuer par les maquis.
Pernot : transport d’armes, conduisait la voiture le 29 novembre.

À la suite de l’affaire de Prayes, le groupe de Canton stationné à Blanot part dans des fermes de l’Ain. Le maquis est alors sous les ordres de C. Rochat -alias Guillaume-
et c’est à la fin décembre que ce dernier est alerté du double-jeu de Garcia. Il donne l’ordre de le surveiller, de l’abattre s’il veut s’enfuir.
Déjouant la surveillance, Garcia prend cependant le large le 14 janvier à Mâcon.
En peu de temps, il aura fiché près de quarante résistants.
Par conséquent, la Wehrmacht et la Gestapo procèdent à plusieurs dizaines d’arrestations, décapitant ainsi la Résistance dans le Sud de la Saône-et-Loire.
Seuls Vincent Bertheaud (« Tarzan »), De La Ferté (« Férent »), Claude Rochat (« Guillaume »), Boulay et Mangin, écrit C. Rochat, échappent au coup de filet.

L’agent double Lucien Doussot[, employé avenue Berthelot à la section IVE par Klaus Barbie, se vantera d’avoir alerté les résistants de l’imminence d’une opération
de la SIPO-SD à Cluny. On peut se demander pourquoi « Dédé la Gestapo » -surnom qu’on lui attribuera au maquis de Crue qu’il rejoint en juin 1944- n’a livré en janvier 1944
aucun avertissement… Pouvait-il ignorer cet important déplacement de la Wehrmacht et de la Gestapo dans le Mâconnais et le Clunysois à la mi-janvier ?

Tout commence à Mont-Cortevaix :
les 17 et 18 janvier 1944, les Allemands embarquent Chevillon et Dargaud et brûlent trois maisons. Les deux résistants seront déportés à Mauthausen où ils décèdent.
Puis, le dimanche 23 janvier, après avoir arrêté Jean Greyfié de Bellecombe à Charnay-les-Mâcon, l’épouse de Vincent Bertheaud « Alias « Tarzan »,
fondateur du maquis de Cruzille) à Burgy, la Gestapo part pour Cormatin. Là, ils trouvent Maurice Pagenel que Claude Rochat a pourtant alerté :
« Je prévins également la plupart des personnes qui avaient été en contact avec Garcia et dont il n’avait pas pu ignorer l’activité résistante, en particulier Danglars. »

Pagenel est arrêté en compagnie de ses adjoints Roger Salins « Ricou » et Louis Delorieux. Puis c’est le tour d’Edgar Ponthus, maire de Cruzille vers midi.
Celui-ci a le temps de donner à son épouse les clefs de la mairie en lui disant : « désormais, je n’en aurai plus besoin[. »
Puis ils montent à Blanot où les trois frères Commerçon (Joanny, Joseph, Pierre) ainsi que Jean Sangoy et Jean Jusseau sont emmenés.

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MessageSujet: Re: Cluny, 14-17 février 1944   Cluny, 14-17 février 1944 Icon_minitimeDim 23 Juin - 11:50

Le 25 janvier, c’est au tour de François Débarbouillé, maire du Villars, d’être envoyé à Montluc.
Relâché, il décèdera dans sa commune le 16 mars 1944, des suites des mauvais traitements subis pendant sa détention.

En redescendant de Blanot, les Allemands se trompent de route et Germaine Moreau aperçoit, place du champ de foire à Cluny, le camion où sont entassés les hommes.
Comme elle le dira dans son témoignage au sujet de ce qui attend les Clunisois le 14 février : « Il aurait fallu se méfier. (…) Les arrestations de Blanot confirmaient le danger. »
Après une courte halte à Mâcon, ils arrivent au siège de la Gestapo, avenue Berthelot. Pagenel n’en sortira pas vivant : il meurt sous la torture dans la nuit du 28 au 29 janvier.
Le corps de Jean Greyfié de Bellecombe est retrouvé dans la Saône ligoté dans un sac le 23 février 1944.
Sur le devenir de Roger Salins « Ricou », arrêté en même temps que Pagenel, nous n’avons aucun renseignement :
S’agit-il de Louis Salin, dont le nom figure sur le monument aux morts de Cormatin, tué le 13 juin à Villeneuve dans l’Ain ?
Dans ce cas, il aurait échappé à l’opération du 23 janvier.
S’agit-il de Victor Henri Salin, né le 26 août 1894 à Gergy (71) déporté le 4 juin 1944 de Compiègne ou de Roger Victor Salin né le 9 octobre 1913 à St Ouen,
déporté sans mention du lieu de déportation ?

Louis Delorieux, Joseph et Joanny Commerçon -transférés à Montluc- sont sortis de la prison le 12 juin 1944 avec vingt autres prisonniers.
Ils sont abattus sur la route de Civrieux, commune de Neuville-sur-Saône. Un seul prisonnier -Roger Bossé- parvient à réchapper de ce massacre en ayant reçu cinq balles.

Pierre Commerçon, J. Sangoy et J. Jusseau, transférés à Compiègne, partent le 2 juillet, dans un transport où sont rassemblés 2152 hommes, direction Dachau.
Les trois hommes décéderont dans « le train de la mort », comme plus de 500 de leurs camarades, entre le 2 et le 5 juillet 1944.

Quant à Edgar Ponthus, il est envoyé de Compiègne le 27 avril 1944 pour Auschwitz dans le « train des tatoués. » Il sera ensuite transféré au KL Buchenwald
puis au KL Flossenbürg où il travaillera au camp annexe de Janowitz. C’est là qu’il décède du typhus le 21 avril 1945, information recueillie sur le blog de son petit-fils.

Voilà pourquoi il fallait se souvenir le 23 janvier 1944 de ceux qui ont lutté pour retrouver la liberté.


Garcia sera arrêté à la fin de l’année 1945. Traduit devant la Cour de Justice de Dijon, il est condamné à mort et exécuté le 28 octobre 1946.


source
cluny-histoiresdhistoire.com

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MessageSujet: Re: Cluny, 14-17 février 1944   Cluny, 14-17 février 1944 Icon_minitimeJeu 4 Juil - 1:50

Lucien Doussot dit Lucien la gestapo

Lucien Doussot est né le 2 octobre 1913 à Combertault (Côte-d’Or) de père inconnu et il n’est reconnu par sa mère que le 28 du même mois.
Celle-ci se marie avec un certain François Doussot en 1919. De l’enfance de Doussot, nous ne savons rien.
Il a épousé en 1935 Jeanne Perrin à Fresne en Haute-Saône dont il aura deux enfants. Il la quittera pour vivre à Lyon avec Renée Combe qui travaille dans un salon de coiffure.
Très rapidement car ce n’est pas notre propos ici, Doussot, avant la guerre, est condamné à plusieurs reprises et emprisonné pour vols et proxénétisme.
Puis, jusqu’en 1942, on le retrouve tenancier de café sur la ligne de démarcation, à Saint-Jean-des-Vignes.
Passeur, il s’enrichit grassement sur le dos de celles et ceux qui veulent passer en zone libre et il est connu pour être aussi un gros joueur de poker.
En bref, tout est bon pour gagner de l’argent. Le beau-frère de Renée Combe -M. Michel- se souvient même qu’il faisait même du marché noir de tabac
en faisant traverser la ligne à son chien « Dick ».

Novembre 42 : plus de ligne, donc plus de revenus. C’est la raison pour laquelle, dit-il, il rejoint Lyon et vit en concubinage avec sa maîtresse Renée, grande amie des Bazot.
Mais, cela à de quoi laisser pantois le Tribunal en 1949, il a mis de côté un peu plus d’un million de bénéfices.
Sans travail, Doussot trouve la possibilité, selon ses dires, de rentrer au service de la Gestapo vers l’été 1943, dans le service de la section IVE plus exactement.
Toujours selon lui, il entre en contact avec la résistance et propose de renseigner notamment le réseau Dupleix et Laurent Bazot.
Ce dernier sera pour lui un soutien indéfectible au moment de son procès.

Lucien Doussot

Cluny, 14-17 février 1944 Zzzz58


Car Doussot est en effet recherché après la guerre et emprisonné.
Après s’être évadé, il sera finalement jugé en 1949 et condamné à mort. Puis cette condamnation sera transformée en peine de travaux forcés.
Que lui reprochait-on en 1949 ?
La bagatelle de quelques 300 arrestations et déportations, dont celles de Saint-Claude.
D’avoir trempé dans les arrestations de Jean Moulin, du commandant Faye et du général Delestraint.
Lors de son procès, Doussot se défendra ainsi : « J’étais un agent double. Il me fallait donner des gages. » Nous en reparlerons.
Témoignage accablant, celui de Klaus Barbie, qui, interrogé en 1948 à son sujet, dira qu’il considérait Doussot comme étant un de ses meilleurs agents français. C’est peu dire.


Proces 1948/1949

Doussot a toujours nié être entré à la Gestapo avant juillet 1943. Il ment.
Mais reconnaître qu’il travaillait auparavant avec Pierre Moog, c’était prendre le risque d’être interrogé sur son implication dans trois affaires importantes :
celle de l’arrestation de Berty Albrecht à Mâcon, du général Delestraint à Paris et celle de Jean Moulin à Caluire.
Edmée Delettraz, que rencontreront Mireille Albrecht et Jacques Gelin, auteur de « L’affaire Jean Moulin. Trahison ou complot » sera formelle :
« Doussot était aux côtés de Multon durant toute cette période. »

Malgré la ténacité du juge Serager à mener l’enquête, au procès, on en restera là. Klaus Barbie témoignera cependant que pour l’affaire de Caluire, Doussot a bien participé
aux filatures qui conduisent aux arrestations chez le docteur Dugoujon :
« Questionné lors de son troisième interrogatoire le 16 juillet 1948 sur les circonstances exactes de son arrivée chez Dugoujon, (…) : « Moog Pierre (K30), [René] Saumande [K4]
et [Lucien] Doussot ont participé aux opérations de filature, mais pas à l’arrestation.
Pour cela, j’avais seulement réservé mes hommes en uniformes. » En agissant ainsi, Barbie garde pour lui les honneurs d’avoir arrêté Moulin et il évince surtout de l’arrestation Moog
qui lui a joué un mauvais tour en ne lui livrant pas Berty Albrecht.
Maintenant, que penser du témoignage de Germaine Fournier, épouse Damas, qui recueille René Hardy après son évasion de l’hôpital de la Croix-Rousse ?
Selon elle, Hardy vient se réfugier dans son appartement. La Gestapo, sous les ordres de Schmitt, est à ses trousses.  
« Celui que je crois être Doussot m’a dit être celui qui avait blessé Hardy d’un coup de revolver lors de l’évasion d’Hardy de la maison de Caluire.
Il a ajouté qu’il regrettait ne pas l’avoir tué. » Alors ? Doussot présent ou non devant la maison Dugoujon ?

Quoi qu’il en soit, en mai 1943, Doussot était donc bien installé à la Gestapo, arrivant, non pas de Saint-Jean-des-Vignes où Moog l’a recruté, mais du Jura
où il avait déjà travaillé pour Barbie.
En juillet 1943, Bazot et Guillermin pouvaient-ils ignorer son passé déjà bien chargé lorsqu’ils l’autorisent à « travailler pour la résistance » ?
On en doute. Pendant le procès, Bazot lâche Doussot et se défendra finalement de l’avoir compté parmi ses amis. Il arguera qu’il n’était pas au courant de « toutes les saloperies »
que Lucien pouvait faire à Lyon ou ailleurs. On ne va pas chercher plus loin, croyant sur parole l’ex-commandant du 4e Bataillon de choc.

366 arrestations dont 313 déportations, 20 exécutions entre juillet 1943 et juillet 1944.
Voilà le bilan connu du gestapiste Doussot et c’est sans compter la fortune qu’il a pu accumuler en volant et sur la ligne de démarcation, pendant son séjour avenue Berthelot
et au maquis de Crue…


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MessageSujet: Re: Cluny, 14-17 février 1944   Cluny, 14-17 février 1944 Icon_minitimeJeu 4 Juil - 2:03

Avant d’en venir au récit des affaires où il a pu aider la résistance, signalons, sans entrer dans le détail, encore quelques opérations importantes auxquelles il a participé :

-arrestation du commandant Léon Faye, du réseau Alliance, 16 septembre 1943 à Aulnay-sous-Bois.
Léon Faye, un des fondateurs et chef militaire depuis mai 1942 du réseau Alliance, revient de Londres avec Ferdinand Rodriguez, d’origine britannique qui rapporte des documents
et sept millions de francs, empochés au final par les Allemands. Le réseau a été infiltré par Jean-Paul Lien et se trouvent donc sur place et bien renseignés :
Pierre Moog et Doussot ainsi qu’une partie du SD de Dijon.
Le réseau Alliance est démantelé et de nombreux membres déportés. Léon Faye sera massacré dans la prison de Sonnenbourg devant l’avance des troupes russes.
Rodriguez aura la chance d’être échangé contre un prisonnier allemand et reviendra.  

Interrogé le 4 janvier 1945, Doussot certifiera à l’inspecteur de police Henri Arnaud que, revenu à Lyon, il signale le traître Jean-Paul Lien à Bazot.
Bazot, quant à lui, témoigne le 1er février 1949 qu’il s’est rendu à Paris avec Doussot mais que, faute de renseignements concernant le résistant qui serait arrêté,
il ne peut prévenir personne…. En bref, Doussot et Bazot s’emmêlent les pinceaux sur la bonne version à livrer conjointement à la justice
et il est fort probable que Bazot ne soit jamais allé à Paris…
J-P. Lien deviendra, comme Doussot, capitaine F.F.I. et intégrera la 1ere armée française du général De Lattre de Tassigny.
Comme quoi ! Reconnu par Ferdinand Rodriguez, il sera arrêté, jugé, condamné à mort. Il aura moins de chance que Doussot puisqu’il sera fusillé le 30 octobre 1946
à Sennecey-lès-Dijon.

–arrestation le 27 novembre 1943 de la famille Samuel (parents de Raymond Aubrac), de Marcelle Moerel et de Renée Moerel (tante et cousine de Raymond Aubrac),
suite à l’évasion de R. Aubrac organisée par son épouse Lucie.
Quelques heures auparavant, la milice arrête également Paul David, place de la Comédie à Lyon et recherche Maurice David (1912-1970).
Paul et Maurice sont les cousins de Raymond Aubrac. Maurice réussira à passer entre les mailles du filet et récupérera Jean-Pierre, le fils du couple Aubrac,
caché dans une institution. L’enfant partira avec ses parents pour Londres le 8 février 1944. Maurice sera également présent avec Lucie Aubrac boulevard des Hirondelles
lors de l’opération qui vise à libérer son cousin, Raymond Aubrac.
Après avoir arrêté Paul, la Gestapo (avec Doussot) se rend au 9 rue Garibaldi. Là, ils trouvent les parents de R. Aubrac, sa tante et sa cousine.
Renée Moerel et sa mère réussiront à sortir de Drancy grâce à de faux papiers. Albert Samuel et son épouse Hélène seront déportés le 20 janvier 1944 et gazés à Auschwitz.
Paul David décède également à Auschwitz.

-Confrérie Notre-Dame, CND Castille, 16 décembre 1943, Croix-Rousse.
Arrestation de Maurice Hortebise, groupe L.R.P. et de plusieurs de ses agents.

-réseau Brutus : Démantèlement du réseau en décembre 1943.
Seize membres du réseau sont arrêtés, entre autres : Claude Decrant, Joseph Collonge, Jean Blondeau, Maurice Souillot, Pierre et Suzanne Petit, le docteur Jean Fousseret
puis Jean Hausseguy (Ithier).

-café Duval, Villeurbanne, 20 décembre 1943 :
Exécution sur place de Jean Martinotti et de René Vinciguerra

– café Escoffier à Lyon, 178 rue Garibaldi, 25 janvier 1944 :
Vingt-cinq arrestations dont des agents de l’I.S, de l’A.S et des F.T.P. « Il y avait cinq chefs.
À l’exception d’un qui s’est évadé, tous les résistants arrêtés ont été déportés. »

-arrestation des membres de la S.F.I.O clandestine au café Maitre 31 rue Villeroy, 10 mai 1944 :
Trente arrestations, huit morts en déportation sur quinze arrestations maintenues, selon Fleury-Cinquin (chauffeur à la Gestapo).
« C’est Doussot qui mena cette affaire au cours de laquelle 80 millions ont été pris au parti socialiste. »
D’après Fleury Cinquin, Doussot commandait l’opération avec Guesdon. On dénombre, parmi les personnes arrêtées et déportées rue Villeroy, le mâconnais Frédéric Dutrion,
décédé dans le train de la mort le 2 juillet 1944.
Le pire, c’est que Vincent Auriol, futur président de la République, fréquentait aussi -selon Fleury Cinquin- le café Maitre et que c’est le même Auriol qui graciera
celui qui a fait arrêter ses compagnons de lutte le 10 mai 1944….

-Arrestation de Jean-Paul Guepratte, 31 mai 1944.
À la veille de partir pour le maquis de Crue, Doussot arrêtera le 31 mai 1944 l’inspecteur Jean-Paul Guepratte, du réseau Ajax et membre du N.A.P.
Doussot reste présent lors du long interrogatoire mené par Francis André, « Gueule tordue ». Le témoignage de Guepratte peut être consulté[sur le site des archives nationales.
Âmes sensibles s’abstenir.

-Affaire du café de l’Europe
Fleury Cinquin signale que Doussot et Thévenot se rendent au café de l’Europe, rue de Marseille pour arrêter quelqu’un.
Les clients effrayés tentent de fuir. Des coups de feu sont tirés, tuant plusieurs personnes. Cette affaire est-elle à relier avec celle de Victor Malartre ?
Lorsque Henri Malartre est arrêté à Lyon le 14 mars 1943, son frère Victor se met en relation par l’intermédiaire de l’inspecteur de police Nicoulet
avec des membres de la Gestapo française pour lui faire passer des colis et tenter de le faire évader[.
Pour cela, on demande à V. Malartre une importante somme d’argent qu’il doit déposer dans un café rue de Marseille. Il est arrêté et déporté à Mauthausen d’où il ne revient pas.
À qui profitera l’argent ?


Doussot a fait la chasse essentiellement aux résistants, mais son tableau ne serait pas complet s’il n’avait pas arrêté également des Juifs, même si ce n’est pas l’objectif poursuivi
par la section IV E qu’il commande.

En 1948-1949, il y a peu de témoins qui peuvent en parler, la plupart ayant été exterminés dans les chambres à gaz.
Néanmoins, d’après la déposition de Fleury Cinquin, Doussot est à l’origine des arrestations et des déportations des familles Cremieu et Weill le 10 mars 1944.
-Le docteur Robert Cremieu et son épouse Marcelle (née Weill), 16 rue Auguste Comte. Leurs trois filles (Hélène-Rosalie, Renée et Colette), cachées, échappent à la déportation.
-Le docteur Louise Weill et sa mère, Lucie Weill, 38 rue Victor Hugo.

Aucun ne reviendra d’Auschwitz. Entendu en 1948, Doussot certifiera qu’il n’a arrêté des Juifs « qu’accidentellement ».
Mais on sait que Doussot a la mémoire courte ou un sérieux problème avec la langue française.


source
cluny-histoiresdhistoire.com
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