Petit sondage

Bonjour,

Je fais un petit sondage, histoire de commencer un sujet:

Sans regarder wikipedia et en faisant juste appel à votre mémoire combien d'entres vous ont entendu parler d'Aleksandr Vasilevsky et qu'a-t-il fait?

Bien cordialement,
Matasso

Bonjour ,


Maréchal de l"URSS

Etat major de la Stavka

Non

Citation :

Maréchal de l"URSS, Etat major de la Stavka

J'aurais dit la même chose....

Bonsoir,

Ma petite question répond en grande mesure à ce que je croyais. Vasilevsky reste le plus grand inconnu de la 2e Guerre Mondiale et pourtant il est probablement le plus important des généraux soviétiques de la Guerre. Un comble!!

Vous connaissez tous Zhukov, Konev, Rokossovsky, certains plus connaisseurs du Front de l'Est connaissent Tolbukhin, Eremenko, Vatutin, Bagramyan et pourtant ce bonhomme reste toujours en retrait.

Une petite bio d'abord pour situer le personnage, Russe, né en 1895, fils d'un prêtre orthodoxe, il fait de bonnes études comme séminariste et prévoit de devenir agronome. Il fait donc de bonnes études car dans la Russie Tsariste, les séminaires étaient un bon tremplin pour les universités. Il est donc plus lettré que beaucoup de commandants de l'Armée Rouge.
La Grande Guerre change son parcours. Volontaire en Janvier 1915, il faut 4 mois d'études à l'Académie de Droit Militaire et est envoyé au front en Mai 1915 comme Praporchik (Adjudant chef en français). Très bon instructeur (déjà) Vasilevsky arrive sur le front en Septembre 1915, participe à l'offensive Brussilov en Mai / Juin 1916 et est promu capitaine en 1917 et commandant de bataillon à seulement 22 ans, fait suffisamment rare pour quelqu'un non issu des classes aisées dans l'Armée Tsariste pour mériter d'être relevé.

Il demande un congé définitif en Novembre 1917 juste après la Révolution et repart dans sa région natale de Ivanovo à l'est de Moscou voulant revenir à la vie civile. Il devient pourtant Instructeur des unités de réserve levées dans la région puis il démissionne en Décembre 1918 et part à Tula ou il travaille comme instituteur. Il est recruté dans l'Armée Rouge en Avril 1919 et commande successivement une compagnie puis un bataillon et finalement devient commandant adjoint de régiment toujours dans la région de Tula. Son régiment participe à la Guerre Russo polonaise de 1920 et finit la Guerre à Vilno.
Son parcours est assez classique dans les années 20 ou il commande successivement 3 régiments de fusiliers, finit l'école de commandants de régiment "Vystrel" en 1928 et surtout connait Vladimir Trandafilov, le grand théoricien de l'art opératif soviétique et Boris Shaposhnnikov le futur chef d'etat major des années 30 qui l'apprécient beaucoup.
On lui reconnait un très grans talent dans l'instruction et l'entrainement de ses troupes à tel point qu'il est appelé au Commissariat à la Défense en 1931 comme membre du Directorat pour l'Entrainement Militaire. C'est sous sa supervision qu'est préparée l'instruction des unités de l'Armée Rouge et surtout il écrit les manuels d'instruction de la RKKA. Il fait ses classe à l'Académie Frunze en 1937 sous l'instruction de Tukhachevsky et finalement un peu par hasard et suite aux purges de 1937 il entre au Grand Etat Major en Octobre 1937 et est responsable de l'instruction des officiers supérieurs. Il ne devient membre du PC soviétique qu'en 1938 fait rare dans les hautes sphères de l'Armée Rouge. Il devient ensuite adjoint du Département des Opérations de la Stavka et devient Chef du département des opérations de la Stavka en Aout 1941 ainsi que Chef d'Etat Major Général adjoint.

C'est donc un personnage très instruit, qui connait parfaitement les règles de l'Art opérationnel tel que l'ont théorisé les soviétiques dans l'entre deux guerres et qui est une théorisation de la conduite de la guerre très en avance sur tout ce qui se fait à l'époque, Blitzkrieg inclus, qui a de l'expérience et qui est un organisateur et instructeur né.

Discret, efficace, c'est un homme qui a de bonnes manières, ce n'est pas un homme brutal comme certains des généraux soviétiques et il a le rare talent d'être apprécié de Staline et surtout de savoir le convaincre d'une façon affable et jamais sans avoir besoin d'aller au clash. Il est donc l'antithèse de Zhukov au sein de la Stavka.

Voilà donc pour ce mystérieux personnage à la veille de la 2e Guerre Mondiale.

Bien cordialement
Matasso

Bonsoir,

Vasilevsky sera chef Adjoint de la Stavka jusqu'en Mai 1942 ou il devient Chef 'Etat Major Général et vice Commissaire à la Défense jusqu'à la fin de la Guerre. Il coordonne la défense de Moscou presque seul en Novembre 1941 qaund la Stavka, le Haut commandement et le gouvernement sont évacués de Moscou et de plus son chef, Boris Shaposhnnikov est malade.
Vasilevsky est au centre d'une polémique suite à la défaite de Kharkov en Mai 1942, ayant été accusé par Khurshchev de ne pas avoir suffisamment tenu tête à Staline pour forcer l'évacuation des forces trop avancés du Front Sud Ouest. Il faut néanmoins nuancer les mémoires de Khushchev car celui-ci n'était autre que lme commissaire politique du.... Front Sud Ouest, justement et il avait beaucoup de choses à se reprocher car ce sont ses rapports triomphalistes de Timoshenko, de Bagramyan et de Khruschev justement qui ont donné des ailes à Staline pour valider l'attaque sur Kharkov quand Zhukov et Vasilevsky prônaient une stratégie bien plus prudent pour le printemps de 1942.
C'est néanmoins Vasilevsky qui devine le premier la direction de l'attaque allemande vers Stalingrad ou il arrive le 23 Juillet 1942. C'est bioen lui, beaucoup plus que Zhukov qui est le créateur et le stratège de la contre offensive de Stalingrad qu'il dirige d'ailleurs seul en Novembre 1942, Zhukov étant trop occupé avec sa propre offensive dans le nord, la terrible offensive Mars dont nous pourrons parler plus tard.
Vasilevsky comme chef d'Etat Major Général est à l'origine de Kursk ou il défend sa conception défensive auprès de Staline quand Khrushchev encore une fois voulait une attaque preemptive en Juin suite aux retards allemands, puis c'est Vasilevsky qui coordonne les opérations des Fronts des Steppes et de Voronezh lors des combats contre les troupes SS et du heeres gruppe Sud de Manstein. C'est encore lui qui coordonne les opérations qui libèrent le Donbass et les opérations de Crimée en 1944. Il coordonne les 1er Fronts de la Baltique et 3e de Biélorussie lors de Bagration et assume ensuite la coordination de toutes les forces soviétiques dans la Baltique et en Prusse Orientale jusqu'à la victoire de Mai 1945.



Vasilevsky à gauche avec Budienny dans le Donbass en 1943

Le couronnement de sa carrière sera l'offensive de Mandchourie en Aout 1945. Cette opération, peut-être la plus brillante et réussie de toutes les opérations de la 2e Guerre Mondiale est son oeuvre et réalisation exclusive. Il commence à la planifier en Décembre 1944 en même temps qu'il coordonne les opérations sur la Baltique et devient commandant du théâtre d'opérations d'Extrême Orient en Juin 1945. L'opération Tempête d'Aout reste encore aujourd'hui l'exemple le plus abouti de l'art Opératif soviétique tels que l'on prévu et théorisé Trandafilov et Tukhachevsky dans les années 20 et 30 et est encore aujourd'hui étudié dans beaucoup d'académies militaires. C'est d'ailleurs en référence à cette opération que le Général Américain Schwarzkopf baptise en opération contre Saddam en 1991 Tempête du Désert.

Vasilevsky reste chef d'Etat Major Général de 1946 à 1949 puis ministre de la Défense de 1949 à 1953 à la mort de Staline. Considéré comme trop proche de Staline il reçoit des postes honorifiques mais sans réel pouvoir à partir de 1953 puis est mis à la retraite d'office par le même Nikita Khrushchev en 1957 tout comme Zhukov d'ailleurs.

Vasilevsky est selon John Erikson, l'historien américain spécialiste du Front de l'Est "un soldat très sous-estimé, une figure qui vole sur l'historiographie soviétique, un commandant endurci sur le champ de bataille mais habile dans sa gestion de l'ensemble de la machine de guerre soviétique"

Modeste, il n'a jamais fait état, même dans ses mémoires de ses décorations, assez timide, il a souvent été accusé de ne pas savoir s'imposer devant Staline, même sui Zhukov lui-même dit l'inverse dans ses mémoires, Vasilevsky est le grand oublié de l'histoire du Front de l'Est. Il est vrai que fils de prêtre, cultivé, avec une personnalité très humaine, il est trop différent pour rentrer dans l'historiographie soviétique. Soldat pas politique, il souffrira du fait que la propagande post 1945 en URSS voulait glorifier le Parti et réduire le rôle du Grand Etat Major et des professionnels.  

Reste à noter un deuxième profil assez similaire et lui totalement inconnu. Il s'agit du général Aleksey Innokentovich Antonov, le brillant chef du département des Opérations de la Stavka puis l'adjoint de Vasilevsky comme Chef d'Etat Major Général et Chef d'Etat Major Général lui-même en Février 1945. Capable, plus que tout autre de contredire Staline et concis, firme et bien documenté, Antonov a été lui aussi un rouage essentiel dans la planification de la Guerre.



Photo officielle de Antonov à la fin  de la guerre

Bien cordialement
Matasso

Deux figures militaires incontournables de la GGP, et souvent mises en avant dans les ouvrages de J.Lopez...

vania a écrit:

Deux figures militaires incontournables de la GGP, et souvent mises en avant dans les ouvrages de J.Lopez...

Et il a raison, ce sont parmi les têtes stratégiques les plus brillantes de l'Armée Rouge et ce sont aussi les plus illustres des chefs militaires a avoir réellement mis en pratique l'art opératif tel que théorisé dans les années 20 et 30. Vasilevsky a bien connu aussi bien Trandafilov que Tukhachevsky donc la logique y est. Ce sont aussi 2 personnes qui de par leurs qualités professionnelles surtout, ont l'estime de Staline, chose bien rare et ils pourront se permettre, surtout à partir de Mai 1942 et du désastre de Kharkov, de peser sur les décisions du maître du Kremlin chacun à sa façon. Vasilevsky de façon douce sans jamais brusquer Staline, argumentant des jours s'il le faut tandis qu'Antonov était plus virulent, très direct et était capable de contredire Staline en public sans aucune peur, car il connaissait son sujet en totalité. Il est dit dans les mémoires de Sjtemenko, adjoint d'Antonov qu'à un moment de par sa maîtrise c'est lui qui a remplacé Zhukov dans les briefs quotidiens à Staline, Zhukov lui-même reconnaissant qu'Antonov était meilleur que lui dans ce périlleux exercice.
L'anecdote dit qu'Aleksey Antonov quand il a été nommé Chef du département opérations de la Stavka en Décembre 1942, n'est allé voir Staline qu'une semaine après sa prise de fonctions car il a préféré passer une semaine dans ses services pour se mettre à jour sur tout ce qui se passait au front et cela en pleine bataille pour Stalingrad et les diverses opérations autour de Rzhev et Leningrad.

Bien cordialement,
Matasso

Citation :

Ce sont aussi 2 personnes qui de par leurs qualités professionnelles surtout, ont l'estime de Staline, chose bien rare et ils pourront se permettre, surtout à partir de Mai 1942 et du désastre de Kharkov, de peser sur les décisions du maître du Kremlin chacun à sa façon

Et Dieu sait qu'il fallait "en avoir" pour aller contre le Vojd, tous les officiers supérieurs Soviétiques ayant en souvenir les purges de la fin des années 30.
Malheureusement, il y avait encore pas mal de "boulets" dans l'Armée Rouge en cet été 42, auxquels on doit les désastres de Crimée notamment...

vania a écrit:

Malheureusement, il y avait encore pas mal de "boulets" dans l'Armée Rouge en cet été 42, auxquels on doit les désastres de Crimée notamment...

En Crimée il y avait aussi et surtout le mauvais génie de l'URSS, Lev Mekhlis, le commissaire du Front de Crimée. Intrigant, l'un des responsables des grandes purges, prompt à dénoncer tout un chacun et qui plusieurs fois en 1942 a utilisé ses relations personnelles avec Staline pour changer des ordres avec les résultats désastreux que l'on connait. On toche en Crimée au pire du système soviétique de la dualité de commandement en vigueur jusqu'en 1942

Cordialement
Matasso

Oui, c'est à lui que je pensais, entre autre.
On l'a "remisé" suite à cette désastreuse affaire, mais il a eu du bol de ne pas être plus inquiété que ça...

On l'a remisé mais pas tant que ça. Il avait la protection de Staline dont il avait été secrétaire particulier. Il a perdu son poste de Commissaire Adjoint à la défense mais il a repris ses vieilles habitudes en 1944 d'abord au 2e Front de Biélorussie lors de Bagration et puis jusqu'à la fin de la Guerre comme commissaire du 4e Front d'Ukraine. Curieusement, ou pas, aussi bien Zakharov que Petrov, ses 2 commandants de Front étaient assez mal vus du Kremlin. Zakharov a d'ailleurs été rétrogradé commandant d'Armée jusqu'à la fin des combats et Petrov n'a été maintenu que parce que sa capacité professionnelle était reconnue.

Pour le fun, quelle médaille voyez-vous sur le portrait d'Antonov qui n'est pas soviétique et qui devrait vous être bien connue?

Matasso

Il porte la Croix de Guerre. Couleurs vert et rouge, pour 14/18 on dirait...

vania a écrit:

Il porte la Croix de Guerre. Couleurs vert et rouge, pour 14/18 on dirait...

Rien d'étonnant , il a dut faire partie des 40 000 soldats Russes ayant appartenue aux brigades envoyées en France et sur le Front de Salonique en 1916 , 20 000 en deux Brigades sur le front de Champagne dans le secteur Reims , fort de la Pompel , Courcy.

Rodion Malinosky Maréchal de l'Union Soviétique a été aussi un de ces soldats , il était Mitrailleur a la 2 éme Brigade

Ceux que ça intéresse peuvent voir le sujet que j'ai fait sur notre groupe de reconstitution

https://nazapad.clicforum.fr/t523-Les-brigades-Russes-en-France.htm

Citation :

Rien d'étonnant , il a dut faire partie des 40 000 soldats Russes ayant appartenue aux brigades envoyées en France et sur le Front de Salonique en 1916

C'est possible, mais peu d'entre eux sont revenus au pays, la Révolution Bolchévique étant survenue entre temps avec toutes ses incertitudes, et n'étant pas du goût de la plupart de ces hommes fidèles au Tsar...
Antonov et Malinovsky seraient des exceptions ?...

Salut Vania

Ont été rapatrié ceux qui l'ont voulu uniquement,a leurs arrivée ils ont connu divers fortune suivant les ports de débarquement et leurs orientations "politique" , beaucoup aussi ont choisit de ne pas rentré et ont finit par ce marié et crée une famille en France. Les derniers a rentré dans les années 20 sont les "meneurs" et les déportés aux travaux forcés en Algérie entre autres .

Merci pour ces précisions...

Bonsoir

Pour le coup la plupart des soldats russes des brigades sont repartis en URSS entre 1919 et 1921. La plupart étaient de tout cœur avec la révolution telle qu'ils la voyaient de France. Seuls sont restés quelques centaines d'hommes et la grande partie des officiers eux oui fidèles au Tsar et anti bolcheviques et certains du sort qui les attendrait si ils repartaient

Bien cordialement
Mathias