Le site de la Pointe du Hoc en Normandie aura-t-il disparu dans 20 ans?
Avec plus d'un demi-million de visiteurs par an, le site gratuit de la Pointe du Hoc est l'un des sites historiques les plus visités de Normandie.
Rendu célèbre par le film The Longest Day, ce champ de bataille a fait l'objet de combats acharnés du 6 au 8 juin 1944 entre les défenseurs allemands et les Rangers américains.
Si l'emplacement de la Pointe du Hoc n'est pas prêt de disparaître de sitôt, ce n'est pas le cas de son site historique: les bunkers les plus proches des falaises sont menacés d'érosion.
La falaise s'est érodée naturellement et a chuté d'une dizaine de mètres au cours des 70 dernières années, menaçant finalement les vestiges datant de la Seconde Guerre mondiale.
Afin de préserver le pouvoir évocateur des lieux et de permettre aux visiteurs de visiter le site en toute sécurité, le Conservatoire du Littoral
(Conservatoire du littoral français, propriétaire du lieu) et l'ABMC (American Battle Monument Commission, qui le gère dans le cadre de un traité franco-américain signé en 1956)
jugeait nécessaire d'intervenir pour la première fois en 2010. Le financement de cette première opération à grande échelle a été entièrement assuré par le gouvernement américain.
Travaux en 2010
Près de dix ans plus tard, à la veille de la commémoration du 75e anniversaire du débarquement, l'ABMC sonne de nouveau: a priori, le travail accompli ne suffit pas
à lutter contre tous les phénomènes impliqués dans l'affaiblissement de cet espace historique.
Scott Desjardins, surintendant de l'ABMC en Normandie, a déclaré aux journalistes de Tendance Ouest le 25 avril 2019:
«Si rien n'est fait, dans 20 ans le site n'existe plus». Selon lui, plus de travail doit être fait, avec l'intégration de nouvelles structures métalliques dans la roche
ainsi que la mise en place de béton spécial pour arrêter ou au moins limiter le phénomène d'érosion.
Autre problème identifié: le caractère totalement ouvert du site. Malgré la mise en place de parcours visiteurs, l'ensemble du site peut être visité
et les installations de piétinement augmentent la fragilité des infrastructures.
Scott Desjardins propose que des ponts soient installés au-dessus de tous les restes de l'ancienne batterie d'artillerie allemande.
Pour améliorer la visite du site malgré ces nouvelles infrastructures contraignantes, l'ABMC propose de développer un dispositif de réalité augmentée,
qui devrait permettre de visualiser le champ de bataille ainsi que les bunkers tels qu'ils étaient en 1944.
Aussi, afin de répondre à une l'utilisation toujours plus grande de cet espace historique, Scott Desjardins envisage la construction d'un nouveau centre d'accueil
et le réaménagement du parking actuel, qui sera rapidement terminé en été.
Afin de coordonner l'ensemble des travaux et les financements qui en découlent (essentiellement américains), l'organisation ABMC prévoit de proposer à la France
de bénéficier du même statut de gestion dont elle jouit au cimetière américain de Colleville-sur-Mer, à savoir une concession perpétuelle confiée par l'État français aux États-Unis.
Cette proposition n'est pas actuellement enregistrée mais pourrait faire l'objet de discussions entre l'organisation américaine et le département du Calvados.
Le site étant libre d'accès et les moyens de consolidation de cet espace historique étant américains, la Normandie a tout intérêt à accepter cette initiative.
Ainsi, le tourisme de mémoire est amené à évoluer dans les prochaines années à la Pointe du Hoc.
Dans vingt ans, il n'est pas certain que ce champ de bataille puisse être visité aussi librement qu'aujourd'hui, mais tel est le prix à payer
pour qu'il puisse être conservé le plus longtemps possible.
source
dday-overlord.com