| | Temoignages bataille de Berlin 1945 | |
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naga Feldmarshall
Nombre de messages : 37478 Age : 58 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Temoignages bataille de Berlin 1945 Ven 28 Aoû - 4:16 | |
| Irmhild Zinow a vecu la fin de la guerre a la station de metro Postdammer Platz a l age de 9 ans. Nous avons vu la fin de la guerre dans le centre-ville. C’est là que mon père était de service en tant que soldat, commando du pont de Potsdam. Il a fait venir maman et nous, 3 enfants à la station de métro Potsdamer Platz, où nous vivions dans les wagons de métro stationnés. Je ne me souviens pas depuis combien de temps, on l’a accepté de vivre comme ça. Ce n’était pas une vie normale. Ce dont nous nous nourrissions, je ne sais pas. Tout ce dont je me souviens, c’est que l’on buvait du vin rouge de temps en temps et des barres chocolatées savoureuse de la nourriture des soldats. Je me souviens du goût des barres aujourd’hui. Finalement, l’eau est arrivée. (Note de la rédaction: Probablement le 2 mai 1945 par les troupes allemandes, le tunnel du S-Bahn a été détruit sous le canal De Landwehr. Pour le métro, cela a eu des conséquences: au cours des prochaines heures, quelques tunnels de métro se sont remplis). Paniqués, tout le monde se pressait le long du tunnel jusqu’à une sortie. Maman avait le bébé assis devant elle dans un sac suspendu,et moi,je lui tenais la main. Ma sœur tenais la main d une autre femme. L’eau nous a pris jusqu’au cou. Tout le monde nous a poussé rigoureusement, les hommes et y compris les soldats. Ma sœur a failli s’y noyer. Beaucoup de soldats essayaient d enlever leur uniforme , beaucoup se sont suicidés.C’était horrible, tout le monde voulait sortir de l’enfer. Sur le marché noir, des produits privés sont proposés à échanger contre de la nourriture ou d’autres choses. Günter Reipert a vecu la fin de la guerre sur la Hermannplatz a l age de 7 ans. Ma mère et moi, nous avions très faim à cette époque. Un boulanger faisait encore cuire du pain dans l’avenue. Ca tirait de partout, mais la faim était plus grande, donc nous avons couru en direction de Hermannplatz. À l’entrée arrière de la boulangerie, nous avons reçu un pain, mais j ai vu une chose horrible devant la maison: un soldat allemand était assis sur la route, ses jambes étaient paralisees, un char russe est arrivé lentement et a ecrasé le soldat. On était tous les deux derrière la porte ma mere et moi et on regardait. Le front était toujours en mouvement, les Russes étaient en partie repoussés. Le lendemain, la tellstrasse était pleine de troupes SS et ils distribuaient du café aux haricots pour tous les résidents. Comme l’avenue fait un coude dans le secteur de la rue Weisel, les unites Russes ont eu besoin de 8 jours complets pour passer devant le coude. Mais à un moment donné, ils se sont retrouvés au sous-sol et ont regardé toutes les femmes. Il ne restait que des vieilles femmes et des femmes avec des enfants. Notre cour a été aménagée pour la cuisine de campagne. Nous, les enfants, avons eu du pain et des oignons. Après quelques jours, un peu d’ordre est revenu dans nos vies. Une boulangerie a dû cuire immédiatement sur les ordres des Russes. On ne pensait pas encore à nettoyer les rues. Les morts et les corps traînaient partout. Ma mère faisait la queue devant la boulangerie pour trouver du pain. J’ai joué sur la promenade dans l’avenue, et j’y ai trouvé une main coupée. Je l’ai prise parce qu’elle était belle et propre. J’ai couru vers ma mère et je lui ai montré la main. Ce que je veux dire, c’est que quand on était enfant, on voyait la mort tous les jours. Les ruines du grand magasin Karstadt sur la Hermannplatz à Neukölln. | |
| | | vania Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 27722 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Ven 28 Aoû - 9:25 | |
| Etre gamin à Berlin devait pas être gai tous les jours, à partir de 1942. La ville a subi plus de 300 bombardements... | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 37478 Age : 58 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Ven 28 Aoû - 12:54 | |
| Helga Drews a vecu la fin de la guerre sur la Hausvogteiplatz a l age de 7 ans. Je vois encore les morts et les chiens brûlés dans les rues, sentir la fumée, et quand les sirènes retentissent, pendant la guerre. Mon terrain de jeu, c’était les ruines ! Sur la Hausvogteiplatz, centre de la mode, où nous avons joué « Brigands et Princesse » après la fin de l’école. Ou le grand magasin brûlé « Rudolph Hertzog » dans la Breite Straße . Ça risquait de s’effondrer, mais on cherchait des perles dans la bijouterie brûlée. Dans une ancienne boulangerie, on a fait des gâteaux à partir de gravats. Ce qui me rendait très triste quand j’étais enfant, c’était la perte de ma voiture de poupée, brûlée dans l’appartement de mes grands-parents lors d un bombardement. Hausvogteiplatz, 1946 Vue sur la station de métro Hausvogteiplatz au centre détruite pendant la Seconde Guerre mondiale. Ernst Bittcher etait au Reichtag a l age de 17 ans Les agents de la Lufwaffe nous ont retirés dans l’aile droite du Reichstag. Le Reichstag etait devenu une forteresse seulement dans l’aile gauche, où le SS-Obersturmführer Babick avait monte des barricades et tirait sur les russes. Avec nous dans l’aile droite — ainsi que d autres soldats de la Wehrmacht — Babick n’a pas pris aucun contact. Nous pouvions faire ce que nous voulions dans cette salle d’attente, traîner et boire de l’alcool et du vin de l’opéra Kroll que nous avons apportés sur la place royale au péril de notre vie. De là, je me suis retiré à l’air frais dans un fossé de l’ancien chantier près du Reichstag la journee, mais je dormais a l interieur du Reichtag. Dans mon fossé, j’ai vécu des choses remarquables: vers midi a commencé un tir d’artillerie incomparable des Russes à partir de canons et d’orgues de staline sur la place royale et le Reichstag. Même dans notre salle d’attente, la maçonnerie rocailleuse tremblait, de sorte que nous nous sommes enfuis dans la chaufferie. Apres les bombardements,2 soldats SS m ont emene dans la cuisine pour porter de la nouriture aux soldats qui etaient a la Place Royale en passant par la cave. Sans être dérangé par les tireurs d’élite russes, par ailleurs si dangereux, j’ai atteint ma objectif. Les soldats en avaient assez pour manger, mais ils avaient très soif. On s’attendait donc à une deuxième tournée qui s’est déroulée sans heurts, comme la troisième, cette fois avec des tirs de lance-roquettes sur nous. Du pont Moltke, on a entendu un tank enrouler. A trois, nous nous sommes mis à une fenêtre du sous-sol avec vue sur la Moltkestraße sur un décombre oblique, un tireur de Panzerfaust au milieu de nous. Le char s’est arrêté en diagonale devant notre fenêtre et a tourné sa tourelle et le canon vers nous. Maintenant, mon voisin appuie sur la gâchette et l’a frappé au but. Quand la poussière du tir de roquette s’est abaissée autour de nous, nous avons entendu des coups de feu et des cris de l’intérieur du char. Puis la trappe de tourelle s’est levée et le torse du commandant apparaissait. Comme sur ordre, on a tiré avec nos fusils, il est tombé vers l’avant. C’est mon seul coup de fusil que j’ai tiré sur un être humain pendant cette guerre. | |
| | | vania Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 27722 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Sam 29 Aoû - 11:02 | |
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| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 37478 Age : 58 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Sam 29 Aoû - 13:17 | |
| Werner Gollnick etait a l Hotel Adlon a l age de 12 ans. J’avais 11 ans. Avec mon frère, qui avait trois ans de plus, j’ai élaboré un plan pour aller au bureau du Reich et se présenter comme bénévoles. Nous étions très convaincus. On n’a rien dit à notre mère. Nous vivions alors dans la Meyerheimstrasse à Prenzlauer Berg. En avril, on a dit qu’il fallait encore distribuer de la nourriture dans un magasin au coin de la rue. Mon frère et moi, on s’est débarrassés de sacs. J’attendais devant la porte quand une grenade s’est écrasée à côté de moi. Quand je suis revenue à moi, j’étais allongée par terre et je ne pouvais plus bouger. Mon frère est sorti du magasin et m’a crié dessus. Mais je ne suis pas monté. Mon frère a essayé de m’éloigner. Mais quand il m’a un peu soulevé du sol, il a vu une grande mare de sang. Il m’a tout de suite laissé tomber. J’avais besoin de soins médicaux. Le seul moyen était de passer par les Waffen SS, qui avaient une position dans la Dunckerstrasse. C’est une infirmière de notre maison qui a établi le contact. Deux personnes ont été envoyées pour m’y emmener. C’était juste un cessez-le-feu, mais nous n’y sommes pas arrivés à temps. Juste avant, des bombes sont tombees. J’ai été déposé au milieu de la route, j’ai vu les explosions à gauche et à droite, à 300 mètres de moi, un grenier entier a glissé d’en haut. Un énorme nuage de poussière. J’ai remarqué que les pigeons volaient très bas. Après tout, j’ai été déposé aux SS. C’est terrible ce que j’ai vu: un homme au visage defigure. Il était vivant. Mais ils ne savaient pas quoi faire de lui. Il s’est fait tirer dessus. De la part de son propre camp. Ils m’ont mis dans un chariot. Je devrais être emmené à l’hôtel Adlon, la place principale. On m’a dit qu’il y avait encore des médecins. Deux gars des jeunesses hitlériennes, tous deux âgés de 17, 18 ans, devraient m y conduire. L’un était le chauffeur, l’autre me soutenait. Il y avait des débris partout, le conducteur devait toujours zigzager pour passer. Des grenades se sont abattues à gauche et à droite. Il n’y avait plus grand-chose de l’Hôtel Adlon, juste le hall. Mais on s’occupait de moi. Environ 200 personnes étaient logées dans le hall. Sur la droite, il y en avait comme moi sur des dépôts de paille et à gauche dans des lits. Quand l’Adlon a brûlé, une sœur de la Croix-Rouge m’a tirée sur une couverture, et sur l’épaule, elle portait un autre blessé grave. Les Russes sont arrivés. Nous avons ensuite été emmenés dans les sanctuaires de Wittenau. Comme je portais toujours ma chemise de jeunesse hitlérienne, ils m’ont pris pour un nazi. Le commandant voulait m’envoyer en Sibérie. Par hasard, ma mère m’a finalement trouvé et m’a fait sortir de la. Les ruines de l’hôtel Adlon Ingrid Alf etait sur la Karl-Marx Allee a l age de 9 ans En avril, l’armée soviétique se dirigea vers le centre-ville et nous sommes entrés dans la ligne de mire directe des "orgues de Staline". Il n’a pas été possible de loger dans le abri antiaérien sur Alexanderplatz. Dans une maison voisine incendiée, les caves étaient encore intactes, mais pas encore complètement refroidies de ses cendres. Il y avait environ 36 degrés de chaleur dans les pièces. L’alimentation en électricité et en eau a été interrompue. Les quelques bougies qui étaient encore présentes se sont pliées dans la chaleur. Les installations sanitaires n’étaient pas disponibles. Les habitants de l’arrière-maison décidaient malgré tout d’attendre la fin de la guerre là-bas. Je crois que nous avons passé environ 14 jours dans les ruines de la cave. Quand des bombes avaient frappé tout près , la chaux coulait des murs, nous étions souvent blancs comme des sacs de farine. Les Russes sont arrivés ! C’était le jour ou la nuit, je ne m’en souviens plus. Plusieurs se tenaient armés et équipés de lampes torches devant nous et la lumiere eluminait chacun sur le visage. Ma mère avait mon frère de 2 ans sur ses genoux. Il est bien connu que beaucoup de femmes ont été gravement violées. Ma mère était durement marquée par les nombreux efforts psychologiques et physiques. On avait une polonaise au sous-sol. Elle a fait comprendre aux Russes qu’elle était atteinte de la tuberculose. C’est ce qu’on lui avait pris. Avant cette maladie, les Russes avaient un respect païen. Ma mère a été épargnée. Notre martyre au sous-sol a enfin pris fin. On est retournés dans le petit appartement. Mais il n’avait presque plus de vitres dans les fenêtres. La porte de l’appartement ne fermait plus. Mais tout le reste était encore là. On pouvait dormir dans les lits. Dormir enfin!!! Pas de sirène, pas de tirs. C’était un plaisir. Même s’il était interdit sous des peines sévères, les pillages commençaient maintenant. Après tout, c’était une question de survie. La faim était grande. Il y avait une petite épicerie dans une maison relativement intacte dans la rue Marsilius. On a vite su qu’il y avait encore beaucoup de cartons de poudre de pudding dans la cave. Ma mère n’a rien fait d’autre. Elle aussi en a pris quelques-uns. La poudre de pudding au goût d’amande et de vanille nous a sauvé la vie. Certes, il n’a été cuit qu’avec de l’eau et du sel. Le goût était abominable. source interaktiv.morgenpost.de | |
| | | vania Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 27722 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Dim 30 Aoû - 9:40 | |
| - Citation :
- Il est bien connu que beaucoup de femmes ont été gravement violées.
Sujet sensible, mais il semble que ce ne soit pas les unités de première ligne qui ont commis les viols. Les gars étaient dans l'ensemble corrects et avaient un boulot à terminer. D'après plusieurs historiens, certains officiers de ces mêmes troupes auraient mis en garde les civils avec lesquels ils ont eu le premier contact, sachant ce qui allait suivre... Mais on part là en H.S. | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 37478 Age : 58 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Dim 30 Aoû - 12:43 | |
| Friedrichshain. De Dirk Moldt. Cela a dû être des jours terribles d’incertitude désespérément tourmentée, aujourd’hui inimaginable . Les terribles frappes aériennes de février et mars 1945 avaient détruit une grande partie du nord-ouest de Kreuzberg et du sud-ouest de Friedrichshain, et une grande partie de la Frankfurter Allee était en ruines. Les bombardements ont coûté la vie à beaucoup de gens, voisins, collègues, parents, amis, connaissances. La population civile allemande a maintenant subi l’irrationalité de la guerre criminelle qui était venue de l’Allemagne nazie. Encore une fois, les 10 et 17 avril, il y a eu des frappes aériennes sur Berlin - et ensuite plus. Pendant ce temps, la machine de guerre allemande a continué à travailler, la propagande nazie a fait appel à la persévérance, pointant vers la victoire finale. Les dernières réserves ont été mobilisées, des fossés creusés. De nombreuses maisons ont ensuite été détruites ou gravement endommagées dans les combats avec les troupes sovietiques. La Frankfurter Allee ressemblait parfois à un désert de sable d’où se dressent parfois des rochers de pierre. La grande majorité des habitants de Friedrichshain ont vécu la libération de la dictature nazie dans les caves, dans la discorde par crainte des soldats du pays attaqué par l’Allemagne et l’espoir que toutes les horreurs de la guerre prendraient enfin fin. Fin avril, le sud et l’est de Friedrichshain ont été occupés par l’Armée rouge. Dans le Schreinerhof, au coin de Schreiner- et Voigtstraße, dans l’actuel Nordkiez, la première administration civile a été inaugurée, la première mairie, si vous voulez. On a essayé de faire les premiers pas de la construction, alors qu’on tirait encore quelques kilomètres plus loin. Des opposants nazis qui, ces dernières années, étaient restés immobiles, sont également intervenus. L’ancienne appartenance au parti n’avait pas d’importance. Le premier mai 1945, ils voulaient organiser une manifestation dans la cour des menuisiers, mais les Soviétiques renvoyèrent les gens chez eux. Après tout, c’était la guerre. Qui sait, peut-être que le texte de la manifestation prévue aurait plus tard figuré dans chaque livre d’histoire de la RDA: le document le plus précoce de la libération ! Mais l’histoire se déroule selon ses propres lois. Piège mortel a la station de métro Le bombardement de Friedrichshain le 26 février 1945 par Detlef Krenz Un ciel sans nuages s’étendait au-dessus de Berlin à midi du 26 février 1945. C’est tout au plus une raison de se réjouir pour des esprits très insouciants. La conscience que les guerres reviennent au lieu de leurs débuts n’était alors pas encore un bien commun dans la capitale de l’Empire allemand, bien que l’Armée rouge se trouvait déjà à l’Est en Prusse occidentale et que les Alliés occidentaux s’étaient approchés de Cologne en prenant Düren et Jülich. Jusqu’au milieu de 1943, la capitale de l’Empire allemand avait été épargnée par de très graves frappes aériennes. Cela a changé avec l’offensive aérienne alliée, qui était la conséquence de bombardements allemands sur des cibles civiles à Guernica en 1936, sur Varsovie en 1939, sur Coventry en 1940 et sur les attaques à distance de la V1 et de la V2 contre Londres. La première vague de ces attaques dans les nuits du 23 au 24 août 1943 a d’abord porté sur le sud-ouest de la ville. Mais la deuxième grande vague d’attaques a eu lieu dans la nuit du 22 au 23 et du 25 au 26 novembre 1943. Elle s’appliquait surtout au centre-ville. Les attaques nocturnes ont été perpétrées à partir de janvier 1944. Ainsi, le 21 juin 1944, en seulement 35 minutes, deux groupes de bombardiers d’environ 700 avions ont détruit des quartiers de Friedrichshain. Le plafond de la route au-dessus de la voie 2 de la station de métro Memeler Straße (aujourd’hui Weberwiese) a été gravement endommagé pour la première fois. En raison de l’importance des transports urbains, ces dégâts ont été rapidement réparés. En raison d’une pénurie massive de carburant et de destructions importantes des transports de surface de la LPP, le métro a supporté, à côté du S-Bahn, la charge principale des transports publics locaux. Chaque jour, plus de 2 millions de passagers ont été transportés, le plus souvent vers les sites de la production industrielle de guerre, qui devait être maintenue malgré les effets de la guerre. Les réparations ont été effectuées rapidement et provisoirement. Dans le cas de la station de métro Memler Strasse, cette pratique s’est avérée désastreuse. Accès détruit à la station de métro Memeler Str. 1946. | |
| | | vania Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 27722 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Lun 31 Aoû - 9:43 | |
| - Citation :
- Dans le cas de la station de métro Memler Strasse, cette pratique s’est avérée désastreuse.
Et pourquoi, suite à venir ? ... | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 37478 Age : 58 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Lun 31 Aoû - 13:05 | |
| Ah j avais pas fini .. Bombardement du 26.2.1945 : 108 morts dans la station de métro Plus de 1000 bombardiers de l’armée de l’air américaine se sont rapidement approchés de la zone urbaine le 26 février. En moins d’une heure, 2 800 tonnes d’explosifs ont été larguées. À côté de Schöneberg, Lichtenberg et Friedrichshain figuraient parmi les axes d’attaque. Trois écoles et l’hôpital Friedrichshain ont été touchés. Mais c’est la station de métro Memeler Straße - aujourd’hui Weberwiese - qui a subi les dégâts les plus graves. Peu de temps avant l’attaque, des trains de la direction Alexanderplatz ou Friedrichsfelde étaient entrés ici. Outre les passagers, de nombreuses personnes de la région se sont retrouvées sur le quai de la station de métro dans l’espoir trompeur d’être plus en sécurité ici que dans les caves de leurs maisons. Les ondes de choc des bombes qui ont explosées ont fait s’effondrer 8 mètres de mur à côté de la voie 2. Les plafonds au-dessus de la mezzanine de droite et de l’accès à gauche sont tombés. Peu de blessés ont pu être sauvés de la gare pendant l’attaque. Quand les bombardiers sont partis, il y avait un silence effrayant au-dessus de l’endroit. Deux jours plus tard, un commando de prisonniers du KZ de Sachsenhausen a commencé à deblayer la zone. Jusqu’en mars 1945, le centre de contrôle de la police de Lichtenberg a établi l’identité de 108 personnes qui ont péri dans la station de métro. Outre la plupart des personnes âgées, 14 enfants et adolescents âgés de 2 à 21 ans figuraient parmi les victimes. La plupart des enfants avaient voyagé sans être accompagnés de leurs parents ou de leurs proches. Parmi les victimes figuraient dix travailleurs forcés d’Italie, de Pologne et d’Union soviétique. Au total, cette attaque a fait plus de 900 morts, dont plus de 600 à Friedrichshain. Dès le mois de mars, les trains de métro de l’Alexanderplatz à Lichtenberg ont repris. Le 15 mars et le 6 avril, le trafic entre Strausberger Platz et Petersburger Str. (aujourd’hui porte de Francfort) a été suspendu en raison d’avertissements concernant les bombes non explosées. Entre la Schillingstraße et la Strausberger Platz, une nouvelle percée de tunnel a eu lieu le 18 mars. Ce jour-là, plus de 1200 bombardiers ont déversé environ 6 000 bombes classiques, 500 000 mini- bombes incendiaires et 3 000 bombes de liquide au-dessus du centre-ville, et en particulier sur Friedrichshain. Malgré les dégâts les plus graves sur de nombreuses lignes et gares, plus de 60% du réseau de métro est resté opérationnel. L’exploitation du métro entre la gare Strausberger Platz et Memeler Straße a également été maintenue lors d’une chute d’eau sur la ligne le 9 avril, jusqu’à l’arrêt de la ligne le 17 avril. Quelques jours plus tard, l’Armée rouge atteignaient Friedrichshain. Les SS fanatiques se sont opposés aux combattants d’élite de l’Armée rouge. Les environs de la Grande Frankfurter Straße, aujourd’hui Frankfurter Allee et Karl-Marx-Allee sont devenues un grand désert. À partir du 24 mai, les premiers trains de métro partaient d’Alexanderplatz pour Lichtenberg. De juin 1945, le nombre de passagers du métro dans la zone urbaine de Berlin est passé de 18 à 62 millions en février 1946. La ligne E de l’Alexanderplatz à Lichtenberg a été exploitée à voie unique avec une interruption à la gare de Samariterstrasse. Pour faire face à l’afflux de passagers, deux trains d’affilée ont circulé. Les opérations ont été très difficiles. Sans signal, il fallait rouler à 10 km/h à vue. Une voie ferrée était inutilisable jusqu’à la fin de 1946 et les travaux de restauration ont été considérablement entravés en raison de la formation de nappes phréatiques sur la ligne. Au début de l’année 1948, cependant, ces travaux étaient achevés, ce qui a permis une séquence de 6 minutes, comme cela a été possible dans l’avant-guerre. Une seule ligne fonctionnelle source fhzz.de | |
| | | vania Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 27722 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Mar 1 Sep - 9:36 | |
| Quel chaos, mais aussi quelle organisation pour permettre aux rames de continuer à fonctionner pendant le conflit. Pareil, pour les réparations d'après guerre, des services techniques efficaces... | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 37478 Age : 58 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Sam 5 Sep - 1:58 | |
| La vie insouciante d’une adolescente en temps de guerre à Berlin Le journal de Brigitte Eicke, une adolescente berlinoise de la Seconde Guerre mondiale, est un récit de visites au cinéma, de premiers baisers, de coiffures et de vêtements, ainsi qu’une brève référence sans problème aux Juifs disparus. Publié récemment, il met en lumière l’indifférence du public qui a ouvert la voie à Auschwitz.
En décembre 1942, alors que les bombes alliées pleuvaient sur Berlin et que les troupes nazies se battaient pour le contrôle de Stalingrad, Brigitte Eicke, 15 ans, commença à tenir un journal intime. Pendant les trois années suivantes, la jeune apprentie de bureau y écrivait tous les jours.
Maintenant publié en allemand sous le nom de « Backfisch im Bombenkrieg » -- backfisch étant un terme démodé pour une fille à l’aube de la féminité -- il ajoute une nouvelle perspective à l’expérience de la Seconde Guerre mondiale en Allemagne et montre non seulement comment la guerre peut devenir banale , mais aussi comment la majorité des Allemands ont pu fermer les yeux sur la brutalité nazie. Jusqu’à relativement récemment, les récits de la souffrance des Allemands en temps de guerre étaient considérés comme quelque chose d’un tabou, leur propre traumatisme éclipsé par l’horreur de l’Holocauste. Mais maintenant que la génération en temps de guerre est en train de mourir, chaque tranche de l’histoire sociale de première main a une valeur inhérente. Gerda Kanzleiter travaille à zeitzeugenBörse (ZZB) à Berlin, une organisation à but non lucratif qui recueille et documente les témoignages de témoins oculaires. « Nous avons déjà perdu beaucoup de personnes âgées avec qui nous avons travaillé, et nous en perdons plus chaque mois », dit-elle.
Le journal d’Eicke a été découvert en un rien de temps, lorsqu’elle l’a envoyé à l’écrivain et historien local Annet Gröschner, qui a coédité et annoté la version publiée. « Le papier était jauni et s’était pratiquement désintégré », explique M. Gröschner. « 'était presque illisible. » Mais il s’est avéré tout à fait etre une trouvaille. « Ce qui est frappant dans le journal, c’est son authenticité », dit-elle. « C’est très différent des récits personnels de la Seconde Guerre mondiale qui ont été écrits avec le recul et avec les générations futures à l’esprit. »
Et comme le souligne Gerda Kanzleiter de la ZBB, l’histoire anecdotique est souvent beaucoup plus révélatrice que la recherche savante, sans parler de la fiction et du drame. Pour l’Allemagne, qui a mis des décennies à atteindre un point où elle pourrait faire face à ses démons, elle a joué un rôle clé dans la compréhension de la guerre sous toutes ses facettes. Cela inclut son ordinaire. Pendant de longues périodes, le journal d’Eicke reflète une existence adolescente étonnamment normale. Elle note nonchalamment ses fréquentes visites au cinéma avec autant de diligence qu’elle enregistre la longueur des avertissements de raid aérien, et ne semble pas plus irrité par les ravages causés sur sa ville par les « Tommys » que par les mauvaises humeurs de sa mère. Mais son commentaire flegmatique dément la triste réalité de l’époque.
2 mars 1945 " Margot et moi sommes allés au cinéma Admiralspalast pour voir 'Meine Herren Söhne.' C’était un si beau film, mais il y avait une coupure de courant au milieu de celui-ci. Comme c’est ennuyeux!
Il ya une bonne raison pour laquelle « Gitti », comme on l’a surnommée, sonne parfois un peu glib. « Elle n’a tenu qu’un journal pour pratiquer ses compétences en sténographie, alors elle était économique à propos de ce qu’elle disait », remarque M. Gröschner. « ce journal est tout simplement un récit clair de sa vie à l’époque. Elle n’avait rien à prouver et aucun lecteur à l’esprit, donc elle n’a rien embelli et elle ne s’est pas censurée. Et même si elle ne va pas dans les détails, elle transmet beaucoup avec quelques mots.
Indifférence de jeunesse
Gitti semble tout à fait plus préoccupé par les premiers baisers et les modèles de couture que les événements mondiaux. Elle est également possédée d un extraordinaire sang froid. D’un raid aérien en mars 1943 qui a tué deux personnes, en a blessé 34 et laissé 1 000 personnes sans abri dans son quartier, elle se plaint simplement qu’il ait eu lieu « au milieu de la nuit, horrible, j’étais à moitié endormie ».
Aussi rusée soit-elle, l’apparente incapacité de Gitti à voir l’image plus large va au-delà de l’égoïsme juvénile. Bien que ses commentaires bavards sur les amis et collègues de l’école suggèrent qu’il n’y a rien de mal à ses compétences d’observation, Gitti est totalement inconsciente des atrocités du Troisième Reich, se référant seulement une fois dans le journal entier aux déportations systématiques des nazis des Juifs.
27 Fevrier 1943
« Waltraud et moi sommes allés à l’opéra pour voir 'Les Quatre Ruffians.' J’avais aussi un billet pour Gitti Seifert. Quelle charge de bêtises, c’était ridicule. Nous sommes retournés à Wittenbergplatz et nous sommes montés dans le métro à l’Alexanderplatz. Trois soldats ont commencé à nous parler. Gitti est si bête, elle n apas dit un mot quand ils lui ont parlé. Le moins que l’on puisse faire est de répondre, même si nous n’allions pas aller n’importe où avec eux. Les Juifs de toute la ville sont emmenés, y compris le tailleur de l’autre côté de la route.
Mais bien qu’elle travaille dans une entreprise textile basée dans le Hackesche Höfe à Mitte, alors au cœur du quartier juif de Berlin, elle ne remarque rien de mal.
Gitti a 86 ans maintenant, et elle vit à quelques rues de l’endroit où elle a grandi. Elle ne s’excuse toujours pas de son indifférence. « J’étais jeune et occupée avec ma propre vie », se souvient-elle. Juste au coin de la rue où elle travaillait, il y avait une maison de retraite dans la Grosse Hamburger Strasse servant de centre de collecte pour les transports juifs à Theresienstadt et Auschwitz. « Mon fils m’a toujours dit : Comment avez-vous pu être si inconsciente ? » dit-elle. « Je n’ai jamais rien vu! »
La terminologie nazie trébuche encore facilement hors de sa langue. "Berlin était déjà Judenrein (« purifié des Juifs ») à ce moment-là, et j’étais trop jeune pour avoir remarqué quoi que ce soit avant cela. Il y avait des filles juives dans ma toute première photo de classe, prise en 1933, mais au moment où la prochaine a été prise, elles étaient toutes parties. Quand j’ai demandé à ma mère à leur sujet, elle m’a dit qu’ils avaient déménagé en Palestine.
Des décennies s’écouleront avant qu’elle ne comprenne ce qui s’était passé. « Ce n’est que lorsque j’ai vu Buchenwald dans les années 1970 que j’ai vu des photos des camps », se souvient-elle. « Il m’a fallu des années pour réaliser ce qui s’était passé. »
a suivre... | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 37478 Age : 58 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Sam 5 Sep - 13:06 | |
| Aussi humble soit-elle, l’histoire de Gitti est emblématique. Comme l’écrivait l’historien britannique Ian Kershaw en 1983 : « La route d’Auschwitz a été construite par la haine, mais pavée d’indifférence. » Elle est à l’abri de l’idéologie. Tout ce qu’elle fait, c’est nager avec la marée, chroniquer allègrement son ascension dans les rangs de la Ligue des filles allemandes (BDM) et mentionner superficiellement qu en mars 1944 ,elle a rejoint le parti nazi. Elle le fait principalement pour se faire des amis, semble-t-il. « Habituellement, tout ce que nous faisions, c’était chanter des chansons », dit-elle. « Mais oui, nous étions assez vif sur Hitler - bien sûr que nous étions tous endoctrinés comme des enfants. »
Mais la politique ne l’a jamais intéressée. Quelques jalons font son entrée dans son journal : au début de 1943, elle fait allusion au célèbre discours de Goebbel -- « La guerre totale a commencé aujourd’hui », note-t-elle sans passion -- et en juillet 1944, à la tentative d’assassinat ratée sur la vie d’Hitler. Elle ne semble pas être indûment bouleversée.
Dans l’ensemble, elle est plus préoccupée par les difficultés quotidiennes - bien que dans les circonstances, beaucoup d’entre eux semblent plus comme des luxes. En novembre 1944, par exemple, alors qu’Hitler planifiait une offensive majeure dans la région ardennaise sur le front occidental, elle se plaint d’une periode désastreuse et s’inquiète d’aller travailler sous la peur.
Ni acteur, ni victime
La sienne est une perspective rarement vue dans la littérature allemande de la Seconde Guerre mondiale, un domaine dans lequel la voix féminine a mis du temps à se faire entendre. « Dans les années 1950 et 1960, l’accent était davantage mis sur les souvenirs de la bataille et l’expérience masculine », explique Arnulf Scriba, qui coordonne un projet au Musée historique allemand appelé « Mémoire collective », une archive de témoignages personnels. Comme il le souligne, ceux-ci ont tendance à être fournis par des auteurs ou des victimes - en particulier ces derniers. « Ils peuvent s’attendre à être « compris », alors qu’il est clair que personne ne se targue d’avoir assassiné ou violé ou simplement d’avoir été du mauvais côté », dit-il. Gitti, cependant, n’est ni l’un ni l’autre. Elle n’est qu’un rouage dans une Allemagne nazie en mouvement, une jeune femme prête à croire ce qu’on lui dit, et finalement vivre normalement avec de la chance.
Bien qu’elle ait vécu la bataille de Berlin en direct et perdu à la fois son père et son oncle sur le front, elle est épargnée par les expériences douloureuses détaillées dans « Une femme à Berlin », le journal publié en 2005 d’une femme violée à plusieurs reprises pendant l’occupation de l’Armée rouge, sans parler du sort d’Anne Frank, qui a commencé son journal quelques mois avant Gitti a commencé le sien.
Anne Frank avait deux ans de moins que Brigitte Eicke, et le fait que les deux jeunes femmes partagent une voix narrative tout aussi fraîche et non affectée rend le contraste entre leurs vies d’autant plus choquant. Alors qu’Anne est morte à Bergen-Belsen, Gitti a pu fermer la porte à l’Allemagne nazie sans plus tarder. À peine la guerre avait-elle pris fin qu’elle est devenue membre de l’Organisation de la jeunesse antifasciste.
«J 'ai l’impression qu’ils veulent la même chose que les nazis, juste sous un autre nom. Les mêmes exigences, les mêmes discours », écrivait-elle en juillet 1945.
« Nous avons tout simplement tout embrouillé, nous n’avions pas le choix », dit-elle aujourd’hui. D’autres pourraient mendier à différer. Beaucoup de leçons ont été apprises pendant la Seconde Guerre mondiale, mais comme son journal l’illustre, ce que grandir en Allemagne nazie a enseigné à la jeune Brigitte Eicke plus que toute autre chose était la tactique de survie. Et cela ne rend pas son histoire moins précieuse.
« Fondamentalement, chaque témoignage de témoin oculaire a quelque chose d’intéressant à nous dire », dit Arnulf Scriba du Musée historique allemand. « Quelle que soit leur expérience, ils finissent par ajouter à notre compréhension du passé. »
source spiegel.de
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| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 37478 Age : 58 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Lun 7 Sep - 2:24 | |
| Berlin-avril 1945 Maintenant, la ville se mourait. En beaucoup d'endroits, l'eau et le gaz étaient coupés. Les journaux cessaient de paraître l'un après l'autre. Peu à peu, la circulation devenait impossible : les rues étaient impraticables, l'essence rare, et les véhicules tombaient en ruine. Les livraisons n'étaient plus assurées, les machines frigorifiques s'arrêtaient. Le 22 avril, le bureau télégraphique de Berlin, qui avait cent ans d'âge, cessa toute activité, pour la première fois de son histoire. Le dernier message reçu parvenait de Tokyo. Il était ainsi rédigé : « Bonne chance à vous tous. » Le même jour, le dernier avion quittait l'aérodrome de Tempelhof à destination de Stockholm avec neuf personnes à son bord. Quant aux 1 400 compagnies de sapeurs-pompiers berlinoises, elles furent, sur ordre, déplacées vers l'ouest . Et maintenant que toutes les forces de police avaient été versées dans l'armée ou dans la Volkssturm, la ville échappait peu à peu à toute autorité. Les pillages commencèrent. En plein jour, des trains de marchandises immobilisés dans les gares de triage furent mis à sac. Les commerçants qui ne voulaient pas servir leurs clients se virent parfois obligés de le faire. Hans Küster, membre des Jeunesses hitlériennes, entra avec sa tante dans une épicerie et demanda diverses denrées. Comme le commerçant prétendait qu'il ne lui restait qu'un peu de flocons d'avoine, Küster sortit son pistolet et exigea d'être servi. Soudain empressé, l'épicier lui présenta des victuailles qu'il sortit littéralement de sous son comptoir. Küster en prit autant qu'il put en porter et sortit du magasin. Sa tante était scandalisée. — Tu es un impie ! cria-t-elle dès qu'ils furent sortis. Voilà que tu prends les méthodes des gangsters américains, à présent ! — Ah ! la ferme ! répliqua Klaus. Maintenant, c'est une question de vie ou de mort. Elfriede Maigatter entendit dire que la foule était en train de mettre à sac les grands magasins Karstadt, sur la Hermannsplatz. Elle s'y précipita : c'était une cohue invraisemblable. « Tout le monde poussait et donnait des coups de pied pour essayer d'entrer », raconta-t-elle ensuite. « Il n'y avait plus de queues, plus de vendeuses,, plus de responsables. Les gens agrippaient tout ce qui se trouvait à portée de la main. Si l'objet se révélait inutile, ils le laissaient tomber par terre, tout simplement. Au rayon de l'alimentation, on marchait sur une cou che de boue gluante, épaisse de plusieurs centimètres, et faite de lait condensé, de confiture, de pâtes, de farine, de miel, de tout ce que la foule avait renversé ou abandonné sur place. Devant les risques de pillage, beaucoup de commerçants prirent les devants : plutôt que de voir leurs magasins mis à sac par une populace en délire, ils préférèrent liquider leurs réserves et distribuer leurs marchandises sans même demander en échange ni tickets de rationnement ni argent. Il y avait d'ailleurs une autre raison à cela : ils avaient, en effet, entendu dire que, lorsque les Russes tombaient sur des stocks dissimulés, ils incendiaient le magasin. Même pour les pillards, la viande se faisait rare. Au début, certains bouchers disposaient encore de quelques stocks qu'ils distribuaient parcimonieusement à des clients de choix, mais cela aussi disparut. Un peu partout dans les rues, les Berlinois se mirent à dépecer les chevaux tués par les bombardements. Charlotte Richter et sa soeur virent des gens armés de couteaux équarrir un cheval gris-blanc qui avait été tué sur la Breitenbach Platz. « Le cheval, constata Charlotte, n'était pas tombé sur le flanc. Il était comme assis sur son arrière-train, la tête droite, les yeux grands ouverts, et il y avait des femmes qui taillaient dans ses jambes avec des couteaux de cuisine. » | |
| | | vania Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 27722 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Lun 7 Sep - 9:11 | |
| On retrouve également ces témoignages de fin du monde dans "Berlin, la dernière bataille", de Cornélius Ryan... | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 37478 Age : 58 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Lun 7 Sep - 14:23 | |
| L entree des soviets a Berlin Ils enfoncèrent la ceinture extérieure des défenses de Berlin et se frayèrent un chemin vers le second anneau de protection de la ville. Blottis derrière les chars T-34 et les canons automoteurs, ils se battaient dans les rues, sur les routes, dans les avenues et les parcs. En tête avançaient les rudes troupes d'assaut de la garde de Joukov et de Koniev, ainsi que les soldats casqués de cuir des quatre grandes armées blindées. Derrière eux arrivait l'infanterie, vague après vague. C'étaient d'étranges soldats. Ils venaient de toutes les républiques d'Union soviétique et, sauf les régiments d'élite de la Garde, différaient autant par leur apparence physique que par leur uniforme. Ils parlaient un si grand nombre de langues et de dialectes que souvent les officiers ne pouvaient communiquer avec des éléments de leurs propres unités. Il y avait parmi eux des Russes et des Biélorusses, des Ukrainiens et des .Caréliens, des Géorgiens et des Kazaks, des Arméniens et des Azerbaïdjanais, des Bachkirs, des Mordves, des Tartares, des Yakoutes, des Uzbeks, des Mongols et des Cosaques. Certains portaient des uniformes brun foncé, certains des uniformes kaki ou gris-vert. D'autres étaient vêtus de pantalons sombres, avec des vareuses à col montant qui allaient du beige au noir. Leurs coiffures étaient également hétéroclites : casques de cuir avec rabats flottants pour les oreilles, toques de fourrure, casquettes kaki, bosselées, tachées de sueur. Tous semblaient porter des armes automatiques. Ils arrivaient à cheval, à pied, à moto, dans des voitures à cheval, dans des véhicules de toute sorte pris à l'ennemi, et tous se jetaient sur Berlin. Le laitier Richard Poganowska arrêta sa voiture et ouvrit de grands yeux : cinq tanks russes appuyés par de l'infanterie remontaient la rue dans un grondement sourd. Il fit demi-tour et revint à la laiterie Domane-Dahlem, puis rejoignit sa famille à la cave. Ils attendirent un long moment. Soudain, quelqu'un ouvrit d'un coup de pied la porte de l'abri, et des soldats de l'armée rouge entrèrent. Ils jetèrent un coup d'oeil autour d'eux, puis repartirent sans mot dire. Un peu plus tard, il en revint d'autres, qui ordonnèrent à Poganowska et aux autres employés de la laiterie de se rendre au bâtiment administratif. Pendant qu'il attendait, Poganowska remarqua que tous les chevaux avaient disparu, mais que les vaches étaient encore là. Un officier soviétique, qui parlait un excellent allemand, enjoignit aux hommes de reprendre leur travail. Ils devaient continuer, dit-il, à soigner les animaux et à traire les vaches. Poganowska avait du mal à en croire ses oreilles : il s'était attendu à bien pire. Il en fut de même dans tous les quartiers excentriques où les gens voyaient les troupes russes pour la première fois. Les éléments avancés de l'armée soviétique se composaient d'hommes rudes, mais d'une parfaite correction : ce n'était pas du tout ce à quoi les citadins terrifiés s'étaient attendus. A 7 heures, ce soir-là, Pia Van Hoeven était en train d'éplucher des pommes de terre, assise à l'entrée de la cave de son immeuble. Près d'elle, d'autres femmes bavardaient, adossées à la porte grande ouverte de l'abri. Soudain, Pia leva la tête et resta bouche bée : elle se trouvait nez à nez avec la gueule menaçante de deux mitraillettes tenues par des soldats russes. « J'ai levé tranquillement les bras en l'air, raconte-t-elle, le couteau dans une main et une pomme de terre dans l'autre. » Les autres femmes la regardèrent, se détournèrent, et mirent à leur tour les mains en l'air. A la grande surprise de Pia, un des soldats demanda en allemand : — Soldats ici ? Volkssturm ? Des armes ? Les femmes secouèrent la tête. — Bons Allemands, approuva le soldat. Ils entrèrent, prirent les montres de ces dames et disparurent. Pia et ses voisines décrétèrent que tout ce que leur avait raconté Goebbels n'était qu'un tissu de mensonges, un de plus. — Si tous les Russes se comportent de cette façon, dit Pia à ses amies, alors nous n'avons rien à redouter. La discipline et la correction des premières troupes russes stupéfièrent tout le monde. Le pharmacien Hans Miede remarqua que les soldats soviétiques « semblaient éviter d'ouvrir le feu sur une maison tant qu'ils n'étaient pas sûrs qu'elle cachât des défenseurs allemands ». Helena Boese, qui avait vécu dans la terreur de l'arrivée des Russes, se trouva face à face avec un soldat de l'armée rouge dans l'escalier de sa cave. Il était « jeune, beau garçon, et portait un uniforme impeccable ». Quand elle sortit de la cave, il se contenta de la regarder, puis, tout en lui faisant comprendre par gestes qu'il ne lui voulait pas de mal, lui tendit un bâton auquel était attaché un mouchoir blanc en signe de capitulation. Ilse Antz, qui avait toujours cru que les Berlinois seraient « jetés en pâture aux Russes », dormait dans le sous-sol de son immeuble quand le premier Russe entra. Réveillée en sursaut, elle le regarda avec des yeux agrandis par la terreur. Mais le jeune soldat brun se contenta de lui sourire et lui dit, en mauvais allemand : — Pourquoi peur ? Tout va bien maintenant. Dors. Les defenseurs allemands Les Russes arrivaient partout en masse compacte, refoulant les faibles forces qui défendaient la ville. Les Volkssturm, la police, les pompiers, toutes ces unités combattaient côte à côte, mais sous des commandements différents. Si elles luttaient pour tenir le même objectif, les ordres qu'elles recevaient étaient souvent contradictoires. Beaucoup d'hommes, en fait, ignoraient qui étaient leurs officiers. Le nouveau commandant d'armes de Berlin, le général Weidling, avait réparti les quelques vétérans rescapés de son 56e panzer dans les différentes zones de défense pour appuyer la Volkssturm et les Jeunesses hitlériennes, mais c'était une goutte d'eau dans la mer. Zehlendorff tomba presque immédiatement. Les Jeunesses hitlériennes et les territoriaux qui tentaient de résister devant l'hôtel de ville furent anéantis. Le maire hissa le drapeau blanc, puis se suicida. A Weissensee, où les communistes étaient en majorité avant l'avènement de Hitler, la capitulation fut immédiate en bien des points, et des drapeaux rouges apparurent, dont beaucoup portaient encore des traces révélatrices, là où on avait en hâte décousu les croix gammées. Les barricades furent balayées comme fétus de paille. Pour aller plus vite, les tanks russes faisaient sauter les immeubles plutôt que d'envoyer des soldats à la recherche des tireurs d'élite. L'armée rouge ne perdait pas de temps. Certains obstacles, comme les tramways et les chariots chargés de pierres, étaient démolis au canon, à bout portant. Quand ils rencontraient des défenses plus solides, les Russes les contournaient. L'artillerie rasa les quartiers centraux mètre par mètre. Au fur et à mesure de leur progression, les Russes amenaient à pied d'oeuvre les grandes formations de canons et d'orgues de Staline utilisées sur l'Oder et la Neisse. Sur les aérodromes de Tempelhof et de Gatow, les canons alignés se touchaient presque. Il en était de même dans les forêts de Grunewald et de Tegel, dans les parcs et dans tous les espaces libres — même dans les jardins des immeubles. Les principales artères étaient encombrées de rangées entières d'orgues de Staline faisant pleuvoir une grêle ininterrompue d'obus au phosphore qui transformaient en brasiers des quartiers entiers. « Les incendies étaient si nombreux, se rappelle le territorial Edmund Heckscher, qu'il n'y avait plus de nuit. On aurait pu lire le journal comme en plein jour, si on avait eu des journaux. » A mesure que les Russes s'enfonçaient plus avant au cœur de la ville, les territoriaux se débandaient, abandonnant sur place uniformes et brassards. Certains officiers en vinrent à dissoudre délibérément leurs unités. Un peu partout dans Berlin, les soldats commençaient à déserter. Des groupes de SS rôdaient dans la ville en quête de déserteurs, et se chargeaient de faire justice eux-mêmes. Ils arrêtaient pratiquement toute personne en uniforme pour vérifier les identités et les unités. Tout homme soupçonné d'avoir abandonné sa compagnie était fusillé sans autre formalité, ou bien pendu à un arbre ou à un réverbère pour servir d'exemple. De toute part désormais, les défenseurs de Berlin étaient refoulés vers les ruines des quartiers du centre. Pour ralentir la progression russe, on fit sauter 120 des 248 ponts de la capitale. Il restait si peu de dynamite que le général Weidling dut avoir recours à des bombes d'avion. Des fanatiques détruisirent de plus certaines installations sans songer aux conséquences possibles. Les SS firent notamment sauter un tunnel de 6 500 mètres qui passait sous un bras de la Spree et sous le canal de la Landwehr. C'était un tunnel de jonction ferroviaire où avaient trouvé refuge des milliers de civils. Quand l'eau se mit envahir le tunnel, ce fut une ruée frénétique le long des voies en direction des parties plus élevées de l'ouvrage. Le tunnel n'était pas seulement bondé de réfugiés, il s'y trouvait également quatre trains sanitaires chargés de blessés. Presque tous périrent. | |
| | | vania Modo-Felfgendarme
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| | | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 37478 Age : 58 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Mer 9 Sep - 1:34 | |
| L'assaut du Reichstag Les murs des étages inférieurs ont été renforcés par des rails, du ciment armé et de la terre. Les fenêtres et les portes sont murées et l'on y a ménagé des meurtrières pour permettre le tir. A quelque deux cents mètres de l'immeuble se trouvent trois tranchées reliées aux caves, protégées par des fossés antichars remplis d'eau. Les rues menant au Reichstag sont barricadées et les carrefours minés. Au sud-ouest du bâtiment, c'est-à-dire dans le jardin zoologique, les Allemands ont construit un point d'appui fortifié avec des blockhaus en béton. La garnison du Reichstag comprend essentiellement des détachements prélevés sur des bataillons de la Volkssturm S.S. et de petites unités de l'École navale venues de Rostock, soit environ 5 000 hommes au total. L'assaut du Reichstag proprement dit débute le 30 avril à l'aube et se poursuit sans interruption jusqu'au matin du 2 mai. La garnison se défend avec l'énergie du désespoir, sans se soucier de ses pertes ni de l'inutilité de sa résistance. Les attaques lancées à 4 h 30 et à 11 h 30 par les 150e et 171e divisions échouent. De petites unités des 674e et 756e régiments atteignent le dernier obstacle — le fossé antichars — mais, prises sous un déluge de fer et de feu, doivent se retrancher. Non contents de tirer sur leurs adversaires, les Allemands lancent en outre un certain nombre de contre-attaques pour tenter de briser l'assaut soviétique. Le bombardement qui prélude à l'investissement du Reichstag débute le 30 avril à 13 heures. Tous les canons automoteurs et les lances-roquettes tirent à vue. C'est à 13 h 30 que l'assaut commence. Tandis que les mitrailleuses et les armes automatiques des défenseurs déversent un torrent de feu sur l'infanterie, des canons de gros calibre et des pièces de D.C.A., installés dans le jardin zoologique, clouent sur place la plupart des assaillants, si bien que seuls des groupes isolés réussissent à percer. L'assaut a échoué une fois de plus. L'attaque reprend à 18 heures sous la protection de l'artillerie. Entrer en force dans le bâtiment se révèle particulièrement difficile. Les soldats s'infiltrent d'abord dans le vestibule circulaire par des brèches pratiquées dans les murs. Bientôt, de violents combats débutent dans les autres salles. Les Allemands résistent avec l'énergie du désespoir. On se bat farouchement pour chaque étage, pour chaque palier, pour chaque corridor, pour chaque pièce ; les défenseurs utilisent tout ce dont ils disposent grenades, bazookas, armes automatiques, mitrailleuses — incendient les salles et lancent de fréquentes contre-attaques. La fumée suffoque les hommes. Dans la nuit du 30 avril au 1er mai, les sergents Yegorov et Kontary, sur ordre du colonel Zintchenko, commandant le 756e régiment, vont hisser sur le dôme du Reichstag l'étendard offert au régiment par le conseil militaire de la Ille armée de choc ! Bien que la bataille du Reichstag se poursuive pendant toute la journée du 1er mai, la volonté de résistance des défenseurs est brisée et, ça et là, de petits groupes commencent à brandir des drapeaux blancs. Ceux qui se sont retranchés dans le sous-sol sont désormais dans une position désespérée et ils capitulent dans la matinée du 2 mai. Sur la garnison du Reichstag, quelque 2 500 soldats ont été tués et 2 600 faits prisonniers. | |
| | | vania Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 27722 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Mer 9 Sep - 9:30 | |
| - Citation :
- Sur la garnison du Reichstag, quelque 2 500 soldats ont été tués et 2 600 faits prisonniers.
Les Soviets les ont fusillés ? - Citation :
- bataillons de la Volkssturm S.S.
C'est quoi ? ... | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 37478 Age : 58 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Mer 9 Sep - 12:23 | |
| Je ne pense pas que les prisonniers ont ete abattus car j ai vu des photos de colonnes d allemands encadres par les soviets au sortir de Berlin. Yep,trouve! | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 37478 Age : 58 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Jeu 10 Sep - 1:46 | |
| Le 27 avril, les Russes occupent Spandau, avancent dans les districts de Schôneberg et de Kreuzberg et installent une administration municipale à Mariendorf. L'aérodrome de Gatow est définitivement perdu. On assiste aux premiers échanges de coups de feu entre la police et la Wehrmacht. Des cours martiales improvisées font leur apparition. Les juges sont la plupart du temps de très jeunes SS. Le général Mummert, commandant la division Müncheberg, interdit dans son secteur l'activité des cours martiales improvisées. Il n'est pas inquiété. Des unités de sa division sont obligées de battre en retraite à Potsdamerplatz ; dans l'obscurité complète, elles s'échappent par le tunnel du métro, en suivant la voie jusqu'au Nollendorfplatz. Pendant ce temps, des membres de l'armée Rouge avancent en tâtonnant dans le tunnel jusqu'à la Postdamerplatz. Boldt note ce même jour : Depuis bientôt huit jours, les Berlinois, femmes, enfants, vieillards, malades, blessés, soldats et réfugiés vivent dans les caves et les ruines du centre de la ville. Le ravitaillement est virtuellement suspendu. Mais la soif est pire que la faim, car depuis plusieurs jours il n'y a plus d'eau. A quoi s'ajoutent les incendies, les brasiers, la fumée suffocante. C'est ce même jour, qu'elle appelle « le jour de la catastrophe », que la Berlinoise anonyme de notre chronique subit le sort du vaincu : « Dehors, c'est un défilé sans fin ; des juments rebondies, des poulains entre les jambes ; une vache qui réclame en meuglant le trayeur. Voilà qu'ils installent la roulante au garage d'en face. C'est la première fois que nous voyons des figures humaines ; de larges crânes, tondus ras, des gaillards bien nourris, d'humeur joyeuse. « Mais dans toutes les caves on chuchote, on tremble. Si quelqu'un pouvait décrire la vie grouillante et effrayante de ce monde souterrain, cette vie retirée, divisée en alvéoles, les uns ignorant l'existence des autres! Dehors, le ciel est bleu, sans nuages... « Je recule vers la cave, traverse la cour intérieure. Il me semble avoir semé le Russe qui me poursuivait. Mais soudain, il se dresse à mes côtés, se glisse avec moi dans la cave. Il titube, éclairant nos visages, un à un, avec sa lampe de poche. La cave se fige en glace... » Cette femme parle un peu le russe, elle peut s'entretenir avec les vainqueurs. Mais ce jour-là ses connaissances linguistiques ne lui sont d'aucun secours, pour utiles qu'elles se révéleront par la suite. « Je hurle, je hurle... Derrière moi, la porte de la cave se ferme. L'un d'eux me prend par les poignets et me pousse dans le couloir. L'autre m'entraîne aussi en appliquant sa main sur ma gorge; je ne peux plus crier, je n'ose plus crier de peur d'être étranglée. Tous deux me houspillent, voilà que je tombe à terre. Mon trousseau de clefs retentit d'un bruit métallique sur les dalles. Ma tête heurte la marche inférieure, je sens le ciment touchant mon dos. En haut, devant la porte d'entrée, par où filtre une faible lumière, un des hommes fait le guet... » On ne se demande jamais qui étaient ces soldats de l'armée Rouge, sans même parler des motifs qui les poussaient à la violence. Personne n'a jamais entrepris jusqu'à ce jour le moindre effort pour jeter quelque lumière sur les faits. Il est courant mais grotesque d'affirmer, qu'un homme de lettres soviétique d'origine juive du nom d' Ilya Ehrenbourg aurait pu « inciter » les millions de soldats de Joukov et de Koniev à déshonorer les femmes allemandes. D'autre part, les citoyens soviétiques qui sont au courant de violences subies par les femmes allemandes de la part de militaires ayant appartenu au ler front de Biélorussie ou au ler front d'Ukraine considèrent qu'il s'agit d'un sujet tabou. Un Allemand entretenant des relations amicales avec un citoyen soviétique au point de discuter avec lui très franchement de toutes sortes de problèmes ne doit pas s'aviser de toucher à ce sujet . On comprend d'ailleurs qu'un Allemand soit mal placé pour évoquer ce chapitre en Russie étant donné les atrocités commises dans ce pays. On peut résumer l'attitude allemande et l'attitude soviétique face aux viols de la manière suivante : pour les Allemands, il n'y avait que cela; pour les Soviétiques, les viols n'existaient pas. Vingt ans après la fin de la guerre, on propose toujours, en U.R.S.S., l'image immaculée du combattant de Berlin telle que la Pravda l'avait créée en mai 1945 : le soldat soviétique y faisait figure de héros et de missionnaire appelé à servir de modèle au fasciste corrompu et à ses victimes fourvoyées. Les récits allemands nous fournissent-ils un tableau plus complet, plus véridique? Oui, je me souviens de l'arrivée des Russes, nous dit Mme P. Un soldat soviétique grimpa sur les barricades près de la station de métro, Weinmeisterstrasse, et agita un drapeau rouge. Trois ou quatre Berlinoises lui sautèrent au cou. Les soldats se précipitèrent dans les caves et se livrèrent au pillage. Ils emmenèrent aussi des femmes et des jeunes filles, mais ma cadette (17 ans à l'époque) put se cacher. Dans la maison de derrière on assista bientôt à un vrai trafic de femmes. Mme J. est depuis 1933 secrétaire de direction dans une clinique de gynécologie de Charlottenburg : A cette époque, j'étais dans le service du professeur Sch. Pendant trente ans, jusqu'en 1952, il avait rempli les fonctions de médecin-chef. Le 30 avril 1945 les Russes se présentèrent dans notre villa à Westend et mirent tout le monde dans la rue. Ma mère et moi fûmes accueillies par des amis ; mais d'affreux excès nous obligèrent à nous réfugier dans la clinique. C'était le ler mai. Les Russes avaient également occupé la clinique et l'on nous conseilla d'aller ailleurs, car les Russes préparaient de grandes festivités. Il était facile de s'imaginer ce qu'ils feraient après avoir bu. Je réussis à me grimer en petite vieille. Les malades — il n'y avait plus qu'une douzaine de cas graves — ne risquaient rien, puisqu'elles se trouvaient dans la partie de l'établissement restée clinique ; les autres ailes du bâtiment avaient été transformées en campement. Ils occupèrent aussi les étages supérieurs, évacués par nous depuis quelque temps à cause des bombardements et de la canonnade. Une salle de l'établissement servait aux Russes d'écurie. Une autre, d'hôpital militaire. Pendant les toutes premières opérations, nos infirmières devaient tenir des lampes à pétrole. Les soldats russes se présentèrent au bureau de mon père et lui demandèrent : • Toi professeur? » Ravis d'apprendre qu'il était médecin, ils se firent traiter par lui : leurs maladies vénériennes, dont ils avaient une peur sans bornes, étaient la plupart du temps imaginaires. Mme J. résume ainsi ses impressions : Le comportement des soldats soviétiques était ambivalent. Ils n'avaient pas la moindre pitié pour tout être féminin qui tombait entre leurs mains; mais ils prenaient soin des malades et des blessés. Lorsque le professeur Sch. refusa un jour l'accès du bunker à une femme allemande assez gravement blessée parce qu'il ne voyait aucun moyen de la traiter ou de la loger, les Russes insistèrent sur un ton péremptoire et exigèrent que le professeur l'opérât. Les officiers russes étaient pimpants et courtois; les soldats marqués par d'âpres combats, mais ni déguenillés ni sales. Le pire était ces infects Mongols qui nous abordaient sans cesse et que nous ne comprenions pas ! D'un récit que le pasteur Heinrich Grüber a mis à ma disposition, je relève les phrases suivantes : Nous commençâmes à enlever les barrages antichars et à combler les tranchées. Les vivres encore disponibles furent collectés et rationnés. Pour constituer quelques réserves, des hommes furent chargés de s'emparer des chevaux blessés et de les abattre. Il fallut bientôt transformer la maison paroissiale en hôpital militaire; dans la demeure de l'Ortsgruppenleiter, on installa une maternité. On y soignait aussi les femmes violées. Les excès se multipliant, j'en appelai au commandant soviétique. On me promit de punir les responsables, mais nous ignorions la plupart du temps leurs noms. Il arrivait aussi que des soldats pris en flagrant délit fussent abattus d'un coup de pistolet par leur officier. | |
| | | vania Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 27722 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Jeu 10 Sep - 9:46 | |
| - Citation :
- Je ne pense pas que les prisonniers ont ete abattus car j ai vu des photos de colonnes d allemands encadres par les soviets
au sortir de Berlin. Je parlais juste des rescapés des combats dans le Reichtag... Pour le reste, les prisonniers ont été envoyés en U.R.S.S. Beaucoup de sont pas revenus, mais les Soviets ont utilisé nombre d'entre eux non pas pour les mines de sel de Sibérie comme on le pense souvent, mais pour reconstruire le pays. Voronej par exemple, compte encore quelques quartiers, maintenant vétustes, entièrement faits par les allemands prisonniers... | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 37478 Age : 58 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Jeu 10 Sep - 14:12 | |
| Plusieurs textes affirment que les Berlinoises considéraient les récits de viols par les soldats soviétiques dans les territoires occupés par eux, et surtout en Prusse-Orientale, comme de la propagande nazie, si bien qu'elles étaient mal préparées au danger qui les menaçait. On notait que les soldats soviétiques s'acharnaient contre les femmes et jeunes filles surtout pendant les premières heures et les premiers jours de l'occupation; d'autres, en revanche, prétendent que les combattants de la première vague se sont comportés correctement et que ce furent les unités d'occupation qui mirent la ville à feu et à sac. Selon ces derniers témoignages, les journées les plus funestes furent celles qui suivirent les deux premiers jours. Mais ce n'était certainement pas la règle : tous les témoignages concordent pour affirmer que les premiers soldats de l'armée Rouge se précipitaient déjà, une torche électrique à la main, dans les caves pour s'emparer aussitôt de leurs victimes. OÙ étaient passés les hommes allemands qui auraient dû défendre leurs femmes? Nous savons que le célèbre acteur Friedrich Kayssler fut abattu d'un coup de pistolet parce qu'il était intervenu contre l'agresseur de sa femme de ménage. Nous savons qu'une demi-douzaine de Berlinois (parmi des centaines d'autres) payèrent leur courage de leur vie. Nous savons qu'une douzaine d'autres réussirent (en réalité, il y en eut probablement quelques centaines) à préserver leurs femmes et d'autres femmes, en usant de circonspection et de ruse. Friedrich Luft raconte : La maison voisine s'était écroulée la veille, fauchée par un obus. Trois personnes avaient péri dans le sous-sol. J'ignore ce qui nous poussa à les retirer des décombres : probablement le goût bien connu de l'Allemand pour le travail bien fait. Nous avons donc récupéré les corps pour les déposer dans notre jardin; là nous les avons couverts d'un tapis. Plusieurs jours de suite, je jouai aux Russes la même comédie macabre : je les conduisais au jardin, pendant que nos femmes se cachaient dans les combles et, retirant le tapis, leur montrais deux cadavres de femmes en éclatant en sanglots. Je constatais, non sans émotion, que les Russes fondaient également en larmes et m'offraient parfois, en se signant de la croix (qu'ils portaient sur eux), un simple morceau de pain. Ensuite, ils s'en retournaient, tout remués, probablement à la recherche d'autres partenaires. Mais nos femmes durent leur sécurité, du moins momentanée, à ce stratagème. Nous savons que quelques époux furent forcés d'assister au viol de leurs femmes; on les laissait parfois en vie, d'autres fois on les tuait. Quelques-uns n'ont jamais surmonté ce traumatisme psychique. Mais les autres, l'immense majorité des hommes allemands s'abritaient derrière le dos des femmes; certains avaient peur et étaient d'une lâcheté défiant l'imagination ; les femmes avaient peur aussi, mais elles étaient d'un courage exemplaire ! C'étaient elles qui sortaient des caves pendant les bombardements et les tirs d'artillerie pour chercher de l'eau, pour faire la queue en quête de quelques vivres. Avec rien, elles confectionnaient des repas, préparés au feu de bois; elles qui avaient l'habitude de faire la cuisine au gaz et à l'électricité, se mettaient à la recherche de brindilles. Elles cachaient les jeunes filles et les défendaient contre les soldats soviétiques, parfois en se sacrifiant elles-mêmes. Elles apportaient de la soupe aux hommes alités pour des coliques hépatiques ou néphrétiques qui duraient le temps du danger (les femmes ignoraient ce genre de coliques ) Elles clouaient des planches aux fenêtres sans carreaux; elles déblayaient la ville en gardant dans une certaine mesure leur bonne humeur. Sans l'énergie de quelques-uns, sans la ferme volonté des personnes valides de vaincre les insuffisances et la misère, les centaines de milliers de Berlinois incapables de travailler n'auraient pas survécu. Deux millions et demi d'habitants se trouvaient enfermés en un espace restreint, dans l'impossibilité de se déplacer par suite de la destruction des moyens de transport et des interdictions. Au début, les Berlinois n'avaient pas même le droit de quitter leurs districts respectifs. De tous les Allemands, les Berlinois étaient les plus durement frappés. Les Russes étaient des maniaques de la statistique. Les premiers recensements de la population de la capitale eurent lieu alors que toutes les parties de l'agglomération n'étaient même pas encore entre leurs mains et que Hitler vivait encore. Un mois plus tard, leur rage statisticienne s'étendait à toutes les activités humaines. Abstraction faite des ordres de la Kommandantur militaire soviétique, les premiers documents imprimés berlinois à voir le jour furent les nouvelles cartes de rationnement. Deux millions de cartes furent distribuées, 200 000 autres tenues en réserve. Trois semaines plus tard, les 200 000 de réserve étant également distribuées, on procéda à un nouveau tirage de 200 000 suivi d'un autre de 100 000. Cet accroissement constant n'était pas dû aux réfugiés mentionnés par Bersarine, mais à la foule d'hommes qui s'étaient cachés de peur d'être déportés : après le 10 mai, ils refaisaient surface, d'une part parce que la panique générale s'était apaisée, d'autre part parce que les femmes se trouvaient dans l'impossibilité de nourrir tant de bouches sans cartes de rationnement. D'après les indications soviétiques, la population berlinoise de 2 millions d'individus se composait, deux semaines après la capitulation, de 70 % de femmes, d'enfants, d'invalides et de rentiers. Il y avait donc à peu près 600 000 hommes capables de travailler. Quinze jours plus tard à peine, les Soviétiques constatèrent que leur nombre avait monté à 900 000. Ce furent cependant les femmes qui déblayèrent Berlin et en refirent une ville habitable. Les Russes avaient recruté dès le ler mai, donc avant la fin des hostilités, 300 femmes allemandes qui devaient déblayer, sans aucune espèce d'outillage, les pistes de l'aérodrome ; le 2 mai, les premiers appareils soviétiques s'y posèrent. Parfois on réquisitionnait les Triimmertrauen en pleine rue; dans d'autres cas, la misère poussait les femmes à s'offrir comme main-d'oeuvre car ce travail leur donnait droit à des rations supplémentaires. Il est certain que l'absence de tout outillage même rudimentaire et de tout moyen de transport aurait permis aux femmes, embauchées de force ou par suite de la misère, de faire semblant de travailler. Mais pas une seule ne s'en avisait : dans une ville où, plus qu'ailleurs en Allemagne, les conditions de vie approchaient du zéro absolu, des efforts surhumains ont été accomplis. | |
| | | vania Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 27722 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 Ven 11 Sep - 10:03 | |
| - Citation :
- Kommandantur militaire soviétique
Pas banal comme terme !... Les soldats soviétiques, pourtant bien farcis de propagande et d'idées revanchardes, ont ensuite parfaitement administré la ville de Berlin, ou ce qu'il en restait. Berzarine, le général commandant la 5ème armée de choc et à qui la tâche fut confiée, devint même citoyen d'honneur de la ville de Berlin. | |
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| Sujet: Re: Temoignages bataille de Berlin 1945 | |
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| | | | Temoignages bataille de Berlin 1945 | |
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