Les partis politiques allemands viennent de s'entendre - sans l'AfD - pour inscrire dans la Loi fondamentale la possibilité d'un endettement pour des dépenses militaires.
En pratique, l'Allemagne aliène sa souveraineté aux Etats-Unis un peu plus.
Il est grand temps pour la France de tirer les conséquences de cette nouvelle donne.
La carte que nous reproduisons ci-dessus donne les bases militaires de l’OTAN, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis sur le territoire allemand en juillet 2019.
Elle dit une chose très simple: trente ans après la réunification, l’Allemagne n’est pas redevenue une nation pleinement souveraine.
En 1989-1990, George Bush l’Aîné et Margaret Thatcher l’ont emporté sur Charles de Gaulle. L’Allemagne réunifiée est restée dans l’OTAN.
Elle a participé aux côtés des Etats-Unis aux guerres de Yougoslavie.
Elle a été entraînée dans la guerre d’Afghanistan. Et la voilà toujours plus impliquée, avec Washington, dans la destruction de l’Ukraine, depuis 2012-2013.
L’Allemagne est un lieu de stationnement de charges nucléaires américaines.
Le choix du gouvernement Scholz
Loin de saisir l’occasion de la guerre en Ukraine pour s’émanciper, le gouvernement Scholz a décidé de se lier un peu plus à l’OTAN.
Pour jouer sa partie dans l’OTAN, le Chancelier Scholz avait annoncé dès le 27 février une dotation de 100 milliards d’euros dont les intérêts serviraient à financer
un réarmement allemand.
L’Allemagne d’aujourd’hui fait penser à ces bourgeois du XIXè siècle prêchant la vertu en famille avant d’aller rendre visite aux filles.
Depuis la fin février, on se préoccupe de ne pas mettre à mal la doctrine d’orthodoxie budgétaire.
Le Spiegel résume très bien la situation:
“En tant que ministre des Finances, Christian Lindner prêche la discipline budgétaire, tout en devant faire face aux défis posés par la guerre en Ukraine
et la pandémie de coronavirus. Le politicien du FDP a maintenant défendu sa stratégie suite à l’accord sur un fonds spécial de 100 milliards d’euros pour l’armée allemande.
Une bonne politique économique ne peut pas signifier durablement de tout promouvoir avec des fonds publics, a déclaré l’homme politique du FDP dans l’émission “heute journal”
de la ZDF.
Il a qualifié le pot spécial pour un meilleur équipement de la Bundeswehr d'”exception unique”. Le chef du FDP a souligné que l’accord conclu par la coalition et la CDU/CSU
renforcerait la Bundeswehr, respecterait le frein à l’endettement et éviterait les hausses d’impôts. Il en a fait son cheval de bataille.
La coalition tricolore, composée du SPD, des Verts et du FDP, s’était mise d’accord avec l’opposition CDU/CSU tard dimanche soir, après des semaines de lutte,
sur les bases légales du fonds spécial prévu de 100 milliards d’euros. Il doit être ancré dans la loi fondamentale. L’accord de la CDU/CSU était donc nécessaire.
L’accord donne le feu vert pour des commandes d’armes à l’industrie de l’armement à grande échelle”.
La dernière phrase dit parfaitement les choses: le gouvernement va être en mesure d’acheter massivement des armes américaines.
Le moteur franco-allemand, c'est fini!
Récemment, la France s’est plainte de ce que, trois jours après une rencontre européenne à Versailles consacrée à “l’Europe de la Défense”, l’Allemagne ait annoncé faire le choix
du F35 contre le SCAF, l’avion de combat européen.
Et pourtant tout cela est écrit depuis la réunification.
La France a accepté que l’Allemagne réunifiée soit dans l’OTAN.
Puis elle a accepté que l’OTAN soit au coeur du Traité de Maastricht.
L’industrie de la défense allemande ne veut pas créer de géant industriel purement européen.
Le gouvernement allemand ne veut pas créer une véritable “Europe de la défense”.
Les Français se bercent d’illusions. L’opposition commune à la guerre d’Irak de 2003 a été le chant du cygne d’une vision franco-allemande à la de Gaulle.
A présent, il est temps pour notre pays de reprendre son autonomie stratégique. Surtout après avoir entendu le gouvernement allemand expliquer que bientôt l’Allemagne
aura la plus forte armée d’Europe !
source
lecourrierdesstrateges.fr