Localisation de l'épave
Au début des années 1950, l'archéologue amateur Anders Franzén examina la possibilité de récupérer des épaves des eaux froides et saumâtres de la Baltique,
considérant que celles-ci ne pouvaient accueillir le taret (Teredo navalis) habituellement responsable de la destruction rapide des coques de bois dans les mers plus chaudes
et plus salées. Franzén avait réussi à localiser des épaves, comme celles du Riksäpplet et du Lybska Svan, et après de longues et patientes recherches, il commença à s'intéresser
au Vasa. Il passa des années à sonder les eaux autour des localisations les plus probables de l'épave, sans succès.
Puis il finit par déceler une anomalie très significative un peu au Sud du dock Gustav V, à Beckholmen.
En 1956, il réussit à mettre en évidence, grâce à une sonde de carottage (munie d'un emporte-pièce métallique à l'extrémité affûtée) qu'il avait lui-même mise au point,
un grand objet en chêne noirci presque parallèle à l'embouchure du quai de Beckholmen. Le scaphandrier Per Edvin Fälting auquel Anders avait fait appel plongea
pour déterminer l'origine du fragment et découvrit le Vasa.
La position de l'épave attira une attention considérable, même si le navire ne pouvait pas être identifié de manière certaine sans un examen approfondi.
Peu de temps après l'annonce de la découverte, on commença à établir des plans pour déterminer comment procéder à des fouilles et tenter de renflouer le Vasa.
La marine suédoise fut impliquée dès le départ, ainsi que plusieurs musées, avec le Conseil national du patrimoine, formant un groupe d'experts qui constituèrent finalement
le Comité du Vasa, prédécesseur du Conseil du Vasa.
Récupération de l'épave
L'épave fut levée de manière relativement simple, par le creusement sous la coque de six tunnels dans lesquels on passa des câbles d'acier attachés à une paire de pontons
de levage. Le travail sous le navire était extrêmement dangereux. Il fut accompli par des plongeurs munis de lances à haute pression qui rejetaient la vase hors des tunnels.
La visibilité était pratiquement nulle la plupart du temps, et réduite à seulement quelques mètres dans les meilleurs cas.
Un risque réel existait que l'épave ne se déplace ou s'enfonce plus profondément dans la vase pendant qu'un plongeur travaillait dessous.
La quasi-verticalité des tunnels au niveau des flancs faisait craindre un effondrement sur l'un des plongeurs qui pouvaient être ensevelis à tout moment.
En dépit des conditions très dangereuses, plus de 1 300 plongées furent effectuées pour ce sauvetage, sans qu'on ait eu à déplorer d'accidents graves.
Le navire fut soulevé à l'aide d'une série de dix-huit élévateurs en août-septembre 1959, depuis le fond, à 32 m, jusqu'à une profondeur de 16 m, plus facile à gérer,
dans la région bien abritée de Kastellholmsviken, où il fut soigneusement préparé durant une année et demie.
Les ponts supérieurs furent débarrassés de la vase et des débris qui les envahissaient, de manière à alléger l'épave.
Puis on fit tous les efforts pour la rendre étanche autant qu'il se pouvait, par la fermeture des sabords et l'obturation des trous laissés libres par les boulons de fer disparus,
rongés par la rouille, mais surtout par la construction d'une cloison étanche à l'arrière de la coque, tout le château de poupe s'étant détaché et effondré.
La remontée de la coque débuta le 8 avril 1961 et, le 24 avril, le Vasa était prêt à refaire surface, pour la première fois depuis 333 ans.
La presse mondiale, les caméras de télévision, 400 invités, sur des péniches et bateaux, ainsi que des milliers de spectateurs sur le rivage, purent voir l'épave apparaître
à la surface. Le navire fut ensuite obturé et calfaté, et prit place sur un ponton flottant.
Il fut de la sorte remorqué jusqu'à la cale sèche Gustav V, dans l'attente des fouilles archéologiques de toutes les parties intérieures.
Le musée Vasa
Dès la fin de 1961, le Vasa était hébergé dans une structure temporaire appelée Wasavarvet (« le chantier naval du Vasa »), où il était très à l'étroit,
ce qui rendait impossible la vue de tout le navire à la fois : les visiteurs pouvaient le contempler de seulement deux niveaux, avec un recul de 5 m au plus
et dans une atmosphère étouffante, le navire étant vaporisé et arrosé en permanence afin de contrôler son séchage.
En 1981, le gouvernement suédois décida la construction d'un bâtiment conçu tout exprès pour l'accueillir, et un concours fut alors lancé.
Les travaux s'achevèrent en 1987, et le Vasa, encore en chantier, put être remorqué jusqu'au musée Vasa en décembre 1988.
Le musée a ouvert officiellement ses portes en 1990.
Détérioration de l'épave
Durant les 333 années où le Vasa gisait sur le fond du chenal maritime de Stockholm, il fut soumis, ainsi que son contenu, à des forces destructrices,
au premier rang desquelles étaient la décomposition et l'érosion.
Parmi les premiers éléments à s'être décomposés figurent les milliers de boulons de fer qui maintenaient en place la poulaine et une grande partie du château arrière,
qui concentrent l'ensemble des sculptures de bois du navire. La quasi-totalité du fer contenu sur le bateau fut dissous par la rouille en quelques années,
et des objets ferreux volumineux tels que les munitions et pièces de canons, il n'est guère resté qu'un peu de carbone.
Cela a permis de conserver la forme de nombreux objets métalliques, alors que leur teneur en métal réel était infime.
Des restes humains, les tissus mous ont été rapidement anéantis par les bactéries, les poissons et crustacés, tandis que les os n'étaient souvent maintenus ensemble
que par les vêtements. Ces vêtements quant à eux, ainsi que les objets de cuir, comme des bourses ou des chaussures, ont été très mal conservés,
mais beaucoup d'entre eux ont cependant survécu dans des états variables jusqu'à leur résurrection du xxe siècle.
Le château arrière tout entier, qui abritait le quartier des officiers et maintenait la traverse, s'effondra peu à peu dans la boue avec toutes les sculptures décoratives,
dont il ne resta en place que de minuscules traces de peinture et de feuille d'or. Les galeries extérieures, simplement clouées sur les côtés du château arrière,
ne tardèrent pas à s'effondrer et reposaient presque directement au-dessous de leur emplacement d'origine.
Beaucoup d'éléments en bois ont été également transportés par les courants et par l'écoulement des sédiments de boue, et certains éléments sculpturaux
s'en trouvèrent si dégradés qu'ils étaient à peine reconnaissables comme des sculptures, lorsqu'ils furent récupérés.
En plus des détériorations causées par des forces naturelles, le navire eut à subir de nombreux dommages mécaniques causés par les hommes.
Les opérations de récupération plus ou moins couronnées de succès des années 1629 à 1680 ont eu un impact considérable sur la structure du navire.
Pour récupérer les canons, Peckell et Treileben avaient brisé et retiré une grande partie du platelage du pont situé au-dessus des canons.
Peckell a aussi signalé qu'il avait récupéré 30 charretées de bois du navire, qui pourraient avoir inclus non seulement des planches et des éléments de structure,
mais aussi quelques-unes des sculptures aujourd'hui disparues, telles que la figure grandeur nature du guerrier romain près de la proue ou la statue de Septime Sévère
qui ornait le côté bâbord de la poulaine. De plus, le Vasa gisait dans un canal de navigation très fréquenté, où des tonnes de scories et de matériaux ont été déversées
sur le navire dès le xixe siècle, ce qui provoqua un nouvel effondrement du château arrière et de la majeure partie du pont supérieur.
On a également retrouvé des traces d'ancres qui avaient trouvé prise sur la coque du navire et causé des dommages lors de leur arrachement.