Toujours plus inclusive, la future Marianne pourrait être virtuelle – et "un peu" transgenre
La ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa, mettait à l'honneur ce mardi 8 mars un processus par lequel la prochaine figure de Marianne ornant les timbres-poste
pourrait voir le jour, via une intelligence artificielle.
La diversité des modèles ne fait pas l’unanimité.
« Liberté, Égalité, Fraternité et… diversité ». Pour sa dernière journée internationale des droits des femmes en tant que ministre de ce gouvernement,
Marlène Schiappa tenait à marquer le coup.
Ce 8 mars dans le salon Erignac du ministère de l’Intérieur, l’instant solennel aurait dû prendre les couleurs de la cocarde tricolore.
L’évènement intitulé « Toutes Marianne », se voulait le point d’orgue de la politique menée par son ministère et une occasion de vanter au passage son bilan
lorsqu'elle était secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations.
Mais rattrapée par la guerre en Ukraine, le « bleu blanc rouge » s’est rapidement teinté de jaune.
L’occasion pour Marlène Schiappa de rendre un hommage aux femmes ukrainiennes fuyant leurs pays jusqu’à les comparer à la figure allégorique nationale :
« Marianne est aussi un modèle de progrès et d’humanité, c’est celle qui brave le danger pour trouver refuge en France. »
Si le discours a été placé sous les auspices de ce symbole républicain, c’est parce qu’il était l’occasion pour la ministre de présenter sa dernière trouvaille :
une collaboration avec le collectif artistique Obvious. Une équipe de trois jeunes qui pourrait créer, grâce à un programme d'intelligence artificielle, la Marianne de demain.
Leur oeuvre, si elle est sélectionnée, pourrait finir en timbre postal. L’opération de communication semble en tout cas séduire le parterre de personnalités féminines
venues applaudir la ministre. Le principe du projet ? Se prendre en photo type « buste » et l’envoyer dans une base de données.
Influenceuse, avocate, fonctionnaires de police, artistes et personnalités médiatiques se sont prêtés au jeu :
« moi aussi je veux être la prochaine Marianne », lance une participante, et le défilé des selfies se poursuit.
Jusqu'alors, Marianne prenait pour modèle une seule et unique femme, en chair et en os, anonyme ou célèbre, de Brigitte Bardot à Evelyne Thomas
en passant par Catherine Deneuve, Michèle Morgan ou encore Lætitia Casta.
L'inclusivité façon 2022 commande désormais la création d'une femme qui n'existe pas mais qui les rassemble toutes, au sens propre.
La société fluide à son paroxysme.
« On a déjà récolté plusieurs milliers de portraits de femmes et vers le mois de mai, on utilisera un algorithme pour produire plusieurs représentations de femmes
qui en réalité n’existent pas. Ensuite on en sélectionnera cinq ou six qu’on soumettra au vote des participantes », indique le cofondateur du collectif.
Seul bémol, l'élection présidentielle risque de court-circuiter le projet. « Si un candidat qui ne respecte pas nos valeurs est élu, on se retirera évidemment du projet,
on ne veut pas qu’il soit instrumentalisé », précise Hugo à Marianne.
Le recours à cette nouvelle forme d’expression aurait donc un prix, et ne devrait, fort heureusement, jamais tomber entre de « mauvaises » mains.