Aleksandar Vučić, un président trop indépendant ?
Pour nos médias, l’explication est simple. Le président en exercice, considéré comme « nationaliste » par Le Monde (donc le méchant), aurait volé sa victoire
aux dernières législatives.
Ce dernier est arrivé largement en tête avec 46,72 % des voix, contre seulement 23,58 % pour le candidat pro-européen (le gentil).
Seulement voilà, d’après l’opposition ils ont obtenu bien plus de voix aux récentes élections municipales, notamment à Belgrade.
Preuve pour eux que le scrutin précédent a été falsifié.
Rappel : la fraude électorale n’existe que lorsque le camp du Bien perd face au camp du Mal. Dans le cas inverse c’est du complotisme.
C’est que le président serbe cumule tous les défauts.
Il n’a jamais accepté l’indépendance du Kosovo, et bien que la Serbie soit officiellement candidate à l’Union européenne, elle refuse de s’aligner sur les sanctions de l’UE
contre la Russie. En somme, on doit comprendre que le président serbe tentait de maintenir une politique équilibrée entre l’Occident et le grand frère historique russe,
et qu’il refuse de se laisser embarquer dans une guerre contre ce dernier.
Et il y a l’épineux problème du Kosovo, que non seulement Vučić refuse de reconnaître, mais dont il ne cache pas le désir de le voir revenir au sein de la mère patrie.
En septembre dernier le feu s’était rallumé au nord du Kosovo, ou vit une importante communauté serbe, avec l’attaque d’un village
par un « commando surarmé venu de Serbie », tuant un policier kosovar. Les autorités de Pristina avaient alors condamné un « acte terroriste ».
Depuis lors, le président Vučić est considéré comme un problème pour les euro-atlantistes.
C’est en tout cas ce qu’estime la Russie a travers la voix de Maria Zakharova pour qui « les techniques de coup d’État de type Maïdan sont évidentes ».
Selon le ministre des Affaire étrangères russe Sergueï Lavrov, « l’Occident a fait chanter la Serbie : soit elle imposait des sanctions contre la Russie,
soit ils essaient d’organiser un coup d’État dans ce pays ».
Une diplomatie « à l’occidentale » comme on l’aime, alors les droits de l’homme, la démocratie, tout ça, mais à géométrie variable.
En somme, une proposition que les autorités serbes ne pouvaient pas refuser.
C’est pourtant ce qu’ils ont entrepris de faire : résister.
Le président serbe a immédiatement réagi assurant qu’« il n’y aura pas de révolution. Ils ne réussiront pas », qualifiant au passage les opposants de « bandits ».
C’est d’ailleurs l’ambassadeur russe qui aurait informé le président Vučić d’une tentative de déstabilisation en cours.
Conclusion
Devant ses échecs sur la scène internationale, notamment en Ukraine, les États-Unis et leur bras armé, l’OTAN, tentent d’ouvrir un autre front dans sa guerre contre la Russie.
C’est désormais au tour du vieil allié serbe et de son président qui « refuse de soutenir les sanctions contre la Russie ».
Pour cela, quoi de mieux qu’une bonne vieille révolution de couleur.
Voilà au moins un domaine où la CIA et la puissance occidentale ont une expertise et un savoir-faire reconnus.
Une référence à Maïdan assumée par le fondateur du « Comité Européen pour l’élargissement de l’OTAN au Kosovo », Gunther Fehlinger.
Ce dernier, enthousiasmé par les événements, n’hésite pas à appeler ouvertement à un Maidan à Belgrade !
C’est donc une nouvelle page de la guerre globale qui se joue en Serbie.
L’Occident collectif qui recule sur tous les fronts continue sa politique agressive envers la Russie et ses alliés historiques, ou stratégiques.
Retourner la Serbie contre la Russie n’est pas chose facile. Les révolutions de couleur ne sont plus aussi redoutables qu’auparavant,
et même avec les milliards de Soros il sera difficile de faire de la Serbie une nouvelle Ukraine dirigée contre la Russie.
Source : E&R