Le ralliement des Établissements français de l'Océanie (actuelle Polynésie française) à la France libre intervient le 2 septembre 1940.
Il marque l'entrée de la colonie dans la Seconde Guerre mondiale et en fait une des toutes premières à se placer sous l'autorité du général de Gaulle.
Ce ralliement suit celui des Nouvelles-Hébrides le 22 juillet 1940 et précède celui de la Nouvelle-Calédonie le 19 septembre 1940.
Lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale, les Établissements Français d'Océanie sont quelque peu isolés de la métropole : le voyage par la mer depuis Marseille est long
de plusieurs semaines et les communications sont allongées par la distance. Les postes clés de l'administration sont tenus par des métropolitains.
Avec la nouvelle de la signature de l'armistice, deux groupes émergent, les pro-Vichy dont font partie Noël Ilari et le navigateur Alain Gerbault,
et les pro-de Gaulle, rassemblés dans un "Comité de Gaulle" et menés par Émile de Curton, Teriieroo a Teriierooiterai et d'autres notables franco-polynésiens.
Le 1er septembre 1940, un plébiscite est organisé sur les îles de Tahiti et de Moorea, dont le résultat est sans appel : 5564 voies sont exprimées en faveur
du général de Gaulle, contre seulement 18 pour le Maréchal Pétain.
Dès le lendemain, le gouverneur Frédéric Chastenet de Géry, en poste depuis 1937, démissionne.
Un quadriumvirat le remplace et prend le titre de gouvernement provisoire, composé du maire de Papeete, Georges Bambridge,
et de trois membres du conseil privé, Georges Lagarde, Émile Martin et Édouard Ahnne.
Le "Comité de Gaulle" reçoit par ailleurs le soutien du capitaine Félix Broche, chef de l'armée depuis le 4 juillet 1939, et de Jean Gilbert, seul officier de Marine à se rallier.
Dès septembre 1940, des centaines de personnes se présentent aux autorités et se portent volontaires pour poursuivre les combats aux côtés des Britanniques.
Le 24 septembre 1940, Broche est nommé par télégramme du général de Gaulle commandant supérieur des troupes en Océanie et envoyé à Nouméa.
C'est sous son autorité que sera formé le Bataillon du Pacifique, par la réunion du contingent tahitien qui quitte Tahiti et du contingent néo-calédonien.
L'ensemble du corps expéditionnaire quitte Nouméa pour Sydney le 5 mai 1941.
En 1973, Émile de Curton, acteur du ralliement et gouverneur de la colonie de novembre 1940 à juin 1941, fait publier son récit des événements
par la Société des océanistes.
Des Tahitiens ont rejoint les rangs des Forces navales françaises libres.
Trois bâtiments arborant la croix de Lorraine, l’aviso Chevreuil, le contre-torpilleur Triomphant et le cargo bananier Cap des Palmes,
ont marqué l’histoire des Forces navales françaises libres en Océanie.
Une centaine de volontaires tahitiens ont profité des escales à Papeete de ces bâtiments de guerre pour embarquer.
Débarquement de Provence.
Un débarquement qui a largement contribué à accélérer la libération de la France et la fin de cette seconde guerre mondiale.
Un jour de gloire pour les Tamarii volontaires mais aussi de deuil pour la Polynésie puisque sur les 150 tahitiens, membre du bataillon d’infanterie de marine
et du Pacifique qui ont débarqué à Cavalaire beaucoup ne sont pas rentrés au fenua.
La moitié a été tuée et les autres furent quasiment tous blessés. Certains d’entre eux entrèrent dans l’histoire.
Soldats Polynésiens dans la 2eme division Blindée du Maréchal Leclerc.
LA FAMILLE TRACQUI
Dans les rangs de la 2e DB, on trouve les deux frères Tracqui partis de Tahiti pour rejoindre la France libre.
Le délégué de la Fondation de la France libre en Polynésie française, auteur de Tamari’i Volontaires raconte :
“La famille Tracqui est arrivée à Tahiti le 20 décembre 1936 en provenance d’Algérie, où le bateau partant de Marseille faisait escale pour continuer sur le Pacifique.
Les Tracqui débutent dans le coprah avant que la guerre ne les mobilise.”
Bernard, l’ainé des frères Tracqui, est mobilisé en 1939.
En 1940, le sergent Bernard Tracqui encadre les volontaires du futur bataillon du Pacifique dont son frère, René Tracqui.
Le 30 mars 1941, Bernard et son frère René Tracqui embarquent sur le Wairuna pour la Nouvelle-Zélande avec les volontaires emmenés par Jean Gilbert.
Le benjamin de la famille, Pierre Tracqui, s’engagera dans les Forces Navales Françaises Libres.
Jean, le dernier des frères Tracqui, reste avec les troupes demeurées sur place.
René Tracqui est ensuite dirigé sur le Congo, puis la Centre Afrique où il est affecté à la compagnie de chars du régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad.
Le 2 juillet 1941, Bernard Tracqui est versé dans le 501e régiment de la 2e compagnie de chars de combat.
Il sera membre d’équipage du char Montmirail et pilote du char Arcis-sur-Aube, totalisant plusieurs citations pour la destruction de chars Panthers
et de véhicules blindés de soutien.
Bernard Tracqui suit momentanément les aviateurs tahitiens, mais rejoint finalement son frère en Afrique pour servir dans la 2e DB dans la section des mortiers.
ADOLPHE SYLVAIN
Le célèbre photographe de Tahiti Adolphe Sylvain est né dans le second arrondissement de Paris. Il s’est évadé de France occupée par l’Espagne.
Il s’engage le 22 août 1943 à Casablanca dans les chars de combat, 4e compagnie du 501e de la 2e DB.
Le “béret noir” (signature de ses lettres adressées à sa mère) participe à la libération de Paris, la campagne des Vosges et d’Alsace et la prise de Strasbourg.
L’équipage du char Arcole , auquel il appartient, empêche la destruction des ponts de Holtzheim et du Fort Joffre, malgré une réaction soutenue de l’ennemi.
MICHEL VILLAR
L’expert maritime bien connu de Tahiti, Michel Villar, ment sur son âge pour s’engager en mai 1943, dès ses 17 ans révolus.
Il est né le 15 août 1926, au Maroc. Il est affecté dans les Corps Francs d'Afrique. Il rejoint ensuite la 2e Division Blindée,
au titre du 501e Régiment de Char de Combat (501 RCC).
Il y restera fidèle jusqu’à la libération de Paris, à bord du char Medenine, commandé par Robert Galley, son compagnon de combat
et futur ministre du Général De Gaulle. Durant cette épopée, il côtoie Bernard Tracqui , également dans le 501e RCC .
Michel Villar fait l ’objet de quatre citations pour sa conduite durant les combats
de Longjumeau lors de la libération de Paris et lors d'affrontements à Châtel, à Strasbourg et à Mutzig , durant la campagne d 'Alsace.
source
tahiti-infos.com