Le Volksgerichtshof (VGH, « Tribunal du peuple ») était une cour spéciale, plus précisément un tribunal politique visant la condamnation pour haute trahison
et atteinte à la sureté de l'État contre le régime nazi ; il a été mis en place par Adolf Hitler après l'incendie du Reichstag en 1933.
Le tribunal siégeait alors dans les locaux du Neues Kammergericht (« nouvelle cour d'appel »), construit de 1909 à 1913 dans le quartier de Schöneberg à Berlin.
Organisation
À partir de 1935, le tribunal siégeait dans le bâtiment d'un ancien lycée au 15, Bellevuestraße, près de la Potsdamer Platz de Berlin.
Certains procès, comme celui des résistants du 20 juillet 1944, eurent lieu dans les locaux de la Kammergericht (« cour d'appel »), construite de 1909 à 1913
dans le quartier de Schöneberg.
Après la guerre, celui-ci abrita le Conseil de contrôle allié, et plus particulièrement à partir du blocus de 1948, l'organisme chargé du contrôle des couloirs aériens
menant à Berlin.
Depuis 1997, la Kammergericht a repris sa destination initiale, puisqu'il accueille la cour constitutionnelle de Berlin.
Effectif
Au 1er janvier 1943, le Tribunal du peuple comprenait 47 juges professionnels et 95 juges « bénévoles », dont 30 officiers, 4 officiers de police et 48 membres de la SA,
de la SS, du NSKK ou des Jeunesses hitlériennes.
En 1944, le nombre des assesseurs était monté à 173 et le nombre de procureurs du Reich à 179.
De 1934 à 1945, le tribunal prononça plus de 10 980 condamnations à une peine de prison et 5 179 condamnations à mort pour haute trahison.
Ouverture d'une session du Volksgerichtshof : les juges effectuent le salut nazi.
Présidents
Fritz Rehn du 13 juillet 1934 au 18 septembre 1934 ;
Wilhelm Bruner du 19 septembre 1934 au 30 avril 1936 ;
Otto Georg Thierack du 1er mai 1936 au 20 août 1942 ;
Roland Freisler du 20 août 1942 au 3 février 1945 :
c'est sous sa présidence que le plus grand nombre de condamnations a été prononcé, notamment à la suite des arrestations liées à la tentative d'assassinat de Hitler
du 20 juillet 1944 ;
Wilhelm Crohne du 4 février au 11 mars 1945 ;
Harry Haffner (en) du 12 mars au 24 avril 1945.
Le Volksgerichtshof et la justice d’après-guerre
En 1956, le Tribunal constitutionnel fédéral a accordé aux membres du Volksgerichtshof le « privilège du juge » (Richterprivileg) selon lequel personne
ne pouvait être condamné en raison d'une infraction à la loi ou d'autres délits pénaux, s'il s'en était tenu aux lois alors en vigueur et n'avait pas reconnu
le caractère criminel de son action.
En 1991, le ministère public de Berlin a définitivement arrêté les procédures d'enquête, bien que le Bundestag, le 25 janvier 1985,
ait qualifié à l'unanimité le Tribunal du peuple d’« instrument de terreur ayant servi à l'imposition du despotisme national-socialiste ».
C'est seulement en 1988 que les jugements du Tribunal du peuple et des autres cours spéciales ont été abolis par une loi.
Aucun des quelque 570 juges et procureurs n'a été contraint de s'expliquer.
Seules 4 personnes ont été inculpées par la République fédérale d'Allemagne pour aide et dénonciation.