Utilisation de véhicules blindés occidentaux en Ukraine

Entretien avec Mykola Salamakha (colonel ukrainien et analyste militaire) sur l’expérience de l’utilisation de véhicules blindés occidentaux en Ukraine.





27 novembre 2023
Mykola Salamakha est un spécialiste de l’industrie blindée.
Nous parlerons de l’utilisation de véhicules blindés dans la guerre au stade actuel de la guerre et de ce que l’on sait à partir de maintenant.

Commençons par quelques grandes lignes.
Ensuite, nous spécifierons les types, les types et le rôle dans la guerre.

Nous avons reçu différents chars de différents pays. Les principales sont que nous avons reçu le Challenger 2 de Grande-Bretagne.
Ils sont opérés par des troupes d’assaut aéroportées, il y a une compagnie dans la brigade.





Le Challenger 2 est un fusil de sniper – extrêmement puissant, avec une protection extrêmement sérieuse.
Les chars ont reçu des équipages bien entraînés, qui étaient ravis.
Si l’on considère que parmi les membres de l’équipage, il y a ceux qui ont étudié le char T-80B, puis se sont entraînés pour le même Challenger 2, ils disent toujours que
c’est la terre et le ciel. Compte tenu du fait que le char T-80B est la dernière mode qui était à l’époque de l’effondrement de l’Union soviétique.
Seuls le T-80UD et le T-80U étaient les meilleurs.

La différence est d’environ 20 ans par rapport au char T-80B du Challenger 2.
Et c’est tout dit. Puissance des munitions, précision, fiabilité des systèmes, moteur. C’est quelque chose dont nous n’avions pas rêvé à l’époque soviétique
et c’est quelque chose que, malheureusement, nous n’avons pas réalisé à l’époque de l’indépendance.


Des munitions perforantes à l’uranium appauvri sont-elles utilisées ?

Oui, elles le sont. Vous l’aurez compris, il est assez difficile de trouver un adversaire digne de ce nom sur le champ de bataille.
Pourquoi? Parce qu’avec une efficacité confiante de 80 à 90 % sur une portée allant jusqu’à 4 km, nous n’avons pas autant d actions de ce type.
Et deuxièmement, quand l’ennemi se rend compte qu’il a des parachutistes devant lui – il sait bien quelle brigade est en service – alors personne ne veut s y confronter.

Il existe une deuxième catégorie de véhicules, il s’agit du Leopard 2A4, là encore en différentes versions.
Les premiers chars que nous avons reçues venaient de Norvège. Par la suite, c’est en partie ce que nous avons reçu d’autres pays.

Catégories de chars Leopard actifs en Ukraine:
Leopard 1A5
Léopard 2A4
Léopard 2A6


Je vais vous donner l’exemple que je donne toujours.
En 1985, et j’ai fait connaissance avec la machine, avec le Norwegian Leopard 2A4, il y avait déjà une caméra thermique qui fonctionnait à l’époque
et qui fonctionne toujours.
En 1985, alors que j’étais lieutenant supérieur, commandant de peloton de chars, puis commandant de peloton d’entraînement de chars, je ne connaissais pas ce mot :
imageur thermique.





Encore une fois, oui, il y avait beaucoup de craintes qu’il n’était pas suffisamment protégé, le Leopard 2A4 ?

Ce n’est pas vrai. Pourquoi ? Alors que l’Union soviétique et les Israéliens utilisaient des paves explosifs comme armure réactive explosive,
les Allemands ont pris un chemin différent. Ils ont joué avec la technologie des Britanniques.
Leur efficacité n’est pas moindre que l’utilisation d’un blindage réactif explosif monté tel que Kontakt-1 ou Kontakt-5.


Le Leopard 1 est un véhicule très ancien.
Non seulement il est vieux et technologique, mais le moteur est plus faible – il est hors service depuis de nombreuses années.
C’est-à-dire que ces chars ont été mis hors service il y a 30 ans, il y a 20 ans.
Ces derniers ont été retirés il y a 15 ans dans certains pays, puis ils ont attendu dans des conditions différentes que quelqu’un les trouve et commence d’une manière
ou d’une autre à les réparer et à les remettre à l’Ukraine.

Malheureusement, il existe un phénomène tel que le vieillissement des métaux, les mêmes appareils électroniques vieillissent également,
c’est-à-dire tous les appareils radio. Tout cela a conduit au fait que nous devons réfléchir très sérieusement à la manière d’utiliser ces véhicules
de manière tactiquement compétente, afin que, premièrement, nous ne les perdions pas et, deuxièmement, que nous ne mettions pas en danger
les équipages de ces véhicules.
Bien que le même Leopard 2A4 ait reçu des protections Kontakt-1,je pense que c’est probablement lque le moment est venu pour le Leopard 1 d en avoir aussi.

Et, ce qui est également très intéressant,c est le canon de 105 mm comme un L7 britannique ou un allemand sous licence, encore une fois sous licence britannique,
ces munitions modernes qui sont développées pour eux, elles sont de bien meilleure qualité que les munitions de 125 mm que l’Union soviétique a développées et produites.


Chars Leopard 1A5 dans les forces armées ukrainiennes. Septembre 2023.




Le Leopard 2A6 est un Leopard 2A5 modernisé, qui est, à son tour, un Leopard 2A4 amélioré.
Il s’agit d’une autre version de l’amélioration, la contrôlabilité des commandes s’est améliorée et un bien meilleur panorama a été installé pour le commandant
avec sa propre caméra thermique.

Les Espagnols modernisent actuellement leurs Leopard 2A4, en installant également une caméra thermique pour le commandant.
C’est ce que les Allemands ont fait et cela a renforcé la capacité du commandant à observer le champ de bataille, à détecter des cibles, peut-être même plus tôt
que le tireur ne pouvait détecter, à tout moment de la journée.
Et cela s’est considérablement renforcé. Eh bien, l’amélioration de la protection, ces éléments modulaires articulés, ils ont considérablement amélioré la protection
du blindage. Et nous avons déjà vu pas mal d’images où nous, les équipages des Leopard 2A6, nous engageons dans un duel avec deux chars ennemis
et en sortons victorieux.


Vous dites que le Leopard 2A4, malgré la méfiance, bénéficie toujours d’une bonne protection. Y a-t-il eu des cas qui pourraient le démontrer ?

Il y a eu une affaire avec l’une des brigades, au cours de laquelle nos tankistes sont tombés dans une embuscade.
La compagnie de chars T-62 de l’ennemi était très bien cachée, et elle était tellement camouflée que même les caméras thermiques ne pouvaient pas la détecter
– il y avait des tapis multicouches là-bas. Ils ont tiré des obus sub-calibres perforants de 115 mm sur nos chars à une distance d’environ 800 mètres,
et le Leopard 2A4 a résisté à plus d’un tir. Certains chars – 2 coups,d autres 3 coups.


Comment l’électronique, les mécanismes et l’équipage ont-ils survécu aux tirs enemis ?

Tout d’abord, absolument tout est dupliqué mécaniquement. Il y a un viseur principal, qui a vraiment un canal d’imagerie thermique et de l’électronique,
mais il y a aussi un viseur supplémentaire dit de secours, qui, selon ses caractéristiques, est un grossissement de 12x ou un grossissement de 8x,
mais la qualité de l’optique est si bonne qu’elle n’est absolument pas pire que les viseurs principaux des chars de fabrication soviétique.
Par conséquent, il n’y a aucun problème avec cela.

Ce qui m’a agréablement surpris, c’est que nous avons toujours cru que les chenilles des chars occidentaux, équipés de coussins en caoutchouc, pouvaient résister
à la charge lorsqu’elles explosaient sous la chenille d’une mine antichar TM-62 ou de ses analogues.
Et si la détonation d’une telle mine sous la chenille soviétique rompait la chenille, il y avait des cas où la chenille du Leopard résistait à deux explosions,
et même à trois explosions, et le char continuait à se déplacer lentement en marche arrière et se cachait toujours derrière un couvert.
C’est-à-dire que ces choses-là, elles fonctionnent.

Citation :

Et deuxièmement, quand l’ennemi se rend compte qu’il a des parachutistes devant lui – il sait bien quelle brigade est en service – alors personne ne veut s y confronter.

Pas besoin de prendre des risques, drones, aviation et artillerie feront le boulot.
Comme de l'autre côté il y a 80 ans face aux monstres allemands, drones en moins...

Après tout, un canon de 115 mm, ça fait un siècle, qu’en est-il des nouveaux défis comme les drones FPV et les systèmes antichars comme le Kornet ?

Si vous regardez les statistiques, le plus grand nombre de pertes de véhicules blindés reste l’artillerie.
Ensuite, il y a les avions et les drones, et les armes antichars occupent un tout petit créneau.
Dans le nombre total de pertes, cela représente moins de 10 %.

Les « Kornets » ne sont pas l’unité de base. Les drones sont beaucoup plus compliqués.
Pourquoi? Parce que c’est la technologie avec laquelle absolument tout le monde doit composer.
Maintenant, il y a trois façons principales de vous protéger de telles choses.
La première est la détection et l’utilisation en temps opportun d’équipements de guerre électronique, si puissants que les drones, non seulement les FPV,
mais aussi d’autres drones, en perdent le contrôle.
La deuxième façon est de les abattre par tous les moyens possibles, et c’est du gaspillage de munitions.
Même si vous créez une sorte de tir de barrage à partir d’une escouade de fusiliers ou d’un peloton de fusiliers, vous devez dépenser beaucoup de munitions pour l’abattre.
Et le troisième est l’utilisation de ce que l’on appelle des « visières ».

Les Russes ont commencé à installer des superstructures anti-drones et à les montrer à l’exposition, et même des éléments du blindage réactif Kontakt-1
sont apparus dans les troupes au sommet des chars, sur les superstructures.
Ils essaient de tirer le meilleur parti de toutes les possibilités qui s’offrent à eux, et nous y arriverons probablement tôt ou tard.
Nous utiliserons le même type de maille en polyamide et chevaucherons non seulement la tourelle, mais éventuellement les compartiments de transmission et de contrôle.
Et c est pareil dans la guerre entre le Hamas et Tsahal.
Nous avons déjà vu les mêmes toits produits industriellement ou faits maison au-dessus des tourelles de chars sur le Merkava IV afin de protéger les chars.
C’est la méthode principale – ce sera probablement la saturation des troupes avec des moyens de guerre électronique, et il est souhaitable que chaque char dispose
d’un moyen individuel de guerre électronique.


Où en sommes-nous dans ce domaine ? J’ai vu des volontaires prendre l’initiative de créer de tels systèmes.

Nous sommes à la traîne à l’échelle nationale. Nous créons maintenant des commissions, nous annonçons des plans, et ainsi de suite.
Il n’est pas nécessaire d’annoncer, mais de jeter tous les efforts pour éliminer ces goulets d’étranglement dans la protection des véhicules blindés.
Toutes ces choses doivent être décidées par l’État. Et nous parlons à nouveau de bénévoles.


Vous avez parlé des Kornets en termes de pourcentage, et en FPV, quelle est leur taille ?

Je pense qu’il n’y a pas plus de 5 %, mais ce n’est que le début.



Des centaines de Leopard 1 devraient venir à nous, qui ne répondent pas aux exigences modernes sur le champ de bataille en raison de leur blindage.
Allons-nous les moderniser ?

Le maximum que l’on peut faire est d’utiliser le blindage réactif Kontakt-1 et les grilles anti-cumulatives pour un blindage supplémentaire.
Cette situation ne changera pas radicalement, vous devrez donc adapter les tactiques d’utilisation des voitures aux opportunités qui existent.

Regardez, nous avons reçu un M55 de Slovénie, ce qui était un peu mieux en termes de chars.
Mais les Israéliens ont modernisé ces véhicules et ce blindage réactif pour les Slovènes. En termes de caractéristiques, il correspond à peu près au Kontakt-1.
Et nous n’avons irrémédiablement perdu qu’un seul véhicule pour ce bataillon, qui ne peut pas être restauré comme un char, il servira à faire autre chose.


M-55S est un T-55 modernise




En principe, le Leopard 1A5 peut être amené presque au même niveau.
Le système de contrôle de tir n’y est pas pire. Les munitions y sont exactement les mêmes, car le calibre est le même 105 millimètres.
Et en gros, réfléchissons-y, s’il n’y a absolument rien du tout dans une brigade d’infanterie motorisée, dans un bataillon de chars, alors c’est une excellente option.

C’est-à-dire que nous pouvons nous attendre à une protection dynamique, un filet, des grilles sur les réservoirs, n’est-ce pas ?
Je pense.

Mais ces véhicules ont une protection embarquée mince, résistera-t-il à l’explosion d’éléments de blindage réactifs explosifs ?

Vous voyez, les mêmes Russes, qui utilisent une solution extrêmement primitive pour affaiblir l’énergie de l’explosion sur le corps,
ils ont une série de tubes métalliques qui fonctionnent comme un amortisseur.


Amortisseurs tubulaires sous les conteneurs de blindage réactif explosif Relikt sur la tourelle du char T-90M.




Lorsque l’élément de combat de protection est activé, son énergie est éteinte, y compris par ces tubes, le transfert d’énergie d’explosion au corps principal
est tellement réduit qu’ils peuvent l’utiliser même sur des véhicules de combat d’infanterie légèrement blindés BMP-3.


Les Forces armées canadiennes ont commandé des kits de blindage réactif non explosif montés pour renforcer le Leopard 1, pouvons-nous les acheter aussi ?

Je pense que personne ne produit jamais de telles choses prêtes à l’emploi pour un entrepôt, parce que c’est assez cher.
Deuxièmement, personne ne donnera la certitude à 100% que quelqu’un achètera dans 3 ou 4 mois.
De telles choses ne sont que contractées, de plus, ils peuvent également demander un paiement anticipé de 100%.


Andriy Tarasenko, notamment sur son blog, a écrit sur les réseaux sociaux qu’on ne reconnaît pas le Leopard 1.
Que voulez-vous dire, savez-vous quelque chose à ce sujet, quel genre de plan peut-il s’agir de modernisation, peut-être quelque chose d’autre
que ce que vous avez déjà exprimé ?

Je ne veux pas en parler...


Qu’en est-il des réparations Leopard 2 ?
Se passe-t-il quelque chose en Ukraine, ou est-ce qu’on les emmène tout de suite à l’étranger ?

La rénovation est un processus complexe. Il existe une réparation globale, c’est-à-dire quand une arme à feu est hors d’usage.
Nous avons des équipages de chars mecaniciens qui ont déjà failli remplacer le canon original par un canon de char T-64B.  
Ils n’ont besoin que d’une grue ou portique puis ils le font eux-mêmes.

La situation avec les Léopards est à peu près la même.
Lorsque nous avons reçu ces véhicules, nous avons formé non seulement des équipages de chars, mais aussi des unités pour leur réparation.
Pour les problemes technique comme un remplacement de la chenille, un remplacement du rouleau, le remplacement des barres de torsion, le remplacement des attaches,
ou quelque chose à l’intérieur, des composants, des assemblages - il n’y a pas de questions ici. Il s’agit d’une réparation militaire.
C’est-à-dire que l’unité reçoit les composants et les assemblages nécessaires. Et cela ce fait quelque part à l’arrière de la brigade.

S’il y a des dommages, en particulier ceux associés à la pénétration du blindage, ou à l’effet d’un feu ouvert sur le blindage – un incendie,
une certaine période de temps – alors cela doit être déterminé par le fabricant. Ou le représentant du fabricant doit déterminer ce qu’il faut faire ensuite
avec cette machine. Est-il opportun de le réparer, ou peut-il être mis hors service ou utilisé pour le convertir en un autre véhicule qui ne participera pas directement
sur le champ de bataille en tant qu’unité de feu ?
Par conséquent, en règle générale, ces chars sont transportées, disons, sur le territoire de nos partenaires.
Et c’est là que les spécialistes compétents s’occupent de ces machines.

Je pense que nous et nos partenaires avons été assez intelligents pour terminer le fonds de réparation non pas selon les normes soviétiques,
alors qu’un bataillon de chars a deux moteurs de rechange et c’est tout.
Je pense qu’il s’agit de chiffres plus sérieux. Ensuite, de telles réparations ne prennent pas beaucoup de temps. S’il n’y a pas de telles choses en stock,
alors vous devez attendre que les alliés livrent les pieces detachees.


L’armée ukrainienne répare un char Leopard 2 à Zaporizhzhia. Juin 2023. Ukraine.

Il n'a pas l'air bien au courant de l'évolution de la situation sur la ligne de front...

Ca date du 22 novembre 2023...



Et qu’en est-il de la maintenabilité des Léopards en général ?
Nous avons vu un char dans lequel les munitions ont brûlé, mais les panneaux de rebond ont sauvé le véhicule de la destruction complète.

S’il est partiel, alors oui, il est déjà possible de changer la tourelle et de l’envoyer en réparation, mais ces choses sont défectueuses,
les spécialistes déterminent la faisabilité d’effectuer certains travaux de réparation.
Procédures assez sérieuses et complexes.


Vous avez dit qu’il n’y a pas de différence dans les réparations par rapport à l’origine des chars : le Canada, le Portugal, l’Espagne, peu importe.
Je m’interroge sur les chars suédois, y a-t-il une différence de fonctionnement, ont-ils montré des questions ?

Les Suédois se sont avérés être des clients assez exigeants, et en principe, les chars suédois, ce ne sont toujours pas des Leopard 2A4, mais plutôt des Leopard 2A5.
C’est bien qu’absolument toutes les blindes aient été équipées du même équipement.
Et s’il y a un système de mitrailleuse différent, alors ce n’est pas si important.
Toute l’électronique, les viseurs, le moteur, le châssis, le châssis – tout cela a été développé par les Allemands, ils l’ont également produit,
ou quelqu’un l’a produit sous une licence allemande. Et ici, il n’y a pas de questions.

Dans la dernière interview, vous avez dit que pour utiliser un blindage réactif sur le Leopard 2, vous avez besoin de la décision du concepteur.

Oui,une telle décision a été prise.

C’est-à-dire qu’il y a eu une telle décision, qu’elle a été convenue et élaborée avec le fabricant ?

Oui, ces choses se sont produites, et certains des Leopard 2A4 sont maintenant, disons, très sérieusement rééquipés en termes de blindage réactif.


Est-ce que cela se fait en Ukraine ou à l’étranger ?

En Ukraine. De plus, ces kits sont produits et le kit arrive là où l’unité est stationnée. Là, sur place, les chars sont modernisés par une équipe mobile de réparation.


Pourquoi les chars occidentaux ne protègent-ils pas la niche des tourelles ?
Dans le contexte de la domination des drones FPV, c’est le premier endroit où tout le monde va viser.

Je pense que maintenant absolument tout le monde va commencer à le protéger avec des filets.
Le schéma qui est actuellement en cours d’élaboration protège un peu plus que le kit de modernisation qui existe actuellement.

Cependant, il est impossible de protéger la niche de la tourelle avec une protection dynamique, car un blindage trop mince ne le permet pas.
De plus, vous ne pouvez pas accrocher de boîtes, de pièces de rechange, d’outils et autres sur ce créneau.
Il s’agit d’une question d’équilibrage de la tourelle, et cela doit à nouveau être étudié avec le fabricant.


C’est-à-dire que nous verrons une sorte de modernisation du Leopard 2, est-ce que je comprends bien ?

Je ne pense pas que l’on puisse parler de modernisation. Plutôt,de mise à niveau.


Comment évaluez-vous la communication et la gestion des commandes sur les chars occidentaux ?

Vous voyez, nous avons beaucoup d’unités différentes, différentes stations de radio dans différents pays. Une tentative de l’échanger contre quelque chose d’unique est,
en règle générale, un remplacement d’un Motorola sous licence, qui s’appelle K-2RB Lybid. Il ne s’agit pas d’une station de radio militaire.


C’est-à-dire que les mêmes talkies-walkies sont restés sur ces Léopards qui sont venus à nous ?

Eh bien, oui.

C’est-à-dire qu’il y a un problème de communication entre les chars ?

Non, il n’y a pas de problèmes entre les chars, Dieu merci.
Pourquoi? Parce que, d’une part, les unités ont toutes des chars du même pays de fabrication. Si l’entreprise était équipée de véhicules de différents pays,
elle a travaillé en conséquence pour adapter tout cela afin d’éliminer tous ces problèmes.
Mais le problème de la communication avec un bataillon d’infanterie motorisé ou d’artillerie – c’est là que certains problèmes commencent.


Alors, notre commandant de char, comme en 2014, sort de l’écoutille avec un téléphone portable ?

Eh bien, Dieu merci, on n’en arrive pas là maintenant, mais on a dû mettre notre « Lybid » dans la station de radio occidentale.


À propos des munitions programmables pour chars – les avons-nous utilisées ?

Disons-le ainsi, pour utiliser des munitions programmables, vous devez installer un programmateur.
En conséquence, il ne peut être fixé que par ceux qui ont développé ces munitions, développé un système pour leur utilisation.
Et cela se fera soit lors de la modernisation, ici, sur le territoire de l’Ukraine, c’est-à-dire que ces véhicules doivent être retirés du champ de bataille
pendant un certain temps à un certain endroit.

Un tel équipement peut être installé sur d’autres armes. Mais, dans la version de base, un canon spécifique sort de l’usine, ce qui vous permet d’utiliser
des munitions spécifiques. Et les armes qui sont sorties plus tôt peuvent être améliorées à ce niveau.
Mais cette installation d’équipement supplémentaire prend du temps, cela prend de l’argent et c’est la disponibilité d’un tel équipement.
Par conséquent, si nous recevons, disons, un lot de véhicules Leopard 2A6 qui peuvent utiliser ces munitions, alors ces munitions iront à cette brigade,
à ce bataillon de chars. Il n’y aura pas de questions ici. Si nous voulons « plus », alors nous devrons nous poser la question de ce dont nous avons besoin.


Et qu’en est-il des munitions perforantes pour le Leopard 2 ?

Ces munitions perforantes que l’Ukraine a reçues de nos alliés occidentaux frappent absolument tous les véhicules blindés qui apparaissent sur le champ de bataille,
à portée d’utilisation effective des canons du char Leopard 2A4, c’est-à-dire à une portée de 3,5 à 4 kilomètres.
Des munitions DM53 allemandes haut de gamme ou pré-top sont venues chez nous.


Quelles lacunes ont été constatées dans le fonctionnement des chars occidentaux ?

Il n’y a qu’un seul inconvénient : il y a peu de chars


Comment le poids des chars occidentaux de 60 tonnes s’est-il manifesté par rapport aux véhicules de combat soviétiques de 45 tonnes ?

Nous ne les utilisons pas dans des zones où le réseau d’obstacles d’eau est si vaste que nous devons construire massivement des passages pour eux
ou renforcer les ponts existants. Nous n’avons pas de tels endroits où les combats se déroulent maintenant.


La plupart de nos transports de chars sont soviétiques, ainsi que les véhicules qui tirent ces remorques. Peuvent-ils transporter du matériel neuf ?

Nous avons reçu un certain nombre de tracteurs avec remorques. Je ne pense pas qu’il y ait au moins un transport pour trois véhicules,
mais ils sont également utilisés pour transporter d’autres équipements lourds. En général, cela suffit.


Système d’artillerie PzH 2000 et tracteur Oshkosh M1070 de l’armée ukrainienne. Janvier 2023. Ukraine,

Témoignage qui a son intérêt, mais très "lunaire"...

Il peut y avoir des problemes traduction car je dois refaire des phrases parfois...
En tout cas pour ceux qui suivent le post sur les Leopards 2 sur le forum n apprennent pas grand chose,j avais deja
pose pas mal d articles sur le sujet...


Comment les chars occidentaux se sont-ils comportés sur notre sol, en particulier dans le Donbass ?

Absolument tous les véhicules blindés des pays occidentaux devaient être exploités de l’Arctique aux régions équatoriales.


Il y a des cas où, sur les sols du Donbass, un T-64 arrive mieux a rouler qu un T-72.

Il s’agit d’un défaut de conception du T-72.
Vous savez, le T-64 – la conception de la chenille est telle qu’elle pousse dans la boue, et les rouleaux sont étroits, de sorte que la saleté ne se retrouve pas
entre le galet et la chenille.
Sur le T-72, le galet est large, il est 3 fois plus large que sur le T-64.
Et ces cinq « points de contact » du galet et de la chenille sont grands, beaucoup de boue y est fourrée et cela conduit au fait que 2-3 galets se lèvent.
La saleté colle de plus en plus, de plus en plus. Tôt ou tard, la chenille prend son envol.
Non seulement cela, mais le T-64 entraîne le T-72 et le T-80B dans la boue parce qu’ils ne peuvent pas conduire seuls.


C’est-à-dire qu’aucun problème de ce type n’a été remarqué pour le Challenger 2 et le Leopard 2 ?

De graves problèmes n’ont pas été remarqués. Il ne faut pas oublier que beaucoup de bourrages de boue sont des erreurs de pilote.
Tous les équipements Western (OTAN) sont équipés de transmissions automatiques qui s’ajustent automatiquement au sol et, par conséquent,
il y a un minimum de ces erreurs. Là, la transmission corrige les erreurs des conducteurs.


Les chars Abrams sont-ils déjà arrivés en Ukraine ?

Ils sont dans l’une des brigades. Si cette brigade n’est pas encore utilisée sur le champ de bataille et qu’il n’y a aucune information à son sujet,
alors vous comprenez que ni moi ni personne d’autre ne vous dira où.


Abrams M1A1 en Ukraine, novembre 2023.




La structure d’une unité de chars dans les pays de l’OTAN est différente dans notre pays – nous avons moins de chars.
Comment se forme une unité de chars sur les chars occidentaux ?

Lorsque les équipages s’entraînaient là-bas, ils se préparaient à opérer par paires. Par conséquent, certains membres de l’équipage et certains des officiers
qui ont été formés avaient de l’expérience de combat en tant que tankistes, d’autres n’avaient aucune expérience de combat.
Il serait logique de les utiliser dans le sens où ils devraient agir par paires, comme on le leur a enseigné.

De plus, c’est toujours plus efficace, et beaucoup de commandants d’unités, même dans nos brigades, ceux armés de chars T-64BV et T-80BV,
et de T-72 de diverses modifications, utilisent également des paires.


Avec le début de l’invasion, à l’approche de 2023, nous avons commencé à voir des chars T-72 d’une modification inconnue similaire au T-72AMT sur le champ de bataille.
Est-ce qu’on met en service de nouveaux chars ?

Absolument.


Ils sont différents de ceux que nous avons vus avant le début de la guerre.
C’est-à-dire, si je comprends bien, que des restrictions sont imposées à cause de la guerre.

Définitivement, nous remplaçons les viseurs TPN-149-23 par des viseurs à imagerie thermique.
S’il s’agissait d’un char T-72B, sur lequel le viseur 1K13 ne fonctionnait pas, et que nous ne sommes pas en mesure de le restaurer en raison du fait
qu’il n’y a pas certains composants, alors nous retirons ce 1K13 et y mettons TPN-1TPV, modèle 2020.
Ainsi, nous obtenons un char qui fonctionne jour et nuit avec la même efficacité à une portée allant jusqu’à 4 km.

Tous les chars ukrainiens reçoivent-ils une caméra thermique ou une NVG après leur modernisation ?

Tous

Certains T-72 ont des galets du T-55. Y a-t-il une pénurie ?

À un moment donné, probablement, oui, cela s’est manifesté, mais nos alliés produisent des galets.

Il n’y a absolument aucun problème avec les pièces de rechange pour le T-72 en Europe.
Y compris avec les moteurs - c’est le moteur de base pour de nombreux blindes, équipements d’ingénierie.


Il y a des rumeurs selon lesquelles nous restaurons ou prévoyons de restaurer le T-64A.
Savez-vous quelque chose à ce sujet ?

Deux choses. La première chose est les moteurs, la production de moteurs 5TD a été perdue.
Et la deuxième chose, le T-64A est un viseur TPD-2-49. Il n’y a jamais eu un tel viseur en Ukraine.
Encore une fois, tout dépend principalement de la disponibilité des pièces de rechange.
S’il n’y en a pas, alors de quoi pouvons-nous parler ?


Et qu’en est-il des munitions pour les chars, en particulier les chars sous-calibrés ?
Nous savons que nous avons manqué d’armes à fragmentation hautement explosives pendant un certain temps et nous avons commencé à fabriquer les nôtres.

Encore une fois, le calibre de 125 millimètres, c’est la Chine, c’est le Pakistan, c’est la Corée du Nord.
Il s’agit de plusieurs pays européens, donc tout dépend si les parlements de certains pays ont alloué de l’argent à temps pour l’achat de munitions pour l’Ukraine
ou non à temps.


À quoi ressemble la charge moyenne de munitions d’un char ukrainien ?
De quel type de munition s’agit-il, quelles en sont les proportions ?

Il s’agit d’obus à fragmentation hautement explosifs – 80, parfois 90 %.
Quelques pièces de sous-calibre perforant et plusieurs munitions hautement explosives.


Et qu’en est-il des sous-calibres que nous utilisons aujourd’hui ?

Il y en a différents. Il y a beaucoup de camions-remorque qui transportent plusieurs chars 3BM42 Mango quelque part dans la réserve.
Peut être plus âgé. Il y a des munitions dont je ne voudrais pas parler, je ne veux pas nommer les fabricants.
Certains pays nous fournissent des munitions par l’intermédiaire de pays tiers.

En fait, ce n’est pas un problème si grave. Encore une fois, si un projectile de sous-calibre perforant touche la partie frontale supérieure du char,
quoi qu’il arrive, l’équipage ne pense plus à attaquer. Il enclenche immédiatement la marche arrière et commence à reculer lentement.
Si un autre arrive, l’équipage, en règle générale, commence déjà à avoir des contusions. Même si l’armure n’est pas percée.
Par conséquent, personne n’attend l’arrivée du deuxième obus.
Et ce qui est arrivé ne fait pas une grande différence. Quand vous l’avez entendu, disons-le de cette façon... l equipage evacue.

Doit plus rester beaucoup de ces engins sur la ligne de front côté Ukrainien...

Quel est l’avenir des chars T-62 et T-55 capturés ?
Nous avons vu que des bénévoles les transforment en véhicules de réparation et d’évacuation, certains essaient même de fabriquer des BMPT.

Je soupçonne qu’une décision centralisée sera prise qui transformera probablement tous les véhicules trophées en ARV et en équipements d’ingénierie.


Quand les Russes ressentiront-ils une « fin de chars » ?

Qu’est-ce que la fin de chars ? Les Russes seront en mesure de sortir des coques des cachettes l’année prochaine et de mettre en service
environ 1000 unités supplémentaires par an. Nous sommes en 2024-25.En 2026, il n’y aura pas 1000 unités par an, il y en aura probablement 800.
Et ce, malgré le fait que la guerre va continuer. Regardez maintenant les pertes.

Les Russes peuvent augmenter la production du T-90M à une centaine d’unités par an. Et puis regardez, ils vont convertir environ 200 unités T-80B en T-80BVM.
Ils répareront simplement environ 200 unités supplémentaires. Et c’est exactement la même chose avec le T-72. C’est 800 machines

Eh bien, le T-62 est le Chita, ou plutôt l’usine de réparation blindée Atamanovsky.
Eh bien, 10, maximum 13 par mois. C’est-à-dire qu’au total, il ne s’agit que d’environ 1000 chars.


Ils mettent toujours constamment le T-72B en service. Où se trouve le T-72A ?

Et le T-72A s’est arreté alors qu’ils mettaient en œuvre le Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (FCE).
Eh bien, presque tout a été coupé.


C’est-à-dire qu’après la fin des chars T-72B, nous ne verrons plus de véhicules de cette famille ?

Eh bien, tous ne seront pas détruits sur le champ de bataille, certains seront réparés. C’est-à-dire que ce processus, qu’ils vont terminer,
est une période à long terme. Les stocks de chars en Russie ne s’épuiseront certainement pas dans les 3 prochaines années.


source
mil.in.ua

Z'ont les moyens d'en construire beaucoup.