Combat aerien entre un Hydravion japonais H6K5 Mavis et un bombardier B-17.
Extrait traduit de: Saigo no Hikotei (Livre: Le dernier hydravion -1983)
Le lieutenant Hitsuji était commandant de l hydravion H6K Mavis Tail 36 du 851 Kokutai (851 Air Group) le 21 novembre 1942 lorsqu’il a rencontré le B-17E « Miss Fit »
No 41-2433 également en patrouille.
H6K Mavis
B-17E
21 novembre 1942
« Avion ennemi! Attention! À tribord et à l’arrière ! », rapporta le mitrailleur de queue.
« Tous les hommes en mission de combat aérienne! » J’ai crié en mettant l’avion en plongée à pleine vitesse au niveau de la mer.
C’était à 07h00 le 21 novembre 1942, à 150 milles marins au sud de Guadalcanal.
Nous étions au milieu d’une bataille très sanglante, perdant des hydravions presque tous les jours à cause d’activités ennemies non identifiées.
Nos hydravions avaient juste assez de temps pour émettre par radio un signal « hi » consécutif (signalisation consécutive du signal du code Morse japonais
pour le caractère « hi », l’initiale pour « hikoki » ou avion) avant la fusillade suivie du silence. Très peu ont survécu au combat aérien.
Si un hydravion etait capable de faire des rapports détaillés sur l’ennemi, celui-ci était sûr de revenir.
Notre commandant d unite était bouleversé par les pertes croissantes et, il y a quelques jours à peine, je lui avais assuré que cela ne durerait pas longtemps.
Jusqu’à présent, 16 de nos hydravions ont été perdus. Je n’étais pas sur le point d’être le numéro 17. Ce n’était pas le devoir d’un avion de patrouille
de s’engager dans des batailles aériennes, mais maintenant je n’avais plus le choix.
Le B-17 s’est positionné au-dessus et à l’arrière tribord de notre avion et nous a suivis avec facilité.
On avait ete repere sur notre position.Mais a toute evidence,l equipage du B-17 était assez mauvais pour le combat aerien.
S’il y avait deux ou même un avions de chasse enemis, nous n’avions aucune chance.
J’ai fait un virage serré vers la gauche et je me suis dirigé vers l’ennemi. La seule chance que nous avions était le rayon de virage relativement petit de notre avion lent
par rapport à celui du rapide B-17.
L’ennemi a évidemment été surpris de notre virage soudain. Alors que nous nous nous croisions, nos tirs du canon de queue ont touché le B-17 sur son cote gauche à l’intérieur
du moteur qui a commencé à fumer. L’ennemi s’enfuit, traînant une longue banderole de fumée noire. L’ennemi était étonnamment trouillard.
Nous avons continué notre mission de recherche, mais j’avais le sentiment que ce n’était pas encore fini.
« Prenez votre petit déjeuner maintenant avant qu’ils ne reviennent » ai je commandé a mon equipage et je suis allé au siège du commandant pour ouvrir ma boîte pour manger.
Très vite, le copilote pointa silencieusement son doigt vers l’avant et vers la gauche. J’ai jeté un regard et il était là. Un autre B-17 à grosse queue se dirigeant tout droit
vers nous. Celui que nous avons endommagé a dû appeler à l’aide. Nous étions tous prêts à nous battre.
lTous les artilleurs occupaient leurs postes. Je pouvais voir le mitrailleur avant sourire dans sa tourelle.
« D’accord, nous sommes prêts » dit quelqu’un.
A 30 mètres d’altitude et 150 nœuds de vitesse, nous nous sommes dirigés en direction de notre base.
L’ennemi n’a pas commencé son attaque immédiatement. Il a volé à nos côtés et nous a dépassés. J’ai pensé qu’il évitait notre canon à queue.
Ce serait probablement une attaque frontale. La fusillade était sur le point de commencer.
« Voilà! » cria quelqu’un, et en même temps, les canons avant de l’ennemi et nos quatre mitrailleuses tribord commencèrent à tirer.
Alors que nous nous croisions, je pouvais voir les tirs de l’ennemi, mais les traceurs étaient loin derrière nous. Aucun coup au but de chaque côté.
Nous n’avons pas changé de cap et nous maintenions toujours notre cap.
L’ennemi plus rapide nous a rattrapé rapidement et a sillonné notre chemin, attaquant au fur et à mesure qu’il nous dépassait.
Nous étions à très basse altitude, et la mer derrière nous blanchie avec des tirs de mitrailleuses.
Au fur et à mesure que la fusillade se poursuivait, cela a commencé à se rapprocher de plus en plus. Je n’entendais rien d’autre que le rugissement des mitrailleuses
et le bruit des moteurs. Je ne pouvais pas garder les yeux hors de l’ennemi pendant un moment. L’ennemi a fait sa quatrième passe, et alors qu’il croisait notre chemin,
une balle de calibre 50 est entré dans le cockpit.
J’ai entendu quelqu’un crier « Merde! » et j’ai senti de la fumée en même temps. Je me suis retourné et deux hommes étaient a terre.
Le bras gauche de notre principal homme de radio PO2 Watanabe était touche à son épaule et du sang coulait jusqu’au plancher.
Le mécanicien en chef Nakano était au sol, tenant son bras gauche et criant « Essence, essence! ».
Il criait a Watanabe parce que l’étincelle du poste de radio pouvait mettre le feu à l’essence vaporisée. Mais Watanabe blessé a continué à envoyer le message
que nous combattions un bombardier ennemi. L’ennemi a commencé à faire une autre passe.
Je pouvais voir de mon cockpit que de l’essence jaillissait d’un réservoir touché. C’était un miracle qu’il ne soit pas en feu.
Le plancher de l avion fut bientôt recouvert de gaz. J’ai injecté du CO2 avec l extincteur dans le fuselage. Le mécanicien blessé criait encore « Essence ! ».
Je ne pouvais que crier en retour « C’est bon! nevous inquiétez pas! »
Nous avons pu arrêter l’hémorragie de Watanabe, mais l’ennemi a continué à attaquer. Au milieu de l’échange de mitrailleuses rugissantes,
je pouvais entendre des balles déchirer notre avion. L’avion a tremblé sous l’impact. Les quatre moteurs marchaient à pleine puissance.
À leur sixième passage, au moment où j’ai vu leur canon de queue tirer, il y a eu un énorme bruit de claquement au niveau du mitrailleur avant sous le siège du pilote
et j’ai remarqué un grand trou d’environ 30 cm, sur la coque de notre proue.
À ce moment-là, j’étais sûr que cet ennemi avait une experience certaine pour combattre nos hydravions.
« Je vais l’avoir. Il n’aura plus nos marques de mort sur son fuselage! » Quand je suis arrivé à cette prise de conscience, il y avait une nouvelle détermination dans mon esprit.
Si nous ne pouvons pas l’abattre avec nos mitrailleuses, nous l’éperonnerons. J’ai chargé mon pistolet.
« Si le pire arrive , nous l’éperonnerons, d’accord? » J’ai tapoté le dos du pilote principal Kobayashi avec mon pistolet. Il hocha légèrement la tête.
« D’accord, nous sommes prêts alors ». Mon esprit était fixé. J’allais me suicider au moment de l’éperonnage pour mourir avec l’équipage.
J’ai remarqué que le panneau latéral du siège du commandant brûlait. J’ai été choqué de trouver la balle qui a touché les membres d’équipage fichée dans le panneau.
Si je n’avais pas été debout, cette balle aurait touché mon dos ! (Cette balle est toujours en ma possession).
J’ai remarqué que le feu de l’ennemi devenait considérablement plus faible. Soit certains de leurs mitrailleurs ont été tués, soit ils étaient à court de munitions.
J’avais l’impression que nous pourrions peut-être y arriver lorsque le copilote a soudainement fait plonger l’avion. La mer était juste en face de nous.
« Pas encore! » J’ai crié, pensant qu’il était sur le point d’éperonner le B-17, mais j’ai vite réalisé que notre copilote PO1 Kira avait évité une collision avec l’ennemi
qui etait sur le côté. L’ennemi est passé à environ 30 mètres derrière nous. Notre mitrailleur de queue a tiré un chargeur entier d’obus du canon de 20 mm dans le B-17.