Kalixlinjen – le front suédois contre les Soviétiques

Ligne de defense suedoise

Le 30 novembre 1939, l’Union soviétique attaqua la Finlande. L’attaque était principalement axée sur le sud de l’isthme de Carélie, mais les Russes ont également attaqué
dans le nord de la Finlande contre la ville portuaire de Petsamo et contre Salla, à seulement 20 miles de la frontière suédoise.
L’idée était de « couper » la Finlande en deux.
Lorsque les Russes ont attaqué la Finlande, il n’y avait pas un seul canon le long de la rivière Torne – la frontière entre la Suède et la Finlande.
Sans parler des fortifications solides.
Le 2 décembre 1939, des ordres ont été donnés pour une mobilisation partielle dans le pays, ce qui pour les troupes du Haut-Nord signifiait une mobilisation
pratiquement complète.
Commence alors la construction des défenses dans l’est de Norrbotten, un armement qui se poursuit dans les années 1990.

Fortifications le long de la rivière Kalix
Presque toutes les activités militaires dans le comté avaient été construites autour de la forteresse de Boden pendant et après la Première Guerre mondiale.
Cela changerait maintenant.

En 1939-45, les personnes vivant le long des rivières Torne et Kalix ont été autorisées à vivre en contact quotidien avec les activités militaires.
De nombreuses fortifications ont été agrandies, principalement le long de la rivière Kalix.

Lorsque la vie est revenue à des conditions plus normales en 1945, il restait des installations de défense, des camps de casernes, des dépôts de mobilisation
et une autorité de zone de défense organisée pour la paix.
Le monde extérieur était inquiet, avec la guerre froide comme nouveau cadre de référence de la politique de sécurité.
Les opérations militaires étaient venues dans l’est de Norrbotten pour y rester.





L’expansion des fortifications dans la zone de défense de Kalix, Fo 67, a donc commencé au cours de l’hiver 1939 et s’est poursuivie pendant plus de cinquante ans.
Dans les premières années, des mitrailleuses, des abris et des obstacles blindés ont été construits principalement le long de la rivière Torne.

Les chars étaient souvent installess dans des maisons qui ressemblaient à des chalets d’été.




Par la suite, les expansions de fortification plus importantes le long de la rivière Kalix ont été faites.
Les fortifications étaient des installations fixes que les forces armées construisaient sur les propriétés des propriétaires fonciers privés ou sur celles de l’État.
Ils comprenaient des centaines de soi-disant zones de résistance ou d’obus avec des barrières de barbelés, des abris, des mitrailleuses et des artilleurs d’artillerie.
En outre, des garages antichars ont été construits et des centaines de milliers d’obstacles blindés ont été enterrés dans la nature pour rendre difficile le déplacement
des véhicules à roues et des véhicules à chenilles.

Plus d’une centaine de bunkers ont été construites dans les montagnes ou, plus souvent, des chalets qui ressemblaient à des maisons de vacances.
Il s’agissait de vieux chars qui ont été réutilisés pour detruire un attaquant qui avançait.
Des montagnes ont été dynamitées pour faire des postes de commandement et pour le stockage.

Tous les canons dirigés vers l’est.

Les préparatifs de défense dans l’est de Norrbotten ne se concentraient que sur une seule direction, à l’est.
La ligne de fortification la plus forte à l’intérieur de cette zone frontalière était la ligne Kalix.
Ce n’était pas une ligne de fortification comme on l’imagine habituellement (comme, par exemple, la ligne Maginot), mais consistait en un certain nombre de zones
de retard renforcées par des barrages routiers, des obstacles blindés, des obus et des batteries d’artillerie.
Dans la zone de retard, l’attaquant serait ralenti et ses propres unités seraient retirées vers l’ouest de manière ordonnée.
Entre les rivières Torne et Kalix, les obstacles naturels du terrain tels que les marais et les lacs ont été exploités.

La ligne Kalix comprenait plus de 2 800 fortifications et abris pour 18 000 hommes afin de se protéger contre l’artillerie lourde.
Dans les zones le long de la rivière Kalix, des unités de défense locales, trois divisions de l’armée, l’artillerie navale rugueuse et tous les canons de l’armée ont été regroupés.
La zone de défense a été planifiée en détail pour eviter la bataille dans la zone frontalière.
Au sein de Fo 67, l’entraînement et les exercices ont été menés sur un terrain qui pourrait bien devenir un futur terrain de combat.
Dans ces zones frontalières, on pourrait dire à juste titre que la préparation était bonne si la guerre arrivait.

Malgré le nom, la défense le long de la ligne Kalix concernait une zone plus vaste où l’attaquant se retrouverait dans un « chaudron » dont il avait du mal à sortir.
Le terrain était très approprié pour le combat défensif mobile avec des contre-attaques constantes contre les préparatifs d’attaque de l’attaquant.
Après tout, la bataille dilatoire était un moyen de gagner du temps, d’infliger des pertes à l’attaquant et de lui rendre difficile l’obtention de renforts et de matériel.


Canon Bofors de 152 mm , monté à l’origine sur le navire de guerre Gustav V, utilisé dans les défenses de la ligne Kalix.





La Home Guard elle-même peut prendre la décision de faire sauter des ponts et des ferries sur la rivière Torne.
Les quelques routes de la frontière et plus à l’ouest étaient dans 200 endroits préparées pour la destruction.
Sur ces berges, il y avait des caissons avec des explosifs disposés et des tuyaux étaient enterrés dans la chaussée.
L’explosion apporterait une rupture de plusieurs mètres de profondeur et d’environ 60 mètres de long sur la route.
Les explosions de route où la route était posée sur des marais entraînaient des trous remplis d’eau qui prenaient plus de temps à réparer.

Dans l’ensemble du domaine de la défense, il y avait plus d’un demi-million de mines stockées. Tous les ponts de la région ont également été préparés pour le dynamitage
en construisant des chambres explosives ou en installant des crochets sous la voie ferrée du pont pour y accrocher des explosifs.

L’évacuation de l’est de Norrbotten était planifiée et pouvait recevoir des dizaines de milliers de réfugiés finlandais.
Toute cette planification a été faite conjointement par les autorités militaires et civiles compétentes.
Les divisions prendraient du terrain à la profondeur du groupe de l’attaquant, puis l’attaqueraient et le couperaient en assommant ses unités d’artillerie et de maintenance.
L’expérience de la guerre d’hiver finlandaise a montré que les unités isolées ne peuvent pas survivre pendant plusieurs jours sans aide et soutien.
Les cinq brigades du Norrland étaient bien entraînées pour avancer sur des kilomètres sur le terrain avec leurs unités de combat dans des wagons.

Après la démission du commandant militaire du Haut-Norrland, Arne Mohlin, en 1962, le plan de guerre a été modifié pour permettre à la bataille de se dérouler
le long de la rivière Lule.


La batterie Siknäs était la plus importante sur la ligne Kalix.
Les batteries ont été camouflées avec de la roche et des filets pour se fondre dans le terrain.

La ligne Kalix a été continuellement élargie et modernisée pendant les décennies de la guerre froide.
Afin de pouvoir tirer de l’artillerie lourde sur les ponts et les routes, quatre batteries de canons ont été construites dans le Fo 67 avec un total de 16 vieux canons de navires.
L’expansion de ces installations fixes au cours des années 1950 et 1960 est devenue bon marché pour l’armée car les pièces provenaient des navires mis au rebut
de la marine. Les munitions étaient disponibles en grande quantité et la main-d’œuvre pour la construction était payée par l’État afin de réduire le chômage.

L’installation la plus importante était la batterie de Siknäs, située à côté du port de Töre, à trois milles à l’ouest de Kalix.
La batterie était desservie par un bataillon de défense local de plus de 300 hommes.

La tâche consistait à défendre le port profond le plus septentrional du golfe de Botnie dans le Töre.
Là, un attaquant a pu atterrir et créer une tête de pont pour attaquer la ligne Kalix à l’arrière.
La batterie pouvait également mettre le feu à des ponts sur la rivière Kalix et à un ennemi avançant le long de la E4 vers Luleå.

La batterie Siknäs se composait de quatre batteries avec une double tour d’un calibre de 15,2 cm chacune.
Les canons provenaient du croiseur blindé Fylgia. La batterie a été construite pour résister à une attaque à la bombe atomique et les tourelles de canon étaient protégées
au napalm. La distance de tir effective était de 16 km et la cadence de tir avec une équipe de copilote pouvait atteindre trois coups par minute.

Pour la batterie, il y avait cinq groupes de contrôle de tir. Lors d’un exercice d’unité militaire en 1985, les derniers coups de feu ont été tirés.
Deux des tourelles de canon avec installation sous-jacente sont encore préservées et peuvent être visitées.

À Kamlunge, à 15 km au nord-est de Kalix, deux canons de 15,2 cm du navire blindé Gustaf V ont été placés.
La batterie a été achevée en 1967 et est toujours debout.
Il n’a pas été construit aussi profondément dans la montagne que la batterie de Siknäs et, en plus des deux tours simples, se compose également d’abris,
de salles de commandement, de salles de munitions et d’une centrale diesel.

La tâche était, entre autres, de pouvoir tirer sur une force qui avançait le long des routes menant à la route E10.
Les armes ont tirées pour la dernière fois en 1996 et peuvent également être visitées.

Une batterie de canons était située à Miekojärvi, à 15 km à l’est d’Överkalix, avec trois canons de 15,2 cm du navire blindé Gustaf V.
La batterie a été mise en service en 1967 et la tâche était, entre autres, de pouvoir tirer le long de la route 98 d’Övertorneå à Överkalix.
La batterie a été démolie en 2000.


Batterie au nord de Haparanda
À Parvianen, une batterie a été construite en 1968 avec trois canons de 12 cm des destroyers Norrköping et Visby.
La batterie était située au nord de Haparanda, à quelques kilomètres de la frontière, et pouvait donc également tirer en Finlande.
La batterie pourrait être considérée comme un marqueur que tout le pays serait défendu dès le premier mètre.
Mais la batterie n’avait que 200 obus. Dans la plupart des jeux de guerre qui ont été menés, l’évacuation et la destruction ont été préparées dès le premier jour.
La batterie a éte démolie en 2000.

Nouvelle doctrine de defense
Le Bandkanonen était le premier canon automoteur entièrement automatique de l’armée.
Il a été produit en 26 exemplaires, livré en 1968 et est devenu une partie de la défense des frontières jusqu’en 2003.
La pièce pesait 53 tonnes, avait un canon de 15,5 cm et un chargeur avec 14 obus qui pouvaient être tirées en 45 secondes.








La portée était d’un peu plus de 25 km, ce qui signifiait que lorsque la première salve frappait à distance de tir maximale, les treize autres étaient encore dans les airs.
Le rechargement prenait deux minutes et le remplissage du magasin etait effectué à l’aide d’un camion ou d’un camion à benne basculante.
Les obus pesaient 47 kg et, en fonction de la distance de tir, il y avait trois charges différentes à choisir.

L’une des tâches des bataillons de canons automoteurs était de combattre l’artillerie ennemie. Ce feu devait être dirigé par les pelotons de chasseurs d’artillerie
qui avaient leurs fonctions de contrôle de tir à l’intérieur du territoire hostile.

Batterie en bel état, dans le jus.
Faut dire qu'elle doit aussi être bien excentrée, peu de passages, et avec des randonneurs respectueux.

Avion SK 60 comme support.

Pour le soutien des forces armées dans les zones frontalières, il y avait l’avion d’entraînement SK 60, qui pouvait être armé à la fois de canons automatiques et de roquettes sous
les ailes. Ces divisions ont interagi étroitement avec les forces de l’armée de Terre pour faciliter la défense et l’attaque des chars, des colonnes de véhicules
et des positions d’artillerie.





Le SK 60 était un complément précieux aux escadrons d’attaque lourde de l’armée de l’air, qui permettraient, entre autres, de détruire les connexions fixes
que l’ennemi avait construites à travers les rivières, ainsi que les postes d’état-major et de commandement.
La reconnaissance a pu faciliter la défense des frontières en déterminant les itinéraires avancés de l’attaquant et plus encore.
L’avion de chasse serait responsable de la lutte contre les cibles de l’attaque soviétique et des bombardiers, de préférence avant que celles-ci n’atteignent
leurs cibles.


La Norrlandsbrigaden a été créée
Pour le combat dans le Haut-Norrland, le développement de la brigade Norrland a commencé dans les années 1960 – une unité « sur mesure » pour le combat
dans des conditions hivernales. Le grand exercice hivernal de service sur le terrain « Snowflake » en 1958 dans la région de Kalix avait montré que l’organisation
des canons tractes de la brigade d’infanterie ne répondait pas aux exigences de combat dans ces zones.

Il fallait des unités qui avaient une bonne mobilité sur le bord des routes, tant pendant l’été que pendant l’hiver.
Dans le cas de mouvements importants sur un terrain sans route, les combattants devaient être en mesure de se déplacer plus rapidement.
La solution a été de remplacer les canons tractes par camion par des véhicules à chenilles.
La brigade Norrland était principalement conçue pour les attaques et les combats différés et disposait de près de 6 000 hommes et 400 canons automoteurs bandwagons.
La brigade comprenait, par exemple, des Norrlandpansarvärnskompaniet avec le missile antichar 55 TOW, et Norrlandsluftvärnskompaniet avec le missile 70.

Au début des années 1990, les brigades ont reçu des véhicules de combat 90 et des véhicules blindés de transport de troupes de construction soviétique achetés à l’armée
est-allemande désaffectée. La brigade Norrland pouvait battre un régiment mécanisé à 30 km de la fin de la route et retarder une division mécanisée,
près de 15 000 hommes, à une largeur de 30 à 40 km et une profondeur de 50 à 60 km pendant au moins trois jours.


Home Guard important
La Home Guard et les ONG ont également constitué une partie importante des activités de défense dans le Haut-Norrland.
Fo 67 était la seule zone de défense du pays sans sa propre formation de base de conscrits.
Les organisations ont donc été d’une grande importance pour des raisons de préparation en ce qui concerne les tâches de la zone de défense en temps de guerre
et ont également contribué à maintenir vivante la volonté de défendre en temps de paix.
La participation à l’exercice de la Torne Valley Home Guard était la plus élevée au pays.

Lorsque la guerre froide a pris fin vers 1990, la menace de l’Est a également disparu. Les décisions de défense du début des années 2000 ont démantelé la défense
de l’invasion suédoise. Tout comme la ligne Kalix.
Le matériel de pratiquement toutes les unités de Norrland a été progressivement rassemblé dans un terminal à Kalix où il a été vendu à des acheteurs nationaux
et étrangers. Les fortifications fixes ont été rasées ou scellées. Ce qui a été construit avec de grands sacrifices et des coûts énormes pendant des décennies
est maintenant réglé.
La menace venant de l’est, en revanche, a refait surface. Mais certaines brigades du Norrland ou des canons de navires pour la défense dans les zones frontalières orientales
de la Suède ne sont plus là.


Source
militarhistoria.se
Article de 2015
Avec la guerre en Ukraine,la Suede demande a etre dans l OTAN et aura de nouvelles fortifications et materiels.