Le B-24D-25 "Lady be good" No 41-24301 du 9e USSAF 376th BG, 514th BS base a l aerodrome de Soluch en Lybie.
L equipage est nouveau,fraichement arrive en lybie mi-mars:
1st Lt. William J. Hatton, pilote — Whitestone, New York
2nd Lt. Robert F. Toner, co-pilote — North Attleborough, Massachusetts
2d Lt. D.P. Hays, navigateur — Lee's Summit, Missouri
2d Lt. John S. Woravka, bombardier — Cleveland, Ohio
T/Sgt. Harold J. Ripslinger,mecanicien navigant — Saginaw, Michigan
T/Sgt. Robert E. LaMotte,operateur radio — Lake Linden, Michigan
S/Sgt. Guy E. Shelley, mitrailleur — New Cumberland, Pennsylvania
S/Sgt. Vernon L. Moore, mitrailleur — New Boston, Ohio
S/Sgt. Samuel E. Adams,mitrailleur — Eureka, Illinois
Le 4 avril 1943, en compagnie de vingt-quatre autres B24 du 376è Bomb Group, le Lady s'était envolé de Soluch, terrain de fortune de la région de Benghazi, pour effectuer un bombardement de nuit à haute altitude sur le port de Naples. C'était sa première mission et ce fut la seule. Au moment du décollage, les moteurs de l'escadrille avaient aspiré une forte quantité de sable si bien que onze seulement des appareils purent larguer leurs bombes sur l'objectif. Les autres, leur mécanique perturbée, firent demi-tour et regagnèrent péniblement leur base.
Trente minutes avant Naples, le Lady fut contraint lui aussi de revenir en arrière et, conformément aux instructions, il n'envoya aucun message radio pour ne pas alerter l'ennemi. Ce n'est qu'après l'heure prévue pour la fin de la mission qu'il pria la tour de contrôle de Benina - grande base aérienne proche de Benghazi - de lui indiquer sa position : il signalait du même coup qu'il se trouvait encore au-dessus de la mer. On lui signifia : 330° nord-nord-ouest, direction convenable pour atteindre sa base. En fait, après avoir dépassé Soluch caché dans la brume, le Lady s'enfonçait déjà dans la nuit du désert, en position inverse de 150° sud-sud-est. Lorsque leur appareil eut épuisé son carburant, les membres de l'équipage, sanglés dans leurs gilets de sauvetage , sautèrent en parachute. En signalant qu'ils étaient sur la mer, ils avaient faussé de 180° les indications fournies par la tour de contrôle. Ils redoutaient un bain forcé; ce fut le sable du Calenscio qui les accueillit. L'un d'eux, son parachute en torche, fut tué sur le coup. Les huit autres s'attaquèrent alors a l'impossible marcher vers le nord pour trouver du secours et, peut-être, rejoindre la côte. Espéraient-ils y parvenir ?
Le carnet de bord du sous-lieutenant Taner ne le dit pas, mais les extraits que l'office d'information de Wheelus m'a confiés sont un émouvant témoignage de leur héroïque acharnement à survivre.
« Dimanche 4 avril Sommes perdus. A court d'essence. Sautons et touchons le désert à 2 heures du matin. Personne n'est blessé. Ne pouvons retrouver John. Tous les autres sont présents. (John est le sous-lieutenant tué dans la chute et dont le corps sera retrouvé le dernier.)
Lundi 5 avril. Nous mettons en marche nord-ouest. Toujours pas de John. Quelques rations, un demi-bidon d'eau, une tasse par jour. Soleil plutôt chaud, bonne brise du nord-ouest. Nuit très froide. Pas de sommeil. Nous reposons et marchons.
Mardi 6 avril. Repos à 11h30. Soleil très chaud, pas de vent. Passons un après-midi infernal. Pas d'avions. Repos jusqu'à 17 heures. Marche et repos toute la nuit. 15 minutes de sommeil, 5 de veille.
Mercredi 7 avril. Même routine. Tout le monde s'affaiblit, ne pouvons aller très loin. Prières tout le temps. De nouveau, après-midi très chaud, infernal. Ne pouvons dormir et souffrons de courbatures.
Jeudi 8 avril. Rencontrons des dunes de sable. Sommes très misérables. Bon vent, mais rafales continuelles. Tous maintenant très faibles. Les yeux de La Motte sont perdus et ceux de tous les autres en mauvais état .
Continuons vers le nord-ouest.
Vendredi 9 avril Shelley, Rip, Moore se séparent de nous et essaient d'aller chercher de l'aide. Les autres sont très faibles. Les yeux vont mal, n'avançons pas, encore très peu d'eau. Environ 3° la nuit. Bon vent du nord, aucun abri, reste un seul parachute.
Samedi 10 avril. Encore des prières pour implorer le secours. Aucun signe. Un couple d'oiseaux. Bon vent du nord. Vraiment faibles maintenant. Ne pouvons plus marcher, souffrons de partout, nuit très froide, pas de sommeil.
Lundi 12 avril. Encore aucun secours. Nuit très froide."
Lorsque, après ce dernier message, le sous-lieutenant Taner s'allongea pour mourir, lui et ses compagnons s'étaient battus pendant huit jours et avaient parcouru plus de cent dix kilomètres. Deux des trois hommes qui avaient quitté le groupe le 9 avril arrachèrent trente kilomètres de plus au désert, mais on ne saura jamais de combien de jours supplémentaires ils trompèrent la mort. Le corps du dernier, le sergent Moore, n'a jamais été retrouvé. L'aspect le plus navrant de ce drame est que, s'ils avaient cherché à rejoindre l'épave de leur avion distante d'une douzaine de kilomètres, huit de ces neuf malheureux jeunes hommes auraient été sauvés.
Lorsqu'ils sautèrent en parachute, l'appareil, de son côté, se posa sur le ventre avec un minimum de casse. Le "Lady be good" ("Madame, soyez bonne") pouvait encore répondre à la prière exprimée dans son nom.
Ses flancs contenaient des vivres, de l'eau, et surtout un équipement radio en état de fonctionnement.
Apres le passage des membres de l USSAF en 1960 pour recuperer les armements et d autres pieces comme les instruments du cockpit .
Récit tiré du livre "La Libye" de Freddy Tondeur collection ANAKO
voir aussi
www.ladybegood.com