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| 1917,les chars français sont engagés pour la première fois | |
| | Auteur | Message |
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naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38923 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: 1917,les chars français sont engagés pour la première fois Dim 17 Avr 2016, 02:21 | |
| Les 16 avril et 5 mai 1917, dans la plaine près de Berry-au-Bac puis au Moulin de Laffaux, les chars français sont engagés pour la première fois lors des combats. Cette arme nouvelle et son utilisation suscitent à la fois, espoirs, déceptions et débats ; ceux-ci se poursuivent jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Une arme bien improvisée et mal utilisée - Face aux nouvelles conditions de combat, militaires et ingénieurs civils cherchent de nouvelles armes aptes à franchir barbelés et réseaux de tranchées. Un des principaux concepteurs de l’arme est le général Jean-Baptiste Estienne. Malgré les luttes d’influence (l’Etat commande deux modèles différents aux groupes rivaux, qui au départ coopéraient, Schneider et Marine-d’Homécourt), « le processus d’ensemble aboutit malgré tout, en quelques mois, à un résultat technique acceptable : des engins lourds (de 8 à 20 tonnes) et fortement cuirassés, munis d’un canon de 75 à faible portée, pouvant se déplacer à 3 km/h environ en terrain accidenté, mais néanmoins sujets aux pannes et dont la capacité à franchir les tranchées est surestimée. » (A. Loez) - Contrairement à ce que qu’espérait les concepteurs, il n’y a pas d’effet de surprise : les Britanniques utilisent leurs propres chars dans la Somme en septembre 1916 (à la consternation des Français), permettant aux Allemands d’élaborer des moyens de défense. - De plus, l’AS (« artillerie spéciale ») est placée sous la tutelle du service automobile, « peu compétent en matière tactique. » (A. Loez) - Surtout, l’utilisation des chars n’est pas véritablement intégrée au plan de l’offensive Nivelle : certains fantassins découvrent le matin même de l’attaque la présence des chars à leurs côtés, tandis que le généralissime les cantonne dans un rôle d’occupation des positions conquises (contrairement à ce que souhaitait un Franchet d’Esperey par exemple). L’épreuve du feu : Berry-au-Bac et Laffaux - Le 16 avril 1917, ce sont 121 chars d’assaut Schneider qui partent à l’assaut (8 se sont enlisés avant) sur un terrain favorable mais sur lequel les chars sont bien visibles et vite pris pour cibles. « Vers 8h30, dans un rayon de soleil apparurent sous les vivats de nos poilus les premiers chars du groupe Bossut. Du haut de la crête du Choléra, je les vois encore progressant dans l’étroit couloir entre Miette et Choléra, puis se disperser dans la plaine du Nord de cette position. Et presque aussitôt ce fut le drame. Pris à partie un par un par l’artillerie de campagne ennemie, les chars bardés à l’extérieur de bidons d’essence prirent rapidement feu. Je verrai toujours – vision d’horreur inoubliable – les hommes enflammés quittant les chars et courant, torches vivantes, dans la plaine ! » (capitaine Bourgoin) - Leur chef, le capitaine Bossut, trouve la mort dans ces premières heures de combat, à la tête de son char. Cependant, les résultats sont plutôt convaincants : plusieurs chars ont dépassé la deuxième ligne allemande, atteint Juvincourt. Mais, faute de soutien de l’infanterie, ils doivent se replier sous le bombardement allemand, ce que peu parviennent à faire. - Quel bilan ? 28 chars sont tombés en panne (23%), 52 ont été atteints par l’artillerie (43%), 35 ont été incendiés. On compte 180 tués, blessés ou disparus sur 720 hommes engagés, soit 25%, chiffre légèrement inférieur aux régiments de fantassins voisins. Les survivants racontent le plus souvent de façon positive et avec une certaine fierté leur journée, tandis que ceux qui n’ont pas combattu manifestent de l’impatience : « Nous étions furieux de n’avoir pas été engagés et réclamions à cor et à cri de prendre part à une attaque, quelle qu’elle fût. » (Marcel Fourier) - Il faut noter que les « cadavres » des chars vont rester sur le terrain, bien visibles, jusqu’au nettoyage des champs après la guerre. Les soldats les signalent régulièrement, à l’instar de Paul Clerfeuille le 26 mars 1918 : « Nous voyons des tanks au nombre de 19, ils sont enlisés dans les marais, est de Berry, entre Craonne et Reims ; ils sont là depuis l’an dernier, pour l’offensive du 16 avril 1917 » (cité par R. Cazals). On peut aussi les voir sur les images prises par le dirigeable qui survole les champs de bataille de la région juste après la fin des combats. - La deuxième offensive des chars (cette fois des Saint-Chamond), le 5 mai, sur un terrain plus favorable, est mieux préparée en ce qui concerne la liaison avec l’infanterie. On perd 55 hommes, dont « seulement » 3 morts, pour un succès relatif. - Le 23 octobre, lors de la bataille de La Malmaison, on reprend les mêmes principes poour la troisième utilisation des chars, avec un succès encore plus net cette fois. Une expérience instructive ? Dogmes et débats de 1917 à 1939 - Quel était le rôle des chars le 16 avril ? Attaquer ou accompagner ? Nul ne le sait vraiment, surtout pas les combattants des chars eux-mêmes … - Par conséquent, l’état-major, en premier lieu Estienne, précise la fonction pour l’assaut du 5 mai : accompagner l’infanterie, en plus petits groupes que le 16 avril pour ne pas représenter une cible trop facile. Se fixe alors un principe « devenant par étape un dogme intangible » (A. Loez) : les chars sont subordonnés à l’infanterie et ne constitue pas une force autonome. Ce principe convient bien à Pétain devenu généralissime, qui cherche à montrer qu’il est économe en vie humaine au moment où se déclenche les mutineries. C’est pourquoi sont commandés 3 500 chars que l’on accélère la conception du char léger Renault FT (« faible tonnage »). La victoire de La Malmaison confirme Pétain et l’état-major dans leurs choix. - Estienne doit accepter ce principe, même s’il ne s’agissait pas de son idée originale, face aux problèmes rencontrés le 16 avril (même s’il cherche à en minimiser l’impact) ; en effet, ceux-ci remettent en cause l’existence même de cette arme nouvelle, et Estienne doit se rallier aux idées de Pétain pour voir le programme se poursuivre. - Après la victoire, rien – évidemment – ne vient remettre en cause ces idées qui, en apparence, ont permis le succès. Les notes officielles de l’état-major dans les années 20 confirment donc que les chars sont un appoint subordonné à l’infanterie, à n’utiliser jamais groupés. - Dans l’entre-deux-guerres, jamais « l’artillerie d’assaut » ne parvient à devenir une arme autonome. Le général Destienne est peu précis ou peu audible dans ses prises de parole et « joue un rôle extrêmement faible. » (A.L.) - Il faut attendre les années 30 pour assister à des prises de position différentes parmi les spécialistes, notamment le lieutenant-colonel Charles de Gaulle (qui bénéficie d’une certaine notoriété) en 1933 et 1934 (Vers l’armée de métier) : « Et voici que les chars qui partout entrent en service laissent bien loin les formes frustes qui furent celles de leurs débuts. » - Mais rien n’évolue côté français, en décalage avec ce qui se prépare outre-Rhin … - En mai 1940, justement, le Chemin des Dames est témoin de nouveaux combats de chars, dans lesquels les Français ne parviennent – et encore difficilement – qu’à freiner l’avancée des blindés allemands, bien plus nombreux et mieux organisés. Source principale : André Loez, « Le baptême du feu des chars d’assaut français. A l’origine de la défaite de 1940 ? », in N. Offenstadt (dir.), op. cit., pages 108 à 120 dictionnaireduchemindesdames.blogspot.com | |
| | | Gus Kruk Generaloberst
Nombre de messages : 596 Age : 60 Localisation : Lausanne Date d'inscription : 15/04/2015
| Sujet: Re: 1917,les chars français sont engagés pour la première fois Dim 17 Avr 2016, 04:28 | |
| Oui, le 16 avril 1917 à 6h du matin, c'était le début de la bataille du "chemin des dames", lors d'un assaut, 128 chars s'engagèrent et peu de temps après, ils demandaient de l'aide à l'infanterie...Mais l'infanterie était déjà décimée et les chars durent battre en retraite...40 ont été détruits presque immédiatement et les autres passèrent jusqu'à la deuxième ligne de tranchées allemandes. Mais, sans l'appuis de l'infanterie décimée, ils durent battre en retraite. Le chemin des dames reste une des batailles les plus sanglantes de la grande guerre. Pendant les deux semaines de bombardements intensifs ordonné par le général Nivelle avant l'assaut, les Allemands restèrent enterrés profondément dans des abris bétonné et aménagés confortablement, il y avait même un souterrain qui, à lui seul, pouvait abriter une brigade complète avec tout son matériel...
Lorsque les alliés se lancèrent à l'assaut, les mitrailleuses allemandes les fauchèrent par millier. Malgré le bombardement roulant des artilleurs français qui avançait à approximativement 2 kmh, 100 mètres plus loin toute les 2 minutes...dès que leurs lignes étaient dépassées par les bombardements, les Allemands sortaient et se préparaient à accueillir les pauvres fantassins qui n'avaient pas une chance.
Je vous laisse un lien très intéressant concernant cette bataille...regardez tout le documentaire, il est vraiment bien fait, ou alors pour ce qui concerne les chars dès la 37ème minutes jusqu'à la 39ème... https://www.youtube.com/watch?v=zl2T030BdE0 | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38923 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: 1917,les chars français sont engagés pour la première fois Mar 19 Avr 2016, 02:20 | |
| Mon arriere grand pere y etait! Craonne,l assaut du 4 mai 1917. Début 1917, Craonne présente encore le visage d’un village, malgré les destructions dont il est victime depuis près de trois ans. Les Allemands ont aménagé les lieux à leur convenance, utilisant au mieux les constructions et la pente pour leurs organisations défensives. - Tout change avec la préparation de l’offensive Nivelle, qui commence par des bombardements intenses dans les premiers jours d’avril. Malgré l’échec de l’attaque d’infanterie, qui ne permet pas aux troupes de s’emparer des ruines comme cela était prévu, Craonne est pratiquement rayé de la carte, du moins en surface. - Le 4 mai, Georges Gaudy sort de son abri en bordure du plateau de Vauclerc et observe la situation en compagnie du sergent Arsicaud : « A l’extrémité est de ce plateau, un peu plus haut qu’à mi-côte, s’accumulent des monceaux de décombres surmontés par deux piliers soutenant un fragment de voûte. Je reconnais Craonne et ce qui fut son église. [...] Des 220 en effet s’abattent sur les ruines. Leur mugissement monte derrière nous, se détache entre tous les bruits, se perd dans les hauteurs. Quelques secondes ... et parmi les débris déchirés, deux colonnes couleur d’encre s’élancent, verticales. [...] Sous leurs coups de bélier, Craonne chancelle encore, s’abat par fragment, se morcelle. On dirait des marteaux-pilons qui frappent à coups répétés, pulvérisent et broient. Quand la fumée se disperse un instant, le dernier vestige de voûte soutenu par ses deux piliers apparaît, résistant toujours dans le chaos. Et des Allemands sont tapis sous ces décombres !... Notre cœur est saisi de pitié. Craonne, dit-on est occupé par la Garde. Fameux soldats, qui savent résister à de telles épreuves !... » - Vers 17 heures, alors que le ciel est d’un « bleu lumineux », « les piliers et les arceaux viennent de s’abattre dans un tourbillon aux teintes de suie. J’entends – ou je crois entendre –, bruit clair à travers les bruits sombres, la dégringolade des pierres. Nous tressaillons de joie, puis nous nous sentons oppressés ; car ce qui tombe sous nos coups, c’est un peu de la vieille patrie. » les canons francais 370mm Mle 1915 qui ont tires sur Craonne Craonne et des hauteurs de Californie. Une section Schilt suit, qui nettoie les nombreuses caves encore fortement occupées du village. - L’opération, bien préparée, est une réussite rapide puisque réalisée en quelques minutes (« Notre progression a été relativement facile, l’ennemi s’étant peu défendu »). « J’aperçois, le long de la pente, des points noirs qui bougent. Ce sont des hommes. Ils se multiplient, surgissent des entonnoirs. Ils forment maintenant une ligne étendue qui monte, qui monte vers les ruines du village. […] Les émouvantes formes humaines se dispersent, s’enfoncent dans les excavations, reparaissent, se regroupent, entre dans les décombres, se dressent sur les moellons, passent au travers des murailles éventrées. Et quand la réserve se déploie à son tour et s’élance à l’assaut de ces pierres, la première vague est déjà au nord du village » (Gaudy). Même description chez Arnaud Pomiro : « je vois à la jumelle des poilus du 34e régiment qui, sortis de leurs tranchées de Craonne, courent de trou d’obus en trou d’obus et grimpent la crête. Ils lancent des grenades tout en marchant. Les baïonnettes scintillent. J’en compte un, deux…, neuf qui arrivent tout à fait à la crête et continuent à la queue leu leu tout en lançant des grenades. Tout mon être tressaille. Ca y est ! Nous y sommes ! Espérons que nous la garderons. » - En fin de journée, « les positions conquises sont organisées ; nos pertes sont légères, 215 prisonniers tombent entre nos mains. » - Dans les unités voisines la nouvelle circule rapidement, confirmée par les réactions de l’artillerie allemande et les tentatives de contre-attaque qui, toutes, échouent. Dans l’abri de Georges Gaudy, « des poilus se bousculent et voudraient sortir. La peur d’être écrasés dans l’ombre ? Peut-être ! Mais surtout le plaisir de contempler Craonne reconquis. » (Sources : Georges Gaudy, Le Chemin des Dames en feu ; Arnaud Pomiro, Les carnets de guerre d’Arnaud Pomiro et les JMO disponibles des unités concernées) dictionnaireduchemindesdames.blogspot.com | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38923 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: 1917,les chars français sont engagés pour la première fois Mar 19 Avr 2016, 02:27 | |
| Le plateau de Californie est symbolique du Chemin des Dames. Il est marqué par le vide, par l’absence : aucun monument d’envergure, aucune cérémonie spectaculaire, aucun lieu de mémoire comparables à ceux d’autres champs de bataille (Ypres, Lorette, Vimy, Somme, Verdun). Il est aussi extrêmement chargé en émotions et en sensations qui, elles, parlent, disent, hurlent ce que furent les combats en ce lieu par ailleurs enchanteur. C’est un endroit où cohabitent promeneurs et tranchées non (encore) comblées, pique-niqueurs et morceaux de métal (pas totalement) enfouis, rires du présent et cris du passé. Quoique l’on fasse, ILS y sont ; et ils sont seuls. Le lieu est habité, par eux, pour toujours. Jamais le silence n’est aussi bruyant qu’au plateau de Californie … Aujourd hui | |
| | | vania Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 28637 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: 1917,les chars français sont engagés pour la première fois Mar 19 Avr 2016, 10:11 | |
| Respect. Courage, folie, sens du devoir, esprit patriotique, obeissance aveugle, haine de l'ennemi ? ... Qu'est-ce qui a pu pousser ces gens à faire tout ça ? | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38923 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: 1917,les chars français sont engagés pour la première fois Mer 20 Avr 2016, 00:48 | |
| Oui,enfin jusqu a une certaine limite.
La Chanson de Craonne
- La Chanson de Craonne est adaptée d’un grand succès du café-concert des années qui précèdent la guerre, Bonsoir m’amour, composée en 1911 par Charles Adhémar Sablon (les paroles originelles sont de René Le Peltier). - Bonsoir m’amour donne à la fois sa musique et sa structure à La Chanson de Craonne : trois couplet et deux, voire trois, refrains, le dernier déjà très différent des deux premiers.
- Une première version détournée, La Chanson de Lorette, est créée début 1916 dans l’Artois lors des combats terribles pour cette colline. L’auteur précis est inconnu. Cette version est reportée par Paul Vaillant-Couturier - La chanson est ensuite reprise et adaptée selon le champ de bataille : Lorette est remplacée par Champagne, Argonne ou Verdun. Le courrier intercepté montre le succès de cette chanson chez les poilus, qui se la transmettent entre eux.
- En tout état de cause, la chanson dans sa version presque définitive (il faudra juste substituer « Craonne » aux autres noms de lieux, quitte à modifier la prononciation correcte du nom du village, [kran]) est bien antérieure à l’offensive Nivelle et aux mutineries qui la suivent. « Dès sa création, dès 1915-1916, La Chanson de Craonne est l’exutoire de la lassitude et d’une certaine révolte des combattants. En l’associant à la crise du printemps 1917, en en faisant le chant de guerre des mutins, on laisse à pense que la lassitude et la révolte n’ont gagné les poilus que tardivement, alors que de tels sentiments étaient depuis de nombreux mois partagés, et aussi exprimés, pour certains. Recopier ces paroles, les apprendre, avant même de les chanter ou de les reprendre en chœur, c’est adhérer à ce qu’elles expriment. »
La chanson est associée aux mutineries de 1917 et le refrain subit une nouvelle transformation : « C'est à Craonne, sur le plateau ». Le plateau dont il est question est le plateau de Californie qui surplombe le village. En effet l'endroit est le lieu de terribles combats à partir du 16 avril 1917 : la 1re division d'infanterie qui monte à l'assaut se trouve bloquée au niveau des caves de Craonne. Puis, le 4 mai, une seconde offensive est lancée par la 36e division d'infanterie qui aboutit à la reprise de Craonne et à la progression sur le plateau de Californie.
- La première mention de La Chanson de Craonne date du 16 août 1917, quand une lettre non signée du 89e RI est saisie qui la mentionne, même si le titre n’est pas encore définitif … Dans son livre La Saignée (1920), Georges Bonnamy rapporte qu’on la chantait dans son unité (le 131e RI) en juin de la même année.
- En 1961, la chanson figure dans L’Histoire de France par les chansons de P. Barbier et F. Vernillat, avant d’être enregistrée officiellement pour la première fois en 1963 par Eric Amado. - Dans les dernières années, les versions de La Chanson de Craonne se multiplient, tandis qu’elle gagne sa place dans les manuels scolaires et devient pour le grand public le symbole de la première guerre mondiale et du vécu des combattants …
Texte de la chanson (paroles retranscrites par Paul Vaillant-Couturier)
Quand au bout d'huit jours le r'pos terminé On va reprendre les tranchées, Notre place est si utile Que sans nous on prend la pile Mais c'est bien fini, on en a assez Personne ne veut plus marcher Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot On dit adieu aux civ'lots Même sans tambours, même sans trompettes On s'en va là-haut en baissant la tête
Adieu la vie, adieu l'amour, Adieu toutes les femmes C'est bien fini, c'est pour toujours De cette guerre infâme C'est à Craonne sur le plateau Qu'on doit laisser sa peau Car nous sommes tous condamnés C'est nous les sacrifiés
Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance Pourtant on a l'espérance Que ce soir viendra la r'lève Que nous attendons sans trêve Soudain dans la nuit et le silence On voit quelqu'un qui s'avance C'est un officier de chasseurs à pied Qui vient pour nous remplacer Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes
Adieu la vie, adieu l'amour, Adieu toutes les femmes C'est bien fini, c'est pour toujours De cette guerre infâme C'est à Craonne sur le plateau Qu'on doit laisser sa peau Car nous sommes tous condamnés C'est nous les sacrifiés
C'est malheureux d'voir sur les grands boulevards Tous ces gros qui font la foire Si pour eux la vie est rose Pour nous c'est pas la même chose Au lieu d'se cacher tous ces embusqués Feraient mieux d'monter aux tranchées Pour défendre leur bien, car nous n'avons rien Nous autres les pauv' purotins Tous les camarades sont enterrés là Pour défendr' les biens de ces messieurs là
Ceux qu'ont le pognon, ceux-là reviendront Car c'est pour eux qu'on crève Mais c'est fini, car les trouffions Vont tous se mettre en grève Ce s'ra votre tour messieurs les gros De monter sur l'plateau Car si vous voulez faire la guerre Payez-la de votre peau
Source principale : Guy Marival, « La Chanson de Craonne de la chanson palimpseste à la chanson manifeste », in N. Offenstadt (dir.), op. cit., pages 350 à 359
Dernière édition par naga le Mer 20 Avr 2016, 00:53, édité 1 fois | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38923 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: 1917,les chars français sont engagés pour la première fois Mer 20 Avr 2016, 00:50 | |
| Le bilan des mutineries
Cette grande crise au sein de l'armée française amena son lot de sanctions contre les mutins. Environ 3 500 condamnations, en rapport avec ces mutineries, furent prononcées par les conseils de guerre avec une échelle de peines plus ou moins lourdes. Il y eut entre autres 1381 condamnations aux travaux forcés ou à de longues peines de prison et 554 condamnations à mort dont 49 furent effectives3 parmi lesquelles 26 l'ont été pour actes de rébellion collective commise en juin ou juillet 1917.
Ce nombre a toujours, compte tenu des enjeux idéologiques, été un sujet de controverses du fait de l'impossibilité d'accéder librement aux archives avant 100 ans. Il varie également en fonction de la période retenue pour les mutineries et de la date des procès, certains mutins ne passent en jugement qu'en 1918 et quelques procès de 1917 se rattachent à des évènements des années antérieures. De plus, on estime que 10 à 15 % des archives militaires sont définitivement perdues. Quoi qu'il en soit, le nombre des exécutions de 1917, souvent mis en avant lorsque l'on parle des fusillés pour l'exemple reste relativement faible rapporté au nombre de fusillés des derniers mois de 1914 (près de 200) ou de l'année 1915 (environ 260). On peut l'expliquer par l’utilisation du droit de grâce par le président Poincaré : il gracie 90 % à 95 % des cas qui lui sont présentés.
Le traitement des mutineries par la hiérarchie (soldats dégradés, fusillés, envoyés à une mort certaine dans des assauts impossibles…) a contribué aux séquelles psychologiques de cette guerre. | |
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