Syrie : des chrétiennes s’engagent pour combattre l’Etat islamique
Les chrétiens de Syrie sont en première ligne pour lutter contre l’Etat islamique. Parmi eux, un bataillon de femmes, qui combattent arme à la main.
Plus d'un millions de chrétiens vivent aujourd’hui en Syrie. Craignant que leur sort ne devienne similaire à celui des chrétiens d’Irak, victimes de la persécution des groupes djihadistes, ces derniers s’engagent avec force dans la lutte contre l’Etat islamique. Le Parisien a recueilli le témoignage de jeunes syriennes, membre d’une brigade de femmes qui se forme peu à peu au combat armé, et lutte déjà sur des terrains d’action.
Babylonia a troqué ses ciseaux de coiffeuse contre un fusil d’assaut afin de rejoindre « les forces de protection des femmes de Mésopotamie ». Ce bataillon exclusivement féminin est composé de jeunes syriaques, minorité chrétienne de Syrie, qui ont choisi de prendre les armes contre les groupes djihadistes. Son mari, combattant lui aussi, l’a poussée à s’engager pour «lutter contre l'idée qu'une femme syriaque n'est bonne que pour les activités ménagères et le maquillage». Mère de deux enfants, elle « essaie de leur expliquer (qu’elle se) bat pour protéger leur avenir».
« Des forces étrangères ont supervisé les entrainements »
Les syriaques sont une communauté chrétienne présente en Syrie, au Liban en Irak et même en Inde. A majorité orthodoxes et jacobites, mais comprenant aussi une minorité catholique, ces derniers affirment fièrement leur identité afin de la préserver. « Nous sommes une communauté opprimée par les autres » déclare ainsi Ithraa, 18 ans, qui revendique avoir pris les armes avant tout au nom de sa minorité. « Nous voulons éviter que les djihadistes réitèrent un nouveau massacre à l'instar de celui commis par les Ottomans (en 1915 ndlr) quand ils ont tenté d'effacer notre identité chrétienne et syriaque» lance-t-elle.
Des entrainements académiques sportifs et militaires de haute intensité sont donc organisés, pour permettre à la cinquantaine de femmes qui compose la brigade de prendre part efficacement aux combats. Agissant dans le cadre des Forces démocratiques syriennes (FDS), elles ont notamment bénéficié de l’aide « de forces étrangères qui ont supervisé les entraînements », reconnait Thabirta Samir, qui occupe «l'un des postes de commandement ». Cette dernière ne révèle pas l’origine de ceux qui ont apporté leur aide, même s'il est établi que des forces spéciales américaines épaulent les FDS dans la région.
« J’aimerais être en première ligne »
Pour l’heure le rôle des « forces de protection des femmes de Mésopotamie » se limite à la protection de localités et de régions à majorité chrétienne dans la province de Hassaké, au nord-est du pays. Elles ont cependant pris part le 31 octobre dernier, à la bataille d’al-Hol, près de la frontière irakienne. «J'étais effrayée par les bruits des canons mais la peur s'est vite dissipée » raconte Ormia, 18 ans.
Malgré leur manque d’expérience, les membres de la brigade sont déterminées à poursuivre la lutte, et si elles sont pour l’heure tenues relativement à l’écart des combats en attendant d’être mieux formées, elles restent prêtes à tenir leur rang aux côtés des combattants des FDS. « J'aimerais être en première ligne dans la lutte contre les terroristes», conclut vigoureusement la jeune Ormia.
source
valeursactuelles.com