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| BD: La bête est morte ! | |
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naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38942 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: BD: La bête est morte ! Jeu 1 Fév - 1:22 | |
| La bête est morte ! est un album de bande dessinée publié en 1944, dessiné par Edmond-François Calvo, sur un scénario de Victor Dancette, éditeur de publications pour la jeunesse, et de Jacques Zimmermann. La bête est morte ! raconte, en deux volumes, la Seconde Guerre mondiale, sous forme de satire animalière du conflit et de l'occupation. La bande dessinée ayant été publiée après la libération de la France, mais quelques mois avant la fin du conflit en Europe, la fin de l'histoire annonce la chute d'Hitler sans la décrire. Le récit décrit pour l'essentiel le conflit en Europe, mais une page est consacrée à la guerre du Pacifique. C'est une des rares bandes dessinées françaises réalisées sur l'Occupation, avec Les Trois Mousquetaires du maquis de Marijac. L'œuvre est créée peu après le dessin animé Blitz Wolf de Tex Avery, mais il semble peu probable que les auteurs aient pu le voir. Le style de Calvo, en revanche, est influencé par les dessins animés de Walt Disney. Les deux fascicules Quand la bête est déchainée. « Entre Le Vésinet et Ménilmontant, dans la gueule du grand loup, au groin du cochon décoré, et sans l'autorisation du putois bavard, cet album a été conçu et rédigé par Victor Dancette et Jacques Zimmermann, et illustré par Calvo sous la direction artistique de William Péra. Il a été gravé et imprimé par la Néogravure, pendant le troisième mois de la Libération. » Quand la bête est terrassée, conçu sous l'occupation et réalisé dans la liberté, ce deuxième fascicule a été écrit par Victor Dancette sous les calmes ombrages du Vésinet, encore illustré par Calvo et « achevé d'imprimer en juin 45 avec l'espoir que la bête est bien morte ». Des rééditions sont sorties en 1977 chez Futuropolis et en 1995 chez Gallimard. L'édition Futuropolis contient également des reproductions monochromes pleine page de Calvo parues initialement dans le journal L'Armée française au combat à la fin de la seconde guerre mondiale. L'édition de 1977 reproduit, en pages intérieures, les couvertures des deux albums initiaux, mais en des dessins grisés et quelque peu agrandis, alors qu'ils étaient polychromes. La comparaison des deux représentations du Grand Loup sont parlantes : la première le montre dans la fierté de la victoire, alors que la seconde lui attribue un œil crevé caché par un vilain morceau de cuir, un plaie à la patte gauche. Alors que le premier salue le bras droit levé et affiche un regard mauvais, le second lève les deux bras en signe de désespoir, voire de capitulation ; son nez est comme cassé, béant et partiellement recousu ; sa vareuse est déchirée au coude et d'autres endroits, sa botte droite laisse passer ses orteils ; la fin est proche. | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38942 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: BD: La bête est morte ! Jeu 1 Fév - 1:29 | |
| Representations Les allemands sont des loups Adolf Hitler « le Grand Loup » « toujours en fureur » Hermann Göring « le Cochon Décoré » Erwin Rommel « le fameux lieutenant du Grand Loup » Joseph Goebbels « le Putois Bavard » « un avorton de putois, hargneux et contrefait » Rudolf Hess « le plus fidèle lieutenant du Grand Loup » Les Américains sont des bisons Franklin Roosevelt « l'Élu des Bisons » Congrès des États-Unis « le Congrès des Bisons » Belges lionceaux Suisses bergers Les Britanniques sont des dogs (chiens) Winston Churchill « le Premier des Dogs » Bernard Montgomery « Un Dog choisi parmi les Dogs maigres » Les Chinois sont des buffles et dragons Danois danois (au pelage arlequin) le roi des Danois Les Éthiopiens sont des lions Hailé Sélassié « le Roi des rois des Animaux » Les Français sont des lapins, grenouilles, écureuils et cigognes Charles de Gaulle « notre cigogne nationale » Troupes coloniales françaises léopards Les Italiens sont des hyènes Benito Mussolini « la Hyène à peau de louve » Les Japonais sont des singes jaunes Hirohito « le Grand Singe » Les Néerlandais des vaches Les Polonais sont lapins Les Soviétiques sont ours polaires Staline « le Grand Ours »« maréchal de l'Ourserie » Les Iraniens sont des chats Shah d'Iran « le Chat impérial » | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38942 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: BD: La bête est morte ! Jeu 1 Fév - 1:41 | |
| Style et thèmes abordés Le récit est composé des éléments connus en 1944. En particulier, Hermann Göring est présenté comme le second de Hitler (il en est le successeur désigné) et donc responsable de la guerre que les Français ont subie, alors qu'il semble que le feldmaréchal de l'Air souhaitait marcher vers l'Est, écraser les bolcheviks, tandis que Joachim Ribbentrop (qui n'est pas évoqué dans l'album), agent du grand patronat allemand, voulait l'invasion de la France (Paul Stehlin, Témoignage pour l'Histoire, Robert Laffont, 1964). Des ouvrages publiés longtemps après conduisent à nuancer certaines affirmations. Le style est vulgarisateur et plein de verve patriote, apportant aux générations futures (représentés par les petits-fils de l'écureuil unijambiste, vétéran paré de gloire qui fait office de narrateur tout au long du récit) un point de vue sans nuance sur l'horreur du conflit : la bête, c'est le nazisme et celui qui l'incarna. Les auteurs soulignent quelques-unes des fautes qui ont conduit au désastre. La double page 26-27 évoque avec grandiloquence une prise de la ligne Maginot (dont le nom n'est pas mentionné, sauf par une allusion : Ligne Livarot) qui, en fait n'est pas historique puisque la Wehrmacht l'avait contournée par la Belgique. Le commentaire contient une condamnation : « Nous avions malheureusement cru que nous étions à l'abri derrière notre fameux mur, et vraiment nous ne nous étions pas préparés à la guerre. » La suite applique aux Allemands la désignation « poux » (« une immense mer de poux ») utilisée par les Nazis pour évoquer diverses variétés de sous-hommes, particulièrement les Juifs. En contrepoint, les auteurs citent (p. 29) « de nombreux détachements complètement encerclés [qui] se sont défendus pendant plusieurs semaines, refusant de se rendre, et ravitaillés par des pigeons [aviation de transport] qui bravaient les éperviers ennemis. Ceux des nôtres qui se battaient ainsi savaient bien qu'ils ne pouvaient espérer une victoire, mais ils avaient fait le sacrifice de leur vie. » Le scénario fait l'ellipse de l'épisode de Vichy dans sa description du contexte français, pour présenter sous des accents de gloire la refondation nationale qui est le mot d'ordre généralisé du moment de parution de cet album (écrit en 1944). Le texte évoque cependant rapidement des « traîtres » et fait allusion, dans un jeu de mots (« On ne sait pas qui ») au journaliste de Radio Paris Jean Hérold-Paquis. Un dessin représente les collaborateurs sous forme de crapauds et de rats. La représentation des souffrances vécues par les populations occupées est très réaliste, ce qui corrobore le contexte dans lequel cette bande dessinée a été conçue, contexte dans lequel ces souffrances étaient encore vécues. L'accent donné sur l'épisode de l'exode et ses douleurs montre que les auteurs se mettent au diapason de leur public, les Français tout juste libérés, en leur livrant un moyen de catharsis. Ainsi, en une vignette, Calvo évoque la saignée des réparations versées au titre de l'armistice, et montre des criquets qui portent des casques de l'armée allemande en train de ruiner les récoltes de blé, aidés dans leur tâche par des doryphores tatoués de la croix gammée. Les animaux souffrent crûment dans cette bande dessinée autant que ceux qui vécurent les évènements. Calvo montre au lecteur enfant la dureté de la guerre, allant à des extrémités que Disney, sur le plan de la représentation, aurait remplacé par une ellipse. En particulier, le dessin de la gare de Bécon-les-Bruyères est d'un réalisme presque atroce ; le cinéma et la boucherie chevaline en arrière-plan, la marquise qui avait abrité les quais, au verre cathédrale écrasé au sol, tout était ainsi ; Calvo n'a rien inventé, rien retouché. Railleries des argumentations de la propagande : la défense élastique sur le front de l'Est, représentée par des loups de la Wehrmacht en retraite tenus les uns aux autres par des bretelles. La Shoah est évoquée brièvement, en deux cases, mais de manière explicite, et l'étoile jaune apparaît dans le détail d'un dessin. Didier Pasamonik note qu'il s'agit là de la première évocation du génocide juif dans une bande dessinée7, bien que sa description, qui assimile les victimes du régime nazi à des opposants politiques, ait pu être critiquée a posteriori. Le texte, page 25, décrit ainsi la déportation et le génocide, dont la spécificité et l'ampleur n'avaient pas été encore réalisées à la fin 1944 : « Poursuivant plus particulièrement leur vengeance contre certaines tribus d’animaux pacifiques que nous hébergions et à qui nous avions bien souvent ouvert nos portes pour les abriter contre la fureur de la Bête déchaînée, les hordes du Grand loup avaient commencé le plus atroce plan de destruction des races rebelles, dispersant les membres de leurs tribus dans des régions lointaines, séparant les femmes de leurs époux, les enfants de leur mère, visant ainsi l’anéantissement total de ces foules inoffensives qui n’avaient commis d’autre crime que celui de ne pas se soumettre à la volonté de la Bête ». La seconde référence à la Shoah en bande dessinée date de 1955, dans une histoire américaine de EC Comics intitulée Master Race. En France, il faut attendre 1985 pour que la Shoah soit à nouveau évoquée dans une bande dessinée. En Belgique, le traumatisme est à deux reprises proposé à la réflexion via l'évocation de l'héroïque Raoul Wallenberg dans un épisode des Belles Histoires de l'Oncle Paul. La libération de Paris est symbolisée par une transcription du célèbre tableau d'Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple, avec des différences importantes dans la mimique des personnages. Alors que les visages de Delacroix sont graves, que la Liberté regarde derrière elle les hommes qui montent à l'assaut, les visages de Calvo sont rigolards, la Liberté affiche sa joie. Au fond, le Sacré-Cœur de Montmartre matérialise bien le parisianisme de l'évènement. Le texte souligne la joie des journées d'août 1944 : « Je ne pense pas que dans l'Histoire notre capitale ait jamais connu pareilles journées d'universelle exaltation ! » (p. 88) La page suivante poursuit sur le même thème d'enthousiasme, montrant le char Sherman « Iéna » dans une rue étroite du centre de Paris ; les tours de Notre Dame ferment le fond de la rue. Le nom du charNote 1,10 rappelle la bataille d'Iéna (1806), qui s'est terminée par une victoire totale des Français contre les Prussiens alliés aux Saxons. Au premier plan des deux pages, des restes de l'armée allemande (cadavres p. 88, casque, casquette et fusil p. 89) affichent l'écroulement de l'ennemi. La présence des deux édifices religieux rappellent les cloches sonnant à toute volée lorsque la 2e DB (2e division blindée) est entrée dans Paris. Déjà, p. 30, « les bonnes sœurs de charité » avaient matérialisé le dévouement des femmes qui « se dévouaient jusque sous le feu de l'ennemi. » Encore, p. 36, à propos du départ des prisonniers de guerre pour les camps allemands : « J'en sais qui, parmi les plus fiers, tombèrent à genoux sur cette terre qu'ils allaient quitter pour l'exil et leurs lèvres retrouvèrent les prières de leur enfance pour implorer le Dieu qu'ils avaient négligé depuis des années. » Réception : en son temps, l'ouvrage a été une magnification du sacrifice, et des souffrances de ceux qui sortaient des Stalag, des camps de concentration, de ceux dont la santé avaient été détruite pour avoir refusé de travailler au service du grand Reich bien que prisonniers de guerre ; et de ceux qui avaient connu les nuits à la cave sous les bombes américaines et britanniques. Aux néo-chantres des « valeurs françaises », on propose de relire la page 20 : « Au temps enfin où nous vivions, tous, heureux sans trop le savoir, dans une liberté totale dont personne d'ailleurs n'abusait vraiment. Bah ! on se disputait bien un peu, rapport que chez nous il faut toujours que quelqu'un parle et qu'un autre contredise, mais malgré quelques « jamais contents », comme on vivait bien au bon vieux temps ! [...] Voyez-vous, mon plus grand regret c'est qu'il ait fallu cette catastrophe épouvantable [...] pour nous faire apprécier vraiment notre bonheur d'alors, pour comprendre à quel point ce petit coin de terre nous tenait à cœur. On parlait bien de patrie à cette époque-là, mais nous étions si heureux que ce mot ne signifiait plus rien. Il aura fallu ce cataclysme pour nous rendre notre âme nationale et nous faire sentir combien nous étions attachés à cette terre qui buvait notre sueur, mais qui nous donnait aussi tant de joies ! » | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38942 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: BD: La bête est morte ! Jeu 1 Fév - 1:48 | |
| Critiques Un album de propagande : le poids d’un context Depuis notre regard contemporain, plus de cinquante ans après la guerre, la lecture de La bête est morte laisse une étrange impression. Il a toutes les apparences d’un album de propagande pour enfants au service de la Résistance, célébrant la Libération et la lutte, forcément unanime, contre l’occupant allemand, forcément unique coupable du malheur qui s’est abattu sur le paisible pays des lapins. Deux éléments frappent particulièrement : la lourdeur simpliste de certains propos et la réécriture de l’histoire, caractéristique de la période post-Libération. Le propos est tout à fait transparent. La transposition du monde des hommes au monde des bêtes est sciemment partielle : les bisons portent des casques l’armée américaine, les loups arborent la croix gammée. Au-delà de ça, la scénario est assez peu subtil, rangeant d’un côté les peuples « gentils », alliés des lapins, et de l’autre les peuples « méchants », alliés des loups. Un manichéisme certes assez courant dans une publication pour enfant, mais qui conduit les auteurs à des simplifications voire à de véritables falsifications historiques. Quelques exemples qui ne résistent pas à la lumière des connaissances acquises sur la période de l’Occupation. L’épisode de Vichy est complètement ignoré, ainsi que le maréchal Pétain et la collaboration. Les lapins-français étaient naturellement tous unis derrière la « grande cigogne nationale ». Pire encore, le ton n’est pas du tout apaisé, mais tout à fait revanchard et patriotique. J’en veux pour preuve cette citation qui présente les loups-allemands comme irrémédiablement mauvais ; remplacer « loups » par « allemands », la Barbarie étant le nom donné au pays des Loups : « Mes chers petits enfants, n’oubliez jamais ceci : ces Loups qui ont accompli ces horreurs étaient des Loups normaux, je veux dire des Loups comme les autres. (…) Ne croyez pas ceux qui vous diront que c’étaient des Loups d’une secte spéciale. C’est faux ! Croyez-moi, mes enfants, je vous le répèterai jusqu’à mon dernier soupir, il n’y a pas de bons et de mauvais Loups, il y a la Barbarie qui est un tout, et ne comporte qu’une seule race, celle des monstres, des bourreaux, des sadiques, des tueurs. » S’adressant aux enfants, la narration très didactique assurée par un grand-père écureuil, se rapproche paradoxalement de la fable, ce qui amplifie le passage des évènements de la guerre de la réalité historique à la fiction. La bête est morte ne peut se lire qu’avec une bonne connaissance du contexte historique qui suit la Libération. Sinon, il paraît horriblement daté. Une telle oeuvre trouve tout à fait sa place dans une littérature de propagande à la fois patriotique et résistantialiste : la nécessité, en 1945, de réunir la nation française brisé par l’Occupation, autour d’un mythe, celui d’un peuple uni pour sa Libération a beaucoup pesé dans les actes et les écrits. Dans cette France de 1945, les notions de Bien et de Mal suffisent pour gérer le passage d’une société de guerre à une société en paix. Les « coupables » sont jugés lors de grands procès, l’Allemagne est écartelé entre l’Ouest et l’Est… Le mythe résistantialiste est une mémoire qui se construit après la guerre pour justifier la refondation du pays et légitimer le pouvoir qui s’installe alors, partagé entre gaullistes et communistes. Les traits principaux de ce phénomène, la mise à l’écart de l’importance de Vichy et la résistance comme mouvement nationale, se retrouvent exactement dans La bête est morte. Il faut attendre les années 1970 pour que l’idée que tous les Français n’étaient pas forcément unis fasse son chemin. En 1945, les Français avaient besoin de lire un ouvrage comme celui-ci, il est le produit d’un rapport complexe à la période de l’Occupation. Il est probable que l’engouement pour l’album soit lié à ce contexte historique, à la volonté de comprendre la période des années noires dont La bête est morte offre une vision flatteuse. La seconde guerre mondiale était et reste encore maintenant une période privilégiée pour la fiction en raison de la fascination qu’elle exerce dans les mémoires. Ce qu’il reste : le style de Calvo Alors pourquoi lire La bête est morte à notre époque ? Une raison semble pourtant s’imposer : l’album est un des plus réussis du dessinateur Calvo. Calvo est connu pour sa grande maîtrise du dessin. Il possède un sens du mouvement encore assez rare chez ses confrères qui donne un fort dynamisme à ses oeuvres ; Albert Uderzo est connu pour avoir été un de ses élèves et avoir transmis ce même sens du rythme. Il a perfectionné le dessin d’animaux humanisés en s’inspirant de Walt Disney dont les dessins animés triomphent en France dans les années 1920 et 1930. L’expressivité des personnages animalier rend le récit très vivant. Les caractéristiques de l’art de Calvo se retrouvent dans La bête est morte et le thème grandiloquent leur donne une stature monumentale que d’autres oeuvres, tout aussi réussie mais aux thèmes plus anodins, ne contiennent pas forcément. Calvo peut donner libre cours à son goût pour les grandes compositions qui éclatent, bien avant les spectaculaires expériences des années 1970, l’organisation traditionnelle de la page. Dans ces vastes scènes d’ensemble, parfois monumentalisée dans des doubles pages (ici le plus souvent des scènes de bataille), il se concentre sur les détails où chaque attitude est individualisée et où de multiples scènes secondaires se cachent dans la page. Mais on trouve aussi chez lui un sens baroque de la composition en grappes humaines, avec des lignes de force très marquées qui orientent le regard. Je ne peux m’empêcher de voir dans ses scènes des rapprochements avec certains peintres de la Renaissance (je pense aux grands scènes de bataille de Paolo Ucello ou aux tableaux paysans de Bruegel, pleins de détails)… Calvo s’en-est-il inspiré ? La seule référence claire est la reprise qu’il offre de La liberté guidant le peuple de Delacroix (1830) pour symboliser la libération de Paris. Dans d’autres planches, plus narratives, les cases sont complètement destructurées par une multiplication des inserts. Si cette autre manière d’aborder la page, non comme une grille de cases mais comme un ensemble, se lit déjà dans d’autres oeuvres comme dans Patamousse, La bête est morte multiplie le procédé. Il reste donc de La bête est morte une mesure de ce dont Calvo a pu être capable dans un format qui, il faut bien l’avouer, se rapproche davantage de l’album illustré que de la bande dessinée. L’objectif était sûrement d’impressionner les jeunes lecteurs, de les émerveiller devant des compositions grandioses et de frapper leur imagination, tout en faisant passer un discours conventionnel et unanimiste sur la guerre qu’ils ont vécu. Bibliographie : Pour lire La bête est morte, le mieux est sans doute la dernière édition par Gallimard, datée de 1995, qui reprend les deux volumes en un grand volume 35×26 qui rend les grandes scènes de Calvo encore plus spectaculaires. Le Collectionneur de bandes dessinées, n°60-61, 1989 (numéros spéciaux consacrés à Calvo) Patrick Gaumer, Larousse de la BD, Larousse, 2004 Thierry Groensteen dir., Maîtres de la bande dessinée européenne, Bibliothèque nationale de France, 2001 BDM : argus bi-annuel des albums de bande dessinée http://jeunesse.lille3.free.fr/article.php3?id_article=888 | |
| | | vania Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 28661 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: BD: La bête est morte ! Jeu 1 Fév - 10:58 | |
| Superbe B.D. Merci de nous l'avoir fait découvrir ... | |
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