Opérations préliminaires en Thailande.Pour envahir la Malaisie et la Birmanie,
l'armée japonaise a besoin de s'assurer le contrôle des voies de communication
(routes, voies ferrées), des ports et des aérodromes dans le royaume du Siam (aujourd'hui la Thaïlande). Les Thaïs, cependant,
sont un peuple fier de n'avoir jamais été conquis et sont déterminés à maintenir leur indépendance. Ils viennent de sortir
d'une guerre de frontière avec le régime français de Vichy. L'armée thaïlandaise, qui compte l'équivallent de cinq divisions,
est donc loin d'être négligeable pour Tokyo, la plupart de ses soldats étant aguerris, expérimentés et endurcis.
Si l'état-major impérial à Tokyo veut éviter autant que possible des lourdes pertes, il est vital à ses yeux que les débarquements
prévus dans le sud du pays s'effectuent sans opposition. Pour faciliter cela, les Japonais entament des négociations secrètes
avec le gouvernement thaï. Constatant que les puissances de l'Axe enchaînent victoire sur victoire en Europe, en octobre 1940
le Premier ministre Plaek "Phibun" Pibulsonggram est assez receptif aux demandes de Tokyo. Il fait secrètement et verbalement
la promesse aux Japonais de les soutenir en case d'invasion de la Malaisie.
Cependant, Phibun semble être disposé à oublier cette promesse verbale si les circonstances sont amenées à changer.
Il demande en 1941 aux Américains et aux Britanniques des guaranties concrètes d'aide et de soutien si le Siam est envahi.
Ni l'un ni l'autre n'ont les moyens de donner de telles garanties, bien que le Premier ministre Winston Churchill menace le Japon
de lui déclarer la guerre en cas d'attaque du Siam. Cette menace directe des Britanniques conduit les Japonais à faire preuve
des prudences et à ménager les Thaïs. Ils essaient, sans succès, d'obtenir un accord de droit de passage à leurs troupes
à travers le territoire thaï, passage dont dépend leur plan opération contre la Malaisie et la Birmanie.
Mais le maréchal Hisaichi Terauchi, commandant du "Groupe d'Armées expéditionnaire du Sud", finit par mettre fin à ces tergiversations
et prend la décision de faire entrer ses troupes au Siam, quoiqu'il arrive, avec ou sans permission du gouvernement thaï.
Le 7 décembre 1941, Churchill envoie le message suivant au Premier ministre Phibun:
"Il existe une forte probabilité d'invasion imminente de votre pays par les Japonais. Si vous êtes attaqué, vous devrez vous défendre vous-mêmes. La préservation de votre indépendance et de votre souveraineté est une de nos préoccupations majeures, et nous considéreront une attaque contre vous comme une attaque contre nous-mêmes."
Le plan d'intervention japonais au Siam implique deux divisions d'infanterie de la 15ème Armée du lieutenant-général Shojiro Iiada,
et la Division impériale des Gardes, détachée temporairement de la 25ème Armée.
15ème Armée japonaise. Lieutenant-général Shojiro Iiada.QG près de la frontière entre l'Indochine et le Siam.
33ème Division d'infanterie japonaise. Lieutenant-général Shozo Sakurai.
55ème Division d'infanterie japonaise. Lieutenant-général Hiroshi Takeuchi.
25ème Armée japonaise. Lieutenant-général Tomoyuki Yamashita.QG Saigon, Indochine.
5ème Division d'infanterie japonaise. Lieutenant-général Takuro Matsui.
Division impériale des Gardes. Lieutenant-général Takuma Nishimura. 22645 hommes.
1° Battambang.
A l'aube du 8 décembre 1941, la Division impériale des Gardes, placée en tête des unités de la 15ème Armée japonaise,
franchit la frontière indochinoise. Les Japonais ne rencontrent aucune résistance, avançant vers le nord-ouest dans la province de Prachinburi,
en longeant la nouvelle voie ferrée entre Aranyaprathet et Monkhol Bourei.
2° Chumphon.
Le 1er Bataillon du 143ème Régiment d'infanterie japonais débarque à Chumphon dans la nuit du 7 au 8 décembre 1941.
Il établit un périmètre défensif autour de la zone de débarquement, mais se heurte ensuite à la résistance tenace d'unités thaï.
Les combats cessent dans la soirée quand les Thaïs reçoivent l'ordre de cessez-le-feu du Premier ministre Phibun.
3° Nakhon Si Thammarat.
Nakhon Si Thammara est l'emplacement du QG de la 6ème Division Thai et de son 39ème Bataillon d'infanterie. Trois navires japonais
jettent l'ancre à quelques kilomètres de la côte dans la nuit du 7 au 8 décembre 1941. Ils transportent le 3ème Bataillon du 143ème Régiment d'infanterie,
le 18ème Régiment de District aérien et une unité de transmission de l'aviation de l'armée impériale, le 32ème Bataillon d'artillerie AA
et la 6ème Compagnie de construction ouvrière. Un peu après minuit, les troupes japonaises commencent à débarquer.
Le débarquement s'effectue à côté de la garnison thaï, le camp Vajiravudh. Les Thaïs, informés auparavant du débarquement japonais
à Songkhla, réagissent immédiatement. La bataille de Nakhon Si Thammara se poursuit jusqu'à midi, lorsque survient l'ordre de cessez-le-feu.
4° Pattani.
Situé près de la frontière malaise, Pattani est le second objectif de la 25ème Armée japonaise, après Khota Bharu. Les débarquements
de la 5ème Division d'infanterie s'effectuent en dépit de la mer agitée. Les Japonais s'opposent à cet endroit au 42ème Bataillon d'infanterie thaï,
jusqu'à ce que celui-ci reçoivent l'ordre de cessez-le-feu,
vers midi le 18 décembre 1941.
5° Prachuap Khiri Khan.
Prachuap Khiri Khan est la base du 5ème Wing de la Force Aérienne Royal Thaï, commandé par le Wing-Commander M.L. Pravat Chumsai.
Le 2ème Bataillon du 143ème Régiment d'infanterie japonais débarque le 8 décembre vers 3h du matin, et occupe la ville à l'aube
après avoir écrasé la résistance des forces locales de police. D'autres débarquements ont lieu près du terrain d'aviation,
au sud de celui-ci. Les Japonais assiègent ensuite l'aérodrome, mais les aviateurs et le personnel au sol thaï résistent
avec succès jusqu'à midi, quand ils reçoivent l'ordre de cessez-le-feu. Les Japonais ont perdu au cours de cet engagement 115 tués,
selon leurs estimations, 217 tués et plus de 300 blessés, selon les estimations thaï. L'aviation royale thaï enregistre la perte de 38 tués et 27 blessés.
6° Samut Prakan.
Le 3ème Bataillon du 3ème Régiment d'infanterie des Gardes impériaux débarque à Samut Prakan dans les premières heures du 8 décembre 1941.
Son objectif est la capture de Bangkok. Les Japonais s'opposent en cours de chemin à un petit détachement de police locale.
En dépit d'une violente confrontation, les combats ne se poursuivent pas et les policiers thaïs se retirent. Les Japonais acceptent
de ne pas entrer dans la capitale avant que soient formellement conclues des négociations.
7° Songkhla.
La prise du port de Songkhla est un des objectifs de la 25ème Armée de Yamashita. les débarquements japonais s'effectuent
dans cette zone aux premières heures du 8 décembre 1941. La garnison thaï de Khao Khor Hong (41ème Bataillon d'infanterie
et 13ème Bataillon d'artillerie) occupe immédiatement des positions le long de la route menant vers la Malaisie, mais
elles sont écrasés et les Thaïs sont forcés de se retirer vers de nouvelles positions défensives moins exposées, que les Japonais ignorent
simplement ou décident de contourner. Les combats cessent vers midi avec l'ordre de cessez-le-feu du Premier ministre thaï.
8° Surat Thani.
Une compagnie du 1er Bataillon du 143ème Régiment d'infanterie débarque dans le village côtier de Ban Don, dans les premières heures
du 8 décembre 1941. Elle avance vers Surat Thani, où elle se heurte à la police royale thaï et à des volontaires. Des combats assez confus
ont lieu sous une averse de pluie, et ce n'est qu'en fin d'après-midi que les Thaïs survivants reçoivent l'ordre de déposer les armes.
9° Conclusions de la campagne japonaise du Siam.
La décision de Plaek Pibulsonggram de signer avec le Japon un armistice le 8 décembre 1941, après moins d'une journée de guerre,
met fin aux espoirs de Winston Churchill de forger une alliance avec le Siam (Thaïlande).
Officiers thais et japonais a Bangkok
Désormais, le Japon est assuré d'utiliser pleinement le pays comme base d'opérations pour ses futures conquêtes en Malaisie et en Birmanie. Quelques heures à peine
après l'entrée en vigueur de l'armistice, des escadrilles de l'aviation de terre impériale sont transférées d'Indochine vers l'aérodrome de Songkhla,
permettant aux bombardiers japonais d'atteindre des objectifs situés jusqu'alors en dehors de leur rayon d'action: Singapour,
Sumatra, la Birmanie, etc.
Le 21 décembre 1941, un traité d'alliance est ratifié entre le Siam et le Japon.
Photos du film thai
Sunset at Chaophraya (2013)
Le 25 janvier 1942,
le gouvernement thaï déclare la guerre aux Etats-Unis et aux Etats membres du Commonwealth (Grande-Bretagne, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Inde).