Le ballon incendiaire (ou pouvant transporter des bombes) est un ballon gonflé avec un gaz plus léger que l'air, tel que l'air chaud, l'hydrogène ou l'hélium,
auquel est attachée une bombe, un dispositif incendiaire ou un cocktail Molotov.
Le ballon est transporté par les vents dominants vers la zone cible, où il tombe ou libère son chargement.
les debuts
En 1792, Joseph-Michel Montgolfier proposa d'utiliser des ballons pour larguer des bombes sur les forces britanniques et les navires à Toulon .
En 1807, le Danemark tenta de construire un dirigeable à propulsion manuelle destiné à bombarder les navires britanniques bloquant Copenhague dans les airs .
En 1846, un conseil d'administration britannique a rejeté comme irréalisable un dessein de bombardement de Samuel Alfred Warner.
Les tentatives de Henry Tracey Coxwell d'intéresser le gouvernement britannique quelques années plus tard ont également été rejetées .
En 1847, John Wise a proposé l'utilisation de bombes à ballon dans la guerre américano-mexicaine.
La première utilisation agressive de ballons dans la guerre a eu lieu en 1849.
Les forces impériales autrichiennes assiégeant Venise tentèrent de faire flotter quelque 200 ballons à air chaud en papier, chacun portant une bombe de 11 à 14 kg
qui devait être larguée du ballon avec un fusible temporel au-dessus de la ville assiégée.
Les ballons ont été lancés principalement à partir de la terre; cependant, certains ont également été lancés à partir du bateau à vapeur à roues latérales SMS Vulcano
qui a servi de porte-ballons. Les Autrichiens ont utilisé des ballons pilotes plus petits pour déterminer le réglage correct des fusibles.
Au moins une bombe est tombée dans la ville; Cependant, à cause du vent qui a changé après le lancement, la plupart des ballons ont manqué leur cible et
certains sont revenus sur les lignes autrichiennes et le navire de lancement Vulcano.
Seconde guerre mondiale
L 'opération Outward est une campagne de bombardements britannique, durant la Seconde Guerre mondiale, utilisant des ballons à gaz sans pilote.
Ces ballons peu coûteux, lâchés depuis la Grande-Bretagne, dérivent vers les pays conquis ou alliés des Allemands.
Un certain nombre laissent traîner un filin d’acier qui, entrant en contact avec les lignes électriques, cause un court-circuit.
D’autres transportent des bombes incendiaires pour déclencher des feux de forêts et de landes.
Decollage des ballons a Felixstowe
L historique
En 1937, les Britanniques étudient les effets d’un filin traînant sous un ballon lorsqu'il vient à entrer en contact avec des fils électriques.
Le but est de connaître les dommages que pourrait causer un ballon de barrage dont les amarres se rompraient.
Durant l’hiver 1939-1940 (la « drôle de guerre »), certains officiers de l'état-major proposent de lâcher des ballons depuis la France vers les troupes allemandes,
en y attachant des bombes. Un transmetteur à bord permettrait de les suivre par triangulation, et un récepteur servirait à activer un mécanisme de largage des bombes.
L’idée devient caduque après la déroute de mai 1940.
Dans la nuit du 17 au 18 septembre 1940, une tempête brise les attaches de plusieurs ballons de barrage du RAF Balloon Command , qui traversent alors la mer du Nord.
Ils coupent le courant en Suède et au Danemark ce qui entraîne l'arrêt de plusieurs trains, et l’antenne de la radio internationale de Suède est renversée.
Cinq ballons atteignent même la Finlande. Le tout confirme le rapport de l’expérience de 1937, et un rapport est envoyé au cabinet de guerre de Winston Churchill
le 23 septembre. Ce dernier ordonne une étude sur l’utilisation possible de ballons pour attaquer l’Allemagne.
L’Air Ministry répond défavorablement, en partie parce que le ministère de la production aérienne ne considère pas les ballons comme une arme efficace.
Cependant, l’Amirauté britannique se montre plus réceptive et conclut que le coût serait minime, tout en ne mettant aucun soldat en danger.
Elle estime que le réseau électrique allemand est vulnérable à de telles attaques. En effet, de larges zones de forêts et de landes recouvrent le pays
ce qui forcerait les forces allemandes à utiliser du personnel en grand nombre pour prévenir ou lutter contre des feux et courts-circuits causés au hasard.
De plus, les vents à près de 5 kilomètres d’altitude soufflant d’Ouest en Est, il est peu probable que les forces allemandes puissent utiliser le même procédé en retour.
Après un long débat entre l’Air Ministry et l’Amirauté, le comité des Chefs d'État-major donne son accord, en septembre 1941, pour un site de lancement à Landguard Fort,
près de Felixstowe dans le Suffolk.
Les premiers ballons sont lâchés le 20 mars 1942 et, en quelques jours, plusieurs feux de forêts sont signalés près de Berlin et Tilsit.
Des messages de la Luftwaffe sont interceptés et informent les Britanniques que les avions de chasse allemands ont essayé de descendre les ballons,
ce qui montre un effet certain sur l’utilisation du carburant, des avions et du personnel.
Les coûts du harcèlement et de la mobilisation chez les Allemands se montrent bien supérieurs au coût des ballons, et les Britanniques sont donc encouragés dans leur projet.
En juillet, un deuxième site de lancement est inauguré à Oldstairs Bay près de Douvres.
Cette opération emploie environ 300 personnes de la Royal Navy, en majorité des femmes, et son coût total est estimé à environ 220 000 livres sterling.
Effets
Le 12 juillet 1942, le filin d’un ballon touche une ligne à haute tension (110 000 volts) près de Leipzig, causant une surcharge à la sous-station de Böhlen
et déclenche un feu qui la détruit. C'est le plus grand succès de l’opération Outward.
Souvent interrompue lors de bombardements alliés sur l’Allemagne pour ne pas nuire aux bombardiers, elle se poursuit jusqu’au 4 septembre 1944.
Les lâchers deviennent très sporadiques après le débarquement de Normandie.
Comme la trajectoire des ballons dépendait des aléas du vent, ils ont frappé également des pays neutres.
Par exemple, les 19-20 janvier 1944, deux trains sont entrés en collision à Laholm en Suède, après qu’un des ballons ait mis hors circuit la signalisation ferroviaire.