LE CHAR TIGRE II No 124 DE FONTENAY-SAINT-PERE
Histoire a rebondissement...non resolue.
Le 26 août 1944, à la suite de la contre-attaque allemande sur Fontenay-Saint-Pere contre les bataillons US, plusieurs chars Tigre sont détruits ou tombent en panne.
Remontant la route 913 dans les bois entre Fontenay et Sailly, le Koenigstiger N° « 124 » subit un bombardement de l’aviation US.
Une bombe tombe à proximité creusant un immense cratère sur la route, le char de l’adjudant Fritz Zahner est abandonné.
Un peu plus tard, au cours de la contre-attaque, les Américains bousculent l’engin avec un bulldozer dans l’excavation pour dégager le passage,
laissant émerger à peu près ¼ du char.
Septembre 1944
1945
La bataille terminée, il faut refaire la route, et se débarrasser de la « bête ». Un ferrailleur de Courbevoie obtient l’adjudication de la carcasse
mais le blindage très épais est impossible à découper. L’engin est donc rempli de munitions traînant dans les parages et « détoné ».
A peu près ¼ du char est volatilisé. Le temps ou les moyens manquant pour récupérer les restes, le ferrailleur abandonne l’épave.
Il faut cependant refaire la route en urgence et l’on ensevelit les restes.
Soixante années passent, le char se fait peu à peu oublier. Quelques anciens évoquaient bien son souvenir mais personne ne les prenait au sérieux.
(témoignages Jean Gouet et Lucien Pinard)
La découverte en janvier 2001
Enquêtant sur la « Bataille du Vexin » l’historien Bruno Renoult entreprend à la fin des années 1990 un sondage sur la route.
Il s’agit de vérifier la réalité des souvenirs relatés par les anciens. Un écho énorme est détecté, environ 8 mètres de longueur sur 3.
Serait-ce le « Tigre » ?
Fin 1999, l’historien obtient une autorisation de sondage de la Direction Départementale de l’Equipement dans le fossé de la route.
Le 6 janvier 2001, sont mis à jour des plaques d’acier correspondant à des éléments de la tourelle du char.
Environ la moitié : un côté complet, la base et le dessus complet, un amas de chenilles, 3 plaques de blindage de protection du roulement latéral, la coupole du chef de char
et la trappe, un vérin du canon, un ventilateur du moteur etc. sans compter de nombreux obus .
Faisant part et déclarant régulièrement sa découverte aux autorités et aux médias ,le decouvreur se voit intimé par les autorité de l’époque de reboucher le trou
en attendant de prendre une décision. Le « Tigre » est de nouveau recouvert.
Les décisions
Six mois plus tard, le 25 juin 2001, la sécurité civile intervient pour enlever quelques obus émergeant du talus.
Le service de déminage communique à la mairie de Fontenay-Saint-Père un rapport laissant entendre qu’il n’y avait là rien de dangereux pour la population,
et probablement rien sous la route… La DDE évalue le coût de son excavation à plusieurs dizaines de milliers d’euros à la charge du particulier, du decouvreur
si intéressé défonçage de la chaussée, extraction du char, puis réfection de la route etc.
Ainsi par défaut d’estimation du danger ou par manque de moyens, l’engin de guerre chargé de munitions non désamorcées restera donc sous la route !
La valeur des restes du char et ce qu’il représente, comme témoin d’une bataille ayant engagé autant d’hommes et de moyens, et fait 1500 morts sans compter les civils,
la seule bataille d’envergure en Ile de France mériterait d’être récupéré, préservés et mis en valeur comme symbole de la « Bataille du Vexin ».
N’oublions pas qu’à ce jour un seul char Tigre II a été préservé en France, celui du Musée des blindés de Saumur provenant aussi du Vexin français.
Les restes de la tourelle en vrac dans un champ d une ferme de la Grange Dîme
Transfert à Marcilly sur Eure et contrat de restauration
En 2014, contact est pris avec l’entreprise de métallerie Galopin à Marcilly-sur-Eure, spécialisée entre-autre dans la restauration de véhicules militaires
et agréée par les Bâtiments de France pour intervenir sur les objets patrimoniaux et protégés au titre des Monuments Historiques.
Celle-ci se propose de restaurer la tourelle du char Tigre de Fontenay-Saint-Père, les restes de la tourelle sont enlevés d’une ferme de la Grange Dîme,
et transférés à Marcilly-sur-Eure aux hangars Chamourat.
Le 28 mars une réunion de concertation est organisée à Marcilly avec les représentants de la municipalité de Fontenay-Saint-Père, l’architecte en chef des Monuments historiques,
une journaliste du patrimoine et d’une dizaine de passionnés.
Bruno Renoult (le decouvreur du char) établit un contrat de restauration stipulant que la tourelle devrait être assemblée dans le délai d’un an,
ou à défaut, revenir à Fontenay à compter de fin mars 2015.
Début 2016, la municipalité de Fontenay-Saint-Père a émis le désir de voir revenir les vestiges du char à Fontenay tout en affirmant sa volonté de neutraliser,
pour raisons de sécurité, les restes de munitions encore enfouis sous la route. La Direction Départementale des Territoires ayant réalisé un sondage in situ,
il semble qu’une nouvelle énergie se mette en place pour trouver une solution à « l’affaire du char Tigre ».
Un double but d’utilité publique car les travaux d’extraction finalisés, une restauration partielle de l’épave du char Tigre permettra sa mise en valeur et son exposition
comme témoin des âpres combats de la Libération à la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans un circuit pédagogique en préparation.
2017
Après une lutte entre un groupe local de reconstitution, le conseil local et l’auteur et historien Gary Sterne (propriétaire des batteries Maisy à Grandcamp-Maisy),
le gouverneur régional des Yvelines a maintenant confirmé que le char devait avoir une nouvelle maison.
Le président régional Pierre Bedier et son conseil ont confirmé à l’unanimité cette décision en juin 2017 lors d’une réunion publique et l’affaire est devenue légale deux mois plus tard.
Cependant, un groupe de reconstitution et un historien amateur local ont par la suite remis en question le processus.
Cela a entraîné une impasse entre le groupe et le Conseil, ce qui a signifié que le chef du Conseil, M. Bedier, a demandé que l’argument soit réglé une fois pour toutes
par le gouverneur régional.
2018
Fontenay-Saint-Père : extraction du char, le projet au point mort
De l’aveu même du maire de Fontenay-Saint-Père Thierry Jorel, le projet est « au point mort ».
L’opération d’extraction du char Tigre enfoui sous la D913, prévue pour le 6 février dernier, n’a pas eu lieu.
Gary Sterne, un riche collectionneur, avait pourtant proposé de financer l’intégralité des travaux, environ 300 000 euros, en échange de quoi il devenait propriétaire
de ce tank allemand, d’une valeur historique inestimable. Ce Britannique souhaitait l’exposer dans son musée de Grandcamp-Maisy, en Normandie.
Sauf que la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) s’est manifestée entre-temps, rappelant au Conseil départemental, qui souhaite se débarrasser
de cet engin potentiellement rempli d’explosif enterré sous sa route, qu’il s’agit d’une pièce archéologique.
Interdiction donc de la céder à un propriétaire privé. Par ailleurs, les fouilles pour l’extraire doivent d’ailleurs être réalisées par une équipe d’archéologues,
suivant un protocole minutieux afin de préserver l’intérêt historique du site.
Le Conseil départemental avait demandé au préfet de trancher. Une réunion s’est tenue à la sous-préfecture de Mantes-la-Jolie, le 5 février dernier, en présence de tous les acteurs
du dossier hormis le collectionneur : sous-préfet, Département, Drac, maire de la commune, gendarmerie, déminage… Chacun est resté campé sur ses positions.
Un représentant du Département a fait valoir que cette opération était un moyen de « mettre en sécurité » la départementale « à moindres frais ».
Il redoutait également que Gary Sterne perde patience et abandonne le projet si la situation s’éternisait.
De son côté la Drac a souligné que l’extraction ne pouvait se faire qu’avec l’accord du préfet de région. Son représentant craignait également que la cession du char
à un propriétaire privé, qui n’est « pas souhaitable » de son point de vue, ne fasse « jurisprudence » en la matière.
Avant toute chose, il va falloir savoir qui est propriétaire de ce char.
Lors de cette réunion, les différents protagonistes semblaient exclure que ce soit Bruno Renoult, un historien local qui a découvert l’engin en 2001.
Donc, est-ce le conseil départemental car l’engin est enfoui sous sa route ?
Ou est-ce l’État, à considérer que ce monstre d’acier est une prise de guerre ?
La Drac a interrogé le ministère des Armées à ce sujet.
Le maire veut voir sortir le char mais ne peut pas payer les travaux
Le sous-préfet attend donc la réponse du ministère avant de décider de la suite à donner au dossier.
« Depuis mon élection je demande l’extraction pour des raisons évidentes de sécurité, réagit Thierry Jorel, le maire. Aux dires des démineurs, ça pourrait exploser. »
L’élu se dit favorable à ce que l’engin, une fois sorti de sous terre reste dans la région. « Mais on n’a pas les moyens de financer ces travaux », précise-t-il.
Quelques passionnés d’histoire locale travaillent d’ailleurs actuellement à la création d’un mémorial de la Bataille du Vexin.
« Il faut que ce char reste dans le patrimoine local, pour les générations futures », argumente Bruno Renoult, qui cherche d’ailleurs des partenaires pour financer ce projet de musée.
La Drac n’a pas souhaité répondre à nos questions à ce stade du dossier.
« À ce jour, on attend une réponse du préfet, explique un porte-parole du conseil départemental. On n’est pas là pour polémiquer, on respectera sa décision. »
Septembre 2020
Malgré la volonté d'un riche collectionneur britannique de le récupérer, le blindé allemand n'a toujours pas été exhumé.
Renovation du flanc de la tourelle
En attente de faire la tourelle complete pour le futur memorial
sources
fontenay-saint-pere.fr
actu.fr