Encore un exemple
Le téléfilm de la BBC Escape From Sobibor (1987) raconte l'évasion en 1943 de la moitié des 600 détenus juifs de ce camps d'extermination.
On y apprend notamment que pour garder ces 600 détenus, il y avait 16 SS allemands et 125 supplétifs ukrainiens soit environ 8 fois plus d'Ukrainiens que de SS.
Une exeption cependant
Normandie.
Pourquoi un drapeau ukrainien flotte-t-il au-dessus d’un cimetière canadien ?
Depuis le début de la guerre, les couleurs de l’Ukraine ont été levées devant le cimetière canadien de Cintheaux, entre Caen et Falaise, dans le Calvados.
Un hommage à 88 soldats canadiens d’origine ukrainienne. Ils sont tombés pendant l’été 1944 et ont été enterrés dans le plus grand cimetière canadien d’Europe.
Qui sont les Canadiens d’origine ukrainienne enterrés à Cintheaux ?
Mathew Hydichuk, de la province du Saskatchewan, au Canada, est mort en Normandie le 23 août 1944, à l’âge de 29 ans.
Sa tombe est à l’entrée du cimetière canadien de Cintheaux.
Mathew fait partie des 88 Canadiens d’origine ukrainienne qui reposent dans ce cimetière militaire. La forte immigration ukrainienne au Canada remonte à la fin du XIXe siècle.
Le Canada compterait la troisième population d’origine ukrainienne au monde en termes d’importance, après l’Ukraine et la Russie.
Au milieu du XXe siècle, les Canadiens d’origine ukrainienne se sont naturellement retrouvés dans les rangs de l’armée canadienne engagée dans la Seconde Guerre mondiale
avec les forces du Commonwealth.
Le long de la quatre voies entre Caen et Falaise, le cimetière de Cintheaux compte 2 958 tombes.
Il est considéré comme le plus grand cimetière canadien d’Europe. Il accueille les soldats canadiens tombés dans les dernières semaines de la Bataille de Normandie,
en juillet et août 1944, notamment lors des combats du sud de Caen et de la poche de Falaise-Chambois.
Ceux morts sur Juno Beach et jusqu’à la prise de Caen reposent au cimetière de Bény-sur-Mer.
Quelles relations entretient Cintheaux avec l’Ukraine et la Russie ?
Michel Le Baron est l’ancien maire de Cintheaux et président du Comité Juno :
« Il y a une quinzaine d’années, j’ai pris l’habitude d’inviter aux grandes cérémonies toutes les ambassades des pays alliés engagés dans la lutte contre le nazisme.
À ce titre, je conviais la Russie et l’Ukraine. » Mais déjà les relations entre les deux pays étaient tendues.
« Je recevais des coups de fil des deux ambassades. Les deux pays voulaient savoir si l’autre avait répondu positivement à l’invitation.
Nous ne les avons jamais eus ensemble à une cérémonie. »
Pourquoi le drapeau ukrainien flotte-t-il devant le cimetière depuis le début de la guerre ?
Les drapeaux canadien et français sont les seuls à être constamment en haut des mâts devant le cimetière de Cintheaux.
Les autres, représentant les nations alliées, ne sont sortis que lors des grandes cérémonies.
À l’initiative du nouveau maire de Cintheaux, Marcel Jaeger, le bleu et jaune de l’Ukraine flotte au vent depuis le début de l’attaque russe.
« Un simple geste pour témoigner de notre solidarité, explique le maire et successeur de Michel Le Baron, à la tête du Comité Juno.
Nous sommes une petite commune de 182 habitants. Nous n’avons pas forcément les moyens d’apporter une aide plus concrète. »
Un geste qui lui a semblé naturel pour faire le lien avec les soldats d’origine ukrainienne du cimetière.
« On pense aussi aux victimes civiles de cette guerre. La Normandie a également subi ces drames pendant la Seconde Guerre mondiale. »
Pourquoi parle-t-on du « Format Normandie » dans le conflit entre l’Ukraine et la Russie ?
6 juin 2014, la Normandie fête le 70e anniversaire du D-Day. Le Président, François Hollande, a invité pour l’occasion dix-neuf chefs d’État.
Parmi eux, Vladimir Poutine, déjà présent en 2004. Petro Porochenko, président de l’Ukraine, est l’invité de dernière minute en 2014.
En 1944, l’Ukraine est intégrée à l’URSS.
Lors des grands anniversaires du 6 juin, seule la Russie était invitée.
En juin 2014, ces célébrations se déroulent dans un contexte diplomatique tendu. La Russie de Poutine vient d’annexer la Crimée et le conflit dans le Donbass s’enlise.
Lors du déjeuner des chefs d’État au château de Bénouville, avant la cérémonie internationale de Ouistreham, une réunion informelle se tient entre la Russie, l’Ukraine,
la France et l’Allemagne. Une première depuis l’annexion de la Crimée.
Plus tard, une journaliste américaine baptisera cette réunion « Format Normandie ». Une expression employée, depuis, à chaque rencontre entre les quatre pays.
Des réunions de conciliation qui n’ont pas réussi à empêcher la guerre.
source
ouest-france.fr