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 Travail:comment la désertion gagne la France

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naga
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MessageSujet: Travail:comment la désertion gagne la France   Travail:comment la désertion gagne la France Icon_minitimeMar 5 Juil - 4:05

Dans le monde occidental, des millions de personnes quittent leur travail. L’offensive néolibérale, la catastrophe écologique et la pandémie ont attisé cette fugue massive.

L’appel à déserter lancé le 10 mai par les étudiants d’AgroParisTech a agi comme un détonateur.
Visionnée plus de 12 millions de fois, leur vidéo a libéré la parole et révélé un mouvement de fond qui remet en cause frontalement les modèles de la réussite sociale.
C’est une fissure dans l’ordre établi : la carrière ne fait plus rêver. Les tours de la Défense et la « rolex à cinquante ans » non plus.
Partout, des jeunes et des moins jeunes questionnent le travail, sa finalité et son sens. Certains, même, le refusent, pour inventer, ailleurs, une vie
qu’ils et elles estiment plus riche.

Quelques mois seulement après le glas des confinements, qui a gelé tout un pan des activités économiques, une partie de la population rechigne toujours à revenir dans le rang,
à finir ses études, ou à retourner dans les usines ou les entreprises.
Aux États-Unis, des sociologues ont baptisé ce phénomène « Great Resignation » ou « Big Quit » : « la grande démission ».
En 2021, plus de 38 millions d’étasuniens ont quitté leur emploi. 40 % n’ont toujours pas repris de travail.
Un tsunami qui touche tous les âges, tous les métiers. Et qui renverse le rapport de force entre salariés et entreprises.
« Nous démissionnons tous, désolés pour le dérangement », écrivent sur une affiche les salariés d’un Burger King dans le Nebraska.
« Veuillez être patient avec le personnel qui a répondu présent, plus personne ne veut travailler », disent les employés d’un McDo au Texas.
« Fuck les cadres, fuck cette entreprise, fuck ce job… Je démissionne, putain ! », crie dans le haut-parleur de son magasin une employée de Walmart au Texas.
Un discours qui fit des émules parmi ses collègues.

L’Amérique bouge et elle n’est pas la seule. En Angleterre, les seniors démissionnent en masse. 300 000 travailleurs âgés de 50 à 65 ans ont rejoint la catégorie
des « économiquement inactifs ». Leur désir principal, selon le résultat d’une vaste étude ? Prendre leur retraite et s’échapper définitivement du monde professionnel.

Au Québec, la tension est telle que les employeurs ne renâclent plus à embaucher des mineurs pour faire face à la pénurie de travailleurs dans les secteurs de la manutention
et des services. 240 000 postes restent abandonnés.
En Espagne, on imagine même faire venir des milliers de Marocains et prolonger les cartes de séjour des étrangers pour pallier le manque de main d’œuvre
dans le secteur du tourisme.

À quoi bon s’élever quand tout s’écroule ?
Cette situation résonne avec la France. Ici aussi, l’exode a commencé.
Des centaines de milliers de postes ne sont pas pourvus, faute de candidats, dans l’hôtellerie ou la restauration tandis que dans les grandes écoles,
chez les classes moyennes supérieures, la sécession couve.
Au-delà des discours tonitruants dans la presse, une révolte plus silencieuse se propage. Dans chaque promotion, et même là où on l’attend le moins, dans les entreprises
des énergies fossiles ou dans la haute administration publique.

Le doute se répand. La crise écologique vient battre en brèche les rêves d’antan au goût de naphtaline. Que vaut une promotion face au péril climatique ?
Pourquoi se battre pour des places quand c’est tout le système qui vacille ? À quoi bon s’élever quand tout s’écroule ?

Une « menace pour l’économie française »
D’après un récent sondage, publié en mai, plus d’un tiers des sondés (35 %) affirme n’avoir jamais eu autant envie de démissionner.
Une proportion qui monte à 42 % chez les moins de 35 ans. Les observateurs parlent de « révolution sociétale », et de « menace pour l’économie française ».

En bas de l’échelle, l’offensive néolibérale pousse aussi au départ. Face aux dégradations des conditions de travail et aux bas salaires, nombreux sont les employés,
écœurés, à prendre la poudre d’escampette.
À l’hôpital, le phénomène est particulièrement visible. Les cadences et le manque de reconnaissance incitent les aides soignants et les infirmières à partir. 60 000 postes
ne trouvent toujours pas preneurs.


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naga
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MessageSujet: Re: Travail:comment la désertion gagne la France   Travail:comment la désertion gagne la France Icon_minitimeMar 5 Juil - 4:15

La pandémie a joué un rôle catalyseur. Elle a frappé les esprits. Le confinement a mis à l’arrêt la machine dont on ne trouvait pas le frein d’urgence.
En suspendant, un temps, le fonctionnement dont nous étions tous les otages, le virus a révélé l’aberration de la « normalité », estiment les auteurs d’un puissant texte
paru en mars 2020 sur le site Lundimatin :
« Ce qui s’ouvre devant vous, ce n’est pas un espace délimité, c’est une immense béance. Le virus vous désœuvre. […] Il vous place au pied de la bifurcation
qui structurait tacitement vos existences : l’économie ou la vie. C’est à vous de jouer. L’enjeu est historique. »
À quoi tient-on vraiment ? Alors que le monde bascule, des choix décisifs s’offrent à nous. Ils résonnent comme autant de petites voix intérieures.
Il est temps d’habiter sa propre vie, de ne plus se renier, de sortir de la dissonance. « Il faut chercher la force de dire non », écrivait Albert Camus dans L’homme révolté.


Chemins de traverse
À tâtons, des chemins de traverse se dessinent pour lutter contre ce que David Graeber appelait « les bullshit jobs ».
De nombreuses personnes décident de faire un pas de côté. En France, ils et elles profitent du chômage et du RSA pour se reconvertir, voyager ou simplement sortir
du salariat. Reporterre en a rencontré des dizaines, tous et toutes en quête de sens. Certains et certaines, même s’ils restent évidemment minoritaires,
deviennent paysans, d’autres revalorisent l’artisanat et les métiers manuels, d’autres encore s’investissent dans des luttes.

« Je n’ai plus envie de participer à cette mascarade », confie ainsi Noémie, une ancienne consultante de 30 ans devenue éleveuse de porcs en agriculture biologique.
« Je ne veux plus mettre ma force de travail au service de job destructeurs », poursuit Pierre, un ex-élève ingénieur qui sillonne désormais les zad.
«  Je ne retournerai pas bosser pour un patron, soixante heures par semaine pour une paie de misère », ajoute Claire, ancienne restauratrice parisienne
maintenant installée dans la Drôme.
Élodie, elle, était infirmière à Toulouse mais a préféré quitter le navire. « L’hôpital se transforme en usine de soins. On vit une forme de maltraitance sociale »,
raconte-t-elle. Son nouveau projet ? Une ambulance autogérée et nomade qui parcourrait la France, les lieux de lutte et les quartiers populaires.

On mesure encore mal le séisme qui vient.
Mais il flotte dans l’air un parfum de L’An 01, ce film de Jacques Doillon, emblématique de la contestation libertaire des années 1970, au slogan éloquent :
« On arrête tout, on réfléchit et ce n’est pas triste. »

Les récentes statistiques du ministère du Travail le confirment : la vague n’est pas près de s’arrêter.
On a enregistré 1,6 million de démissions de CDI en 2021.
Aux troisième et quatrième trimestres, la barre des 500 000 démissions a été dépassée. C’est arrivé une seule fois sur les vingt dernières années, en 2008,
et c’est le double des chiffres de 2015.

Mais, plus encore que ces données, c’est la bulle médiatique qui détonne.
« L’écho qu’ont pu avoir les appels à la désertion en dit long sur les questionnements qui agitent la société, souligne la sociologue Geneviève Pruvost.
Aujourd’hui la désertion vient toucher des professions indispensables au fonctionnement du modèle capitaliste. Elle met en péril la pérennité du système », ajoute-t-elle.
« Si cent ingénieurs ou chercheurs du milieu toulousain décidaient d’arrêter de faire des algorithmes et des robots, ça casserait tout », confirme Olivier Lefebvre.
Ce quadragénaire a lui-même déserté son poste. Il travaillait dans une start-up sur les voitures autonomes avant de tout envoyer valser.


Les rouages se rebiffent
Alors qu’ils sont les rouages de la machine techno-industrielle, les ingénieurs sont de plus en plus nombreux à se rebiffer.
Arthur Gosset, l’ex étudiant de centrale Nantes qui a réalisé le film Rupture(s) — dans lequel il évoque la bifurcation de ses camarades déserteurs — estime
qu’ils représentent environ 30 % des promotions.
Un chiffre difficilement vérifiable tant les études quantitatives sur le sujet manquent. Les grandes écoles et les associations d’anciens élèves n’ont pas forcément intérêt
à communiquer sur cette fuite généralisée.
« Notre discours sur le refus du travail est aujourd’hui beaucoup plus audible », constate néanmoins Romain Boucher. Cet ancien data scientist diplômé de l’École des mines
a quitté son métier en 2018. Dans son bureau à proximité des Champs-Élysées, les assauts des Gilets jaunes furent « l’onde sismique » qui l’incita à rompre avec son monde.

Il a depuis créé l’association Vous n’êtes pas seul pour inciter ses ex-collègues à démissionner.
« En subvertissant la petite bourgeoisie managériale et diplômée, nous entendons enrayer la courroie de transmission qu’elle incarne.
On veut corroder cette classe sociale qui tient le système », dit-il.

La désertion sape les soubassements idéologiques de l’économie, elle brise son adhésion et écaille son vernis teinté de vert.
L’écrivaine Corinne Morel Darleux y voit même « une forme de sabotage symbolique ».
« Le refus de parvenir est aujourd’hui susceptible de s’inscrire dans la longue lignée de l’action directe et de la non-coopération au système, écrit-elle
dans son essai Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce.
La désertion est une arme redoutable qui libère l’avenir. »



source
reporterre.net/
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MessageSujet: Re: Travail:comment la désertion gagne la France   Travail:comment la désertion gagne la France Icon_minitimeMar 5 Juil - 11:35

Ayant moi-même quitté la France je peux en parler.
Mon épouse et moi on a eu une société dont nous avons été taxés de toutes parts et pour tout, ça dégoutte ! Rolling Eyes
Dès qu'on gagne 1 €. faut payer parfois presque cet €. Rolling Eyes Rolling Eyes Rolling Eyes
Alors y'en a eu mare. Il existe en France environ plus de 300 sortes d'impôts, taxes, prélèvements etc... Parfois ça coûte plus que ce que ça rapporte. Twisted Evil
La motivation n'est plus là, et ce depuis quelques années. Coté patronat et employés.
Il existe des solutions pour relancer l'emploi mais personne n'écoute. Au minimum de faire des rentrées bien plus logiques qu'actuellement.
Exemple : il existe plus d'un million d'associations à but non lucratif (enfin ça c'est soi-disant). Rolling Eyes Rien n'interdit à un petit club de foot d'organiser de l'évènementiel en concurrence à une société ayant pignon sur rue et payant taxes etc... l'asso ne paye rien, pas de personnel pas de taxe mais absolument rien. Rolling Eyes
Ou on les taxes à hauteur des sociétés ou on leur interdit ce genre de pratique. Je ne parle pas de certaines assos humanitaires (par exemple).
C'est déjà un point, vous gagnez = vous payez. Je suis sûr qu'il y en aurait bien moins et que les sociétés gagneraient bien plus et surtout embaucheraient du monde. Ce n'est qu'un simple petit point.
Supprimer certaines taxes qui coûtent plus cher que ce qu'elles rapportent etc...
Vu comme ça je suis pas surprit que les gens foutent le camp ailleurs. Ras le bol voilà.
Vivre libre n'est pas un besoin mais une nécessité naturelle. Twisted Evil
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MessageSujet: Re: Travail:comment la désertion gagne la France   Travail:comment la désertion gagne la France Icon_minitime

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