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 Pariser Kanonen-1918

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naga
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MessageSujet: Pariser Kanonen-1918   Pariser Kanonen-1918 Icon_minitimeSam 8 Juin - 3:23

Les Pariser Kanonen (c'est-à-dire les « canons parisiens ») sont sept pièces d’artillerie à très longue portée utilisées au cours de la Première Guerre mondiale
par l'armée allemande pour bombarder Paris.
Par la longueur du canon, elles sont les plus grandes pièces d'artillerie en service durant la Grande Guerre.

Surnommés la « Grosse Bertha » par les Français, bien que ce nom désigne un autre canon pour les Allemands, les Pariser Kanonen tirent à plus de 120 km de distance.
Armes de la guerre psychologique destinées à terroriser la population, ces canons ont envoyé un total de 367 obus sur Paris et les communes environnantes,
entre le 23 mars et le 9 août 1918, causant la mort de 256 personnes.


Pariser Kanonen-1918 Paris


Dénomination

Alain Huyon, colonel au service historique de l’Armée de terre, relève de multiples dénominations pour ces pièces :

du côté allemand :
Pariser Kanonen ou Parisgeschütze : canons parisiens ou bouches à feu de Paris ;
Langer Friedrich : Frédéric le Long/le Grand, surnom donné par le personnel des usines Krupp en référence au fondateur du groupe, Friedrich Krupp.
On trouve aussi Langer Max ;
Die Pariserin : la Parisienne, pour le commun des Allemands,le tube en lui-même est nommé Wilhelmsrohr (« tube de Guillaume »),
en référence à l’empereur Guillaume II .

du côté français, ce canon est surnommé « Bertha » et « Grosse Bertha » dès son entrée en service.
Mais les grosses pièces d’artillerie appelées Grosse Bertha (Dicke Bertha) par les Allemands sont de gros obusiers utilisés pour détruire des fortifications
et d’une portée d’un peu plus de 9 km.
La confusion vient de Français vivant à proximité des emplacements de tir des Pariser Kanonen, entendant les artilleurs utiliser le nom allemand,
mais pour désigner une autre pièce d’artillerie.


Conception et fabrication

Le canon dit Pariser Kanone est conçu par l’état-major allemand comme une arme psychologique, destinée à terroriser les Parisiens, les désordres
et les manifestations ainsi suscités étant censés pousser le gouvernement français à demander un armistice.
C’est l’ingénieur allemand Rausenberger qui conçoit un canon de 750 tonnes, tirant depuis des plates-formes métalliques démontables.

Sept tubes sont construits dans les usines Krupp d’Essen et les usines Škoda de Plzeň.

Longueur du tube : 34 à 36 mètres.
Le tube était une juxtaposition de 3 tubes usagés de canons de calibre 380 mm, dans lesquels était inséré un tube réducteur au calibre 210 mm.
Afin d’éviter la pliure, voire la rupture d’un tel fût, un solide haubanage partant d’un mât central renforce et soutient le canon sur toute sa volée.

Calibre : 210 mm. Les munitions étaient toutes des obus de 210 mm chemisés entre 210 et 240 mm pour s’adapter à l’usure progressive du tube provoquée
par l’effet d’arrachement des projectiles. Le tube était usé après 65 coups ; chaque obus était numéroté de 1 à 65.
Ces obus devaient être tirés dans l’ordre, puisqu’ils étaient d’un diamètre de plus en plus élevé pour compenser l’usure du tube ;
une erreur dans l’ordre de tir aurait pu se traduire par l’explosion du canon par suite du coincement du projectile dans le tube.
Le 65e tiré, il fallait changer le tube, qui était alors renvoyé chez Krupp pour rechemisage et fabrication d’une nouvelle série d’obus.

Diamètre du canon : 1 m au tonnerre
Poids du tube : 175 tonnes.
Poids du canon : 750 tonnes (avec la plate-forme de tir).
Poids de l’obus : plus de 125 kg.
Charge propulsive : 150 à 200 kg de poudre selon la distance de la cible.
Portée maximale : 128 km sous un angle de tir fixe de 55° (réglage de la portée par la charge propulsive).
Vitesse initiale du projectile à charge maximale : 1 500 à 1 600 m/s soit plus de Mach 5.
Temps de vol du projectile : 180 à 210 secondes.
Les obus tirés étaient déviés de près de 1 600 mètres par la force de Coriolis.

L’obus tiré atteint l’altitude maximale de 40 km à l’apogée de sa trajectoire. Ce fut longtemps le record d’altitude atteint par un objet lancé par l’Homme
(jusqu’à l’invention de la fusée V2 lors de la Seconde Guerre mondiale).
Le projectile avait ainsi une trajectoire essentiellement dans les couches les moins denses de l'atmosphère, subissant moins de frottement, ce qui allongeait sa portée.
Le Pariser Kanone multiplie par quatre la portée maximale de l’artillerie de l’époque, la passant de 30 à 120 km.

En revanche, sa mise en œuvre est complexe :

des plates-formes de tir doivent être aménagées, soit en béton (12 m2 et 4 m d’épaisseur), soit en adaptant des plates-formes en acier destinées
aux canons de 380 mm ;
le canon, très lourd, ne peut être acheminé que par voie ferrée, qui doit donc aller jusqu’à ces plates-formes ;
l’affût de 575 t devait être descendu du train et mis en place pour recevoir le canon ;
le tube doit être changé tous les 65 coups à cause de l’usure ;
des abris pour les officiers, le personnel, les générateurs électriques, ainsi que des communications abritées entre ces installations doivent être aménagés
avant la mise en œuvre du canon.
Les tirs étaient donc extrêmement coûteux.


Assemblage d'un Pariser Kanone.

Pariser Kanonen-1918 1280px-Parisgesch1


Dernière édition par naga le Sam 8 Juin - 12:53, édité 1 fois
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naga
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MessageSujet: Re: Pariser Kanonen-1918   Pariser Kanonen-1918 Icon_minitimeSam 8 Juin - 3:36

Construction du canon de Paris presque terminé à la société Krupp.

Pariser Kanonen-1918 Zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz


Les essais en 1917

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En tir tendu

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En tir a 45 degres

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vania
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MessageSujet: Re: Pariser Kanonen-1918   Pariser Kanonen-1918 Icon_minitimeSam 8 Juin - 9:20

Citation :
ces canons ont envoyé un total de 367 obus sur Paris et les communes environnantes,
entre le 23 mars et le 9 août 19181, causant la mort de 256 personnes.
"Rentabilité " très discutable... scratch
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carbone14
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MessageSujet: Re: Pariser Kanonen-1918   Pariser Kanonen-1918 Icon_minitimeSam 8 Juin - 11:34

vania a écrit:
Citation :
ces canons ont envoyé un total de 367 obus sur Paris et les communes environnantes,
entre le 23 mars et le 9 août 19181, causant la mort de 256 personnes.
"Rentabilité " très discutable... scratch
Je plussoie et vu aussi le prix que ça a dû couter.  scratch
Par contre mon très cher naga pourrais tu nous mettre la bonne date ?  clown clown clown T'es en avance sur l'heure, ou en retard.  clown clown clown En 19181, tant qu'on y est avant ou après notre ère ?  Laughing Laughing  Laughing
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naga
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MessageSujet: Re: Pariser Kanonen-1918   Pariser Kanonen-1918 Icon_minitimeSam 8 Juin - 13:46

Utilisation opérationnelle

Deux embases bétonnées et toutes les installations annexes nécessaires sont aménagées dès fin 1917 au pied du mont de Joie, une colline du Laonnois
(centre du département de l’Aisne).
À l’avantage de donner une position cachant les canons (il est haut de 40 m), ce site allie celui d’une bonne desserte : la RN 44 passe d’un côté de la colline,
la voie ferrée Laon-Amiens de l’autre.
Les plates-formes de tir sont aménagées dans le bois de l’Épine, au lieu-dit l’Anchette, dans la commune de Crépy, à 2,5 km au nord du village.
Il est possible qu’une troisième pièce ait été installée à proximité.

La première campagne de tir débute le 23 mars 1918, et dure jusqu’au 3 mai.
Le premier jour, les tirs se succèdent de 7 h 9 à 14 h, par temps nuageux garantissant une absence de repérage par avion.
Des tirs intenses de batteries de 170 et 210 mm sont déclenchés pour camoufler le son du Pariser.
Quatre mortiers de SKL/45 Max de 380 mm, disposés à proximité, tirent également pour éviter tout repérage par les SRS françaises (sections de repérage par le son).
Enfin, dix escadrilles aériennes sont en vol pour protéger le canon.


Le bombardement de Paris vu par la presse française d’époque. Dessin paru dans l’hebdomadaire Le Miroir du 7 avril 1918.

Pariser Kanonen-1918 1280px-Parisgesch1



Plus d’une vingtaine d’obus tombent sur Paris et sur des communes de la petite couronne (Pantin, Vanves, Châtillon-sous-Bagneux) ce 23 mars à une cadence d’environ
un obus toutes les vingt minutes.
Le premier explose quai de la Seine dans le 19e arrondissement.
On dénombre 15 morts et 29 blessés après cette première journée.
Le lendemain, les tirs reprennent, encouragés par la nouvelle de la réussite (qui parvient à 13 h, d’après lecture des journaux parisiens).
À partir du 25 mars, des espions allemands font des comptes-rendus par téléphone à un intermédiaire : les artilleurs ont connaissance du résultat de leur tir
en moins de quatre heures.

Les rumeurs les plus folles courent sur l’arme nouvelle dont semble disposer l’armée allemande.
On pense à un avion volant à haute altitude. Lorsqu’ils en sont informés, les Parisiens la surnomment « Bertha ».
Cependant, la terreur n’est pas au rendez-vous.
De plus, les SRS repèrent très vite l’emplacement de cette pièce unique dans le tonnerre provoqué par tous les tirs d’artillerie.

Dès le 24 mars, des tirs de contre-batterie de 240 mm, 305 mm et 340 mm (huit pièces de 340 des 77e et 78e régiments d’artillerie lourde à grande puissance)
pilonnent l’emplacement. Malgré leur précision, ces tirs de contre-batterie ne détruisent pas les Pariser, même s’ils tuent sept de ses servants et en blessent six.
Le Grand Quartier général français interrompt ces tirs pour n’utiliser finalement que des pièces de 145 mm, souhaitant économiser ses tubes de grosses pièces.
La première interruption des tirs intervient finalement quand une des pièces éclate le 3 mai, à la suite de l’explosion prématurée d’un obus dans le canon de la pièce.

La pause dure trois semaines, pour vérification sur la deuxième pièce. Il apparaît que pendant un temps, ces tirs sont guidés par un espion,
caché dans une grotte du mont de Joie, mais sans de meilleurs résultats.
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naga
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MessageSujet: Re: Pariser Kanonen-1918   Pariser Kanonen-1918 Icon_minitimeSam 8 Juin - 13:54

Le 29 mars 1918 à 16 h 36 un obus tiré par la Pariser Kanone crève la voûte et détruit le deuxième pilier de la façade latérale gauche (nord)
de l’église Saint-Gervais provoquant l’effondrement d’une partie de celui-ci sur le public pendant l’office du Vendredi saint, et causant 91 morts et 68 blessés.
Cette attaque a un retentissement international, les Français commencent à craindre la défaite, certains responsables à Paris envisagent un repli du gouvernement
vers la Loire.

L’église Saint-Gervais après le bombardement du 29 mars.

Pariser Kanonen-1918 Zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz



Les tirs conjugués aux bombardements nocturnes des bombardiers Gotha G eurent un fort impact psychologique sur la population parisienne au regard
du nombre de tués (par comparaison avec une journée sur le front).
Entre la fin mars et le début du mois d’avril 1918, un demi-million de Parisiens, sur une population de trois millions, quittent la capitale,
58 obus étant tombés les trois premiers jours.
Encore aujourd’hui, on se souvient davantage de la « Grosse Bertha/Pariser Kanone » que de certaines batailles importantes ou sanglantes de la Première Guerre mondiale.


Pariser Kanonen-1918 Crepy-en-laonnois


Une deuxième campagne de tirs de Pariser Kanonen a lieu du 27 mai au 11 juin, toujours à partir du mont de Joie à Crépy.
Pendant ce temps, l’armée allemande mène également une grande offensive qui la conduit au sud de la Marne.
Il est possible que l’interruption des tirs entre le 11 juin et le 16 juillet soit due au transport d’une Pariser Kanone de Crépy à Bruyères-sur-Fère
dans un bois du lieu-dit Val-Chrétien, plus au sud de l’Aisne.

Une éventuelle troisième campagne a lieu à partir de Bruyères-sur-Fère, les 16 et 17 juillet, mais l’utilisation du site est interrompue par l’offensive du 18 juillet 1918,
les Allemands évacuant leur pièce afin qu’elle ne tombe pas aux mains des Alliés.


Position de Bruyères-sur-Fère

Pariser Kanonen-1918 Zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz



Enfin, la quatrième et dernière campagne de tirs, à partir des plates-formes métalliques aménagées à Beaumont-en-Beine, dure jusqu’au 9 août 1918.
En tout, 367 obus sont tombés sur Paris, causant la mort de 256 personnes et en blessant 620 autres.


Carte des impacts d'obus des canons longue portées.

Pariser Kanonen-1918 Paris2

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MessageSujet: Re: Pariser Kanonen-1918   Pariser Kanonen-1918 Icon_minitimeSam 8 Juin - 14:55

On a habité dans ces coins, Nord-Est. On connait bien ces villes et villages.  Sad Noyon a toujours d'énormes stigmates bien visibles. La mairie est couverte de traces d'impactes de balles et autres.  Shocked
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MessageSujet: Re: Pariser Kanonen-1918   Pariser Kanonen-1918 Icon_minitimeDim 9 Juin - 9:47

Citation :
Encore aujourd’hui, on se souvient davantage de la « Grosse Bertha/Pariser Kanone » que de certaines batailles importantes ou sanglantes de la Première Guerre mondiale.
Mon père m'a souvent parlé du drame de l'église St Gervais, on est passé régulièrement devant en allant chez des cousins... Rolling Eyes
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MessageSujet: Re: Pariser Kanonen-1918   Pariser Kanonen-1918 Icon_minitimeDim 9 Juin - 13:22

Personnel de mise en œuvre

S’agissant à l’origine d’une pièce de marine, et celle-ci ayant déjà l’expérience des gros calibres et des très longues portées, la mise en œuvre du Parisener Kanone
a été confiée à l’artillerie navale.
Le premier site, celui du mont de Joie, le seul sur lequel les sources allemandes donnent des détails, était placé sous le commandement du contre-amiral Rogge,
les troupes étant aux ordres du capitaine de corvette Werner Kurt.
Aucun renseignement écrit ne nous est parvenu sur l’effectif du personnel nécessaire à la mise en œuvre d’une pièce mais l’une des très rares photos
qui a survécu à l’opération nous permet de compter une soixantaine d’hommes posant pour l’objectif, parmi lesquels figure peut-être le personnel logistique :
il fallait bien se nourrir sur le site.
Nous savons, d’autre part, qu’au début des travaux préparatoires (printemps 1917) « plusieurs unités de spécialistes et d’auxiliaires étaient affectées à cette tâche ».

Historiens, journalistes et romanciers (car il faut bien nommer ainsi des auteurs à l’imagination prolifique !) se sont attachés aux caractéristiques des engins
et à l’analyse des tirs.
Aucun ne s’est penché sur le mont de Joie, premier site du Parisener Kanone et le seul dont l’utilisation soit connue avec quelque précision.

Coincé entre la N 44 (de Cambrai à Châlons-en-Champagne) et la voie ferrée de Calais à Dijon, toutes deux dans leur section La Fère – Laon,
le mont de Joie domine la plaine du Laonnois à l’instar d’autres buttes-témoins de la région ; son point central se trouve à 2,5 km au nord-ouest
et sur le terroir de Crépy-en-Laonnois, 1 km au nord-est de Fourdrain et 3 km au sud-est de Couvron.

Il se présente sous la forme d’un os orienté nord-est, sud-ouest, aux dimensions suivantes :

base : 2 km de long, 1,350 km dans sa plus grande largeur ;
plateau sommital, lequel est à peu près plat : 1,250 km de long, 200 m dans sa plus petite largeur (au centre) et 300 m dans la plus grande (extrémité nord) ;
altitude maximum : 175 m, soit 100 m au-dessus de la voie ferrée ;
celle-ci se trouve, en distance horizontale, à 525 m de la base et à 875 m du plateau ;
du côté de la voie ferrée, la pente entre la base et le sommet est supérieure à 20 % en moyenne, avec des sections à 100 % (45°).

Le mont de Joie est entièrement boisé et entouré de bois, mais c’est du côté de la voie ferrée que cette couronne forestière est la plus étroite,
125 m quand même, le reste de l’espace étant constitué de broussailles.
Il est aujourd’hui occupé pour l’essentiel, et en particulier le plateau, par un dépôt de munitions de l’armée de l’Air 11 forcément très protégé
(clôture électrique, couloir à chiens en liberté…) dont la zone périphérique de sécurité se prolonge à l’est jusqu’à la D 26 de Crépy à Couvron.

Dans sa partie nord, il est partagé entre deux propriétés privées, également inaccessibles.
Noter, accessoirement, que le mont de Joie est côtoyé par le bois des Apôtres et le mont Plaisir.
Les caractéristiques physiques du mont de Joie, en particulier son altitude par rapport à la voie ferrée et l’importance de la déclivité, excluent l’installation d’une pièce
sur le plateau. Croire que l’on a pu faire escalader par une voie ferrée les pentes du mont de Joie, même les moins accentuées, est une aberration.
Penser seulement que les Allemands ont pris le risque et usé leur énergie à hisser une pièce sur le plateau est déraisonnable.
La « simple » mise en batterie, en rase campagne, d’une pièce dont le tube pesait de l’ordre de 175 t et l’affût 575 t, a nécessité des manœuvres de forces prodigieuses.
La même opération réalisée sur le plateau se serait apparentée au miracle.
Et dans quel but ?
Un gain d’altitude d’une centaine de mètres est insignifiant par rapport à la flèche de la trajectoire, de l’ordre de 40 km.
De plus, la position des installations sur ce promontoire qui jaillit des contreforts nord du massif de Saint-Gobain aurait facilité le repérage aérien.
Au contraire, le mont de Joie constituait un masque partiel pour les pièces tapies au pied nord.


Pariser Kanonen-1918 Crepy-en-laonnois-jpge



Une troisième pièce a-t-elle été établie sur plate-forme métallique à cheval sur la voie principale ou sur un épi ?
C’est probable, bien qu’aucune photo aérienne ni aucun témoignage ne le prouve. Aulard 14 (qui se trompe de 500 m sur la position d’une des deux premières)
situe ce troisième canon dans le bois de l’Épine, relié par un épi directement à la gare de Crépy-Couvron.
Cette version présente un double inconvénient : l’épi traverse un espace agricole complètement découvert et traverse aussi la D 26.
Cette situation pouvait difficilement échapper aux observations aériennes, humaines ou photographiques.
Pourtant, un prisonnier polonais de l’armée allemande (4 juillet) mentionne, lui aussi,
« qu’un épi traversant la route de Crépy, prenant à 100 m avant la gare de Crépy [en venant de Laon], conduit à des installations dans un bois à 3 ou 400 m de là.
Il y a passé plusieurs nuits dans de vastes galeries souterraines pouvant abriter tout un régiment ».
Le bois de l’Épine recèle effectivement des abris, qui figurent encore sur les cartes. Mais ce témoin ne dit pas avoir vu un canon dans ce bois.
Ce témoignage est apparemment en contradiction avec la photo aérienne qui montre que l’épi ferroviaire desservant les deux pièces traverse un chemin,
tangent au champ de l’Anchette, mais pas la D 26, plus à l’est.
À moins qu’un autre épi, celui dont parlerait alors le Polonais, ait été construit antérieurement pour desservir le canon Max de 380 mm dont la plate-forme subsiste
et qui n’était plus utilisé en 1918 car sans doute repéré.
L’installation d’une pièce sur la voie principale, comme l’envisage Poirier est plausible.
En effet, en septembre et octobre 1916, les Allemands ont porté à écartement normal et considérablement renforcé la voie ferrée secondaire, jusque-là métrique,
qui reliait Dercy à Versigny (respectivement 16 km nord et 16 km nord-ouest de Laon) permettant ainsi aux nombreux trains militaires d’éviter la gare de Laon,
qui ne se trouvait alors qu’à 18 km des lignes françaises.


Pariser Kanonen-1918 Crepy
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MessageSujet: Re: Pariser Kanonen-1918   Pariser Kanonen-1918 Icon_minitimeDim 9 Juin - 13:31

La voie principale devenait ainsi disponible et, entre Crépy-Couvron et Versigny, elle traverse plusieurs zones boisées importantes, ce qui rendait inutile le camouflage
de l’installation par des arbres plantés dans des caisses, la pièce et les dits arbres étant retirés au passage d’un convoi, toujours selon Poirier. Quel travail !
Et au passage de quels convois puisque la ligne n’était plus utilisée ?
Et où remisait-on la pièce pendant ce temps ? Tout ceci est utopique.


Autres sites

Eisgruber cite, une fois et une seule, une batterie de trois pièces, sans en préciser le lieu.
Dans le reste de son récit, l’auteur s’en tient à une seule pièce qui aurait été déplacée à deux reprises.
Une première fois après le 27 mai 18 via Soissons et Fère-en-Tardenois, jusqu’à Bruyères-sur-Fère (5 km ouest de Fère-en-Tardenois, tous ces points dans l’Aisne).
Là, elle aurait été mise en batterie dans un bois (qui existe effectivement en bordure de la voie ferrée), sur une plate-forme métallique venant de Crépy
ou d’Allemagne, formule incomparablement plus rapide que les emplacements bétonnés du mont de Joie.
Bruyères se trouve à 92 km de Paris (et non à 80 km comme le dit l’auteur).
Le raccourcissement de la portée était économiquement très intéressant : obus plus léger, charge propulsive moindre, usure du tube plus limitée permettant d’envisager
le tir de 100 projectiles avec le même tube. Mais la contre-offensive alliée du 18 juillet 1918, débouchant de la forêt de Villers-Cotterêts,
mit un terme prématuré à l’opération ; malheureusement, l’auteur ne nous dit pas combien d’obus ont été tirés de cette position ni même si elle a été effectivement utilisée
(14 coups les 15 et 16 juillet, 14 coups les 16 et 17 juillet selon d’autres auteurs, sans preuve).

Toujours selon Eisgruber, cette même pièce aurait été soustraite à la progression des troupes alliées dans des conditions précipitées.
Quatorze jours avaient été nécessaires à son installation, 24 heures ont suffi pour son démontage et son chargement sur train.
Encadré pendant deux heures par les tirs de l’artillerie française, qui ont finalement coupé la voie près de Venizel (6 km est de Soissons) juste après son passage,
ce train gagna Beaumont-en-Beine (18 km ouest-nord-ouest de La Fère, 20 km sud-ouest de Saint-Quentin, tous ces points dans l’Aisne).
Là un site était en préparation depuis plusieurs semaines, à 108 km de Paris et une quarantaine du front (15 juillet).
L’emplacement est connu : bois de Corbie (un petit kilomètre à l’est de l’église). Les travaux ont été repérés par l’aviation française dès le début, le 5 juin,
et confirmés les 6, 9 et 12 juin.
Mais il n’y avait pas qu’un site : les Allemands avaient ébauché plusieurs épis factices près de Beaumont-en-Beine, dont un menant à une aire de tir achevée
qui n’a pas été utilisée ; elle avait été repérée comme celle en activité.

Eisgruber affirme aussi : « C’est de là que partit le dernier obus tiré sur Paris, le 9 août 1918 à 2 heures de l’après-midi. »
Un « romancier » fait pratiquement du Parisener Kanone une pièce mobile.
Il rapporte le déplacement des pièces de Crépy, à partir du 1er mai, d’abord sur Beaumont-en-Beine (mais à cette date, Beaumont n’était qu’à une dizaine de kilomètres
des lignes françaises, l’offensive allemande n’ayant repris que le 27 mai).
De là, elles auraient tiré 104 obus du 27 mai au 11 juin.
Ensuite, les canons auraient été transférés à Bruyères-sur-Fère (que l’auteur qualifie de « Bois de Bruyères à Fère-en-Tardenois »et qu’il situe à 8 km de Château-Thierry
au lieu de 16 !). Enfin, ils auraient été réexpédiés sur Beaumont-en-Beine pour y tirer encore 64 obus du 5 au 9 août.
D’autres déplacent la pièce de Crépy-en-Laonnois directement sur Beaumont-en-Beine, lui épargnant le voyage de Bruyères-sur-Fère.
Noter que Kinzel (op.cit.) ne parle que « des environs de Laon », où trois pièces auraient été mises en œuvre en deux temps :
« deux dès mars 1918, la troisième un peu plus tard », sans autre précision.
« Aux environs de Laon », vu de Berlin, peut s’appliquer aussi bien à Bruyères-sur-Fère (44 km) et à Beaumont-en-Beine (38 km) qu’à Crépy-en-Laonnois (8 km).

Bien entendu, la localisation de nouveaux sites en préparation ou déjà en activité était une préoccupation majeure, parmi d’autres, des groupes d’armées du Nord
et de réserve ; ils n’étaient pas les objectifs des Parisener Kanonen mais ceux-ci se trouvaient dans leurs zones de responsabilité.
C’était le rôle des sections « artillerie » des 3e bureaux, d’exploiter les renseignements « bruts de coffrage » que leur assenait le 2e bureau du GQG :
il a fallu éplucher ces informations imprécises et contradictoires et tenter d’y voir clair.
La réussite s’est avérée modérée. Sans doute ces témoins étaient de bonne foi, confondant Parisener Kanone et toute autre pièce à longue portée.
Cependant, il ne faut pas écarter une campagne d’intoxication menée par le commandement allemand, y compris à l’intention de ses propres troupes :
il avait intérêt à multiplier le nombre de pièces tirant sur Paris, des Pariserin partout pour se grandir et leur remonter le moral,
et bien entendu pour noyer l’adversaire.


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MessageSujet: Re: Pariser Kanonen-1918   Pariser Kanonen-1918 Icon_minitimeDim 9 Juin - 15:11

Ces dernières photos datent de quand ?
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MessageSujet: Re: Pariser Kanonen-1918   Pariser Kanonen-1918 Icon_minitimeDim 9 Juin - 17:29

carbone14 a écrit:
Ces dernières photos datent de quand ?

En fait ce sont des cartes postales.Elles doivent dater de 1919/1920.
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MessageSujet: Re: Pariser Kanonen-1918   Pariser Kanonen-1918 Icon_minitimeLun 10 Juin - 1:05

Les actions françaises contre le Parisener Kanone

Le premier instant de stupeur passé, les services de renseignement français se mirent à l’œuvre pour déterminer la nature et l’origine des tirs
qui atteignaient la capitale. Malgré l’environnement sonore qui accompagna les premiers tirs, les sections de repérage par le son ont très rapidement discriminé
(selon l’acception en usage chez les radiotélégraphistes) l’onde d’une pièce unique tirant à une vitesse initiale de 1 500 m/s parmi la foule des autres projectiles
qui débouchaient à une vitesse deux fois moindre.
Or dès le lendemain du premier tir, soit le 24 mars, « au moment où, sur la position du mont de Joie, le personnel des pièces trinque au succès des tirs de la veille,
qui vient d’être appris par téléphone, un obus de 240 mm s’abat au milieu de la batterie, à 250 m du poste de commandement ».
Plusieurs tués et blessés, selon Eisgruber mais les pièces sont intactes. Le capitaine de corvette Kunsel, confirmé par Kinzel rapporte de son côté :
« Les verres étaient à peine remplis une deuxième fois [le 24 mars en début d’après-midi] qu’un coup d’artillerie lourde tombe à 250 m de notre poste,
en plein milieu de l’installation de la batterie, causant six blessés mais aucun dégât matériel.
Quelques minutes plus tard, un deuxième coup à 100 m du premier. Pas de doute, nous étions repérés et on nous tirait dessus (…).
Comment trente heures après notre premier coup, les Français avaient-ils pu, d’une part déterminer notre position, (…) d’autre part, mettre en batterie
une pièce lourde à une distance de 25 km environ et ouvrir le feu avec une telle précision ? »
Et le capitaine Kunsel de conclure, déniant le savoir-faire des SRS, que les renseignements ne pouvaient venir que des habitants.

Bien entendu, il existait aussi des agents français, habitants ou infiltrés, dans les régions envahies : c’était un des volets de la fonction renseignement,
avec les SRS, les interrogatoires de prisonniers et les observations aériennes.
Comme le révèle Eisgruber, le repaire d’un espion (une grotte au flanc du mont de Joie, où l’on trouva table, matelas, restes de repas et journaux français)
a été découvert plusieurs semaines après les premiers tirs. Il est évident que les différentes sources de renseignement se sont complétées, comme il se doit ;
l’espionnage a certainement renseigné le commandement français sur l’installation de grosses pièces au mont de Joie, sans pouvoir en déterminer la fonction ;
les SRS ont calculé l’origine des trajectoires ; l’observation aérienne a confirmé le nombre et la position des pièces.
Les tirs de contrebatterie français se poursuivirent, causant une fois sept tués et six blessés, une autre fois un tué, mais restèrent sans effet sur le fonctionnement
des deux pièces Parisener Kanone (bien que plusieurs auteurs avancent le contraire).
Les actions de l’artillerie contre la pièce de Bruyères-sur-Fère ont déjà été évoquées.
Pour sa part, Poirier fait état de tirs qui ont encadré la pièce de Beaumont-en-Beine tardivement, ce qui n’est pas confirmé par les Allemands.
Aucun bombardement aérien n’a été entrepris bien qu’un romancier avance que l’emplacement du canon soit devenu un objectif de choix pour l’aviation de bombardement
et qu’un autre lui attribue la destruction d’une pièce .

Prenons connaissance de deux notes. La première est datée du 16avril1918 et adressée par le GQG au groupe d’armées du Nord :

SHD/DAT, 16 N 1694.
« L’usure rapide des pièces d’ALGP [artillerie lourde à grande puissance] contrebattant les pièces tirant sur Paris impose de renoncer au mode d’emploi adopté (…).
Il est parfaitement inutile et coûteux de tirer avec des pièces de 305 et 340 lorsque l’observation et le contrôle [des résultats] du tir sont impossibles ou très difficiles (…).
En conséquence, tout devra être préparé pour exécuter un véritable tir à démolir dès que les circonstances atmosphériques seront favorables.
La 6e Armée [PC à Belleu, 2 km sud de Soissons, puis à partir du 29 mai, à Trilport, 4 km est de Meaux] prendra des mesures pour que l’observation aérienne
et le contrôle soient organisés de la façon la plus complète et fonctionnent au premier beau jour (…).
En attendant, la batterie de 145 établie à proximité des premières lignes devra assurer la neutralisation énergique des pièces à longue portée allemandes.
Toutes dispositions seront prises pour protéger cette batterie (camouflage, fumigènes, contrebatterie) que sa situation aventurée [près de Coucy-le-Château,
17 km du mont de Joie, selon autre note] expose à une riposte sévère. »

La seconde est une réponse du groupe d’armées du Nord à une lettre, sans doute peu amène, du président du Conseil, ministre de la Guerre Clemenceau
en date du 31 mars 1918 :
« Résumé des opérations contre la pièce à longue portée qui bombarde Paris.
La détermination exacte de son emplacement a rencontré d’assez sérieuses difficultés : l’aviation chargée de la recherche et de la surveillance a été gênée
par une nombreuse artillerie anti-aérienne et par des barrages fumigènes ; les SRS ont été entravées par la confusion avec des pièces voisines,
d’où des tâtonnements assez longs.
Divers moyens d’investigation recoupés par des prisonniers ont permis de considérer comme les plus probables trois emplacements de tir sur voie ferrée déjà connus.
Quoi qu’il en soit, on n’a pas attendu ces résultats pour agir.
Dès le 23 mars après-midi [1er jour de tir], dès qu’on eut la certitude que le bombardement de Paris était effectué par une pièce à longue portée
et que l’emplacement fut connu de manière approximative, les 19e et 20e Batteries du 78e Régiment d’Artillerie (quatre canons de 305 GLt)
[pièces sur affûts à glissement] furent appelées.
En position à Vailly-sur-Aisne [14 km est de Soissons] dès le 24, elles ouvraient le feu aussitôt.
En même temps étaient appelées de Lorraine la 23e Batterie (deux pièces de 340 B modèle 1912) et la 22e Batterie (deux pièces de 340 B GLt modèle 1893) du 77e RA.
La première était en action à Issy-Condé [non déterminé, sans doute Missy-sur-Aisne et Condé-sur-Aisne, 7 et 10 km est de Soissons, villages reliés
par une zone boisée] le 26 mars ; la seconde à Bucy-le-long [4 km est de Soissons] le 30, une déviation ferroviaire assez importante ayant été nécessaire.
La 6e Armée avait placé un groupe de 145 en première ligne qui vient d’être retiré à la suite de la rectification du front.
Quant au bombardement par avions, il y a peu à en attendre. Le bombardement de jour n’est pas susceptible d’une précision et d’un tonnage suffisants
pour obtenir un effet réel.
Le bombardement de nuit contre un objectif aussi difficile à percevoir serait encore moins efficace.
Nos tirs d’abord conduits sans interruption de jour et de nuit ont été ralentis à cause de la diminution de l’activité contre Paris et de l’usure rapide des pièces.
Le nombre de canons de 305 et 340 susceptibles de contrebattre la pièce dans la région de Crépy-en-Laonnois, à plus de 20 km, est très restreint (…).
Le groupe de 145 a tiré 200 à 300 coups par jour (…). L’emploi de pièces de 194 et 220, de 22 à 24 km de portée, est suggéré. »

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MessageSujet: Re: Pariser Kanonen-1918   Pariser Kanonen-1918 Icon_minitimeLun 10 Juin - 1:09

Que reste-t-il du Parisener Kanone?

La réponse est simple : rien, si ce n’est des souvenirs.
Avant même la signature de l’Armistice du 11 novembre 1918, les Allemands avaient entrepris la destruction des pièces rapatriées,
afin que nul canon ou élément de canon ne tombât entre les mains de l’ennemi et même qu’aucune trace de l’opération elle-même ne subsistât.
Tous les matériels et toutes les archives ont été détruits.
Le musée de l’Armée de Berlin présente une coupe de la volée du Wilhem-Geschütz, mais cette pièce, à l’évidence, n’a pas les dimensions reconnues au Parisener Kanone :
la rondelle exposée peut avoir 80 cm de diamètre (ce qui correspondrait à l’extrémité du tube rayé) mais l’âme n’atteint pas 210 mm, il s’en faut.
Le commandement allemand et la direction de Krupp ont soigneusement occulté tout ce qui se rapporte au terrible canon.
Les renseignements obtenus après la guerre près des ingénieurs et ouvriers de Krupp ont été recueillis dans le secret.
Néanmoins, deux ouvriers auraient été lourdement condamnés pour divulgation de secrets militaires.


La « descendance » du Parisener Kanone

Dès le printemps de 1918, les Français s’attelèrent à l’étude de pièces comparables en utilisant le même procédé que les Allemands :
tubage à 210 mm de pièces de marine de 340 ; et dans un deuxième temps, réalésage de certaines au calibre 224 mm.


Pariser Kanonen-1918 Zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz


Les premiers essais ne débutèrent qu’en 1923 et s’avérèrent décevants.
Ce fut seulement en 1929, avec une pièce de 340/224, que des portées de 107 km puis 127-128 km, 8 km furent atteintes à partir du champ de tir marin
de Saint-Pierre-Quiberon. Cette dernière portée fut de nouveau atteinte lors des essais de 1930, la vitesse initiale étant de 1 530 m/s.
Les campagnes de tirs suivantes, à l’occasion desquelles on expérimenta des projectiles de divers types nouveaux, furent des échecs.
Le programme fut interrompu par la défaite de 1940.


Pariser Kanonen-1918 Zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz


De leur côté, les Britanniques entreprirent des recherches similaires mais leurs essais furent un fiasco et ils renoncèrent rapidement à se doter de canons
à très longue portée. D’autres auraient eu au moins des projets : Italiens, Américains, Suisses… sous toute réserve, et bien entendu les Allemands,
qui avaient l’expérience, en dépit des restrictions du traité de Versailles.
Et n’a-t-il pas été question, lors de la première guerre du Golfe, d’une pièce d’une portée de 1 000 km en cours de réalisation en Irak ?
Mais là encore, ne faut-il pas y voir l’imagination de journalistes ?


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MessageSujet: Re: Pariser Kanonen-1918   Pariser Kanonen-1918 Icon_minitimeLun 10 Juin - 9:57

Impressionnant matos, mais non moins impressionnant la collection de pièces d'artillerie sur voie ferrée côté Français... scratch
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MessageSujet: Re: Pariser Kanonen-1918   Pariser Kanonen-1918 Icon_minitimeLun 10 Juin - 12:42

Conclusions

Le pluriel s’impose car la solution n’est pas unique. Bien entendu, le lecteur intéressé sort insatisfait d’une jungle d’informations incertaines et contradictoires,
dont seules celles provenant d’acteurs de l’opération sont considérées ici comme exactes.
Essayons de trier.

Les sources. Tout laudatifs et apologétiques qu’ils soient, les récits de Kinzel, Kunsel et Eisgruber s’avèrent les plus sûrs.
Les deux premiers ont participé directement à la conception de l’arme.
Il est très probable qu’Einz Eisgruber ait appartenu à une des équipes de pièce ou alors il a publié les témoignages d’un autre officier.
Jules Poirier, journaliste parisien, est surtout crédible pour ce qui s’est passé à Paris. Les autres auteurs des années 1920 n’ont pu exploiter les sources allemandes,
publiées après l’édition de leurs ouvrages.
C’est pourtant à ceux-là que se réfèrent des publications récentes (2000 et 2002) ignorant les récits allemands publiés entre 1926 et 1934.
L’une est illustrée avec la photo d’une pièce sur voie ferrée qui n’est pas un Parisener Kanone.

Ce qui est certain. La philosophie et les prolégomènes de l’opération : la pièce Parisener Kanone, la Grosse Bertha des Parisiens, a été utilisée exclusivement contre Paris
et son agglomération, ce pourquoi elle a été conçue et réalisée.
De plus, elle n’avait pas pour but premier de détruire mais de paniquer la population : c’était une arme psychologique.
L’histoire de sa gestation jusqu’aux essais, ses caractéristiques techniques, celles de ses projectiles, de ses positions de tir et des tirs, telles qu’elles sont exposées
ci-dessus, ne sont plus contestables :

c’était une pièce d’un calibre relativement modeste (210 à 240 mm) en comparaison des autres pièces à longue portée, et ce n’était pas une pièce sur voie ferrée ;
l’arme a été construite à sept exemplaires pour le tube et au moins trois exemplaires pour l’affût de tir ;
deux pièces au moins ont été établies à Crépy-en-Laonnois (mont de Joie) et ont été mises en œuvre simultanément (aucune sur le mont de Joie proprement dit,
mais seulement au pied) ;
l’une des pièces a été détruite par un incident de tir, sur le site de mont de Joie ;
deux types d’embase ont été utilisés : une fixe en béton, une métallique démontable ;
trois sites de tir ont été aménagés, dont deux (Bruyères et Beaumont) ont reçu des plates-formes métalliques ;
tous les sites de tir sont situés dans le département de l’Aisne, à une distance maximum de 45 km de Laon et de 92 à 121 km de Notre-Dame de Paris ;
les points d’impact sont connus comme aussi le nombre de victimes.

Ce qui est probable.
L’existence simultanée d’une troisième pièce à ou près de Crépy-en-Laonnois.
Une au moins des pièces de Crépy-en-Laonnois a poursuivi ses tirs durant l’utilisation des autres sites.

Ce qui reste hypothétique.
La position exacte de la troisième pièce de Crépy ; le nombre de tubes utilisés ; la raison du deuxième « entracte », du 11 juin au 15 juillet, et du troisième,
entre une date indéterminée et le 5 août.

Ce qui est indubitablement erroné.
L’existence d’une kyrielle de Parisener Kanonen ou Grosses Berthas tout le long de la ligne de front pendant la Première Guerre mondiale
et la réapparition de certains en 1939. La mobilité du Parisener Kanone, pièce sur voie ferrée que l’on pouvait déplacer comme les autres pièces de ce type,
dans des délais brefs. La destruction d’une pièce par bombardement d’artillerie ou aérien.

La vraie conclusion se situe à un autre niveau.
D’abord l’opération Parisener Kanone se révèle comme une formidable prouesse scientifique et technique, qu’il s’agisse de la conception, de la réalisation du matériel,
de la mise en batterie et de l’exécution des tirs.
Il faut saluer la performance. Mais cette opération peut se définir aussi comme un échec stratégique lamentable.
Tant de matière grise et de moyens matériels consommés sans résultat !
Le Parisener Kanone devait créer, au sein de la population de la capitale française, une psychose telle qu’elle aurait influencé les décisions du gouvernement
sur la conduite de la guerre et l’aurait amené à la capitulation.
L’objectif physique a été atteint, l’objectif final réel ne l’a pas été. Il en sera de même, vingt et quelques années plus tard, des bombardements allemands
sur le Royaume-Uni et des bombardements alliés sur l’Allemagne.
Loin de démoraliser la population, et en dépit des souffrances et des pertes humaines, ils ont seulement renforcé sa détermination à la lutte.
Enfin, le troisième et dernier aspect de cette histoire est le caractère polémique qu’elle a pris et conservé, dû aux mystères qui subsistent.
Certains n’y voient qu’un mythe pur et simple. D’autres admettent l’existence du Parisener Kanone mais doutent de sa mise en œuvre.
Longtemps encore, ceux qui ont appris que le terme Bertha ne s’appliquait pas à un canon géant et ceux qui, de bonne foi, sont persuadés du contraire,
se jetteront leur savoir au visage.

N’en déplaise aux Allemands et aux puristes de tout bord, dans la mémoire collective des Français, et particulièrement des Parisiens,
la Grosse Bertha restera cette pièce extraordinaire qui a bombardé la capitale pendant plus de cinq mois, en 1918,
car c’est sous ce nom qu’elle est entrée dans la légende, comme le cheval de Troie.


source
journals.openedition.org
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MessageSujet: Re: Pariser Kanonen-1918   Pariser Kanonen-1918 Icon_minitimeMar 11 Juin - 9:19

Conclusion et analyse objectives... Wink
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MessageSujet: Re: Pariser Kanonen-1918   Pariser Kanonen-1918 Icon_minitime

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