Kojédoub fait référence à un article online: « Bataille de Koursk: les mythes de la pince sud » par Ilia Kramnik, RIA Novosti.
J'espérais que cet article me donne quelques éléments d'explication sur le choix de la région de Prokhorovka comme lieu d'affrontement entre le IIe SS Panzerkorps et la majeure partie des forces de la 5e armée de la Garde (Jadov) et de la 5e armée blindée de la Garde (Rotmistrov). Pourquoi les combats ont-ils eu lieu autour de Prokhorovka alors que cette localité ne figurait pas parmi les objectifs initiaux de l'opération "Zitadel" ?
Selon Ilia Kramnik c'est l'arrêt de l'avancée du XLVIIIe Panzerkorps qui incite les Allemands à déployer leurs efforts vers la plaine de Prokhorovka.
« Les environs de Prokhorovka se dessinèrent comme un possible champ de bataille le 7 juillet 1943, quand l'avant-garde du IIe SS Panzerkorps atteignit la rivière Psel. Sur ce secteur du front, les événements se déroulèrent de manière plus favorable pour les Allemands que dans la région d'Oboïan, considérée comme primordiale, et où la Wehrmacht tentait d'opérer une percée jusqu'à la ville de Koursk par la route Belgorod-Koursk. Là-bas, l'avancée du XLVIIIe Panzerkorps fut stoppée à la suite de combats difficiles [...]. Par conséquent, le commandant de la pince sud Erich von Manstein décida de reporter toutes ses forces sur Prokhorovka. Le 9 juillet, la largeur de la percée du front à cet endroit atteignit 12 kilomètres, et les Allemands approchaient des dernières lignes avant l'arrière du Front de Voronej. Les unités blindées risquaient fort de s'engouffrer dans la brèche.»
« Afin d'éviter un tel scénario, le commandement du Front de Voronej demanda des renforts à Moscou, dès le 7 juillet. [...] C'est précisément le 10 juillet que l'on considère comme la véritable date du lancement de la bataille de Prokhorovka, lorsque le IIe SS Panzerkorps lança une offensive ayant pour objectif d'atteindre la ville, et ainsi s'engouffrer dans la brèche.»
Les explications fournies par Ilia Kramnik ne suffisent pas à me convaincre. Il n'est pas certain que l'arrêt de l'avancée du XLVIIIe Panzerkorps soit un évènement suffisamment préoccupant pour inciter les Allemands à changer leurs priorités et à déployer leurs efforts vers la plaine de Prokhorovka.
Outre les déconvenues du XLVIIIe Panzerkorps, il conviendrait de mentionner les difficultés rencontrées par le Armee Abteilung "Kempf". Tandis que le XLVIIIe Panzerkorps est tenu en échec aux abords de la Pena, affluant de la Psel, les divisions de Werner Kempf se situent de l'autre côté du Donetz. Le détachement Kempf n'arrive pas à remonter assez vite vers le nord. C'est pourtant à lui qu'incombe la protection du flanc droit du IIe SS Panzerkorps. Hoth s'en inquiète car il sait que les Soviètiques vont acheminer leurs réserves par le « seuil de Prokhorovka », ce qui prendrait les SS par le flanc. Il prend alors « la décision la plus gave de la bataille » (J. Lopez) : le IIe SS Panzerkorps reçoit l'ordre de se diriger non plus vers Obaïan et Koursk mais vers Prokhorovka, au nord-est. Sa mission : intercepter et détruire les réserves blindées soviétiques.