les événements de Yougoslavie et de Grèce, mais aussi les très mauvaises conditions météorologiques en Pologne, avaient contraint Hitler à retarder de plus d'un mois le déclenchement de l'Opération Barbarossa, qui ne pourrait finalement être déclenchée qu'à la fin du mois de juin 1941.
Les objectifs de l'attaque, et les moyens de les obtenir, avaient également considérablement évolué depuis l'année précédente.
D'une campagne limitée à 80 divisions de première ligne, et avant tout destinée à s'emparer des États baltes, de la Russie blanche et de l'Ukraine, on était passé à une guerre totale menée selon trois grands axes de pénétration, et mobilisant pas moins de trois millions de soldats, trois mille six cents chars, sept mille pièces d'artillerie et plus de deux mille avions.
Aussi formidables pouvaient-ils passer sur le papier, ces chiffres n'en étaient pas moins trompeurs : alors que les distances à parcourir et les ressources démographiques de l'adversaire étaient incomparablement supérieures, la Wehrmacht ne disposait, avec 153 divisions, que de 12 divisions de plus que pendant la Campagne de France.
Pour affronter l'URSS en 1941, la Luftwaffe alignait quant à elle moins d'avions qu'elle n'en avait eu pour vaincre la France un an plus tôt (!)
Plus surprenant encore, l'armée allemande était, sinon la moins moderne, du moins la moins motorisée de toutes les armées occidentales engagées dans la guerre : à côté de 600 000 véhicules de toute sorte, on trouvait en effet pas moins de... 625 000 chevaux.
Contrairement à une légende aujourd'hui fort répandue, l'armée allemande était - tout comme celle de Napoleon - d'abord et avant tout une armée de fantassins cheminant à pieds au milieu d'une incroyable noria de charrettes tirées par des chevaux.
Ce constat, en contradiction flagrante avec le célèbre mythe de la "Blitzkrieg", promettait une vitesse de progression qui, même en dehors de toute opposition russe, ne s'éloignerait guère de celle des troupes napoléoniennes plus d'un siècle auparavant...