Il s’agit du seul camp de concentration implanté par les nazis en Belgique.
Remarques: La plupart des SS qui torturés, gardés, qui étaient présent dans ce fort été flamand !
1914.
Le fort de Breendonk fait partie de ligne fortifiée Anvers-Namur, avec les forts de Liezele et de Walem.
Sa construction est décidée en 19061, et les travaux débutent en 19092, pour se terminer à l’approche de la Première Guerre mondiale. Dès son achèvement, il est dépassé par des fortifications plus élaborées.
Lors de l’invasion de la Belgique par l’Allemagne, le fort est bombardé le 1er octobre 1914 : il ne peut riposter, les pièces d’artillerie allemandes étant hors de portée de tir. Il capitule le 9 octobre.
Il est utilisé comme garnison par l’armée allemande jusqu’à la retraite.
Entre deux guerres.
Les allemands préparent leurs plans et savent très bien tout les plans du fort et aussi ce qui vont en faire.
Le fort sert notamment comme caserne de l’armée belge et est choisi pour abriter le Grand Quartier général, en cas d’invasion, la région d’Anvers étant considérée comme le réduit national.
En mai 1940, le roi Léopold III y reçoit les officiers de liaison français et britannique, lors de l’invasion de la Belgique par l’Allemagne. Les membres du Grand Quartier Général et les officiers de liaison étrangers évacuent le fort devant l’avance allemande et suivent la retraite de l’armée belge en liaison avec les franco-anglais jusqu’à la reddition belge. À partir de l’occupation allemande, le fort devient un camp de concentration.
1940.
Au milieu avec son chien " Lump " ( qui mordait et parfois tué les prisonniers ) le major Schmitt.
Dès la fin des combats, la Sicherheitspolizei utilise le fort comme camp de concentration : le 20 septembre 1940,, sous le commandement du Sturmbannführer Philipp Schmitt, les premiers prisonniers arrivent à Breendonk.
Les prisonniers étaient habillés en uniformes belges de la campagne de 18 jours.
Celui qu'on voit entre les deux personnages de devant et à coté du petit de droite était un jeune homme timide qui regardait toujours vers le sol( son père était résistant donc lui aussi était susceptible de l’être ), jamais vers le haut. Les officiers allemands buvant beaucoup firent un pari pour trouver quelqu'un à tuer. Ils trouvèrent, lui. Ils le mirent sur une barque et le mirent sur l'eau et avec pour mission d'enlever les mauvaises herbes qui étaient sur le bord de l'eau mais tout cela à contre courant, sans rames, avec seulement ses mains. Il lâcha prise et la barque partit vers l’extérieur, l'officier Schmitt le prit comme une tentative d'évasion, il lui tira dessus.
Durant l’année 1940, ce sont principalement des juifs qui y sont détenus, avant d’être libérés ou transférés vers d’autres camps. Le journaliste Paul M.G. Lévy y fut incarcéré, ainsi que le dessinateur Jacques Ochs qui fut chargé par le commandant du camp de faire des portraits de certains gardiens allemands et qui en profita pour exécuter clandestinement des portraits de prisonniers et des images de sévices qui furent publiées après la guerre. A partir de 1942, les juifs déportés de Belgique sont regroupés à Malines, à la caserne Dossin, centre de transit vers Auschwitz, le fort de Breendonk servant de camp de transit… pour un transfert vers le « Samellager Dossin » (librement traduit par « camp de rassemblement Dossin »).
Malgré tout c’est un septième de la population passée par Breendonk que représentent les juifs. Contre toute attente, le niveau de qualification professionnelle de ceux-ci leurs font prendre les postes privilégiés.
Breendonk sert aussi de centre d’internement pour les contrevenants aux mesures antijuives et les « asociaux », au sens nazi du terme. Avec la prolongation du conflit et de l’occupation, des otages et de résistants y sont internés de manière croissante.
De 1940 à 1942, le nombre de prisonniers politiques et de résistants augmente : Breendonk sert de camp de transit, avant la déportation vers d’autres camps, comme Neuengamme , Ravensbruck ou encore vers la Pologne.
Tribunal et cantine des gardes SS.
Tortures.
« Ce qui fait de Breendonk le plus dur des camps, c’est la terreur judiciaire systématiquement entretenue. On savait qu’on était là « pour parler » et que la discipline du camp devait « nous faire parler ». »
— L.-E. Halkin, À l’ombre de la mort
Le Auffangslager Breendonk comptera au moins 3 532 détenus jusqu’en septembre 194413 1 733 ne survivront pas à la guerre et aux maltraitances de Breendonk ou des autres camps par lesquels ils passeront. Au fort de Breendonk, ce seront près de 200 prisonniers qui seront exécutés.
Avant d’être transférés vers d’autres camps, les résistants sont interrogés, maltraités et torturés dans le « bunker » ; un ancien magasin à poudre reconverti en salle de supplices mise en place en 194212.
« La voiture s’arrête devant le fossé qui entoure le fort, ce fossé profond dans lequel des camarades sont morts noyés comme des chiens. »
— L.-E. Halkin, À l’ombre de la mort
L’entrée du camp s’ouvre sur l’ancien corps de garde abritant la Wehrmacht officiant pour la surveillance extérieure du fort. Il donne sur l’entrée du fort, voutée et sombre.
« À Breendonk, en quatre ans, il n’y eut que trois procès ; de plus, sommaires. Lors de l’un d’eux, douze prisonniers amenés ici à deux heures, furent condamnés à quatre heures et pendus à six heures. Pendus trois par trois. Promis au même sort, leurs compagnons assistèrent à leur supplice. »
— P. M.G. Lévy14,
Vient comme autre endroit principal la cantine des SS avec au-dessus du mur principal la devise de la SS : « Mon honneur s’appelle fidélité ». Parfois cette cantine sert de tribunal d’exception
« Au déjeuner, à 5 heures 30 : deux tasses de jus de glands torréfiés et 125 grammes de pain. Au dîner, à 15 heures 30 : un litre de soupe claire. Au souper, à 18 heures : deux tasses de jus de glands torréfiés et 100 grammes de pain. »
— Ministère de la Justice, Commission des crimes de guerre, Les crimes de guerre commis sous l’occupation de la Belgique, 1940-1945, Le camp de torture de Breendonk14
Une cellule d’interrogation ( des femmes y furent interrogés et des dessins de prisonniers y firent gravi comme un très beau dessin du Christ.
À cette maigre pitance se rajoute le travail forcé amaigrissant encore les prisonniers pour les rendre faméliques : pousser des chariots, casser les pierres, porter des sacs de ciments… Un travail lourd ; mais aussi pour quelques autres « privilégiés » de travaux plus légers comme pour les tailleurs, les menuisiers ou infirmiers. C’est de cette manière qu’ont été débarrassés les 250 000 m3 recouvrant en grande partie le fort : à grands coups de fouet sur les prisonniers ; destinés uniquement à briser physiquement et préalablement ceux que l’on soumettrait aux interrogatoires poussés ou s’ils l’ont déjà été dans l’attente d’un transfert vers d’autres destinations aux noms sordides.
La potence.
Le bunker.
« En général, le détenu est conduit le soir ou la nuit devant ses bourreaux. Ses cris traversent alors mieux les parois des chambrées et terrorisent ses compagnons, ce qui les empêche de dormir. »— C. Pahaut et F. Maerten (Démocratie ou Barbarie)
Que l’on parle tellement de Breendonk pour les tortures17 par rapport aux autres camps est normal ; le nombre de gardiens est particulièrement élevé : 1 pour 10 détenus. Il est impossible dès lors de passer inaperçu. De plus, le « bunker » est présent pour faire parler les récalcitrants. Parfois des mesures spéciales pour les prisonniers sont mises en place :
« Breendonk, le 20 août 1941
Ordre de surveillance spéciale : pour le détenu 169
Le détenu doit être continuellement maintenu sous surveillance et enchaîné.
Il ne peut être conduit aux latrines qu’accompagné de deux sentinelles.
En cas de tentative de fuite, il ne peut en aucun cas être fait usage d’une arme. Le détenu doit être maintenu sous contrôle par la force physique.
Il est formellement interdit de s’entretenir avec le détenu. Toute déclaration de sa part doit être rapportée au SS Unterstumführer Lais.
Lors des sorties nécessaires, le détenu aura la tête recouverte d’un sac.
Lors de la relève, la garde devra prendre connaissance quotidiennement de ces consignes.
SS Sturmbannführer Schmitt »
Remarques : Mais un autre facteur entre en jeu sur le point psychologique : les gardes allemands sont assistés par des SS de l’Algemeen SS Vlanderen9 : « des belges pour surveiller d’autres Belges »18.
Ceux-ci se montrent cruels ; indignant les gardiens extérieurs de l’armée régulière qui prennent quelquefois la défense des prisonniers!
( Je n'expliquerai pas toutes les méthodes de tortures mais qu'une )
Au milieu du bloc de bois ci-dessus, il y avait deux lames. Le prisonniers étaient liés des deux mains et attachés au crochet. On le faisait monté et le lâché.
Après.
Peu de temps après la Libération, le fort est utilisé pour les collaborateurs et les inciviques. Il est renommé « Breendonk II ». C’est la résistance elle-même qui y enferme ceux-ci (principalement flamand) ; certaines exactions sont toutefois commises pendant la courte période jusqu’à l’évacuation du fort (les « prisonniers » sont transférés à la caserne Dossin).
De nos jours.
( je conseille vivement d'aller visiter le fort et si vous avez de la chance vous tomberez sur un magnifique guide qui a connu tout les survivants du fort )
« À cette époque, dans un petit pays comme la Belgique, on connaît — et ce dans chaque recoin du pays — personnellement ou indirectement un détenu du fort ou de celui d’un autre lieu de détention des nazis. »
— O. Van der Wilt
Le 19 août 1947, le fort de Breendonk est devenu le mémorial belge sur le système concentrationnaire nazi. Il accueille entre 60 000 et 65 000 personnes chaque année. Le « camp de Breendonk » est aujourd’hui l’un des vestiges les mieux conservés de l’horreur nazie.
Dans les premières années du Mémorial, ce sont les anciens prisonniers qui sont légalement les gérants de celui-ci. Ce sont aussi sur ces années que le Fort enregistre le plus haut taux de visite (jusqu’à 109 000 personnes le visitant annuellement)2,22.
« Nous sommes alors dans l’ère de pure mémoire ; l’ère de l’histoire n’est pas encore venue. »
— O. Van der Wilt
Avec les moyens qui lui sont octroyés, le fort tente de faire pour un mieux dans la conservation de la mémoire. Quelques haut-parleurs sont installés et en 1975 un musée s’ouvre dans l’ancien « revier ». Cependant il n’y a pas de but scientifique et le « revier » sert de lieu de stockage de tout ce que l’on peut trouver sur ce bout d’histoire très noire.
Ce manque fait diminuer fortement le nombre de visite et le désintérêt porté au fort de Breendonk est grand. Les chiffres de l’année du 50e anniversaire le prouvent : seulement 16 000 visites sont enregistrées.
Il est vrai que le public diminue, mais le type de visiteur change. Il s’oriente vers un public scolaire, avec un véritable but. C’est dans ce cadre que naît un projet de rénovation du fort mais aussi un but scientifique. Le fort a deux missions :
« Veiller à la conservation perpétuelle des constructions et ouvrages » ;
« prendre toutes les mesures utiles pour que le souvenir du Fort de Breendonk ainsi que des événements qui s’y sont déroulés demeure vivant dans l’esprit de la Nation, stimule son esprit civique et favorise l’éducation patriotique de la jeunesse ».
Un espace unique avec l’utilisation initiale est créé. Est donc reconstitués des cellules, des baraquements, le bunker, etc. Est aussi rajouté de nombreuses photographies, témoignages écrits ou oraux, des vidéos explicatives au fil des couloirs.
Outre ces améliorations, les groupes scolaires ont l’obligation de prendre un guide formé par le Mémorial ; la rénovation permet de se laisser guider par un audiophone. Des séminaires, des expositions permanentes et temporaires sont régulièrement réalisés dans différentes pièces de la bâtisse. Ils sont destinés aux professeurs, aux historiens mais aussi au public averti.