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| Franz Gockel en garnison à Colleville | |
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naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38921 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Franz Gockel en garnison à Colleville Jeu 28 Avr - 11:55 | |
| Franz Gockel Automne 1943 "Le pays et les gens m'intéressaient. Dans des lettres adressées à mes parents, j'écrivais : "La contrée ici est très belle. Tous les jours, je vois la mer ". Une autre fois : "Je viens à l'instant de porter mon linge à laver. La famille est très aimable et prévenante. L'habitation est très propre et confortablement aménagée". "Le 28 octobre 1943, je décrivai mon lit à la ferme : "Maintenant, je dors dans un lit français. Dès la première nuit, j'y ai merveilleusement bien dormi. En France, je me sens comme un dieu". "Le lait était ma boisson quotidienne ainsi que celle de quelques uns de mes camarades. Je fis ce compte-rendu à mes parents : "En monnaie allemande, le litre de lait coûte 25 Pfennigs. Les pâturages sont enclos par de hautes haies. Les fermières se rendent aux pâturages pour aller traire les vaches en chevauchant un âne. Un second âne suit pour le transport du lait. Sur ses deux flancs pendent des jattes en laiton, bien ventrues, pour y mettre le lait. On coince les couvercles avec de l'herbe." "Dans mon village natal, où la vie était celle d'artisans et de fermiers, il allait de soi les dimanches, que pour aller à l'église on s'endimanchait. De Colleville-sur-Mer j'écrivis à mes parents : "Les gens d'ici ne connaissent guère le dimanche. Très peu s'habillent en dimanche. Cependant la Toussaint est ici un vrai jour de fête. Là on pouvait voir d'après les tenues des gens que c'était comme un dimanche. Toutes les tombes étaient fleuries. Le cimetière qui jouxte l'église se trouve au milieu du village, juste au bord de la route". "Au printemps 1944 j'écrivis dans un bunker sur la côte: "Depuis quelques temps les premiers signes du printemps deviennent visibles. Dans des endroits abrités du vent et dans les vallées fleurissent primevères et violettes". "Nous eûmes quelques jours d'instruction pour les tâches à accomplir près de la côte, sur le terrain de manoeuvres local de la compagnie. Notre habileté à nous servir de mitrailleuses légères et lourdes fut testée. Le maniement de canons antichars (PAK = Panzerabwehrkanon) et de mortiers de 50 était également inclus dans le cursus de perfectionnement. "On nous apprit à distinguer les signaux de reconnaissance, et on nous apprit également des mots de passe, qui étaient changés tous les jours et qu'il fallait donner en réponse à un appel lors de patrouilles sur la côte. "Sur des tableaux, nous apprenions à distinguer les silhouettes de divers bateaux de guerre, selon leur taille et leur armement. D'autres planches nous montraient les différents types d'avions des alliés. Très rapidement nous fûmes au fait des caractéristiques des gros bombardiers (forteresses volantes), des chasseurs-bombardiers plus légers et plus mobiles (Jabos), et d'autres types d'avions. "Peu de temps après avoir quitté le RAD (Service du Travail du Reich), j'avais vu des comptes-rendus sur le mur de l'Atlantique dans des revues hebdomadaires. Menaçants, des fûts de canons émergeaient de bunkers en béton et de coupoles métalIiques. Pour ce qui est des bunkers d'artillerie, il n'y avait rien de comparable sur la portion de plage que nous gardions. "Après avoir parcouru les villages côtiers de Colleville-sur-Mer, St-Laurent-sur-Mer et Vierville-sur-Mer de jour, nous fîmes ensuite des patrouilles de nuit, sous la direction de camarades plus âgés, dans les 35 ans. Il y avait sur 6 kilomètres de côte des nids de résistance (WN) espacés de 300 à 500 mètres et qui étaient construits comme des hérissons. Trois de ces nids de résistance servaient pour l'entraînement dans ces localités, situées en retrait, à 1500 mètres de la côte. Ces villages comptaient 100 à 150 habitants. "J'étais en Normandie depuis octobre 1943. Une nuit je m'effrayai, quand, au cours d'une patrouille, j'aperçus un point lumineux au bord de la route : je supposai d'abord que c'était un mégot de cigarette. Le camarade plus âgé qui m'accompagnait m'a cependant vite appris que ce n'était qu'un ver luisant. Je n'en avais encore jamais vu. Printemps 1944 "Après l'inspection du mur de l'Atlantique sur la côte du Calvados par le Generalfeldmarschall Rommel en janvier 1944, on travailla fiévreusement à la consolidation des fortifications. "Les garnisons des points d'appui (appelés nids de résistance, WN) sur le territoire de Colleville-sur-Mer et de Ste Honorine-des-Pertes, se composaient des hommes de la 3ème compagnie du 726ème Régiment d'Infanterie. Le bruit courait dans les garnisons des points d'appui que, le 29 janvier 1944, Rommel, se tenant sur le WN près de Colleville-sur-Mer, a fait la remarque que cette partie de côte ressemblait à la baie de Salerne en Italie et que, de ce fait, il fallait la protéger tout particulièrement contre des tentatives de débarquement. En septembre 1943, les troupes alliées avaient débarqué dans la baie de Salerne. "À l'est, devant Colleville-sur-Mer, une plage de sable plate commence et s'étend vers l'ouest sur une longueur d'environ 6 km. Depuis le WN 62, Rommel avait eu un aperçu de la portion de plage devant Colleville, St Laurent et Vierville. Derrière Vierville, au bord ouest de la baie, la côte escarpée commence de nouveau. Quelques kilomètres à l'ouest de Vierville, sur un promontoire rocheux, appelé Pointe du Hoc, l'organisation Todt avait construit des bunkers pour l'artillerie lourde. "Fin avril 1944, j'écrivis aux parents : "Je suis assis devant notre abri à personnel, dans un rayon de soleil des plus beaux. Tout est déjà sous le signe du printemps. La nature montre son aspect le plus paisible. Mais au dessus de nous à une hauteur de 8000 à 9000 mètres tournent des observateurs ennemis, qui laissent derrière eux de fortes traînées de condensation. Les détonations de bombardements sur des bunkers de protection de.Riva Bella sur l'Orne et à la Pointe du Hoc résonnent jusqu'à nous, troublant cette image paisible et nous rappellent la guerre." "Le 24 mai 1944 j'écrivais à mes parents: "Nous sommes ici dans l'attente d'événements qui vont arriver. Nous voulons seulement espérer que tout se passera bien. En ce moment, c'est ce qu'on appelle le calme avant la tempête. Peu à peu cela commence à devenir sérieux." "Et cela devint en effet sérieux dans les heures du matin du 6 juin. Sur la plage, à environ 80 mètres seulement de l'eau, j'ai survécu à l'enfer. Après ma blessure, dans les heures de l'après-midi du 6, j'ai à nouveau rencontré des français dans les villages en retrait de la côte et qui m'ont témoigné leur compassion. Des français fuyant les bombardements, m'ont donné de leur peu de pain et de cidre (le vin de pommes de la Normandie). Par la suite, les troupes de débarquement américaines ont appelé notre morceau de plage "Bloody Omaha" [Omaha la sanglante]. Mais cela est une autre histoire. "Après l'inspection de notre WN 62 par Rommel ainsi que par des officiers de notre régiment, le commandant de notre compagnie, le lieutenant Bauch, nous dit que Rommel était très mécontent, parce que les nids de résistance étaient complètement insuffisants et construits de manière trop sommaire. Les tranchées, les bunkers de terre et les canons installés à l'air libre dans les champs n'étaient rien d'autre que de simples dispositions de campagne offensive. Sur WN 62, deux canons de 75 se trouvaient sur une plate-forme en béton, sur une partie de terrain côté mer, cachés par des filets tendus sur des cadres en bois. Quelques coups de vent suffisaient pour arracher le camouflage. Canon de 75 sans protection "Il en était de même pour notre abri à personnel. Celui-ci se trouvait aussi du côté de la mer, dans un creux d'environ un mètre de profondeur, la partie supérieure étant camouflée. Ni par nos canons ni par cet abri ne nous donnaient la moindre protection contre l'artillerie navale. Même pour nous qui n'étions que de jeunes soldats, l'ensemble du site n'évoquait pas une fortification en voie de construction. Rommel fit les reproches les plus accablants aux responsables de cette partie de la côte pour ces nids de résistance construits avec aussi peu de connaissances en la matière. "À notre commandant de compagnie, Rommel dépeignit la baie comme étant un site idéal pour une conquête venant de la mer: environ 6 km d'une plage de sable très fin, avec quatre accès au pays par des vallées en pente douce. Le dernier commentaire de Rommel fut : "Cette baie doit être protégée au plus vite, contre les tentatives de débarquement des alliés".
Dernière édition par naga le Ven 29 Avr - 1:02, édité 2 fois | |
| | | Don_Weaking Hauptmann
Nombre de messages : 152 Age : 30 Localisation : Territoire de Belfort Date d'inscription : 23/09/2013
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Jeu 28 Avr - 19:22 | |
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Dernière édition par Voltier_2 le Sam 30 Avr - 22:40, édité 1 fois | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38921 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Ven 29 Avr - 0:57 | |
| "C'est alors en grande hâte que l'on travailla à la consolidation des fortifications dans ce secteur. Une des entreprises de travaux de l'Organisation Todt (OT) dépendante de Düsseldorf, composée de français et en majorité de marocains, bétonna en quelques semaines, en plus des emplacements déjà existants, des "Tobrouk" pour mitrailleuses légères, deux bunkers d'artillerie pour canons de 75, deux "Tobrouk" pour mortiers et mitrailleuses légères, ainsi qu'un abri à personnel et un poste d'observation pour l'artillerie. "Les emplacements de canons et les abris à personnel étaient construits de telle sorte qu'ils étaient susceptibles de résister à des bombes de taille moyenne et à l'artillerie navale. L'armement des points de résistance fut renforcé. La plage fut également équipée de défenses. À marée basse, une longue ceinture d'obstacles contre les blindés s'étirait sur la plage de sable devant la côte, de Colleville-sur-Mer à Vierville-sur-Mer. La mort faisait le guet sur les nombreux portiques en acier et sur les troncs d'arbres piqués dans le sable (appelés asperges de Rommel). Dessus, des mines plates devaient à marée haute déchiqueter les bateaux de débarquement. Asperge de Rommel "L'installation des asperges de Rommel se fit avec l'aide des pompiers de Bayeux. Les troncs d'arbres étaient plantés dans le sable avec une méthode d'une simplicité étonnante. Une lance à incendie était fichée dans le sable et les troncs soulevés avec une chèvre, s'enfonçaient dans le sable jusqu'à la profondeur souhaitée en quelques minutes. Au début il y eut encore quelques difficultés. Les pompes s'engorgeaient de sable. Mais cela fut bientôt résolu par des soldats astucieux, qui surveillèrent et contrôlèrent les emplacements des pompes. Les obstacles étaient construits sur la plage à marée basse, de façon à rester juste sous la surface de l'eau à marée haute. À notre idée, en effet, un débarquement avec des bateaux adaptés ne pouvait avoir lieu qu'à marée haute. "Les occupants du point d'appui discutaient toujours plus souvent de la question, de savoir si le débarquement allait avoir lieu sur cette partie de littoral du Calvados. "Nous les soldats, nous accordions aux ordres de Rommel une grande importance: en effet, avec de nouvelles tactiques dans l'art de la guerre, le "Renard du Désert", avait livré des combats difficiles en Afrique du Nord contre un adversaire supérieur. Nous avions confiance en ses directives. En même temps grandissait en nous le sentiment, renforcé par les déclarations de Rommel, que le débarquement allait avoir lieu ici dans cette partie du littoral. "En mai, quelque chose flottait dans l'air. Presque tous les jours, de grosses formations de bombardiers venant d'Angleterre volaient vers la France, et bombardaient, des croisements de routes, des ponts et des villes dans l'arrière-pays. Nous avons trouvé dans la campagne les premiers rubans de feuilles d'aluminium, qui devaient brouiller les radars. "Les groupes de bombardiers en direction de l'Allemagne volaient à très haute altitude, hors d'atteinte de nos mitrailleuses. "Lors d'une patrouille nocturne d'un village à l'autre dans les premiers jours de mon séjour en Normandie, j'entendis avec effroi un bruit inconnu. Un camarade me dit alors pour me rassurer: "C'est le cri de la Normandie: un âne qui brait". "Dans la campagne traversée par de hautes haies, il y avait beaucoup de pommiers et en automne 1943, leurs fruits avaient l'air bien tentants. Nous dûmes bientôt constater que la première bouchée de ces pommes d'un rouge brillant restait en travers de la gorge. C'était une sorte de pommes servant à la fabrication du cidre (vin de pommes) et de calvados (alcool de pommes). Par terre dans les prés par quintaux, les pommes étaient mises en tas, avant d'être pilées dans de grands pressoirs. "Parfois, vaches, poulets et oiseaux s'en régalaient. "À Colleville, à cette époque, le centre d'entraînement, l'armurerie et la cantine se trouvaient au centre du village. Chaque permissionnaire pouvait acheter à la cantine jusqu'à trente livres de viande et quelques livres de beurre. Lors de ma permission en février 1944, je pus ainsi avec ces quantités de viande et de beurre à peine imaginables, améliorer pendant plusieurs semaines l'ordinaire des petites quantités que mes parents pouvaient obtenir avec des cartes d'alimentation. | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38921 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Ven 29 Avr - 1:03 | |
| Dans le nid de résistance 62 "Dans notre compagnie, à côté de nous, allemands, il y avait également depuis quelques semaines des allemands venant de territoires antérieurement polonais. La communication était très difficile avec certains. Des difficultés d'élocution, parfois voulues, eurent pour conséquence que d'aucuns furent appelés "allemands de butin". "À la mi-décembre de l'année 1943, je fus affecté au WN 62 situé directement sur la côte. Dans la seule maison encore debout en bordure de la plage de Colleville, il y avait le lieu de vie du WN. La cuisine pour notre WN 62 et notre voisin le WN 61 se trouvait dans la cave. "Notre abri à personnel était dans un creux, distant de 100 mètres environ du lieu de vie. Chaque midi un paysan français venait avec une charrette attelée, avec laquelle j'allais porter aux autres la marmite de nourriture et le courrier. "Quelques semaines avant le débarquement il se passa un fait épouvantable. En distribuant la soupe, je ramenai soudain avec la louche un rat ébouillanté mort. Et c'est inimaginable: dans le même bidon on trouva un second rat ébouillanté ! Le cuisinier aussitôt mandé fut accueilli par de violentes injures. Il expliqua que dans la cave à demie obscure servant de cuisine, les rats avaient dû tomber dans la marmite et qu'en versant dessus la soupe chaude, épuisés, ils ne donnèrent aucun signe de vie. "Le cuisinier fut aussitôt congédié par son supérieur. Mais peu de jours après, nous réclamions à nouveau l'ancien cuisinier. Sa cuisine était meilleure. En 1964, j'ai trouvé les tombes des deux cuisiniers au cimetière militaire de La Cambe. "Pendant l'hiver 1943-44, nous avons eu à plusieurs reprises eu une messe en plein air. Notre messe de Noël fut célébrée le 22 décembre 1943 dans l'église de Colleville-sur-Mer. Ce même jour, j'écrivis à mes parents, à mes frères et à mes soeurs : " ... Aujourd'hui, nous avons assisté dans l'église ici à notre messe de Noël. Ainsi, on se sent à nouveau comme à la maison. Pendant la messe nous avons chanté des chants de Noël comme chez nous." "Beaucoup de choses furent réalisées ces dernières semaines. Les nouveaux postes de protection des canons étaient installés. Les nouveaux abris à personnel devaient résister aux bombes. C'est dans le lit du milieu, parmi les lits superposés à trois étages avec un mince espace intermédiaire, que je dormais. Et au-dessous moi, dormait un camarade plus âgé (35 ans ), - il était déjà très vieux pour nous - les jeunes de 18 ans. Heinrich Krieftewirth s'était fait faire dans les semaines passées un dentier chez un dentiste de Bayeux. Comme ce dentier n'était pas encore bien adapté, il le mettait chaque soir dans un verre d'eau, qui était posé sur une planchette à la tête de son lit. "En dehors du service des armes, l'emploi du temps quotidien englobait aussi la construction de positions. Il fallait encore creuser des tranchées et des trous individuels. Même la nuit il n'y avait pas de repos. Chaque homme devait être de garde deux fois par nuit et faire une patrouille une à deux fois par semaine. "Assis derrière un affût tournant de mitrailleuse double, je laissais mon regard errer sur la mer. C'est là que je l'avais vue pour la première fois, il y a quelques mois. La surface de l'eau était vide. Son seul mouvement perceptible était les crêtes des vagues se dispersant en gouttelettes. Les bateaux de pêche de Grandcamp et de Port-en-Bessin étaient à quai. Quelques mois auparavant, ils sortaient encore pour la pêche à proximité de la côte. La mer était maintenant déserte. "Il y avait bien des heures où personne ne pensait à la guerre. Plus d'une fois, le coucher de soleil sur la mer fut ainsi un événement, qui faisait oublier la guerre. Mais à nouveau, des nouvelles du pays nous la rappelaient d'autant plus brutalement, qu'elle se déchaînait effroyablement, non seulement sur les fronts mais également à l'intérieur du pays. "Dans une attente anxieuse, nous guettions des lettres de chez nous. Beaucoup de camarades étaient originaires des grandes villes de la Ruhr. Plus d'un avaient perdu dans la grêle de bombes, non seulement tous leurs biens, mais également des parents. Un camarade de ma ville natale Hamm, avait appris récemment, que sa soeur et sa grand-mère avaient perdu la vie dans un bombardement. Ce jour-là, il me remplaçait pour la surveillance du ciel. À cette occasion, les dernières nouvelles du pays étaient échangées. Auparavant, on recevait une permission spéciale si on avait des morts dans la famille ou des dégâts matériels dûs aux bombardements. Mais avec la suppression des permissions à partir du 29 avril 1944, ces permissions spéciales furent également supprimées. L'incertitude sur le sort des parents inquiétait non seulement ce camarade de ma région, mais beaucoup d'autres domiciliés dans la Ruhr. "Presque dans chaque lettre, ma mère parlait de soldats, jeunes ou vieux, que je connaissais, m'apprenant que, sur l'un des nombreux champs de bataille, ils avaient trouvé la mort, ou étaient blessés ou portés disparus. Mon meilleur ami d'enfance Héribert était également mort en Russie en août 1943 suite à une grave blessure. Ces lettres de ma mère se terminaient toujours avec le souhait: "Que Dieu te protège!". A suivre... | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38921 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Ven 29 Avr - 13:07 | |
| Le 5 juin 1944 à Colleville-sur-Mer "Au moment du repas entre midi et quatorze heures, je me tenais derrière une mitrailleuse double au poste anti-aérien. J'étais encore très jeune. J'avais fêté mon dix-huitième anniversaire ici, sur ce point d'appui. Un vent léger soufflait de la mer. Notre point d'appui se trouvait sur un terrain qui montait légèrement, tout près le la plage. Nous étions un sergent major, deux sous-officiers et dix-sept fantassins. En dehors de ça, il y avait un poste d'observation d'artillerie occupé par un lieutenant, un maréchal des logis chef et quatre hommes. "Fin mai, l'Organisation Todt avait terminé le bétonnage des bunkers d'artillerie et des abris d'habitation. Nous avions camouflé les tas de terre fraiche en les couvrant de plaques d'herbe. La fixation de structures métalliques, qui devaient protéger les ouvertures des bunkers n'avait pas encore pu avoir lieu. Les croisements de route et les gares bombardés avait fort gêné l'arrivée des fournitures. Dans l'arrière-pays, les voies ferrées étaient de plus en plus souvent endommagées par la Résistance. "Une batterie de lance-fusées devait être installée derrière le WN 62 à environ 100 à 200 mètres. Nous avions mis à l'abri des haies leurs munitions apportées par plusieurs poids lourds. "Des lance-fusées - demandai-je au camarade Peter Lützen, qui avait cinq ans de plus que moi - Pourquoi ? que devons-nous en faire ?" Peter avait combattu en Russie avant sa blessure. Les lance-fusées - expliqua Peter - sont des engins pour tirer des roquettes. Maintenant, les munitions étaient stockées au point le plus élevé du terrain, une proéminence pour la défense contre le débarquement attendu des troupes alliées. Peu de jours avant le débarquement, Hitler avait dit au peuple allemand dans une allocution radiodiffusée : "Nous n'avons qu'un seul souci, c'est que les alliés ne viennent pas". Notre plus grand souci à nous était maintenant la question : "Où sont restés les lance-fusées ?" Le 6 juin, les munitions étaient entassées sans lanceurs! "Quelque jours avant le débarquement, je rencontrai le Maréchal des Logis Fack, du poste d'observation de l'artillerie, chez mon livreur de lait Porrè à Colleville-sur-Mer. Il me dit, qu'il avait mis toutes ses affaires personnelles en sécurité chez un paysan, car en cas de débarquement sur la côte, il n'y aurait plus aucune possibilité de sauver ses biens propres. En 1964 trouvé la tombe de ce maréchal des logis au cimetière miIitaire de La Cambe. Il était tombé dès le premier jour du débarquement dans le WN en même temps que son supérieur, le lieutenant Frerking. "Avec d'autres camarades je pensais que quatre semaines allaient s'écouler, avant l'arrivée des anglais et des américains. Après la visite Rommel c'était certain pour nous : "C'est ici qu'ils vont venir". "Le poste d'observation de l'artillerie, une batterie stationnée à 5 km derrière la côte avec des canons de 105, était sous les ordres d'un lieutenant. Son rôle était de couvrir par son feu la bordure de la côte, avec diffèrents objectifs. Cette batterie devait soutenir la garnison du WN en cas de difficulté. Canon 10.5cm FH 18 "Une fausse position, à l'ouest du WN 62 était camouflée sommairement façon apparente. Après la guerre, un vétéran américain m'a envoyé un plan du WN 62 réalisé d'après une prise de vue aérienne. On y voyait clairement la position de ce leurre. "Après avoir été déchargé du poste anti-aérien, je fus employé avec quelques camarades à creuser une tranchée. C'était un travail pénible de faire des tranchée dans un soi pierreux à la pioche et à la pelle. Chaque jour, on avançait de quelques mètres à peine. Les liaisons entre le nouvel abri à personnel et les différentes positons des canons et des mitrailleuse n'étaient pas encore réalisées. Quelques camarades du point d'appui ne se sentaient pas motivés pour les travaux de terrassement. D'autres par contre, considéraient que la liaison entre l'abri à personnel et le emplacements des canons était très urgente et poussaient à travailler plus vite et ainsi à achever rapidement la tranchée. "Un tronçon important, d'environ 15 mètres de long, entre l'abri à personne et la partie inférieure du point d'appui où se trouvaient casemates "Tobrouks" et bunkers enterrés n'était pas encore terminée au soir du 5 juin. Moins de 24 heures plus tard - le 6 juin - plusieurs camarades ort trouvé la mort sur ce terrain à découvert. Ce soir-là, les différents postes furent occupés selon leur rythme habituel. Le mot de passe de la nuit fut donné. Les différents commandants de la compagnie furent informés de l'état des travaux de fortification. Dans l'abri à personnel, on relisait à nouveau les dernières nouvelles du pays. On écrivait des lettres. Dans un coin quelques uns étaient absorbés dans un jeu de cartes. Sur un lit, un vieux grammophone grinçant jouait "Lorsqu'une fois tu donneras ton coeur..." et "Quand refleuriront les lilas blancs". Tous avaient déjà entendu plus de cent fois les quelques vieux disques à notre disposition. Assis sur son lit, un camarade faisait un petit paquet, qu'il voulait envoyer chez lui le lendemain. Depuis des semaines, on n'avait plus de lumière électrique. Des bougies vacillantes et des lampes à huile malodorantes donnaient une faible lumière. Bientôt, les uns après les autres, tous s'étendirent sur leurs lits. Les lits de camp étaient à trois étages superposés. Selon le règlement, on dormait toujours en tenue de combat. Seules les bottes étaient retirées, mais devaient toujours être posées à portée de main. | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38921 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Ven 29 Avr - 13:09 | |
| "Les gardes avaient été multipliées depuis quelques jours. Répartis sur le point d'appui, nous étions à portée de voix les uns des autres même vers l'arrière du pays. Notre point d'appui WN 62 se trouvait au pied d'une vallée conduisant à Colleville-sur-Mer et s'étendait sur un terrain en pente depuis le point culminant à une hauteur d'environ 50 mètres jusqu'à environ 10 mètres au-dessus du niveau de la mer. Depuis la mer on voyait donc la plus grande partie des positions. Sur la plage, l'alternance du flux et du reflux avait accumulé une talus de galets. Une défense en barbelé truffée de mines devait en empêcher le franchissement. À gauche et à droite, ainsi que dans l'arrière-pays du point d'appui, les prairies avaient été minées. Les points d'appui voisins étaient distants d'environ 250 mètres à l'est et 600 mètres à l'ouest. "Le barrage de mines le long de la plage avait une histoire particulière, remontant déjà à deux ans. En 1942, la construction des points d'appuis épars avançait lentement. Ils étaient donc encore très éloignés les uns des autres. Mais déjà à ce moment-là des patrouilles étaient envoyées chaque nuit, pour surveiller le territoire entre ces points écartés et pour maintenir la liaison entre eux. Dans beaucoup de patrouilles, on avait l'habitude d'emmener un chien. Les camarades plus âgés insistaient sur l'importance de ces patrouilles. En 1942, une patrouille de nuit de notre compagnie revenait de Vierville-sur-Mer et se rapprochait du premier nid de résistance de St Laurent-sur-Mer. Subitement, le chien qu'elle avait emmené devint très agité et se mit à tirer violemment sur sa laisse, non pas dans le sens de la marche, mais en direction de la mer. Le soldat qui tenait le chien supposa qu'il avait flairé un lapin de garenne. Mais subitement une détonation retentit tout près. Chercher un abri et appeler le poste du point d'appui fut l'affaire d'un clin d'oeil. Tout aussi vite on sut que des ennemis étaient arrivés dans cette zone. Une fusée éclairante tirée par le commandant de la patrouille brilla dans le ciel et des détonations rapprochées se produisirent en même temps. Les autres points d'appui s'animèrent également et des fusées éclairantes illuminèrent la nuit. Les armes qui étaient prêtes à servir la nuit, firent un tir de barrage devant le point d'appui menacé. Mais le tir s'arrêta aussi vite qu'il avait commencé. "Que s'était-il passé ? Un groupe de commandos anglais avait essayé de pénétrer dans le point d'appui à la faveur de l'obscurité, pour capturer ses occupants. Le chien avait fait le malheur des anglais, puisqu'ils étaient couchés sur la plage, morts. Quelques stèles dans le cimetière de St Laurent-sur-Mer rappellent cette attaque malchanceuse. Cet incident a beaucoup contribué, à augmenter la vigilance des patrouilles et des gardes sur les points d'appui. "Le 5 juin, j'étais de garde dans les heures du soir. Comme d'habitude, le temps de garde durait une éternité. Mais finalement vint la relève. Je me dirigeai au pas de course vers le l'abri à personnel pour prendre quelques heures de repos, car il me fallait assurer encore une autre garde. Un camarade de chez moi se tenait contre l'abri. Il venait de prendre sa faction et en avait averti par téléphone le sous-officier de garde. Nous nous souhaitâmes encore : "Pourvu qu'il n'y ait pas cette nuit le damné exercice d'alerte", qui avait eu lieu très souvent ces derniers jours, et je disparus dans l'abri profondément enterré. Manteau et bottes furent tirés en vitesse. Le sommeil s'ensuivit bientôt sur commande." DESCRIPTIF DU POINT WN 62 Cette position est une des plus solides du secteur d'OMAHA BEACH. Elle est établie au débouché occidental de la vallée de Colleville-sur-mer dont elle contrôle l’accès. Elle épouse parfaitement tout le relief du plateau, depuis le haut, à 50 m d’altitude, jusque vers le bas de la pente à 2 m au-dessus du niveau de la plage ce qui permet un étagement judicieux des défenses. Par ailleurs, à l’arrière, un très léger vallon facilite le contrôle de la périphérie de la position qui est entourée de réseaux de barbelés et de champs de mines. S’étalant ainsi du haut en bas de la pente, elle pourra balayer les secteurs de toutes ses armes, principalement les mitrailleuses, sur plus de 160° car il n’y a ni angles morts ni obstacles gênant la vue ou le tir depuis que le Feldmarschall Rommel a fait détruire toute habitation ou construction sur le littoral jusqu'à 200m à l'intérieur des terres. Du point le plus haut de la position à la limite de la plage, il n’y a que 360 m de long sur 420 m de large avec un dénivelé de 50 m. La position comprend 6 mitrailleuses dont 3 avec affûts jumelés et 3 à tirs rapides, ce qui fait une puissance de feu considérable pour une si petite surface. LEGENDE DU PLAN : 1) : Limites de la plage et du fossé antichar 2) : Champ de mines 3) : Réseau de fils barbelés 4) : Tranchée de repli 5) : Chemin de ronde 6) : Tranchée d’approvisionnement en zigzag 7) : Logement des hommes (dortoirs, réfectoire, communs avec le WN 61. Position du Soldat Reckers et du Gefreiter (caporal) Riermann : Chemin d’accès 9) : Route goudronnée 10) : Abri bétonné pour la troupe 11) : Mur bétonné antichar (hauteur 2m, épaisseur 1,20 m) 12) : Poste d’observation semi enterré. Position des Leutnant (lieutenant) Frerking et Grass 13) : Funkhaus (Bunker radio) servi par l’Oberfeldwebel (adjudant-chef) Pieh 14) : Casemate du canon Tchèques(PAK) 76,5mm servi par les Obergefreiter (caporal-chef) Krieftewirth et Lehrmann, le Gefreiter Selbach et le Soldat Drews 15) : Casemate du canon tchèque de 76,5 mm servi par l’Obergefreiter Brinkmeïer et le Soldat Liermann 16) : Nid de mitrailleuses MG 42 (2 pièces) servies par les Gefreiter Faust et Kwiatkowsky 17) : Mitrailleuse jumelée polonaise sMG 248 servie par le Gefreiter Gockel 18) : Mitrailleuse jumelée polonaise sMG 248 servie par la Soldat Kieserling 19) : Mitrailleuse MG 42 servie par le Gefreiter Severloh. Il dispose aussi d'un Kar 98 k 20) : Mitrailleuse antiaérienne jumelée à tir rapide de 50 mm servie par l’Unteroffizier (sergent) Schulte et le Gefreiter Hamming 21) : GrW (mortier) de 50 mm servi par le Gefreiter Schnichels 22) : Canon tchèque antichar (PAK) de 50 mm servi par l’Obergefreiter Kuska et le Soldat Heckmann 23) : Canon tchèque antichar (PAK) servi par le Gefreiter Warnecke et le Soldat Brauch 24) : GrW (mortier) de 50 mm servi par l’Oberschütze (1e classe) Plota qui dispose aussi d’un LichtSignalgerät (appareil optique de signalisation) 25) : Emplacement pour GrW (mortier) de 50mm mais qui ne l’a pas reçu. Emplacement occupé par l’Unteroffizier Förster qui s’occupe de l’autre Signalgerät et du Gefreiter Bersik, tireur d’élite, qui sert une Präsizion Gewehr (Carabine de précision à lunette) 26) : AFmW (lance-flammes) (2 pièces) servis par le Wachmeïster Fak et le Soldat Schnüll 27) : Soute à munitions 28) : Mitrailleuse antiaérienne jumelée de 50 mm à tir rapide servie par le Gefreiter Schültz et le Soldat Häming 29) : Appareil de signalisation servi par l’Unteroffizier Beermann 30) : Chemin d’approvisionnement 31) : Route d’accès principale 32) : Terrain communal de St Laurent sur Mer 33) : Terrain communal de Colleville-sur-mer EFFECTIF DU WN 62: Cet effectif se composait de 32 militaires dont: 22 soldats de la 3/726 ID (Infanterie Division),7 artilleurs de l'AR 352 (Artillerie Regiment) et 3 soldats de GR 916 (Grenadier Regiment) | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38921 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Ven 29 Avr - 13:20 | |
| Vue aérienne du WN 62 en avril 1943. Aucune fortification n'est encore construite et aucun obstacle n'est présent sur la plage. (NA/USA) Vues aériennes américaines du WN 62 le 22 mai 1944 (NA/USA) | |
| | | vania Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 28637 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Sam 30 Avr - 13:29 | |
| Excellent tout ça Je vais prendre le temps de le lire en détail demain ... Merci | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38921 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Dim 1 Mai - 1:31 | |
| 6 juin 1944:"ILS ARRIVENT" "Le cri "Alerte!" lancé à l'intérieur de l'abri, nous tira d'un profond sommeil vers une heure du matin. Un camarade se tenait à l'entrée et hurla encore, pour qu'il n'y ait aucun doute "le plus haut degré d'alerte !" et nous poussa à nous dépêcher. Mais les jours passés, on nous avait si souvent fait sortir, que maintenant ça nous était égal. Les plus durs à cuire se retournèrent dans leur lit avec quelques jurons en cherchant à se rendormir. Alors que le camarade se tenait encore dans l'entrée, le sous-officier Förster apparut derrière lui et cette fois, avec la phrase "Les gars, maintenant cela devient sérieux, ils arrivent !" nous mit debout immédiatement. Tous prenant leur fusil, se dirigèrent au pas de course vers les armes lourdes. Toute fatigue était oubliée. Les mitrailleuses, les canons et les mortiers furent chargés. Prêts à tirer, nous nous tenions près des armes. C'était une nuit comme beaucoup d'autres. Mais bientôt les premiers messages nous parvinrent depuis le poste de commandement (P.C.) de la compagnie. À Sainte-Mère-Église, dans le couloir aérien à environ 35 km à l'ouest de Colleville-sur-Mer, dans la presqu'île du Cotentin entre Carentan et Cherbourg, des troupes de débarquement étaient parachutées. Une armada de bateaux avait quitté les ports du sud de l'Angleterre et s'approchait de la Normandie. "Rien n'était encore visible sur notre secteur de côte. Tout restait calme. Était-ce à nouveau une fausse alerte ? Le temps passait lentement. Cela devait-il vraiment devenir sérieux ? Habillés d'un léger treillis nous nous tenions tremblants de froid auprès de nos armes. Le cuisinier distribua du vin chaud. Notre instinct de survie prit aussitôt le dessus. Ayant effectué des travaux de terrassement, nous avions gardé durant la nuit le treillis -notre tenue de travail - car il était prévu de creuser d'autres tranchées le lendemain. Nous maudissions cette satanée alerte et attendions le moment de pouvoir retourner dans notre abri. Le calme nous pesait lourdement. La tension intérieure grandissait. Bientôt il y eut dans l'air un bruit, qui laissait deviner des vois de bombardiers qui s'approchaient. Et à nouveau, comme si fréquemment ces derniers temps, notre bordure de côte fut survolée. Mais le calme ne se prolongea pas. Avec l'aube de nouvelles formations de bombardiers arrivèrent. Des ombres sombres devinrent visibles à l'horizon. D'abord nous crûment qu'il s'agissait de patrouilles côtières allemandes. Les ombres cependant grandissaient et devinrent si nombreuses, que nous ne pouvions plus y croire. Les silhouettes de petits et de gros bateaux toujours plus nombreux, se dessinaient. De nouvelles formations de bombardiers s'approchèrent de la côte. À Port-en-Bessin, quelques kilomètres à peine à l'est, les premières bombes tombèrent. "Des bombardiers s'approchèrent à nouveau de la côte. Je me tenais dans mon bunker enterré. Devant moi il y avait la mitrailleuse lourde sur son affût tournant. Trois ouvertures de tir étaient orientées vers la mer. Je vérifiai encore une fois les bandes de cartouches. Je cherchai à me concentrer sur mon arme pour éviter de penser. Maintenant les bombardiers étaient au-dessus de nous et il était trop tard pour risquer le saut dans le trou individuel, qui devait nous offrir un abri en cas d'attaque aérienne. C'était trop tard pour cela. Je me fis donc tout petit sous le socle de la mitrailleuse. Les bombes s'enfonçaient dans le sol sablonneux et rocailleux en hurlant et en sifflant. Nous étions plongés dans la boue et la fumée. Le sol tremblait, Les yeux et le nez étaient pleins de poussière. Le sable crissait sous les dents. Tout espoir d'aide était perdu : nos avions tardaient à venir. Il n'y avait pas de canons de DCA dans cette partie de la côte. Les bombardiers pouvaient lâcher leur charge mortelle impunément. Entre temps, de lourds obus d'artillerie de Marine explosèrent. Depuis une tranchée, j'eus l'occasion d'observer, comment les bombardiers lourds lâchaient leurs charges meurtrières sur un point d'appui voisin. Bombes et obus de l'artillerie navale s'enfonçaient dans le sol, projetant en l'air des mottes de terre, du barbelé, et des blocs de béton. Mais ce n'était pas tout : La flotte de débarquement qui s'approchait dans la grisaille matinale préparait des choses encore plus effrayantes pour les points d'appui. Pour nous commençait un combat sans issue. Peut-être est-ce justement ce désespoir qui a contribué à ce que nous nous défendîmes si amèrement. Nous voulions survivre. "Une flotte s'étendait devant notre côte à perte de vue. De gros bateaux de guerre semblaient se tenir devant nous, comme pour une parade. Le spectacle, pour les rares survivants du bombardement naval, a été une aventure vécue unique mais effrayante. Le vieux cuirasse USS Arkansas fait feu avec ses canons de 305mm "Salve après salve, l'artillerie navale pilonnait sur notre point d'appui. Les bateaux n'étaient qu'à une distance d'environ 20 km. Cette distance s'amenuisait peu à peu. À l'oeil nu, on pouvait de mieux en mieux distinguer les détails de cette flotte qui arrivait. La grêle d'obus qui tombait sur notre point d'appui devenait toujours plus violente. De plus en plus de gerbes de terre montaient en l'air pour s'effondrer à nouveau. La ceinture minée de la plage avait été déchirée par les obus. Les barrages de mines et les asperges de Rommel s'éparpillaient dans l'eau. "Tout, dans la flotte de débarquement témoignait d'un déploiement de matériel prodigieux, auquel nous ne pouvions opposer qu'une faible résistance qui allait en diminuant. Nos armes lourdes étaient prévues pour tirer de près. De ce fait il s'agissait pour nous d'attendre et d'attendre encore. L'ennemi devait avancer à proximité immédiate de la côte. Jusque là, nous n'avions compté que sur un débarquement à marée haute, puisqu'à marée basse, les bateaux se seraient échoués sur le sable. Pourtant c'était marée basse. L'eau était à environ 300 mètres du rivage. "Des bombes et surtout des obus avaient bouleversé notre point d'appui. Mais nous n'avions pas encore subi de grandes pertes en hommes. Au milieu de cette grêle d'obus, nous utilisions chaque seconde possible, pour établir une liaison avec le voisin. Environ 15 mètres devant moi il y avait un canon antichar de 50 dont le servant était seul car son tireur approvisionneur était blessé. 40 mètres à ma gauche, il y avait un combattant isolé - comme moi - avec une mitrailleuse lourde polonaise. "Pendant cette canonnade, la flotte de débarquement s'était approchée suffisamment pour que tous les détails en fussent nettement identifiables. À côté de bateaux de guerre de différents types, il y avait des transporteurs de troupes, des bateaux de débarquement et des bateaux d'assaut prêts à débarquer l'armée d'invasion sur le rivage. Soudain - vers 6 h 00 - le feu cessa d'un seul coup. Il en résultat un calme inquiétant. Mais cela ne dura pas. Les bateaux de guerre se remirent à tirer. Les obus hurlèrent à nouveau. C'est alors que se déchaîna un barrage d'artillerie sur les obstacles de la plage. Une partie des troncs d'arbres fut déchiquetée. Certains brûlaient. Lentement, mètre après mètre, le rouleau de feu s'avançait. Un rouleau monstrueux de brouillard et de fumée tournoyait avec des craquements assourdissants, des hurlements, des sifflements et des crissements, abattant tout et s'avançant vers nous. Le rouleau de feu prenait son temps. Il savait que nous ne pouvions lui échapper. Sans secours possible, j'étais allongé sous le socle de ma mitrailleuse. Les premiers obus de ce rouleau de feu tombèrent entre nos postes de mitrailleuses et nos bunkers. D'autres passèrent à travers les fentes de tir de mon poste de mitrailleuse. Les installations de mise à feu de deux lance-flammes furent pulvérisées. Sous cette grêle d'obus, je cherchai à vaincre ma peur avec des prières spontanées courtes prononcées à voix haute. "Dans la maison paternelle, durant les bombardements, en plus de la prière du rosaire, nous appelions la mère de Dieu, Saint Joseph et nos Saints Patrons, leur demandant protection et secours. Maintenant, en cette heure je me remémorais ces prières et les répétais constamment. En tant que combattant isolé près de ma mitrailleuse, je n'avais personne à qui parler dans cet enfer déchaîné par l'artillerie navale. a suivre... | |
| | | vania Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 28637 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Dim 1 Mai - 10:03 | |
| Captivant témoignage, farci de détails. Sûrement inédit pour nombre de lecteurs... Sait-on quand il a été recuelli ? | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38921 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Lun 2 Mai - 0:34 | |
| C est dans la suite... "Au-dessus et à côté de nous il y avait comme des roulements de tambour et des crépitements. Les éclats volaient en sifflant et en hurlant. Ils claquaient contre du bois ou du béton ou s'enfonçaient dans le soi avec un bruit sourd. Puis le silence revint. "À nouveau il y eut des sifflements et des crissements. Nous étions six camarades à être répartis dans la partie inférieure du point d'appui sur une étendue d'environ 80 mètres. Un seul d'entre nous avait été blessé légèrement jusqu'à présent. "Le camarade Siegfried Kusta, le servant du canon anti-char de 50 vint en rampant dans mon bunker et cria: "Attention, Franz! Ils arrivent!" "Alors la surface de la mer s'anima. Les bateaux d'assaut et des bateaux de débarquement spéciaux s'approchèrent de la plage. Les premières troupes de débarquement entassées debout serrés sur les bateaux se précipitèrent en dehors. L'eau leur allait jusqu'aux genoux, parfois jusqu'à la poitrine. Une course commença sur la large plage sans protection jusqu'au talus de galets, qui offrait le premier abri. À présent on s'activait sur les points d'appui. Jusque là nous n'avions utilisé aucune arme défensive. Cela eût été insensé et inutile que de vouloir riposter aux bombardements aérien et naval. Nous n'avions tous pensé qu'à sauver notre vie dans les bunkers et les trous de terre, aussi longtemps que possible. Les premiers tirs de mitrailleuses nous appelèrent aux armes. Les occupants des premiers bateaux d'assaut et de débarquement s'effondrèrent morts ou blessés après quelques mètres. Certains des premiers bateaux d'assaut flottaient sans pilote à la surface de l'eau. Cela ne dura pas longtemps. Le tir des bateaux à faible tirant d'eau, qui s'étaient approchés très près de la plage, reprit. Ils étaient essentiellement armés de canons à tir rapide et de mitrailleuses lourdes, qui ouvraient maintenant le feu contre nos positions et les emplacements de canons dispersés. L'artillerie navale lourde prenait sous son feu l'arrière-pays. "Avec ma mitrailleuse lourde j'avais tiré quelques rafales sur les bateaux de débarquement, lorsque celle-ci s'enraya par suite de l'encrassement des bandes de cartouches durant le bombardement. Rapidement, la bande de munitions fut extraite, secouée et à nouveau introduite. À cet instant même, ma mitrailleuse fut criblée de balles entre mes mains. Aujourd'hui encore je ne peux comprendre comment je m'en suis tiré sans la moindre blessure. Mitailleuse polonaise CKM WZ 30 Celle de Gockel comprenait 2 CKM jumelees rebaptise sMG 248 par les allemands "Nous fûmes surpris, qu'avec aussi peu de défenseurs restants nous ayons stoppé l'invasion de notre littoral. "Nous pensions aux nombreuses victimes des bombardements et des destructions chez nous en Allemagne. Ici nous étions en face du même adversaire. Mais contrairement aux nombreux civils de là-bas, qui étaient sans défense contre les bombardements, nous pouvions nous défendre. Et nous voulions survivre! "Un camarade avait tiré obus sur obus avec son canon de 75. Mais à ce feu, les bateaux de débarquement qui approchaient, répondirent rapidement. Les ouvertures de tir étaient masquées par le brouillard et la fumée des obus qui explosaient. Quelques obus ayant pénétré par ces ouvertures mirent le canon hors de d'usage. Le servant du canon réussit à se mettre en sécurité tout en n'étant que légèrement blessé. "À 20 mètres à peine, à côté du canon de 75 pointé vers la mer, il y avait un "Tobrouk" avec une mitrailleuse MG 42. Cette nouvelle mitrailleuse à tir rapide, avait récemment fait ses preuves contre l'assaut des masses d'infanterie russe. J'ai retrouvé aussi les deux camarades de ce poste en 1964 au cimetière militaire de La Cambe. "Environ 40 mètres derrière moi, dans la maison qui renfermait notre PC et la cuisine et qui avait déjà été détruite au début du bombardement par l'artillerie navale, d'innombrables obus explosaient toujours et des morceaux de bois et des restes de mur étaient projetés sans cesse en l'air. "À environ 15 mètres devant moi, en direction de la plage, il y avait dans un creux aménagé le canon anti-char de 50 servi par Siegfried Kusta. Cet emplacement de canon n'était pas visible de la mer. Avec ce canon. Siegfried défendait la plage depuis le WN 62 jusqu'au WN 61. Plusieurs chars et bateaux en flammes après avoir été touchés, prouvaient que ce soldat avait empêché le franchissement du talus de galets de la plage grâce à son expérience acquise sur le front de l'est. Emest Hemingway a mentionné ces chars et de ces bateaux brûlant sur la plage. Le 5.0 cm de Siegfried Kusta "Entre temps, la deuxième vague de bateaux de débarquement arriva. Une nouvelle course eut lieu vers la plage. À nouveau les occupants des points d'appui se défendirent. Mais la résistance fut plus faible. De plus en plus de camarades étaient morts ou blessés. La mer montait lentement. L'eau se rapprochait du bord. Le parcours à découvert n'était plus aussi long pour les troupes de débarquement. Des bateaux de débarquement avec des chars d'assaut ouvraient leurs portes abattantes et les chars roulaient rapidement vers la plage en tirant. Depuis quelques heures le combat allait et venait. La plage était couverte de morts, de blessés et de soldats en quête d'un abri. La marée arrivait. L'eau montait toujours davantage. Tous ceux qui pouvaient courir ou ramper, cherchaient à atteindre le talus sauveur. Là encore beaucoup furent victimes de notre défense. "Mais de notre côté il y eut également des pertes importantes. Les blessés légers furent bandés et renvoyés. Les blessés graves furent bandés et allongés dans un endroit protégé. Les camarades morts restèrent étendus. Personne n'avait le temps de s'occuper des morts. "De nombreux soldats des troupes de débarquement atteignaient maintenant le talus de galets qui leur fournissait une protection. Là, ils pensaient être en sécurité. Mais pour un court instant seulement. Nos mortiers avaient attendu cet instant pour ouvrir leur feu de barrage sur la levée de galets. Des obus avec allumage à percussion explosèrent sur les galets. Les éclats d'obus, les gravillons qui voltigeaient et les morceaux de pierre occasionnèrent à nouveau des pertes sérieuses aux unités débarquées. "La marée montante amena sur le rivage les soldats morts et blessés des troupes de débarquement en même temps que des débris de navires et des épaves de bateaux. C'était une vision scandaleuse, de voir constamment de nouvelles troupes envoyées à la mort. Peter Busemann, un étudiant du Michigan aux USA, trouva dans des livres d'écoliers ce compte-rendu : "Les soldats US avançaient comme des automates à travers le feu de la défense vers les positions allemandes". À son idée, cette réalité de "se précipiter dans la mort comme des automates" n'était pas imaginable. Nous étions à portée de voix devant eux. "Vers midi, la marée montante avait atteint le talus de galets. Les bateaux de débarquement et les péniches à faible tirant d'eau, étaient échouées devant nous à 100 mètres à peine. Nous saisîmes nos fusils et cherchâmes à empêcher d'autres débarquements. | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38921 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Lun 2 Mai - 0:41 | |
| "Les premières troupes avaient atteint les zones à l'ouest et à l'est de notre point d'appui et avaient conquis d'autres points fortifiés qui avaient subi de fortes pertes par suite des attaques aériennes et de la canonnade de l'artillerie navale et de là ils pénétraient plus avant dans l'arrière-pays. Nous devions maintenant nous défendre également contre les attaques venant de l'arrière. Il ne venait pas de renfort. Michael Schnichels fut envoyé en émissaire à la compagnie, pour chercher du renfort, mais il ne revint pas. À Colleville se déchaînaient déjà des combats acharnés. Il n'y avait plus de renfort possible. "Comme Michael me le décrivit après la guerre, il était à Colleville caché derrière un cheval mort. Celui-ci fut alors touché par un obus, et de ce fait le recouvrit complètement avec les lambeaux de son corps en l'aspergeant de son sang. Lui-même n'eut que de légères blessures dues aux éclats. Pour les américains qui montaient à l'assaut, Michael trouvé gisant dans le corps du cheval en lambeaux, dut être un spectacle horrible. Un "Ami' lui fourra aussitôt une cigarette dans la bouche. "L'adversaire débarquait toujours plus de troupes, et notre résistance allait en faiblissant. Aux alentours de midi, à marée haute, deux petits bateaux de débarquement passèrent devant le WN 62 sur des mines fixées sur des obstacles recouverts par la mer. De fortes explosions mirent les bateaux en pièces. Il n'en resta que des épaves. "Vers 11 heures, après une pause du tir, un grand transporteur de troupes (Landing Craft Infanterie LCI) vint directement devant nos positions, à quelques mètres de la plage. Des passerelles latérales étaient remplies de soldats tassés les uns contre les autres. Il y eut à nouveau un tir sur notre point d'appui inférieur. Ensuite Siegfried Kuska s'approcha de moi en rampant, le fusil à la main. Son canon anti-char n'était installé que pour tirer parallèlement à la côte. Le feu roulant se déplaça alors sur le terrain en pente douce du point d'appui. Nous pouvions respirer. Il n'y avait pas de problème de munitions. Quelques caisses de munitions pour ma mitrailleuse étaient posées à côté de nous. Un LCI echoue avec ses 2 escaliers lateraux releves "Le LCI, une grosse cible, se trouvait à 120 mètres à peine devant nous. Autour de mon bunker enterré, détruit par le tir, nous nous étions cherché des endroits offrant le maximum de sécurité. Après un tir nourri avec nos fusils sur les passerelles latérales et sur la passerelle de commandement, une grande confusion régna bientôt à bord du bateau. Des ordres à voix forte et saccadée émis par haut-parleur résonnaient jusqu'à nous. "Lorsque le bateau, dix à quinze minutes plus tard - un temps infini pour nous - repartit, nous respirâmes avec soulagement. Nous nous regardâmes heureux. Cette fois encore nous en étions sortis indemnes. "Comme nous n'avions rien mangé depuis dix-huit heures, je voulus, après concertation, chercher quelque subsistance dans l'abri à personnel. " J'atteignis cet abri à l'est de notre nid de résistance, vers l'intérieur des terres, d'abord par des tranchées, puis à travers de l'herbe en feu et un massif de genêts. Dans la tranchée devant l'abri, je rencontrai deux camarades, Helmut Kieserling et Paul Hâming, portant une mitrailleuse légère et un fusil. Des balles sifflaient au-dessus de nous, ne venant pas uniquement de la mer, mais également du côté ouest. Tous deux m'énumérèrent les noms de plusieurs camarades morts ou blessés. "Sur le WN 61 et le WN 60 situé plus à l'est, nous aperçûmes des troupes de débarquement se dirigeant en file indienne vers l'intérieur du pays. Deux heures approximativement après le débarquement, le canon de 88 du WN 61, qui était sous le commandement de l'adjudant-chef Schnüll, s'était tu. J'ai retrouvé aussi l'adjudant-chef Schnüll au cimetière militaire allemand en 1964. "Nous décidâmes, que j'allais sauter dans l'abri sous la protection des armes des deux camarades pour y chercher du pain de guerre, de la saucisse et des bidons de lait. Comme d'habitude, j'étais allé chercher le lait chez un paysan de Colleville la veille. "Pour le 6 juin, notre plan de travail avait prévu des travaux de terrassement: la prolongation des tranchées dans la partie inférieure du point d'appui. De ce fait je portais mon treillis qui était la tenue de travail. Ma plaque d'identification était suspendue à mon lit. Mon livret militaire se trouvait encore dans la tunique de mon uniforme. Le chapelet que ma mère m'avait donné à emporter était également dans une poche de ma tunique. J'avais encore un petit étui avec une médaille de Lourdes venant de mon père. Il l'avait tout le temps portée pendant les années 1916-18. En grande hâte je rassemblai papiers et médailles. "En passant, j'aperçus le dentier de Heinrich Kriftewirth qui nageait dans son verre d'eau. D'abord déclaré mort - la plaque d'identification était cassée -mais n'étant que légèrement blessé, Heinrich s'était réveillé dans sa casemate de protection, sortant d'une profonde inconscience, et avec l'aide d'un autre blessé léger, s'était rendu à Colleville en hâte. Qu'a dû penser le découvreur de ce dentier ? "Fusils, mitrailleuses et caisses de munitions auprès de nous, nous apaisâmes faim et soif avec des bouchées avalées précipitamment et de grandes gorgées de lait froid pris dans le pot. Je n'avais pas réfléchi au fait que le lait froid avalé en vitesse avec l'estomac vide, est laxatif. Après m'être brièvement entendu avec les deux camarades je sautai hors du fossé par-dessus un talus m'abritant par rapport à la mer. Pour ne pas faire dans mon pantalon, je le retirai si vivement que sa couture se déchira. Le ceinturon supporté par deux courroies, la cartouchière, sans oublier les poches remplies grenades et les bretelles, obligatoires dans la Wehrmacht, ne me permirent pas de faire autrement. Un Pak 40 en ambuscade qui tirait sur le WN 61 tres tot pris par les GI's "Avant de repartir vers la partie inférieure de notre point d'appui, je vis 50 mètres plus loin, contre le talus, un canon anti-char installé dans un champ. Il ne se trouvait pas là deux jours auparavant. Ce canon était pointé sur le WN 61. Deux soldats plus âgés me virent arriver avec mon pantalon déchiré. Ils comprirent aussitôt mon embarras et me dirent sans tergiverser : "Cherche dans nos pantalons s'il y en a un qui te va. Nous n'avons plus besoin d'uniforme de rechange, et tu ne peux plus atteindre ta position. Un Ami est déjà assis là-bas." "Nous échangeâmes ce que nous savions sur ce combat défensif. Nous fûmes unanimes pour constater que nous ne savions pas encore, comment nous allions sortir de ce pétrin. Pendant cette conversation, notre adjudant-chef et le commandant du point d'appui arrivèrent en rampant pour sortir de la ligne de tir directe, car l'adjudant-chef était grièvement blessé dans le dos. À notre gauche, vers l'ouest, nous avions constaté que le WN 64 avait été envahi et que les fantassins américains avait déjà pénètre à l'intérieur du périmètre de ce nid de résistance. | |
| | | vania Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 28637 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Lun 2 Mai - 9:45 | |
| Détaillé, précis et sans fioritures ... Les auteurs de "The longuest day" ou "Soldat Ryan" ont-ils vraiment lu ce genre de témoignage... | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38921 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Lun 2 Mai - 11:47 | |
| "Etant un jeune soldat ayant tout juste dix-huit ans, de vieux soldats me firent quelques recommandations avant que je ne reparte en direction de l'abri à personnel auprès duquel se trouvaient mes camarades. Sur une longueur de 50 mètres je ne craignais aucun tir en étant au pied du talus. Le corps tout contre ce talus, je grimpai quelques mètres jusqu'à sa partie supérieure, dans le but de gagner en quelques bonds rapides le fossé protecteur où étaient mes deux camarades. La main gauche avait atteint le haut du talus et je me redressai lentement toujours collé au talus. Lorsque ma tête fut au niveau de la main, je ressentis soudain un coup brutal à la main gauche. Je me laissai tomber en arrière jusqu'au bas du talus et vis alors que trois doigts de cette main ne tenaient plus que par les tendons. "Mon fusil était resté à mi-hauteur du talus, et sans lui je ne me sentais pas en sécurité, de sorte que je remontai à nouveau en rampant. Et avec le fusil, je me précipitai vers les camarades à l'emplacement du canon antichar. Dès mon arrivée, l'un d'eux tenait déjà des bandes. Je le priai de prendre des précautions car je tenais à garder mes doigts. En guise de consolation, il me dit sur le chemin du retour vers Colleville : "C'est un bon coup de feu pour retourner chez toi. Sois heureux de pouvoir toujours courir. Nous ne savons pas encore comment nous allons sortir de ce feu d'artifice." Un vétéran américain qui est maintenant un ami m'a dit: "Ce fut un coup de feu qui valait pour toi un million de dollars." "J'ai aussi retrouvé mes camarades Heimut Kieserling et Paul Hâming en 1964 dans le cimetière militaire allemand de la Cambe. "Sur le chemin en direction de Colleville, je me remémorai des lettres de ma mère. Chaque lettre se terminait avec le souhait: "Que Dieu te protège." "Rampant et courant, le fusil solidement coincé sous le bras, je me dépêchais vers Colleville-sur-Mer, entre de hautes haies. J'entendais les combats qui faisaient également rage dans le village. Des coups de fusils et de mitrailleuses résonnaient. À l'entrée du village, je rencontrai à nouveau quelques camarades de mon point d'appui, blessés. "L'adversaire était entré depuis quelques heures déjà dans Colleville-sur-Mer. Entre Colleville et St Laurent-sur-Mer, les troupes de débarquement avaient rapidement atteint la terre ferme et avaient pénétré à l'intérieur. Le commandant de la compagnie et plusieurs camarades étaient déjà tombés devant l'église, au cours d'attaques inattendues venant de l'intérieur des terres. "Près de l'entrée du bunker de la compagnie à Colleville, des cadavres de soldats allemands étaient étendus, recouverts de bâches de tente, les bottes ou les souliers à lacets étant seuls visibles. "Je me laissai tomber sur le sol en béton du bunker à demi obscur. Alors seulement, pensant être sorti de la zone dangereuse, je ressentis de violentes douleurs à la main. Le chemin de repli de Gockel apres qu il ai ete blesse "Je reconnus l'adjudant-chef Pie à sa voix et l'entendis décrire la bataille sur la côte. Il disait: "Je suis le dernier du WN 62, il ne doit plus y avoir personne en vie." Il fut alors tout étonné, lorsqu'il apprit que je l'avais vu partir en rampant sous les barbelés alors qu'il était grièvement blessé. C'est une petite heure après, que je reçus le coup dans la main. "On nous décrivit les combats auprès de l'église. On rappela les noms de plusieurs camarades, qui étaient tombés entre le PC de la compagnie et l'église, qui n'étaient distants que de 60 mètres. Avant que l'on ne pût repousser les américains qui avaient investi l'église et le clocher, notre commandant de compagnie le Lieutenant Bauch, un autre officier, quatre sous-officiers et dix camarades étaient tombés. "Notre cantine dans la ferme voisine avait déjà été vidée et saccagée. Des camarades de ma connaissance cherchaient une protection derrière les murs de devant. Un camarade formé en même temps que moi en Hollande, Franz Wilden, me tendit une saucisse sèche du bas du camion. Je l'ai également retrouvé au cimetière de la Cambe après la guerre. Quelques blessés furent encore hissés sur ce camion. Plusieurs morts avaient été retirés du chemin et mis dans les fossés peu profonds. "Avec nous, il y avait un "Ami" et un civil français. "La route allant de Colleville à Ste Honorine-des-Pertes, sans haies ni arbres, permettait de voir la mer. Celle-ci grouillait de navires de tailles diverses. De grands bateaux de débarquement étaient surmontés de ballons de barrage contre les avions, mais ceux-ci servaient de repères pour notre artillerie en arrière. Très vite, les batteries manquèrent de munitions. Les maisons à l'entrée du village de Ste Honorine étaient détruites par les tirs. Après la guerre, Yvonne me raconta que l'un de ses oncles et sa cousine avait été tués dans le bombardement de l'artillerie navale. La traversée du village avec le camion, n'était pas possible. Des soldats qui avaient cherché refuge dans les fossés de chaque côté de la route à l'entrée du village, avaient eux aussi été victimes de l'artillerie navale. Nous qui n'étions que légèrement blessés, prîmes la direction de Bayeux pour rejoindre l'hôpital militaire de notre division, où j'avais été soigné pour une infection durant trois semaines en novembre 1943.
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| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38921 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Lun 2 Mai - 11:50 | |
| "Trois blessés graves restèrent couchés dans le camion. Le chauffeur voulait retourner à Colleville, pour trouver une autre route allant à Bayeux. Mais nous les blessés légers, nous ne voulûmes pas rouler à nouveau sur cette route visible de la mer, dans le camion découvert. "Nous fîmes à pied le chemin jusqu'au village voisin, Etreham. À l'entrée de ce village, se trouvait en bordure de route, une batterie d'artillerie bien camouflée par une haie bocagère; elle n'avait pas encore été découverte par les avions de chasse. Cette batterie permettait de défendre la plage de Colleville-sur-Mer. Il ne restait plus que quelques obus et il ne fallait pas songer à un ravitaillement de jour. Les avions de chasse des alliés avaient la maîtrise de l'air. De toute la journée, je n'avais pas vu un seul avion allemand. Le chef de batterie essaya de se renseigner auprès de notre prisonnier. Depuis l'emplacement de la batterie, on ne voyait pas la côte. Il n'existait plus de liaison avec le poste d'observation de l'artillerie et une liaison avec la côte de débarquement par une autre station d'observation n'avait pas encore pu être établie.. "Dans le village d'Etreham, Kurt Wamecke, le caporal d'un poste d'observation d'artillerie, se tenait au bord de la route. Couché à plat ventre sur le sol dans le WN 62, une balle lui avait traversé les deux fesses. Finalement, avec beaucoup de chance il avait pu atteindre un fossé qui l'avait sauvé. Ici deux françaises charitables changeaient sa bande couverte de sang. Kurt Warnecke, originaire du voisinage de Magdebourg, s'est rapidement remis de ses blessures, en deux semaines. Il est revenu en Normandie, dans son unité d'artillerie, après avoir été reconnu apte au service. Il est tombé quelques jours après. Lui aussi, je l'ai retrouvé au cimetière militaire allemand de la Cambe. "Entre temps, mon adjudant-chef ressentit des douleurs si violentes qu'il dit: "Nous avons absolument besoin d'une voiture à cheval. Je ne peux plus supporter ces douleurs. Il faut que nous atteignions l'hôpital le plus vite possible." Nous nous arrêtâmes à la ferme suivante. Le paysan effrayé et sa femme nous apportèrent aussitôt du lait et du cidre en espérant que nous allions aussitôt repartir. Lorsque notre adjudant-chef ordonna au paysan de nous conduire à Bayeux avec une voiture à cheval, l'homme et la femme s'effondrèrent, les enfants demeurant craintivement en arrière. La fermière s'accrochait à son mari en pleurant. Les enfants également se jetèrent sur leur père avec de gros sanglots. Expliquer à la femme que son mari allait aussitôt pouvoir revenir de Bayeux, ne la calma pas. Suppliante, elle nous implorait de ne pas l'emmener. La paysanne voyait surtout le danger que représentaient les avions peuplant le ciel. Plus particulièrement dans la matinée, ils avaient tiré sur tout ce qui bougeait et maintenant c'étaient les routes et les chemins de l'arrière qui étaient davantage surveillés. Devant Etreham, nous avions vu dans les champs d'innombrables vaches, victimes des avions volant à basse altitude. Durant cette discussion, notre adjudant-chef - je me tenais auprès de lui avec un autre camarade - posa son pistolet sur la table de la cuisine, sans un mot, puis réclama un cheval et une voiture en s'adressant au paysan, tout en regardant la femme et les enfants: "Je comprends la peur de votre femme, j'ai également une famille qui m'attend. Donnez-nous un cheval et une voiture. Nous avons un français avec nous, c'est lui qui conduira et qui vous les ramènera tous deux. " On nous donna alors une charrette qui servait à transporter les bêtes, avec de hautes ridelles de chaque côté, et un cheval. Je crois que c'était la plus vieille rosse de Normandie, qui, dans cette ferme, vivait sa retraite. Après un voyage cahotant, au cours duquel il fallut toujours presser le cheval, nous atteignîment Bayeux par des chemins étroits, entre de hautes haies, et toujours avec la peur d'avions volant bas. L'adjudant-chef Pie est tombé quelques mois plus tard en Hollande. À notre arrivée à l'hôpital, nous fûmes instantanément entourés de français, hommes et femmes, qui voulaient savoir: "Est-ce bien le débarquement dont vous nous parliez si souvent ?" Le prisonnier américain fut observé avec intérêt. Atterrés, nous constatâmes que les services allemands de l'hôpital avaient été évacués. "Qu'allait-il advenir à présent ?" Alors seulement, nous vîmes que le conducteur de notre attelage, un français d'environ 30 ans, avait disparu. Au PC de la compagnie, on nous avait dit: "Cet homme fait partie de la Résistance, il a ouvert l'église aux américains. Dénoncez-le à la prochaine Feld-Gendarmerie." Tout cela ne nous intéressait plus. Nous voulions poursuivre notre route jusqu'à l'hôpital allemand le plus proche. La question était donc : "Où se trouve l'hôpital le plus proche et comment y parvenir ?" Oui ! nous eûmes de la chance. Des ambulances arrivèrent pour chercher encore des blessés de l'hôpital qui avait été déménagé. Ce fut pour nous une chance de pouvoir partir avec un camion portant la Croix-Rouge. Cependant les conducteurs nous avertirent: "Ne vous faites pas trop d'illusions! Sur la route de Bayeux à Balleroy, plusieurs colonnes de véhicules, dont des voitures-ambulances, ont été mitraillées et ont brûlé. Nous allons attendre le crépuscule pour tenter le voyage". Nous partîmes sans lumières. Plusieurs fois nous croisâmes des tas de véhicules détruits. Entre temps, la nuit était tombée et les Jabos (chasseurs-bombardiers) redoutés avaient cessé leur action sur tout ce qui bougeait sur terre. Ce long voyage se termina devant la ville de Vire qui était très endommagée et brûlait encore en maints endroits. Presque toute la ville avait été la cible de violentes attaques aériennes. L'ambulance ne pouvait aller plus loin. Nous nous logeâmes dans une ferme tout près de la ville. Les habitants avaient quitté la maison en toute hâte au début du bombardement: le repas était encore sur la table. Nous nous réconfortâmes avec les provisions de la maison. Il y avait du pain, du lait, du beurre et des oeufs en abondance. Un tonnelet de calvados fut découvert et on en remplit quelques bouteilles qu'on boucha et qu'on emporta. Recit tire du livre de Franz Gockel source omahabeach.vierville.free.fr | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38921 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Mar 3 Mai - 0:35 | |
| Franz Gockel réussira à rejoindre Paris en passant par Vire. Après une période d'hospitalisation, il sera déclaré guéri. Il sera engagé dans la bataille des Vosges et sera fait prisonnier le 20 novembre 1944 par les hommes de la 2e DB du général Leclerc fonçant délivrer Strasbourg et passera une partie de sa captivité à Marseille. Reconnu inapte à cause de sa blessure, il sera libéré en mars 1946. En août de la même année, ses parents reçurent de la "Deutsche Dienstelle für die Benachrichtigung der nächsten Angehörigen von Gefallenen der chemalingen deutschen Wehrmacht "(Service Allemand pour l’information des familles des anciens soldats de la Wehrmacht morts à la guerre) la nouvelle qu’il avait été tué au combat le 27 novembre 1944 à Suggerath, près d’Aix-la-Chapelle. Le lieu où il aurait été inhumé figurant sur l’avis de décès ainsi que l’emplacement de la tombe n° 65, carré 3, place B, il se rendit au cimetière militaire de Margraten en Hollande et, effectivement, il dû se rendre à l’évidence, c’était bien lui qui était censé être enterré là. Tout concordait : la date de naissance, l’adresse de ses parents etc. hormis un détail: il n’avait jamais mis les pieds à Aix-la-Chapelle. Qui était enterré là, sous son nom? Il entreprit, avec les pires difficultés, les démarches nécessaires pour faire reconnaître l’erreur par la lourde bureaucratie. En mars 1949, il reçu des Autorités d’Occupation Françaises de Berlin, le même avis de décès avec le même lieu d’inhumation. A la mi-juillet 1952, les corps des soldats allemands du cimetière de Margraten furent exhumés et rapatriés à Isselstein, en Allemagne. Il se rendit à ce cimetière quelques mois plus tard et il dû constater que sous son numéro matricule repose un soldat inconnu sous la mention :" Ein Deutscher Soldat " (un soldat Allemand) Depuis l’année 1958, Franz Gockel revient tous les ans en Normandie avec son épouse Hedwig, se recueillir sur la tombe de ses camarades ainsi que sur celles des soldats Américains. En juin 1994, il fit faire une croix portant l’inscription:"Den am 6 juni 1944, hier gefallenen Kameraden zum Gedenken 3e Komp. Reg 726. Inf.Div 716 (A la mémoire de mes camarades de la 3e compagnie du 726e régiment d’infanterie de la 716e division d’infanterie, tombés ici le 6 juin 1944) ". Il se rendit chez le maire de la commune de Colleville-sur-mer afin d’obtenir l’autorisation d’implanter sa croix. Après maintes hésitations, le maire finit par accepter la démarche "au nom de l'amitié entre les peuples de l'Europe". La croix fut donc implantée dans un socle en béton. Deux semaines après, on lui apprit qu’elle avait été vandalisée et mise à terre. Avec l’aide d’amis Français, il a nettoyé et replanté la croix .En pure perte puisque quelques jours après, celle-ci est de nouveau été arrachée mais les auteurs du forfait, cette fois-là, l’ont emmenée avec eux afin de décourager l’Allemand qui les gênait en se rappelant qu’il avait eu des camarades qui étaient morts à cet endroit. La réaction de Franck Gockel a été de dire :"Qu’est-ce qu’on peut y faire? Pour ces gens-là, mes camarades tombés ici et moi-même n’avaient rien à faire dans leur pays et on restera toujours les sales Boches qui les ont occupés pendant 5 ans. Cela peut se comprendre ". J’ai revu personnellement Franz Gockel lors d'une commémoration du débarquement au cimetière militaire américain de Colleville-sur-mer. Il s’entretenait avec des vétérans américains et avec des Français. Il s’exprime dans un Français excellent avec pratiquement aucun accent. Aux questions que tous lui posent sur sa journée du 6 juin 1944, il répond avec gentillesse et avec le maximum de précisions. Il ne minimise pas son rôle dans cette guerre et, contrairement à Severloh, ne cherche pas à banaliser son action ni à s’excuser. Il déclare qu'il a lui-même tiré plus de 400 rafales avec son arme avant que celle-ci ne soit détruite et que, lorsqu'il a quitté son poste pour aller faire soigner sa blessure, vers 15 h, il y avait plus de 2500 soldats américains qui gisaient, morts ou blessés sur les 800 m de plage devant le WN 62.Il montre les tombes américaines de la main et dit "qu’il a contribué à peupler cet endroit."Lorsqu'on lui répond qu'il n'était pas le seul soldat allemand à avoir défendu le secteur, il fait avec les bras un geste fataliste et il dit : " J’étais là et je n’aurais pas dû y être ". Il est encore frappé par le destin lorsqu'en 1983, son fils unique se tue dans un accident de moto. Les médecins seront unanimes pour dire que le choc subit par ce décès a été un facteur déclencheur de son diabète. Il est troublant de constater que le faux bulletin de décès, qu’il avait reçu à sa libération, était en quelque sorte prémonitoire : Il avait annoncé sa mort le 27 novembre 1944 soit 61 ans, presque jour pour jour avant sa mort effective : Franz Gockel est décédé chez lui, à Hamm, le 22 novembre 2005 à l’âge de 80 ans des suites d'un diabète. source episodes-histoire.over-blog.com | |
| | | vania Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 28637 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Mar 3 Mai - 11:06 | |
| En voyant ses photos, me souviens de cet homme, il a été invité par les chaines de TV publiques françaises lors du 60ème anniversaire du débarquement. Très humble, et comme le dit l'article, disponible à toutes formes de questions, même les plus gênantes ... Devant les caméras, il a arpenté la plage d'Omaha en compagnie d'un vétéran americain. | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38921 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Mer 4 Mai - 0:49 | |
| Il y a un autre soldat,Heinrich Severloh,qui a temoigne sur son combat au WN 62. Un personnage contreverse apres son interview a la chaine TV ABC en 1984,ou il se vantait d avoir tue 2000 soldats americains sur omaha beach. On l a surnome "la bete d Omaha" ou " le boucher d omaha". Heinrich Severloh, fils d’un agriculteur qui était le maire du village mais aussi Ortsbauernführer (Chef du comité des agriculteurs). Il est né le 23 juin 1923 à Metzingen, près de Celles. Il était le cadet d'une famille de 3 enfants. Malgré qu'il ait toujours nié les faits, il a été enrôlé dans les "HitlerJugend" lorsqu'il avait 12/13 ans, ainsi que le prouve la photo ci-après, et, s'il n'est pas un nazi convaincu, il en cautionnera toujours l'idéologie. Ce n'est que vers la fin de sa vie qu'il modérera ses vues. Il est enrôlé le 23 juillet 1943, il a alors 20 ans. Le 9 août 1943, il est affecté à la 3e batterie de l’AR321, le régiment d’artillerie de la 321e Infanterie Division, près de Calais, dans le nord de la France. Le 2 décembre de la même année, son unité part pour la Russie. Il est affecté à Mamonovo dans le secteur de Bevlitsa. Bien qu’il soit tireur d’élite (il a déclaré atteindre sa cible 47 fois sur 50 à 200m de distance, sans lunette de visée), sa connaissance des chevaux lui est profitable. Il est le cocher d’un véhicule hippomobile chargé d’acheminer le ravitaillement dans les plaines russes enneigées où il doit parcourir 80 km par jour par un froid de moins 58°. Ses pieds gèlent et le médecin qui le soigne lui déconseille de demander à être hospitalisé car l’état-major soupçonne des soldats de vouloir échapper à l’horreur du front en pratiquant des mutilations volontaires. Les pieds gelés sont sur la liste de ces mutilations et la sanction est le peloton d’exécution. Avec l’aide du médecin de la compagnie, il soigne ses pieds, mais il est ensuite victime d’une grave pneumonie qui le conduit à l’hôpital du front qui est un véritable mouroir. De plus, cet hôpital est constamment la cible des chasseurs-bombardiers soviétiques et il lui faut alors se réfugier dans les tranchées gelées. Dans ces conditions, sa pneumonie empire, il sombre dans un coma profond et échappe de peu à la mort grâce à l’intervention d’un médecin qui le fait rapatrier en Allemagne. Il est bien soigné, le médecin le juge inapte au service actif et veux le réformer. Mais en cette période critique, le Reich ne peut se passer du moindre de ses hommes aussi sera-t-il affecté dans un secteur au climat moins rude. Il rejoindra la 352e Infanterie Division qui a été récemment crée en Normandie, pour défendre le mur de l’Atlantique. Dans cette unité, il sera la bête noire d’un Oberfeldwebel borné, August Wassermeyer qui fait appliquer la pire des disciplines prussiennes préconisant la Kadaver-Gehorsam (L’obéissance du cadavre). Severloh se réfugie alors dans un mutisme contestataire et passe pour une forte tête. Heureusement, un autre Oberfeldwebel, qui est au courant de ce que Severloh subit, le fait nommer Gefreiter (Caporal) et l’affecte au service de l'OberstLeutnant Frerking avec qui il formera une équipe soudée. Le 4 janvier 1944, sa batterie est affectée de Saint-Martin-de-Bonfossé à Moyon, au sud de Saint-Lô et le 14 février elle est en position à Houtteville, à 8 km de Bayeux, donc à proximité des plages. Cette batterie étant itinérante, les Alliés n’auront jamais connaissance de sa présence dans le secteur prévu pour le débarquement. L'OberstLeutnant Frerking et son ordonnance Severloh s’installent au château de l’Epinette qui est un gros manoir, propriété réquisitionnée à la famille Legrand, avec l’état-major de la batterie. Ils sont sous le commandement direct du Major Werner Pluskat, celui que le film "Le jour le plus long" dira qu'il est le 1er à voir la flotte Alliée et à donner l’alarme. En réalité, quand le débarquement commence, il est à Bayeux dans une maison close et aura toutes les difficultés à rejoindre son poste à temps au WN59. Ce Major conseillera à ses hommes de décrocher au plus vite en cas de débarquement car il pressent que les Américains ne lésineront pas sur les moyens. Devant l’étonnement des soldats, peu habitués à ce genre de directive, il leur répondra: "Un cadavre allemand puant n’est plus en mesure de défendre quoi que se soit et ne sauve plus sa patrie". La vie de Severloh est alors plus calme et il passe ses soirées dans sa petite chambre, située tout en haut du château, à lire et à écouter sur un vieux gramophone nasillard, des disques qui seront passés et repassés des centaines de fois. Il se souvient encore de l’une des chansons qui disait : "Wenn der weiße Flieder wieder blüht." (Quand refleuriront les lilas blancs) | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38921 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Mer 4 Mai - 0:56 | |
| Le debarquement du 6 juin 1944 Il est minuit, ce 5 juin 1944, lorsque le OberstLeutnant Frerking pénètre dans la chambre et réveille Severloh en lui disant:" Schnell! Heinrich, es geth los ! Sie kommen !"(Vite, Heinrich, c’est parti, ils arrivent).Severloh bondit hors de son lit, s’habille en vitesse et fait préparer la carriole (N’oublions pas que la batterie est hippomobile) qui doit les emmener jusqu’au poste d’observation du WN 62 où le OberstLeutnant Frerking est directeur de tir pour les batteries situées à la Pointe de la Percée, lesquelles prennent toute la plage d’Omaha en enfilade et ont une portée de 20 km. Ils arrivent au WN62 à 0h55 (heure allemande soit 1 h55 heure américaine). Ils sont attendus par l’Unteroffizier Geermann qui est chargé de ramener l’attelage à Colleville-sur-mer. Dès leur entrée au point WN 62, un soldat referme l’entrée avec des chevaux de frise et arme les dernières mines entourant la position. L'OberstLeutnant Frerking rejoint aussitôt son poste d’observation tandis que Severloh s’installe dans sa position individuelle où est déjà installée son arme favorite, la terrible MG42 avec un approvisionnement en munitions. Severloh, qui domine toute la position aperçoit les autres défenseurs qui rejoignent eux aussi leur poste. Il ne les connaît presque pas car ils dépendent de la Wehrmacht et lui de l’artillerie. Il vérifie son arme et, en attendant l’aube, il rejoint son chef dans le poste d’observation pour scruter la mer. Ils aperçoivent les navires qui s’approchent du rivage et, Frerking a un doute concernant leur nationalité que son collègue, le Leutnant Grass, a identifié comme appartenant à la Kriegsmarine. Il fait tirer par ses artilleurs deux fusées éclairantes vertes et deux rouges, signal de reconnaissance allemand, mais aucune réponse ne lui parvient. Il veut essayer de correspondre avec les bateaux au moyen du signal optique mais le brouillard s’est levé et les navires ont disparus de sa vue. Il ne peut évidemment pas savoir que les Américains utilisent le brouillard artificiel, que les Allemands appellent Nebelwerfer (Lanceur de brouillard), pour échapper à la vue des positions côtières. A 5 h du matin, il fait un jour grisâtre, un ciel de plomb et une faible lumière tamisée par les nuages. La mer est forte et Severloh entend nettement le ressac. Le brouillard se lève et lui aussi, voit l’immense armada. Il reste perplexe un instant devant ce spectacle et il réalise qu’il va devoir affronter cette flotte et tous ses canons. Il ne se trompe pas car quelques instants après, c’est un déluge de fer et de feu qui s’abat sur la position, qui ne cause en réalité que peu de dégâts, mais le fracas des explosions lui causera une surdité définitive. Il en ressentira les effets tout le restant de sa vie. Profitant d’une accalmie, il veut aller aux nouvelles, abandonne sa MG 42 et se jette dans une tranchée au moment même où les bombardements reprennent, l’air a un goût amer de brûlé et l’odeur de poudre est dominante. En approchant du bunker d’observation, il tombe sur le Wachtmeïster Fak qui a perdu son pistolet. Severloh le trouve au bord de la tranchée et le lui tend. A l’instant où il s’est levé pour donner ce pistolet, un coup frappe violemment son casque d’acier et quelque chose se glisse entre ses jambes. Il veut se saisir de l’objet mais celui-ci lui brûle les doigts et il le laisse tomber. Il s’agit d’un morceau de laiton conique dont il ignore la provenance. Il ramasse la pièce de métal encore chaude et la fait voir à son chef qui le regardait au même moment dans l’encadrement de l’entrée du bunker. Celui-ci lui demande si tout va bien. Severloh lui hurle qu’il vient de recevoir cet objet sur la tête et lui demande ce que c’est. L'OberstLeutnant Frerking lui explique qu’il s’agit d’un morceau de détonateur d’un obus. Il reproche à son ordonnance de ne pas s’être mis à couvert dans le bunker et d’être resté sous les bombes, dans la tranchée, malgré les consignes en vigueur. Severloh s’étonne de tant de sollicitude de la part de son chef mais aussi de le voir aussi calme dans une telle situation. Le bombardement s’étant calmé il rejoint sa MG42 dans sa position. A suivre... | |
| | | vania Modo-Felfgendarme
Nombre de messages : 28637 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Mer 4 Mai - 10:24 | |
| Gilles Perrault, dans son livre sur le débarquement (j'ai oublié le titre) utilise son témoignage. Il a tiré un nombre impressionnant de bastos de MG et de fusil. Il explique qu'il tirait à la mitrailleuse dès que la porte des barges de débarquement s'ouvrait, et "terminait " le travail ensuite au fusil. Terrifiant... Mais peut-être que j'anticipe sur la suite de l'article ... | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38921 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Mer 4 Mai - 12:34 | |
| Vers 6 heures, il voit un grand navire, un LCI (Landing Craft Infantry, navire de débarquement d'infanterie) qui s’approche du WN62. Il est à 200 m de la plage, son étrave est encadrée par 2 escaliers permettant aux soldats de descendre directement sur la plage. La forme du casque indique à Severloh que ce ne sont pas des"Tommies "mais des soldats américains. Ceux-ci sautent maintenant dans l’eau qui leur arrive jusqu’aux épaules. Un silence lourd et pesant règne sur tout le secteur. Aucun coup de feu ne part du secteur allemand car le Feldmarchall Rommel, qui pratique encore la guerre "chevaleresque", a interdit de tirer sur tout ennemi qui débarque tant qu’il a de l’eau jusqu’à la taille. Emplacement de Severloh Pour l’instant cette consigne est respectée. Dès que les premiers Américains touchent le sable, il entend les 2 MG 42 de ses camarades qui se mettent à tirer frénétiquement, il enlève la sécurité de son arme et se met à tirer lui aussi. Il voit les impacts de ses balles sur le sable et dans l’eau. Les GI's se jettent à plat ventre, la plage est devenue un enfer. Il a l’impression d’être le seul à tirer tant le vacarme de son arme couvre les bruits environnants. Il tire encore et encore et tout à coup, le bateau décroche et s’en va au large et tout semble s’arrêter, plus rien ne bouge sur la plage. Soudain surgissent des petites péniches, elles se rapprochent de la plage. Severloh a l’impression qu’elles n’avancent pas. Il remarque alors qu’un drapeau rouge a été placé sur le sable, au bout d’un mince mât. Il est évident que c’est un repère pour les péniches car toutes convergent vers ce drapeau. Il se remet à tirer mais son canon fume: il doit le changer car le millier de coups qu’il vient de tirer l’a rendu brûlant et il risque l’enrayement. Il se brûle les doigts lors de cette opération. Celle-ci terminée il se remet à tirer sans arrêts. Jusqu’à midi, il comptera 6 vagues d’assaut. (Il est à noter qu’il n’y a pas eu de débarquement de LCI lors de la 1e vague d’assaut, mais il y en a eu lors des suivantes. Le témoignage de Severloh est précis mais comme les vagues se sont succédées avec un espace de 30mn entre elles, il doit confondre une vague avec une autre) Le temps passe et la mer monte. Severloh voit les GI’s survivants s’abriter derrière les cadavres de leurs camarades, il n’aperçoit que leurs têtes casquées, il prend alors son fusil, plus précis que sa MG42 efficace seulement lors d’une attaque massive, et il termine le travail au coup par coup, sans répit. Vers midi, l’Oberfeldwebel Pieh arrive dans la position de Severloh. Il trouve Severloh qui est en train d’essayer d’ouvrir la culasse de son fusil avec le talon de sa botte car il n’y arrive pas avec la main. En voyant la scène, Pieh lui dit: "Eh, Gamin, arrête, ton fusil est trop chaud ". Severloh sursaute et voit l’Oberfeldwebel pâle, du sang coule de son cou où il voit 2 trous. Une balle a traversé la partie gauche du cou et un éclat d’obus a fait une large coupure du côté droit. Pieh s’en va et Severloh se remet à tirer avec sa MG 42. Pieh revient vers Severloh et il lui donne 2 fusils. Severloh prend les armes et constate que l’Oberfeldwebel a le côté gauche de son uniforme ensanglanté et la tache s’élargit de plus en plus. Voyant que Severloh regarde cette tache, il lui dit: "Regarde, là, il y en a qui courent ". Severloh prend son fusil, fait feu sur les soldats et les abats. Il réalise tout à coup que sur la plage, sur une bande de 3 m de large baignée par la marée haute, le sable est rouge du sang imbibé des centaines de morts et de blessés. Il n’a presque plus de munitions et il a largement entamé sa dernière caisse. Il en fait part à Pieh qui part sans rien dire. L’Oberfeldwebel revient quelque temps après avec 3 caisses de munitions puis il disparaît. Il ne le reverra plus jamais. Vue sur le WN62 a partir du WN 60 Severloh reprend le tir avec son fusil quand, tout à coup, il perçoit un coup violent. Quelque chose a volé devant le canon et le visage de Severloh a été cinglé comme par un coup de fouet, juste dans son œil droit. Il ressent une profonde douleur sur tout son visage et sa joue gonfle. Il y porte la main et lorsqu'il la retire, ses doigts sont en sang. Il remarque alors que le guidon de mire de son fusil a été arraché par une balle, arrivée très précisément, et que la petite pièce de métal a été projetée sur son visage. Severloh se met alors à hurler de douleur et de colère et se remet à tirer sur les GI’s avec sa MG 42 jusqu’à ce qu’il doive changer à nouveau de canon. Celui-ci est tellement chaud qu’il ne peut pas le tenir dans les mains et il le jette à terre. A peine le canon touche-t-il celle-ci que l’herbe prend feu mais la fumée qui l’empêche de voir ses objectifs l’empêche aussi d’être repéré. Il décide de faire une pause et, s’accroupissant, il fume une cigarette en essayant de soigner sa plaie avec son pansement individuel. A suivre... | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38921 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Jeu 5 Mai - 0:57 | |
| Vers 14heures, il aperçoit des chars américains sur sa gauche. Il entame une des 2 dernières caisses de munitions et il se rend compte que les bandes de cartouches restantes sont des cartouches pour le tir de nuit : une balle sur cinq est traçante. C’est un risque pour lui car maintenant les Américains pourront repérer plus facilement sa position, mais il n’a pas le choix, il doit continuer à tirer. Pratiquement aussitôt qu'il rouvre le feu, un obus arrive près de lui et lui arrache l’arme des mains mais sans endommager celle-ci. En l’espace de 10 mn, cela lui arrive encore trois fois et il devient évident que ses balles traçantes l’ont fait repérer. Il laisse sa MG42 et utilise son fusil. Il réalise aussi qu’il ne voit plus ses camarades du 716e ID mais il continue à tirer. le WN 64 Vers 15 heures, il aperçoit des soldats américains sur sa gauche, en bas sur la plage. Il en voit un qui tente de s’abriter derrière un rocher, c’est un homme très grand. Severloh le voit qui s’appuie sur le rocher et qui le met en joue avec son arme. Severloh, est plus rapide et il tire le premier: l’homme bascule en avant, son casque roule à terre, son menton tombe sur sa poitrine et il s’effondre. Severloh a nettement vu l’impact de sa balle sur le visage du GI’s et tout à coup, il comprend et réalise ce qu’il a fait depuis le matin : Il a tué des hommes. L’image de ce soldat, avec le visage ensanglanté, qui s’écroule, hantera Severloh toute sa vie et perturbera beaucoup de ses nuits. Les rochers sont toujours la... Maintenant, le terrain est constamment labouré par les obus, la position est intenable et il décide de partir. Dans la tranchée d’évacuation, il rencontre les Leutnant Frerking et Grass. Grass, blessé, est soutenu par Frerking qui dit à Severloh:"On abandonne la position et on dégage ".Sont présents dans la tranchée : Warnecke, Schulz, Beermann, Frerking, Grass et Severloh L'OberstLeutnant Frerking se tourne vers Severloh et lui dit de bondir hors de la tranchée et de décrocher vers l’arrière. Il tend alors la main à Severloh qui la serre. Sans un mot. C’est la dernière fois qu’il voit son chef. Severloh regarde sa montre, il est exactement 15h 30 (heure allemande soit16h30 heure américaine) et sort là où les Américains ne l’attendent pas. De trou d’obus en trou d’obus il atteint la route menant à St-Laurent. A l’abri d’un de ces trous, il reprend son souffle et son camarade Warnecke saute dans le trou, hors d’haleine. Il explique à Severloh que tous les autres sont morts et que le Leutnant Frerking a reçu une balle en pleine tête. Severloh est bouleversé. Avec son camarade, ils continuent vers l’est et reçoivent des tirs venant de leur droite et ils sont touchés. Warnecke mourra quelques instants plus tard et Severloh a été atteint à la hanche droite. Malgré ses blessures, il se remettra en route et rencontrera 10 soldats du GR916, dont un infirmier qui lui administrera les premiers soins. Ils ne sont qu’à 100m du WN63. Là, il trouve le Major (commandant) Lohmann qui a installé le P.C de son régiment. Il confirme à Severloh qu’il n’y a plus de survivants au WN62 et ce faisant, reconnaît en lui l’ordonnance du Leutnant Frerking aussi donne-t-il l’ordre qu’on installe Severloh sur la visière devant l’abri du bunker après qu’un infirmier lui ai fait une piqûre. Et on lui donne deux prisonniers américains à garder. Il est maintenant 18h30 et Severloh attend toujours là, devant la porte et on lui amène un 3e prisonnier, puis un 4e. La nuit arrive et le Major Lohmann annonce qu’ils doivent décrocher Ils erreront toute la nuit avec les prisonniers et des blessés dans une charrette dans les prés au sud de St Laurent sur mer avant d’être complètement encerclés et de se rendre aux quatre prisonniers américains. Il est 4 h du matin. Quelques temps après, Severloh échappe à la surveillance des Américains et s’évade mais est repris à l’aube par un élément du 16th RCT, l’unité qu’il a sévèrement touchée avec sa MG42 aussi passera-t-il sous silence le fait qu’il défendait cette position. Plus tard, il sera envoyé aux U.S.A où il passera sa captivité. Il sera libéré fin 1946. A suivre... | |
| | | Tatta Feldwebel
Nombre de messages : 53 Age : 45 Date d'inscription : 30/03/2008
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Jeu 5 Mai - 1:58 | |
| Merci beaucoup pour cette petite histoire dans la grande histoire ! | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38921 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Ven 6 Mai - 12:21 | |
| Depuis la fin de la guerre, les historiens se sont tous accordés pour déclarer que le Gefreiter Severloh a été le soldat allemand qui a tué ou mis hors de combat, le plus de soldats américains de toutes les guerres, fait qu’il corrobore lui-même par ses propos devant la presse, en particulier au magazine" Historia ". Ils estiment que Severloh a tiré, à lui seul, à peu près 12 500 cartouches avec sa MG42 et 400 avec son fusil Kar 98K. Les Américains qui ont investis le WN 62 à la fin des combats, ont notés que, dans la position de Severloh, la hauteur des douilles vides leur arrivait au-dessus des chevilles! Il sera surnommé "La bête d'Omaha" par les Américains. Severloh ne leur ai jamais déclaré la position qu’il occupait lors du débarquement car il était à peu près sûr, à tort car il ne faisait que défendre sa position, qu’il serait conduit devant un tribunal militaire. L emplacement de Severloh Il n’a pas été repéré rapidement parce qu’il occupait une position d’observation et non un poste de tir fortifié, donc plus difficilement repérable, et qu’enfin, la fumée environnante a camouflé la fumée des coups de départs de son arme. Il n’a été mis en péril que très tard, suite à l’utilisation de balles traçantes. Il est à noter aussi que tous ses camarades, tireurs de mitrailleuses occupant des positions fortifiées, donc facilement repérables, ont été très vite neutralisés par les Américains et Severloh a été le dernier mitrailleur à quitter son poste du secteur d’Omaha aux alentours de 16h30, heure américaine. Plateforme en beton ou se tenait Serveloh et sa MG 42 Il venait aussi, quoique moins régulièrement que Franz Gockel, se recueillir sur la tombe de ses camarades au cimetière de La Cambe. J’ai eu le privilège de parler avec lui de cet épisode de sa vie qu’a été le débarquement. Il a été très marqué par certains faits comme celui du soldat américain qu’il a tué mais il ne regrettait aucun de ses actes. Il estimait qu’on l’avait mis là dans un but précis et en bon soldat allemand, il s’est acquitté de son devoir sans chercher à voir plus loin. Il a essayé, sur le tard, de retrouver des soldats américains qui avaient fait le débarquement et a réussi à en rencontrer un : David Silva, qui s’avérait être prêtre catholique depuis la fin de la guerre. Les deux hommes se sont rencontrés et ont fraternisés sur les lieux même où ils s’étaient combattus. David Silva, qui avait 19 ans à l’époque, a été blessé par 3 balles de mitrailleuses dès qu’il a posé les pieds dans l’eau. Il s’avérera par la suite que c’est Severloh qui a blessé David Silva alors que celui-ci, qui appartenait à la 29th D.I, n’a pas tué un seul homme de toute la guerre. Après la guerre, Da Silva deviendra pasteur. Rencontre Severloh-Da Silva En 1994, Heinrich Severloh avait fait une demande pour assister aux célébrations du 50e anniversaire du débarquement en tant que vétéran. Cette demande lui a été refusée. Heinrich Severloh et Franz Göckel, au cimetière de La Cambe en 1994 En 2000,Severloh ecrit ses memoires "WN 62" Heinrich Severloh est décédé, à son domicile, des suites de maladie, le 14 janvier 2006, dans sa 83e année. source episodes-histoire.over-blog.com | |
| | | naga Feldmarshall
Nombre de messages : 38921 Age : 59 Localisation : Bangkok(Thailande) Date d'inscription : 02/02/2009
| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville Mer 11 Mai - 12:41 | |
| Pour ceux qui iront sur place Emplacement Mitrailleuse Gockel Vue de l emplacement de Severloh Le fosse antichar aujourd hui 6 juin 1944 | |
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| Sujet: Re: Franz Gockel en garnison à Colleville | |
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| | | | Franz Gockel en garnison à Colleville | |
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